Différences entre les versions de « Étienne Bonnot de Condillac:Le Commerce et le gouvernement considérés relativement l’un à l’autre - Atteintes portées au commerce : emprunts de toute espèce de la part du gouvernement »

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On conçoit combien cette nouvelle façon de penser portait coup à l’agriculture. Les terres baissèrent de prix. On ne réparait pas les pertes faites en bestiaux : on laissait tomber les fermes en ruines : on vexait les fermiers pour être payé ; et on achetait des billets. Il fallait avoir une grande surabondance d’argent, pour imaginer de faire l’acquisition d’une terre ; et quand on l’avait faite, on songeait aux moyens d’en tirer beaucoup sans y rien mettre. Cependant les dettes de l’état croissaient, et les compagnies, que le gouvernement payait mal, ne pouvaient plus tenir leurs engagements. Alors le gouvernement se mit en leur place, et déclara qu’il payerait pour elles ; c’est-à-dire, qu’il réduisit l’intérêt des papiers publics de cinq à quatre pour cent, à trois, à deux, enfin à rien. Alors la ruine d’une multitude de particuliers, auparavant riches, entraîna celle d’une multitude de commerçants. On ne vit plus que banqueroute sur banqueroute ; et on apprit qu’il n’en est pas des papiers, qui n’ont qu’une valeur factice, comme de l’or et de l’argent qui ont une valeur réelle.
On conçoit combien cette nouvelle façon de penser portait coup à l’agriculture. Les terres baissèrent de prix. On ne réparait pas les pertes faites en bestiaux : on laissait tomber les fermes en ruines : on vexait les fermiers pour être payé ; et on achetait des billets. Il fallait avoir une grande surabondance d’argent, pour imaginer de faire l’acquisition d’une terre ; et quand on l’avait faite, on songeait aux moyens d’en tirer beaucoup sans y rien mettre. Cependant les dettes de l’état croissaient, et les compagnies, que le gouvernement payait mal, ne pouvaient plus tenir leurs engagements. Alors le gouvernement se mit en leur place, et déclara qu’il payerait pour elles ; c’est-à-dire, qu’il réduisit l’intérêt des papiers publics de cinq à quatre pour cent, à trois, à deux, enfin à rien. Alors la ruine d’une multitude de particuliers, auparavant riches, entraîna celle d’une multitude de commerçants. On ne vit plus que banqueroute sur banqueroute ; et on apprit qu’il n’en est pas des papiers, qui n’ont qu’une valeur factice, comme de l’or et de l’argent qui ont une valeur réelle.


On aurait au moins dû l’apprendre. Mais la richesse en papier était si commode, qu’on ne cherchait qu’à se faire illusion ; et, après quelque-temps, on les recevait encore avec confiance. Il semblait qu’on ne sût que faire de son argent.
On aurait au moins dû l’apprendre. Mais la richesse en papier était si commode, qu’on ne cherchait qu’à se faire illusion ; et, après quelque temps, on les recevait encore avec confiance. Il semblait qu’on ne sût que faire de son argent.


Nous avons vu comment un banquier fait valoir, pour son compte, des fonds que plusieurs négociants lui ont confiés. Or supposons que des banquiers, riches en argent et surtout en crédit, s’associent et forment ensemble un fonds pour le faire valoir à leur profit commun. Cette association est une compagnie qui donnera à chacun de ses membres une reconnaissance par écrit de la somme que chacun d’eux a fournie. Cet écrit ou billet se nommera action, parce qu’il donne, sur les fonds de la banque, un titre qu’on nomme action en termes de jurisprudence.
Nous avons vu comment un banquier fait valoir, pour son compte, des fonds que plusieurs négociants lui ont confiés. Or supposons que des banquiers, riches en argent et surtout en crédit, s’associent et forment ensemble un fonds pour le faire valoir à leur profit commun. Cette association est une compagnie qui donnera à chacun de ses membres une reconnaissance par écrit de la somme que chacun d’eux a fournie. Cet écrit ou billet se nommera action, parce qu’il donne, sur les fonds de la banque, un titre qu’on nomme action en termes de jurisprudence.
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