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On apporte chez moi mille onces d’argent que Paris doit à Londres, et on me paie quatre pour cent pour le transport. Mais, parce que j’ai du crédit en Angleterre, au lieu d’y faire passer cette somme, j’y envoie des lettres de change. Je gagne donc tout-à-la-fois, et les quatre pour cent qu’on m’a d’abord payés, et l’intérêt que mille onces d’argent rapportent en France. Tant que mon crédit pourra faire durer cette dette, je répéterai la même opération, et je pourrai faire valoir à mon profit deux, trois, quatre mille onces d’argent, ou davantage.
On apporte chez moi mille onces d’argent que Paris doit à Londres, et on me paie quatre pour cent pour le transport. Mais, parce que j’ai du crédit en Angleterre, au lieu d’y faire passer cette somme, j’y envoie des lettres de change. Je gagne donc tout-à-la-fois, et les quatre pour cent qu’on m’a d’abord payés, et l’intérêt que mille onces d’argent rapportent en France. Tant que mon crédit pourra faire durer cette dette, je répéterai la même opération, et je pourrai faire valoir à mon profit deux, trois, quatre mille onces d’argent, ou davantage.


L’intérêt en Hollande est plus bas qu’en France, et les négociants de cette république ont souvent beaucoup plus d’argent qu’ils n’en peuvent employer dans le commerce. Si je suis accrédité parmi eux, on s’adressera surtout à moi pour avoir des lettres de change sur Amsterdam. J’en tirerai autant qu’on m’en demandera : l’argent que j’aurai reçu restera entre mes mains plus ou moins long-temps : j’en paierai l’intérêt en Hollande deux et demi ou trois pour cent, et j’en tirerai en France cinq à six. De la sorte je ferai continuellement valoir à mon profit des sommes qui ne seront pas à moi. Plus je m’enrichirai, plus je serai accrédité, et plus aussi je trouverai de bénéfice dans mon négoce. Je ferai la banque presqu’à moi seul.
L’intérêt en Hollande est plus bas qu’en France, et les négociants de cette république ont souvent beaucoup plus d’argent qu’ils n’en peuvent employer dans le commerce. Si je suis accrédité parmi eux, on s’adressera surtout à moi pour avoir des lettres de change sur Amsterdam. J’en tirerai autant qu’on m’en demandera : l’argent que j’aurai reçu restera entre mes mains plus ou moins longtemps : j’en paierai l’intérêt en Hollande deux et demi ou trois pour cent, et j’en tirerai en France cinq à six. De la sorte je ferai continuellement valoir à mon profit des sommes qui ne seront pas à moi. Plus je m’enrichirai, plus je serai accrédité, et plus aussi je trouverai de bénéfice dans mon négoce. Je ferai la banque presqu’à moi seul.


Voilà une légère idée des profits qu’on peut faire dans le change. On voit que, si l’art de mettre en valeur les terres avait fait les mêmes progrès que l’art de mettre l’argent en valeur, nos laboureurs ne seraient pas aussi misérables qu’ils le sont.
Voilà une légère idée des profits qu’on peut faire dans le change. On voit que, si l’art de mettre en valeur les terres avait fait les mêmes progrès que l’art de mettre l’argent en valeur, nos laboureurs ne seraient pas aussi misérables qu’ils le sont.
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