Différences entre les versions de « Étienne Bonnot de Condillac:Le Commerce et le gouvernement considérés relativement l’un à l’autre - Répartition des richesses, lorsque le commerce est libre »

m
aucun résumé de modification
(Page créée avec « {{Navigateur|[[Étienne Bonnot de Condillac:Le Commerce et le gouvernement considérés relativement l’un à l’autre - Objet de cette seconde partie|Objet de cette sec... »)
 
m
 
Ligne 111 : Ligne 111 :
Je conçois qu’aujourd’hui un négociant qui gagne quarante ou cinquante pour cent, accumulera de grandes richesses, si, continuant de vivre avec la sobriété dont il s’est fait une habitude, il remet, chaque année dans le commerce, la plus grande partie de ses profits. Ce n’est donc pas parce qu’il dépense peu, qu’il s’enrichit : c’est parce qu’il gagne beaucoup ; et s’il gagnait peu, il ne s’enrichirait pas, quelle que fût d’ailleurs son économie. Mais chez les peuples que nous observons, les gains se borneront à procurer aux marchands l’usage des choses nécessaires à leur état.
Je conçois qu’aujourd’hui un négociant qui gagne quarante ou cinquante pour cent, accumulera de grandes richesses, si, continuant de vivre avec la sobriété dont il s’est fait une habitude, il remet, chaque année dans le commerce, la plus grande partie de ses profits. Ce n’est donc pas parce qu’il dépense peu, qu’il s’enrichit : c’est parce qu’il gagne beaucoup ; et s’il gagnait peu, il ne s’enrichirait pas, quelle que fût d’ailleurs son économie. Mais chez les peuples que nous observons, les gains se borneront à procurer aux marchands l’usage des choses nécessaires à leur état.


Il n’y a qu’une classe de citoyens que l’économie pourrait enrichir, ce sont les propriétaires. En économisant sur leurs revenus, ils mettraient leurs terres en plus grande valeur, et il est à désirer qu’ils le fassent. Cette manière de s’enrichir ferait subsister, avec plus d’aisance, les journaliers auxquels ils donneraient du travail ; et elle serait avantageuse à l’état, auquel elle fournirait des productions en plus grande abondance. Mais ce ne peut être que très-lentement qu’on acquiert des richesses par cette voie, et elles sont nécessairement bornées.
Il n’y a qu’une classe de citoyens que l’économie pourrait enrichir, ce sont les propriétaires. En économisant sur leurs revenus, ils mettraient leurs terres en plus grande valeur, et il est à désirer qu’ils le fassent. Cette manière de s’enrichir ferait subsister, avec plus d’aisance, les journaliers auxquels ils donneraient du travail ; et elle serait avantageuse à l’état, auquel elle fournirait des productions en plus grande abondance. Mais ce ne peut être que très lentement qu’on acquiert des richesses par cette voie, et elles sont nécessairement bornées.


Tout concourt donc chez les peuples que nous avons supposés, à mettre des bornes à la fortune des particuliers ; il semble qu’ils ne doivent pas connaître la passion de l’argent. Chez eux chacun a le nécessaire : un grand nombre vit dans l’aisance : peu sont riches ; personne n’est opulent. C’est ce que doit naturellement produire la liberté du commerce, lorsqu’elle met chaque chose à son vrai prix, et qu’elle proportionne les salaires au prix des subsistances.
Tout concourt donc chez les peuples que nous avons supposés, à mettre des bornes à la fortune des particuliers ; il semble qu’ils ne doivent pas connaître la passion de l’argent. Chez eux chacun a le nécessaire : un grand nombre vit dans l’aisance : peu sont riches ; personne n’est opulent. C’est ce que doit naturellement produire la liberté du commerce, lorsqu’elle met chaque chose à son vrai prix, et qu’elle proportionne les salaires au prix des subsistances.
351

modifications