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"''Les investissements d’aujourd’hui sont les profits de demain et les emplois d’après demain''" a-t-on jamais songé que ce théorème, dit "de Schmidt", l'ancien Chancelier d’Allemagne Fédérale, est illustré par une parabole des Evangiles ? Qui mieux est, par une des plus connues, la parabole du semeur,
::"Le semeur est sorti pour semer la semence.
::Comme il semait, du grain est tombé au bord du chemin, les passants l’ont piétiné et les oiseaux du ciel l’ont mangé.
::Du grain est tombé aussi dans les pierres, il a poussé et il a séché parce qu’il n’avait pas d’humidité.
::Du grain est tombé au milieu des ronces, et en poussant, les ronces l’ont étouffé.
::Enfin du grain est tombé dans la bonne terre, il a poussé, et il a porté du fruit au centuple. »
::En disant cela, il élevait la voix :
::"Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! "
Encore une fois, tout est dit et j'espère vous faire partager le plaisir que je ressens devant cette allégorie à la fois si simple et si riche.
Une première lecture, un peu hâtive, pourra nous amener à nous interroger sur le sérieux de notre semeur.  Que lui prend-il de jeter du grain sur le chemin, dans les pierres, au milieu des ronces ? Ce type est incompétent !
N'est-il pas évident, s'il était raisonnable qu'il devrait uniquement les semer sur les labours bien  préparés à l’avance ?
Quelle erreur !
Quand il s’agit d’investissements – c'est-à-dire de dépenses dont on espère qu’elles vont payer "au centuple", ce qui est la définition même de l’investissement –, nul ne sait à l’avance quels vont être les bons et les mauvais investissements !
Pire encore, il est impossible de déterminer où est la bonne terre !
En trente-cinq ans d’expérience professionnelle, j'ai beaucoup, beaucoup "investi" pour moi-même et pour le compte de tiers.
J'ai également étudié jusqu'à la nausée les caractéristiques des investissements qui, dans le passé "avaient « donné au centuple ". Et j'en ai tiré une conclusion incontournable : le futur est "inconnaissable".
Sur cent nouvelles entreprises qui se lancent, les trois quarts auront échoué dans les trois premières années … pourtant, toutes au départ, semblaient fonder sur de bonnes idées.
Toutes les entreprises, grandes ou petites, ont des budgets d’investissements. Ceux-ci sont passés au peigne fin par des  services spécialisés qui calculent avec le plus grand soin la rentabilité que l'on en attend… Eh bien, à peine 10 % de ces investissements dépassent la rentabilité minimum attendue…
Mais quand elle est dépassée, elle est dépassée dans des proportions inouïes.
La pire des stratégies serait donc de réserver le grain aux seuls labours bien préparés. Cette stratégie calamiteuse est précisément la base  de la planification.
Ce que nous dit le Christ, fort simplement, est à rebours d'un plan : il demande au semeur de sortir et de s'en aller semer son grain, ce qui l'essence de son travail.
Une partie du grain donnera au centuple, mais il ne sait pas de quelle partie il s'agit. Son devoir est de semer et, quand il sème, il prend un risque. Le reste suivra.
En termes simples, l’acte d’investissement est aléatoire. Investir, c'est prendre un risque. Curieusement l'Etat – tous les systèmes étatiques – ne prend jamais ce risque en compte. En revanche, il peut prélever sans scrupules 70 à 80 % de la rentabilité des investissements qui "porte du fruit au centuple", et les sommes qu'il prélève vont pour beaucoup à ceux qui vérifient que le laboureur est bien sorti à l’heure et qu’il ne travaille pas trop … C'est pourquoi l'économie étatisée fonctionne si bien !
Il y a une autre parabole, qui fait pendant à celle du semeur. Elle est moins connue, sans doute parce qu'elle est un peu plus obscure.
Ce que le Christ ne supporte pas, mais alors pas du tout, c’est la thésaurisation et l’effort pour se constituer une rente.
::"Il y avait un homme riche dont les terres avaient beaucoup rapporté.
::Il se demandait "que vais-je faire ? Je ne sais pas ou mettre ma récolte"
::Puis il se dit
::"Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands, et j’y entasserai tout mon blé et ::tout ce que je possède.
::Alors je me dirai à moi-même
::"Te voilà avec des réserves en abondance pour de nombreuses années.
::Repose-toi, mange, bois, et jouis de l’existence "
::Mais Dieu lui dit
::"Tu es fou, cette nuit même on te redemande ta vie.
::Et ce que tu auras mis de côté, qui l’aura ?"
La parabole des talents nous avait déjà montré à quel point le Seigneur ne supporte pas ceux qui refusent de prendre des risques :
celui qui a enterré son talent est envoyé dans les ténèbres extérieures.
Ici, le Christ  nous le redit : tout capital qui n’est pas réinvesti est source de malheur.
Le bonheur, la multiplication par cent est toujours dans la prise de risque et jamais dans la thésaurisation…
Un système économique efficace devrait donc tout faire pour faciliter la prise de risque et empêcher la rente.
Il serait bon, par conséquent, que ceux qui prennent des risques –les entrepreneurs – aient des taux d’imposition très bas, tandis que ceux qui touchent une rente et qui ne prennent aucun risque – les fonctionnaires – soient imposés très lourdement.
Or, toutes les politiques budgétaires, toutes les lois de finances vont exactement dans un sens contraire. Prenons un exemple : comparons, d'une part, la situation d’un haut fonctionnaire qui prend sa retraite à 60 ans et touche 50 000 euros par an avec, d'autre part, celle d’un entrepreneur ayant fait fortune à l’étranger.
Le haut fonctionnaire a une retraite qui est parfaitement indexée sur l’indice des prix de détail et il n’a pas eu besoin de cotiser à quelque organisme privé de retraite. Sa retraite lui est payée par la collectivité nationale, à laquelle il s’est sacrifié toute sa vie, et ce sont nos impôts, ceux des fonctionnaires et les miens, qui vont lui assurer sa rente.
Imaginons que notre  entrepreneur qui a fait fortune hors de France, veuille  terminer ses jours au pays.
Question : de quelle fortune devra-t-il disposer pour avoir 50 000 euros par an de revenus ?
Réponse : il existe dans les marchés financiers un outil, les obligations indexées sur l’indice des prix de détail, qui permet de faire ce calcul.
Le rendement actuel de ces obligations est de 2% (réels), garantis par l’Etat, tout comme la rente de notre fonctionnaire.
Avec ce taux de rendement de 2 %, il faut pour obtenir 50 000 euros annuels un capital minimum de 2,5 millions d'euros. A ceci près que surgit immédiatement un léger problème : avec un capital de  2,5 millions d'euros, notre entrepreneur devra payer un impôt sur la fortune de 1%, c'est-à-dire 25 000 euros. Il ne lui restera plus, dès lors, que 25 000 euros de revenus.
Faudrait-il qu'il ait un capital, non pas de 2,5 millions d’euros mais de 5 millions d’euros ? Ce capital à 2 % de rendement lui rapporterait 100 000 euros. Nouveau problème : à ce niveau-là, il va payer 1,5 % d’impôt sur la fortune, soit 75 000 euros et il ne lui restera toujours que 25 000 euros….
En fait, il lui faudrait  un capital de 10 millions d'euros (il paierait  150 000 euros d’impôts, et il lui resterait 50 000 euros, le but recherché). Sur ces 50 000 euros, il va  payer ensuite, bien entendu, l’impôt sur le revenu… Mais le haut fonctionnaire aussi.
On peut difficilement imaginer un système plus propre à amener notre entrepreneur à prendre sa retraite à Londres, Genève ou Bruxelles : à capital égal, son niveau de vie sera quatre fois supérieur…
En termes économiques, on peut donc dire que la valeur actualisée, après impôts, de la rente de notre fonctionnaire "vaut" 10 millions d'euros.
Partisan de plus de justice sociale comme la lecture de ce livre a du vous convaincre, je me  permets de faire une proposition.
Tout le monde sait que monsieur Juppé a déplafonné l’impôt sur la fortune, lui qui avait promis de le supprimer. Moins de gens savent que le même Juppé, en apprenant que les fonctionnaires allaient devraient prendre leurs retraites à un âge plus avancé en raison de la réforme Raffarin, avait immédiatement pris la sienne. Celle d’Inspecteur Général des finances tout en touchant ses émoluments de maire de Bordeaux, de député, de président de Région…
Comme tout un chacun le sait, quand un fonctionnaire fait de la politique, en faisant don de sa personne à la France, sa carrière continue d'avancer de façon imperturbable, et, si par hasard, il est battu aux élections – les électeurs sont naturellement ingrats –, il est immédiatement réintégré au rang où il se serait trouvé s'il était resté tranquillement dans l’administration. Sa prise de risque est donc faible. Le premier décret que signa François Mitterrand après son élection fut celui où il nommait Valéry Giscard d’Estaing, président sortant, Inspecteur Général des Finances… De Gaulle avait, lui, refusé toutes formes de retraites, excepté sa pension de colonel. Autres  temps, autres mœurs…
Ma proposition est donc celle-ci  : que l’on réintroduise dans la valeur des actifs de chaque fonctionnaire, la valeur actualisée de la retraite qu’il va toucher, et que ce montant soit soumis à l'impôt sur la fortune.  Comme on le fait pour notre entrepreneur.
On imagine le hourvari ! Je plaisante évidemment. Pourtant, cette mesure serait parfaitement conforme à la fois à la justice sociale, aux lois de l’égalité devant l’impôt, à la logique économique et, bien entendu, aux Evangiles… Mais ces deux dernières paraboles et celle des Talents nous font mieux comprendre le rapport que le Christ entendait avoir avec ceux qui sont capables de faire naître la croissance économique, les entrepreneurs.
Il ne s’agit pas du tout du message que certains Protestants ont tire des évangiles : le fait d’avoir fait fortune n’est en rien un signe d’élection par le Seigneur.
Le Christ se place dans une perspective parfaitement dynamique et nous dit : ce que vous avez fait jusqu’ici ne m’intéresse en rien. C’est ce que vous allez faire a partir de maintenant qui est fascinant.
En 1936, une vieille dame de 99 ans avait quitté l’Allemagne pour échapper aux persécutions Nazies.
A l’arrivée du bateau à New York, des journalistes l’attendaient pour lui demander pourquoi quitter son pays a 99 ans ?
La réponse fut superbe : ‘‘il n’y avait plus d’avenir pour moi en Allemagne’’
Eh bien cette réponse c’est la demande du Christ.
Ce que nous avons fait dans le passé n’à aucun intérêt.
Seul compte l’avenir, et c’est sur cet avenir inconnaissable que nous serons jugés.
Et après tout, du temps qui nous reste à vivre, 100 % est toujours ''devant'' nous.





Version actuelle datée du 8 mai 2008 à 18:17

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Charles Gave:Evangiles, investissement et rente


Anonyme


CHAPITRE X
Evangiles, investissement et rente
Un libéral nommé Jésus
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Auteur : Charles Gave
Genre
essai, actualité
Année de parution
2005
Interwiki
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Index des livres
A • B • C • D • E • F • G • H • I • 

J • K • L • M • N • O • P •  Q • R • S • T • U • V • W • X • Y • Z

"Les investissements d’aujourd’hui sont les profits de demain et les emplois d’après demain" a-t-on jamais songé que ce théorème, dit "de Schmidt", l'ancien Chancelier d’Allemagne Fédérale, est illustré par une parabole des Evangiles ? Qui mieux est, par une des plus connues, la parabole du semeur,

"Le semeur est sorti pour semer la semence.
Comme il semait, du grain est tombé au bord du chemin, les passants l’ont piétiné et les oiseaux du ciel l’ont mangé.
Du grain est tombé aussi dans les pierres, il a poussé et il a séché parce qu’il n’avait pas d’humidité.
Du grain est tombé au milieu des ronces, et en poussant, les ronces l’ont étouffé.
Enfin du grain est tombé dans la bonne terre, il a poussé, et il a porté du fruit au centuple. »
En disant cela, il élevait la voix :
"Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! "

Encore une fois, tout est dit et j'espère vous faire partager le plaisir que je ressens devant cette allégorie à la fois si simple et si riche.


Une première lecture, un peu hâtive, pourra nous amener à nous interroger sur le sérieux de notre semeur. Que lui prend-il de jeter du grain sur le chemin, dans les pierres, au milieu des ronces ? Ce type est incompétent ! N'est-il pas évident, s'il était raisonnable qu'il devrait uniquement les semer sur les labours bien préparés à l’avance ? Quelle erreur !

Quand il s’agit d’investissements – c'est-à-dire de dépenses dont on espère qu’elles vont payer "au centuple", ce qui est la définition même de l’investissement –, nul ne sait à l’avance quels vont être les bons et les mauvais investissements ! Pire encore, il est impossible de déterminer où est la bonne terre !

En trente-cinq ans d’expérience professionnelle, j'ai beaucoup, beaucoup "investi" pour moi-même et pour le compte de tiers. J'ai également étudié jusqu'à la nausée les caractéristiques des investissements qui, dans le passé "avaient « donné au centuple ". Et j'en ai tiré une conclusion incontournable : le futur est "inconnaissable". Sur cent nouvelles entreprises qui se lancent, les trois quarts auront échoué dans les trois premières années … pourtant, toutes au départ, semblaient fonder sur de bonnes idées.

Toutes les entreprises, grandes ou petites, ont des budgets d’investissements. Ceux-ci sont passés au peigne fin par des services spécialisés qui calculent avec le plus grand soin la rentabilité que l'on en attend… Eh bien, à peine 10 % de ces investissements dépassent la rentabilité minimum attendue… Mais quand elle est dépassée, elle est dépassée dans des proportions inouïes.

La pire des stratégies serait donc de réserver le grain aux seuls labours bien préparés. Cette stratégie calamiteuse est précisément la base de la planification.

Ce que nous dit le Christ, fort simplement, est à rebours d'un plan : il demande au semeur de sortir et de s'en aller semer son grain, ce qui l'essence de son travail.

Une partie du grain donnera au centuple, mais il ne sait pas de quelle partie il s'agit. Son devoir est de semer et, quand il sème, il prend un risque. Le reste suivra.

En termes simples, l’acte d’investissement est aléatoire. Investir, c'est prendre un risque. Curieusement l'Etat – tous les systèmes étatiques – ne prend jamais ce risque en compte. En revanche, il peut prélever sans scrupules 70 à 80 % de la rentabilité des investissements qui "porte du fruit au centuple", et les sommes qu'il prélève vont pour beaucoup à ceux qui vérifient que le laboureur est bien sorti à l’heure et qu’il ne travaille pas trop … C'est pourquoi l'économie étatisée fonctionne si bien !

Il y a une autre parabole, qui fait pendant à celle du semeur. Elle est moins connue, sans doute parce qu'elle est un peu plus obscure.

Ce que le Christ ne supporte pas, mais alors pas du tout, c’est la thésaurisation et l’effort pour se constituer une rente.

"Il y avait un homme riche dont les terres avaient beaucoup rapporté.
Il se demandait "que vais-je faire ? Je ne sais pas ou mettre ma récolte"
Puis il se dit
"Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands, et j’y entasserai tout mon blé et ::tout ce que je possède.
Alors je me dirai à moi-même
"Te voilà avec des réserves en abondance pour de nombreuses années.
Repose-toi, mange, bois, et jouis de l’existence "
Mais Dieu lui dit
"Tu es fou, cette nuit même on te redemande ta vie.
Et ce que tu auras mis de côté, qui l’aura ?"

La parabole des talents nous avait déjà montré à quel point le Seigneur ne supporte pas ceux qui refusent de prendre des risques : celui qui a enterré son talent est envoyé dans les ténèbres extérieures.

Ici, le Christ nous le redit : tout capital qui n’est pas réinvesti est source de malheur. Le bonheur, la multiplication par cent est toujours dans la prise de risque et jamais dans la thésaurisation… Un système économique efficace devrait donc tout faire pour faciliter la prise de risque et empêcher la rente. Il serait bon, par conséquent, que ceux qui prennent des risques –les entrepreneurs – aient des taux d’imposition très bas, tandis que ceux qui touchent une rente et qui ne prennent aucun risque – les fonctionnaires – soient imposés très lourdement. Or, toutes les politiques budgétaires, toutes les lois de finances vont exactement dans un sens contraire. Prenons un exemple : comparons, d'une part, la situation d’un haut fonctionnaire qui prend sa retraite à 60 ans et touche 50 000 euros par an avec, d'autre part, celle d’un entrepreneur ayant fait fortune à l’étranger.

Le haut fonctionnaire a une retraite qui est parfaitement indexée sur l’indice des prix de détail et il n’a pas eu besoin de cotiser à quelque organisme privé de retraite. Sa retraite lui est payée par la collectivité nationale, à laquelle il s’est sacrifié toute sa vie, et ce sont nos impôts, ceux des fonctionnaires et les miens, qui vont lui assurer sa rente.

Imaginons que notre entrepreneur qui a fait fortune hors de France, veuille terminer ses jours au pays.

Question : de quelle fortune devra-t-il disposer pour avoir 50 000 euros par an de revenus ?

Réponse : il existe dans les marchés financiers un outil, les obligations indexées sur l’indice des prix de détail, qui permet de faire ce calcul.

Le rendement actuel de ces obligations est de 2% (réels), garantis par l’Etat, tout comme la rente de notre fonctionnaire. Avec ce taux de rendement de 2 %, il faut pour obtenir 50 000 euros annuels un capital minimum de 2,5 millions d'euros. A ceci près que surgit immédiatement un léger problème : avec un capital de 2,5 millions d'euros, notre entrepreneur devra payer un impôt sur la fortune de 1%, c'est-à-dire 25 000 euros. Il ne lui restera plus, dès lors, que 25 000 euros de revenus. Faudrait-il qu'il ait un capital, non pas de 2,5 millions d’euros mais de 5 millions d’euros ? Ce capital à 2 % de rendement lui rapporterait 100 000 euros. Nouveau problème : à ce niveau-là, il va payer 1,5 % d’impôt sur la fortune, soit 75 000 euros et il ne lui restera toujours que 25 000 euros….

En fait, il lui faudrait un capital de 10 millions d'euros (il paierait 150 000 euros d’impôts, et il lui resterait 50 000 euros, le but recherché). Sur ces 50 000 euros, il va payer ensuite, bien entendu, l’impôt sur le revenu… Mais le haut fonctionnaire aussi. On peut difficilement imaginer un système plus propre à amener notre entrepreneur à prendre sa retraite à Londres, Genève ou Bruxelles : à capital égal, son niveau de vie sera quatre fois supérieur… En termes économiques, on peut donc dire que la valeur actualisée, après impôts, de la rente de notre fonctionnaire "vaut" 10 millions d'euros.

Partisan de plus de justice sociale comme la lecture de ce livre a du vous convaincre, je me permets de faire une proposition. Tout le monde sait que monsieur Juppé a déplafonné l’impôt sur la fortune, lui qui avait promis de le supprimer. Moins de gens savent que le même Juppé, en apprenant que les fonctionnaires allaient devraient prendre leurs retraites à un âge plus avancé en raison de la réforme Raffarin, avait immédiatement pris la sienne. Celle d’Inspecteur Général des finances tout en touchant ses émoluments de maire de Bordeaux, de député, de président de Région…

Comme tout un chacun le sait, quand un fonctionnaire fait de la politique, en faisant don de sa personne à la France, sa carrière continue d'avancer de façon imperturbable, et, si par hasard, il est battu aux élections – les électeurs sont naturellement ingrats –, il est immédiatement réintégré au rang où il se serait trouvé s'il était resté tranquillement dans l’administration. Sa prise de risque est donc faible. Le premier décret que signa François Mitterrand après son élection fut celui où il nommait Valéry Giscard d’Estaing, président sortant, Inspecteur Général des Finances… De Gaulle avait, lui, refusé toutes formes de retraites, excepté sa pension de colonel. Autres temps, autres mœurs…

Ma proposition est donc celle-ci  : que l’on réintroduise dans la valeur des actifs de chaque fonctionnaire, la valeur actualisée de la retraite qu’il va toucher, et que ce montant soit soumis à l'impôt sur la fortune. Comme on le fait pour notre entrepreneur. On imagine le hourvari ! Je plaisante évidemment. Pourtant, cette mesure serait parfaitement conforme à la fois à la justice sociale, aux lois de l’égalité devant l’impôt, à la logique économique et, bien entendu, aux Evangiles… Mais ces deux dernières paraboles et celle des Talents nous font mieux comprendre le rapport que le Christ entendait avoir avec ceux qui sont capables de faire naître la croissance économique, les entrepreneurs. Il ne s’agit pas du tout du message que certains Protestants ont tire des évangiles : le fait d’avoir fait fortune n’est en rien un signe d’élection par le Seigneur.

Le Christ se place dans une perspective parfaitement dynamique et nous dit : ce que vous avez fait jusqu’ici ne m’intéresse en rien. C’est ce que vous allez faire a partir de maintenant qui est fascinant.

En 1936, une vieille dame de 99 ans avait quitté l’Allemagne pour échapper aux persécutions Nazies. A l’arrivée du bateau à New York, des journalistes l’attendaient pour lui demander pourquoi quitter son pays a 99 ans ?

La réponse fut superbe : ‘‘il n’y avait plus d’avenir pour moi en Allemagne’’ Eh bien cette réponse c’est la demande du Christ.

Ce que nous avons fait dans le passé n’à aucun intérêt.

Seul compte l’avenir, et c’est sur cet avenir inconnaissable que nous serons jugés.

Et après tout, du temps qui nous reste à vivre, 100 % est toujours devant nous.


Notes et références


CHAPITRE IX - Les évangiles, la défense, l'illustration du capital et du droit de propriété << Charles Gave  —  Un libéral nommé Jésus >> CHAPITRE XI - Evangiles et endettement