Différences entre les versions de « Franz Oppenheimer:L'Etat, son origines, son évolution et son avenir - Partie III : L'Etat maritime »

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Parmi ces tribus comme parmi les laboureurs auxquels l'aiguillon du moyen politique fait également défaut, les relations pacifiques entre tribus appartenant à un même niveau économique sont incomparablement plus fréquentes que chez les pasteurs. Nous pouvons citer un grand nombre cas où ces peuplades s'associent pacifiquement pour exploiter en commun des produits naturels. « Dès les temps primitifs de la civilisation, de nombreuses populations se rassemblaient aux endroits où l'on trouve en grandes quantités des produits naturels recherchés. Une grande partie des Indiens de l'Amérique vont en pèlerinage aux gisements de pierre à pipe ; d'autres se rassemblent tous les ans pour la moisson dans les marais du Zizania, dans le territoire des Grands Lacs. Les Australiens de la région de Barkou, qui vivent disséminés sur ce vaste territoire, se rendent tous aux champs marécageux où se fait la moisson du nardou (Marsillia){{ref|5}}. » « Dans la province de Queensland lorsque la récolte des fruits farineux du Bounga-Bounga est si abondante qu'elle dépasse les besoins d'une tribu, il est permis aux autres peuplades de venir s'en rassasier{{ref|6}}. » « Plusieurs tribus s'entendent pour la possession en commun de certains districts et aussi pour l'exploitation des carrières de phonolithe, employé dans la fabrication des haches{{ref|7}}. » Nous entendons parler également de conseils et de séances où la justice est rendue en commun par les Anciens de quelques tribus australiennes ; le reste de la population représente dans ces cas la « corona », l'assistance du « Mal » germanique{{ref|8}}.
Parmi ces tribus comme parmi les laboureurs auxquels l'aiguillon du moyen politique fait également défaut, les relations pacifiques entre tribus appartenant à un même niveau économique sont incomparablement plus fréquentes que chez les pasteurs. Nous pouvons citer un grand nombre cas où ces peuplades s'associent pacifiquement pour exploiter en commun des produits naturels. « Dès les temps primitifs de la civilisation, de nombreuses populations se rassemblaient aux endroits où l'on trouve en grandes quantités des produits naturels recherchés. Une grande partie des Indiens de l'Amérique vont en pèlerinage aux gisements de pierre à pipe ; d'autres se rassemblent tous les ans pour la moisson dans les marais du Zizania, dans le territoire des Grands Lacs. Les Australiens de la région de Barkou, qui vivent disséminés sur ce vaste territoire, se rendent tous aux champs marécageux où se fait la moisson du nardou (Marsillia){{ref|5}}. » « Dans la province de Queensland lorsque la récolte des fruits farineux du Bounga-Bounga est si abondante qu'elle dépasse les besoins d'une tribu, il est permis aux autres peuplades de venir s'en rassasier{{ref|6}}. » « Plusieurs tribus s'entendent pour la possession en commun de certains districts et aussi pour l'exploitation des carrières de phonolithe, employé dans la fabrication des haches{{ref|7}}. » Nous entendons parler également de conseils et de séances où la justice est rendue en commun par les Anciens de quelques tribus australiennes ; le reste de la population représente dans ces cas la « corona », l'assistance du « Mal » germanique{{ref|8}}.


Des relations d'échange s'établissent tout naturellement grâce à ces assemblées et peut-être les « marchés hebdomadaires » tenus dans la forêt vierge sous l'égide d'une protection de paix spéciale, par les peuplades nègres de l'Afrique centrale9 ont-ils eu une origine analogue, tout comme les grandes foires des chasseurs arctiques, des Tschcuktchis, etc., que l'on fait remonter à la plus haute antiquité.
Des relations d'échange s'établissent tout naturellement grâce à ces assemblées et peut-être les « marchés hebdomadaires » tenus dans la forêt vierge sous l'égide d'une protection de paix spéciale, par les peuplades nègres de l'Afrique centrale{{ref|9}} ont-ils eu une origine analogue, tout comme les grandes foires des chasseurs arctiques, des Tschcuktchis, etc., que l'on fait remonter à la plus haute antiquité.
 
Tous ces faits impliquent l'existence de rapports pacifiques entre des groupes voisins et l'on constate en effet l'existence de ces rapports presque partout. Ils prirent naissance sans doute à la période primitive, alors que l'on ignorait encore que l’homme pût utiliser son semblable comme « machine à travail ». A cette époque c'est seulement ''in dubio''an que l'étranger est considéré comme ennemi. S'il se présente dans des intentions évidemment pacifiques on le reçoit de même. Il s'est établi tout un code de cérémonies de droit international dans le but d'établir les intentions inoffensives du nouveau venu. On dépose les armes et montre la main nue, ou encore on envoie des parlementaires dont la personne est partout inviolable*10.
Tous ces faits impliquent l'existence de rapports pacifiques entre des groupes voisins et l'on constate en effet l'existence de ces rapports presque partout. Ils prirent naissance sans doute à la période primitive, alors que l'on ignorait encore que l’homme pût utiliser son semblable comme « machine à travail ». A cette époque c'est seulement ''in dubio''an que l'étranger est considéré comme ennemi. S'il se présente dans des intentions évidemment pacifiques on le reçoit de même. Il s'est établi tout un code de cérémonies de droit international dans le but d'établir les intentions inoffensives du nouveau venu. On dépose les armes et montre la main nue, ou encore on envoie des parlementaires dont la personne est partout inviolable*10.
Ces formes représentent évidemment une sorte de droit d'hospitalité, et le commerce pacifique n'est possible tout d'abord que grâce à ce droit ; c'est l'échange de cadeaux entre les hôtes qui semble avoir servi de germe au commerce d'échange proprement dit. Pouvons-nous maintenant déterminer les mobiles psychologiques du droit d'hospitalité ?
Ces formes représentent évidemment une sorte de droit d'hospitalité, et le commerce pacifique n'est possible tout d'abord que grâce à ce droit ; c'est l'échange de cadeaux entre les hôtes qui semble avoir servi de germe au commerce d'échange proprement dit. Pouvons-nous maintenant déterminer les mobiles psychologiques du droit d'hospitalité ?
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# {{note|7}}Cf. Ratzel, I, ch. I, 346.
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# {{note|8}}Id. I, ch. I, 317.
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# {{note|9}}Bücher, ''Entstchung der Volkswirtschaft'', 2e éd., Tübingue, 1838. p. 301.
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