Différences entre les versions de « Franz Oppenheimer:L'Etat, son origines, son évolution et son avenir - Partie II : L'Etat féodal primitif »

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Guidés plus ou moins consciemment par ces idées, les deux groupes livrent désormais le grand combat des intérêts, et l'Etat naissant risquerait d'éclater sous la pression de ces forces centrifuges si les forces centripètes de l'intérêt commun, de la conscience d'Etat, n'étaient pas en général plus puissantes encore. La pression extérieure de l’Etranger, de l'ennemi commun, est plus forte que la pression intérieure des intérêts particuliers antagonistes. Que l'on se rappelle la fable de la ''secessio plebis''{{ref|17}} et la mission couronnée de succès de Menenius Agrippa{{ref|18}}. Le jeune Etat suivrait ainsi éternellement, nouvelle planète, la voie que lui trace le parallélogramme des forces, si l'évolution ne le transformait, lui et son milieu, en développant de nouvelles forces extérieures et intérieures.
Guidés plus ou moins consciemment par ces idées, les deux groupes livrent désormais le grand combat des intérêts, et l'Etat naissant risquerait d'éclater sous la pression de ces forces centrifuges si les forces centripètes de l'intérêt commun, de la conscience d'Etat, n'étaient pas en général plus puissantes encore. La pression extérieure de l’Etranger, de l'ennemi commun, est plus forte que la pression intérieure des intérêts particuliers antagonistes. Que l'on se rappelle la fable de la ''secessio plebis''{{ref|17}} et la mission couronnée de succès de Menenius Agrippa{{ref|18}}. Le jeune Etat suivrait ainsi éternellement, nouvelle planète, la voie que lui trace le parallélogramme des forces, si l'évolution ne le transformait, lui et son milieu, en développant de nouvelles forces extérieures et intérieures.
==L'Etat féodal primitif de degré supérieur==
Sa croissance déjà amène d'importantes transformations : et le jeune Etat doit croître. Les mêmes forces qui l'ont appelé à la vie le poussent à s'étendre, à agrandir le cercle de sa domination. Même s'il était possible qu'un Etat naissant de ce genre fût « rassasié » comme prétend l'être mainte grande puissance moderne, il n'en devrait pas moins continuer à se développer, à s'étendre s'il ne veut pas disparaître. Dans ces conditions sociales primitives la loi est inexorable : « il faut s'élever ou tomber, vaincre ou succomber, être marteau ou enclume. »
Les Etats sont maintenus par le même principe qui les a créés : l'Etat primitif est une création de la violence belliqueuse, il ne peut être maintenu que par la violence belliqueuse.
Le besoin économique du groupe dominateur est illimité : le riche ne se trouve jamais assez riche. Le moyen politique est employé contre les communautés paysannes encore libres, contre de nouvelles terres non rançonnées. L'Etat primitif croît et s'étend jusqu'à ce qu'il se heurte sur la frontière des « sphères d'intérêt » respectives à un autre Etat primitif d'origine analogue. Alors, la première fois, nous avons non plus l'expédition pillarde mais une véritable guerre au sens strict du mot : ce sont dorénavant des masses également organisées et disciplinées qui se trouvent en présence.
Le but du combat est toujours le même : le produit du moyen économique des masses laborieuses, butin, tribut, impôt, rente foncière. Mais le combat n'a plus lieu entre un groupe voulant exploiter et un autre devant être exploité ; ce sont deux groupes dominateurs qui se disputent la proie entière.
Le résultat final du heurt est presque toujours la fusion des deux Etats primitifs en un nouvel Etat plus important. Celui-ci naturellement, poussé par les mêmes mobiles, étend aussi ses frontières, dévore ses voisins plus faibles et finit généralement par être dévoré à son tour par un voisin plus puissant.
''L'issue'' de ces luttes de prépondérance est de peu d’intérêt pour le groupe asservi ; il lui est relativement indifférent de payer tribut à l'un ou l'autre maitre. Mais il est d'autant plus intéressé ''au cours'' même de la lutte, car elle est livrée littéralement sur son dos, et la conscience d'Etat des serfs les dirige justement en les poussant à soutenir de toutes leurs forces leur groupe de seigneurs héréditaires, excepté dans les cas d'oppression ou de mauvais traitements par trop exagérés. Lorsque le propre groupe a le dessous toute la désolation de la défaite frappe en premier lieu les sujets. C'est ainsi à la lettre pour leur famille et leur foyer qu'ils combattent, lorsqu'ils luttent pour ne pas changer de maîtres.
C'est au contraire à ''l'issue'' de ces luttes de prépondérance que le groupe des maîtres est intéressé car l'enjeu est son existence même. L'extermination complète le menace en cas de défaite (noblesse germanique dans le royaume des Francs) ; et la perspective d'être rejeté dans le groupe des asservis lui parait au moins aussi redoutable. Parfois un traité de paix opportun lui assure au moins le rang social d'un groupe dominateur inférieur (noblesse saxonne dans l'Angleterre normande, suppanes dans le territoire slave de l'Allemagne) ; parfois aussi, lorsque les forces antagonistes sont à peu près égales, les deux groupes se fondent en une aristocratie ayant des droits égaux et unie par le ''jus connubii'' (dynasties isolées de Vénètes{{ref|19}} dans les territoires d'occupation slave, familles albes{{ref|20}} et étrusques{{ref|21}} à Rome).
Le groupe dominateur de « l'Etat féodal primitif de degré supérieur », comme nous le nommerons désormais, se désagrège ainsi en une combinaison couches plus ou moins puissantes, plus ou moins privilégiées, une division qui gagne encore en diversité de par le fait que déjà, dans l'Etat féodal primitif, le groupe dominateur se divisait fréquemment en deux rangs économiquement et socialement subordonnés l'un à l'autre, dont la formation remonte à l'époque pastorale : les grands possesseurs de troupeaux et les hommes francs. Là est peut-être l'explication de la rareté des divisions en classes dans les Etats du Nouveau-Monde fondés par les chasseurs : ces derniers ne purent introduire dans l'Etat cette division primordiale en classes rendue seulement possible par la possession de troupeaux. Il nous reste encore à étudier l'influence puissante qu'ont eue ces différences de rang et de fortune sur le développement politique et économique de l'Ancien-Monde.
Un processus de différenciation analogue partage maintenant, de même que les groupes dominateurs, les groupes dominés de notre Etat féodal en différentes couches plus ou moins dépendantes, plus ou moins oppressées et méprisées. Nous ne ferons que mentionner ici la très grande différence qui existait entre les positions sociales et juridiques de la population paysanne (les Etats Doriens, Lacédémone et la Crète, et des Thessaliens chez lesquels les Periokes possédaient un solide droit de propriété et des droits politiques passables, pendant que les Hilotes comme les Penestes étaient entièrement dépourvus de droits et de possessions. On trouve de plus dans l'ancienne Saxe une classe intermédiaire entre les hommes libres et les esclaves : celle des Lites{{ref|22}}. Ces cas, et beaucoup d'autres analogues dont l'histoire fait mention, ont vraisemblablement les mêmes causes que celles que nous avons citées à propos des différentes divisions hiérarchiques de la noblesse. Lorsque deux Etats primitifs se fondent en un seul, leurs couches sociales peuvent s'ordonner selon les combinaisons les plus diverses.
Il est certain que ce mélange mécanique, déterminé par les forces politiques, influe aussi sur la formation des castes, c'est-à-dire des professions héréditaires constituant en même temps une hiérarchie sociale. « Les castes sont fréquemment, sinon toujours, la conséquence de la conquête et de l'asservissement par des étrangers{{ref|23}} ». Bien qu'il soit impossible d'embrasser d'un coup d'œil ce problème encore incomplètement résolu, il semble que les influences économiques et religieuses aient dû jouer là aussi un rôle considérable. On peut se représenter la formation des castes de la manière suivante : des distinctions économiques, existant déjà entre des professions sont pénétrées et modifiées par les forces de développement de l'Etat et se fixent, se pétrifient sous l'influence d'idées religieuses qui ont pu d'ailleurs participer aussi à leur formation. C'est du moins ce que semble indiquer le fait que déjà, entre l'homme et la femme, il existe des séparations professionnelles infranchissables, « tabou » pour ainsi dire. Pendant que chez les chasseurs par exemple, l'agriculture échoit en partage à la femme, chez un grand nombre de pasteurs africains l'homme s'en empare aussitôt que l'on emploie des bœufs pour le labour. La femme ne peut sans sacrilège se servir de bétail{{ref|24}}. Des considérations religieuses de ce genre ont probablement contribué à rendre les professions héréditaires, avec coercition morne, partout où une industrie spéciale était exercée dans certaines familles ou dans certains villages, ce qui arrive fréquemment chez les peuplades primitives où l'échange est facile, par exemple chez les peuplades insulaires. Lorsqu'une tribu renfermant de tels groupes d'une profession héréditaire est subjuguée par d'autres peuples, ces groupes forment dans le nouveau corps de l'Etat une « caste » authentique dont le rang social dépend, en partie du degré de considération dont elle jouissait auparavant parmi les siens, et en partie de l'appréciation accordée par les nouveaux maîtres à la profession exercée. Dans les cas très fréquents où les invasions succèdent aux invasions, la formation de castes a dû se multiplier, surtout lorsqu'entre-temps l'évolution économique avait favorisé le développement de nombreux métiers.
On peut suivre le plus facilement les progrès de ce développement dans le groupe des forgerons que nous trouvons presque partout occupant une position à part, à demi craints, à demi méprisés. En Afrique surtout, presque tous les peuples forgeant le fer se trouvent depuis les temps les plus reculés parmi la suite et sous la dépendance des pasteurs. Déjà les Hyksos amenèrent avec eux en Egypte des tribus de forgerons et dûrent peut-être à leurs armes leur victoire décisive. Jusqu'à une date très récente, les Dinka{{ref|25}} ont tenu les Nuer{{ref|26}}, habiles à travailler le fer, dans une sorte de dépendance. Il en est de même des nomades du Sahara ; et dans nos légendes scandinaves l'ancien antagonisme racial envers les « nains » se répercute encore en même temps que la crainte de leur pouvoir magique. Nous avons là tous les éléments d'une rigoureuse formation de castes dans l'Etat développé{{ref|27}}.
Le rôle tenu par les influences religieuses au début de ces formations apparaît clairement dans l'exemple suivant : « En Polynésie la construction de bateaux est réservée à une classe privilégiée, bien qu'un grand nombre d'indigènes y soient également habiles. Nous avons là un indice probant du lien qui unit étroitement à cet art l'intérêt des Etats et des Sociétés. Non seulement jadis en Polynésie, mais de nos jours encore dans les îles Fidji, les charpentiers se livrant presque exclusivement à la construction de navires forment une caste à part, portent le titre pompeux d'« artisans du roi » et ont leurs chefs indépendants… Tout se passe selon des rites prescrits : l'enchantelage de la carène, l'achèvement du bateau, son lancement sont accompagnés de fêtes et cérémonies religieuses4. »
Là où la superstition est fortement développée il peut se former sur ces bases mi-économiques, mi-ethniques un véritable système de castes ; en Polynésie par exemple l'organisation en classes équivaut par suite de l'usage du tabou « à un système de castes des plus rigoureux5 ». Il en est de même dans l'Arabie du Sud6. Le rôle joué par la religion dans lfétablissement et le maintien de la hiérarchie en castes en Egypte et de nos jours encore dans l'Inde est trop connu pour qu'il soit nécessaire de nous étendre sur le sujet*.
Tels sont les éléments de l'Etat féodal primitif de degré supérieur. Ils sont plus variés et plus que ceux de l'Etat inférieur primitif mais ici comme là le droit, la constitution et la répartition économique sont identiques en principe. Le produit du moyen économique est toujours le but de la lutte des groupes, laquelle demeure le « movens » de la politique intérieure, de l'Etat : et le moyen politique est également toujours le « mo» de la politique extérieure, dans l'attaque et la défense. Et invariablement, en haut comme en bas, les fins et les moyens de ces luttes, tant extérieures qu'intérieures, sont justifiés par les mêmes théories de groupe.
Mais l'évolution ne peut rester stationnaire ! Le développement n'est pas seulement 'augmentation des masses ; il implique aussi une différenciation et une intégration constamment croissantes.
A mesure que ’Etat féodal primitif étend son territoire de domination, que les sujets qu'il gouverne deviennent plus nombreux et s'établissent en masses plus compactes, sa division économique du travail se développe, suscitant continuellement de nouveaux besoins et de nouveaux moyens de les satisfaire. Les différences entre les situations économiques et par suite entre les situations sociales s'accentuent selon la loi que j'ai définie : « loi d'agglomération autour de noyaux de richesses déjà existants. » Cette différenciation croissante décide finalement du développement ultérieur et par-dessus tout des fins de l'Etat féodal primitif.
Il n'est pas question ici de fins au sens matériel du mot ! Nous ne nous occuperons pas de l'annihilation de l'Etat féodal primitif de degré supérieur disparaissant à la suite d'un conflit avec un Etat plus puissant arrivé à un degré de développement égal ou supérieur, comme par exemple la destruction des Etats Mongols de l'Inde ou celle du royaume d'Ouganda, succombant dans leur lutte contre la Grande-Bretagne. Nous ne voulons pas parler non plus du marasme où sont tombées la Perse et la Turquie, marasme qui ne représente vraisemblablement qu'un arrêt dans la marche de l'évolution, ces pays devant inévitablement reprendre tôt ou tard leur mouvement progressif, soit par leurs propres forces, soit sous l'impulsion d'une puissance conquérante ; et il n'est pas davantage question de la purification du gigantesque empire chinois qui ne put se maintenir qu'aussi longtemps que les étrangers plus puissants ne vinrent pas heurter de l'épée les portes mystérieuses*.
Ce que nous étudierons ici ce sont les fins de l'Etat féodal primitif au sens de son évolution ultérieure, fins présentant une importance dérable pour la conception d'ensemble de l’histoire universelle considérée comme ''processus''. Si nous n'envisageons que les grandes lignes de l'évolution nous trouvons deux de ces fins, de caractère diamétralement opposé : ''et cette divergence fondamentale résulte inéluctablement des moyens entièrement différents par lesquels s’accomplit la « loi d'agglomération autour de noyaux de richesses déjà existants »''. Ici c'est la richesse mobilière, là la richesse immobilière, qui, s'amoncelant dans des mains toujours moins nombreuses bouleverse de fond en comble l'organisation de classe et avec elle l'édifice entier de l'Etat. Le représentant de la première forme de ’évolution est ''l'Etat maritime'', celui de la seconde, ''l’Etat territorial'' ; la fin du premier est ''l'économie esclavagiste capitaliste'', la fin du second est d'abord ''l'Etat féodal développé''.
L'économie capitaliste esclavagiste, le développement ultime typique des antiques méditerranéens, aboutit, non à la mort de l'Etat, ce qui ne voudrait rien dire, mais ''au dépérissement, à la mort des peuples''. Elle constitue ainsi dans l'arbre généalogique de l'évolution historique une branche secondaire qui ne peut servir de base directement à aucun rameau. L'Etat féodal développé par contre représente la branche principale, la continuation directe du tronc, et forme le point de départ du développement ultérieur de l'Etat, ce développement qui nous a conduits d'abord à l'Etat aristocratique, puis à l'Absolutisme et à l'Etat constitutionnel moderne et qui nous mène à présent, tout porte à le croire, vers la Fédération libre de l'avenir.
Tant le tronc de notre arbre généalogique a poussé dans une direction unique, menant à l'Etat féodal primitif de degré supérieur, notre exposition génétique a pu procéder d'ensemble : maintenant que ce tronc se divise notre étude doit également se diviser afin de suivre chacune de ces branches jusqu'en ses dernières ramifications.
Nous commencerons par l'histoire de l'évolution des Etats maritimes. Non qu'ils soient les plus anciens ! Au contraire, en tant qu'il est possible de le reconnaître à travers les brumes des premiers événements historiques, il semble  les premières fortes fondations politiques aient eu lien dans ces Etats territoriaux qui se sont élevés, par leurs propres forces, au rang d'Etat féodal développé. Mais les Etats qui nous intéressent particulièrement, nous autres éens, n'ont pas dépassé ce degré ; ils sont demeurés stationnaires ou encore, après avoir été subjugués par les Etats maritimes, ont péri comme eux atteints par le poison mortel de l'esclavage. L'évolution ultérieure de l'Etat féodal jusqu'aux plus hauts degrés de son développement n'a pu avoir lieu qu'après que les Etats eurent é le cours de leur existence ; les puissantes idées et formes de domination qui germèrent dans ces Etats maritimes ont fortement influencé et favorisé l'organisation des Etats territoriaux qui s'élevèrent sur leurs ruines.
C'est pour cette raison que l'exposition du sort des Etats maritimes, en tant que condition préalable des formes supérieures de l'Etat, a droit au premier rang dans cette étude : Nous suivrons donc d'abord la branche secondaire pour revenir ensuite à son point de départ, l'Etat féodal primitif, et de là, suivre la branche principale jusqu'au développement de l'Etat constitutionnel moderne, et, par anticipation, jusqu'à la Fédération libre de l'avenir.


== Notes ==  
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# {{note|17}}Les sécessions de la plèbe (''Secessio plebis'') sont l'exercice informel du pouvoir par les citoyens plébéiens romains, similaire à une grève. Durant une sécession, les citoyens abandonnent simplement la ville en masse en s'opposant ainsi à l'ordre des patriciens. La République romaine est une oligarchie dominée par la minorité des patriciens qui lutte souvent contre la masse de la plèbe : c'est la guerre des ordres. De l'institution de la République jusqu'aux guerres puniques, la plèbe et le patriciat luttent pour gouverner la Ville, et il y eut plusieurs sécessions de la plèbe, qui n'avait aucun droit au début.
# {{note|17}}Les sécessions de la plèbe (''Secessio plebis'') sont l'exercice informel du pouvoir par les citoyens plébéiens romains, similaire à une grève. Durant une sécession, les citoyens abandonnent simplement la ville en masse en s'opposant ainsi à l'ordre des patriciens. La République romaine est une oligarchie dominée par la minorité des patriciens qui lutte souvent contre la masse de la plèbe : c'est la guerre des ordres. De l'institution de la République jusqu'aux guerres puniques, la plèbe et le patriciat luttent pour gouverner la Ville, et il y eut plusieurs sécessions de la plèbe, qui n'avait aucun droit au début.
# {{note|18}}Agrippa Menenius Lanatus est un patricien romain des débuts de la République romaine, père de Titus Menenius Agrippae Lanatus (consul en 477 av. J.-C.). Il faut préciser que comme la plus grande partie des hommes et des institutions de cette époque romaine, la réalité de son existence historique et de ses actions nous échappent, nos sources lacunaires présentant par ailleurs des récits et des traditions considérablement réécrits et déformés. Il est élu consul en 503 av. J.-C., année durant laquelle il triomphe des Sabins. En 494 av. J.-C., il est envoyé par le sénat sur le mont Sacré (ou sur le mont Aventin) où s'est réfugiée la plèbe lors d'une insurrection, accablée de dettes. Ayant le devoir de réaliser la concordance entre patriciens et plébéiens, il emploie le fameux apologue : Les membres et l'estomac grâce auquel il tente de démontrer que la cité ne peut exister sans la plèbe, mais que, parallèlement la plèbe ne peut vivre sans la cité, selon les termes suivants, d'après Aurelius Victor : « Un jour [...] les membres du corps humain, voyant que l'estomac restait oisif, séparèrent leur cause de la sienne, et lui refusèrent leur office. Mais cette conspiration les fit bientôt tomber eux-mêmes en langueur ; ils comprirent alors que l'estomac distribuait à chacun d'eux la nourriture qu'il avait reçue, et rentrèrent en grâce avec lui. Ainsi le sénat et le peuple, qui sont comme un seul corps, périssent par la désunion, et vivent pleins de force par la concorde ». On ignore si Agrippa a réellement eu un impact quant au retour des plébéiens dans la cité, mais il est resté célèbre pour son apologue, plus tard repris par La Fontaine. Mais selon la légende, cet apologue apaisa les esprits, car suite à cet événement, on institua par la ''Lex Sacrata'' les tribuns de la plèbe pour défendre les intérêts du peuple et pour qu'ils soient des ambassadeurs entre le sénat et le peuple. L'année suivante, en 493 av. J.-C., Agrippa Menenius meurt si pauvre que le peuple lui paie ses funérailles, au nom de l'homme qui a ramené la plèbe dans Rome et a été le lien entre le Sénat romain et le peuple.
# {{note|18}}Agrippa Menenius Lanatus est un patricien romain des débuts de la République romaine, père de Titus Menenius Agrippae Lanatus (consul en 477 av. J.-C.). Il faut préciser que comme la plus grande partie des hommes et des institutions de cette époque romaine, la réalité de son existence historique et de ses actions nous échappent, nos sources lacunaires présentant par ailleurs des récits et des traditions considérablement réécrits et déformés. Il est élu consul en 503 av. J.-C., année durant laquelle il triomphe des Sabins. En 494 av. J.-C., il est envoyé par le sénat sur le mont Sacré (ou sur le mont Aventin) où s'est réfugiée la plèbe lors d'une insurrection, accablée de dettes. Ayant le devoir de réaliser la concordance entre patriciens et plébéiens, il emploie le fameux apologue : Les membres et l'estomac grâce auquel il tente de démontrer que la cité ne peut exister sans la plèbe, mais que, parallèlement la plèbe ne peut vivre sans la cité, selon les termes suivants, d'après Aurelius Victor : « Un jour [...] les membres du corps humain, voyant que l'estomac restait oisif, séparèrent leur cause de la sienne, et lui refusèrent leur office. Mais cette conspiration les fit bientôt tomber eux-mêmes en langueur ; ils comprirent alors que l'estomac distribuait à chacun d'eux la nourriture qu'il avait reçue, et rentrèrent en grâce avec lui. Ainsi le sénat et le peuple, qui sont comme un seul corps, périssent par la désunion, et vivent pleins de force par la concorde ». On ignore si Agrippa a réellement eu un impact quant au retour des plébéiens dans la cité, mais il est resté célèbre pour son apologue, plus tard repris par La Fontaine. Mais selon la légende, cet apologue apaisa les esprits, car suite à cet événement, on institua par la ''Lex Sacrata'' les tribuns de la plèbe pour défendre les intérêts du peuple et pour qu'ils soient des ambassadeurs entre le sénat et le peuple. L'année suivante, en 493 av. J.-C., Agrippa Menenius meurt si pauvre que le peuple lui paie ses funérailles, au nom de l'homme qui a ramené la plèbe dans Rome et a été le lien entre le Sénat romain et le peuple.
# {{note|19}}Les Vénètes, selon la terminologie adoptée au xixe siècle par Amédée Thierry, font partie des peuples Kimris et plus précisément des Gallo-Kimris. Ils faisaient partie de la Confédération armoricaine.
# {{note|20}}Cité antique fortifiée du Latium, Albe-la-Longue (Alba Longa) est l'une des plus anciennes cités d'Italie. Elle est située à 20 km au sud-est de Rome à l'emplacement de l'actuel Castel Gandolfo.
# {{note|21}}Les Étrusques (du latin « Etrusci ») sont un peuple qui vivait depuis l'âge du fer en Étrurie, territoire correspondant à peu près à l'actuelle Toscane et au nord du Latium, soit le centre de la péninsule italienne, jusqu'à leur assimilation définitive comme citoyens de la République romaine, au ier siècle av. J.-C., après le vote de la ''Lex Iulia'' (-90) pendant la guerre sociale. Les Romains les appelaient « Etrusci » ou « Tusci » et les Grecs les nommaient « Τυρρήνιοι » (Tyrrhēnioi, c’est-à-dire Tyrrhéniens, nom qui a été donné à la mer des côtes occidentales de l'Italie), mais ils s'appelaient eux-mêmes « Rasna » (forme syncopée de « Rasenna »).
# {{note|22}}Inama-Sternegg, ''Deutsche Wirtshaft-Geschichte'', I, Leipzig, 1879, p. 59.
# {{note|23}}Westermarck, ''History of Human Marriage'', London, 1891, p. 368.
# {{note|24}}Dans certaines tribus de chasseurs du Nord de l'Asie, il est sévèrement interdit aux femmes de toucher aux armes ou de traverser une piste (Ratzel, I., p. 650).
# {{note|25}}Les Dinka sont un peuple du Soudan du Sud, vivant dans les régions de Bahr al-Ghazal (bassin du Nil), Jonglei, ainsi que le sud du Kordofan au Soudan et du Nil Supérieur. Eux même se désignent comme Jieng (dans le Nil Supérieur) et muonyjang (dans le Bahr el Ghazal), termes voulant dire « hommes ». Le nom de Dinka leur aurait été attribués par les explorateurs européens.
# {{note|26}}Les Nuer (ou Nouers ou Naath) sont l'un des grands peuples du Soudan du Sud et vivent dans l'Ouest de l'Éthiopie aussi. Ils habitent des régions du Nil. Les Nuer sont victimes de persécutions par le gouvernement soudanais, pendant la guerre des années 1990 notamment, mais aussi des rebelles du Soudan du Sud car de nombreuses milices nuers travaillaient pour Khartoum. L'accord de cessez-le-feu de 2004 est censé mettre un terme aux hostilités.
# {{note|27}}Cf. Ratzel, l, ch. I, p. 81.
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