Différences entre les versions de « Franz Oppenheimer:L'Etat, son origines, son évolution et son avenir - Partie IV : L'évolution de l'Etat féodal »

Aller à la navigation Aller à la recherche
aucun résumé de modification
 
(3 versions intermédiaires par le même utilisateur non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{Navigateur|[[Franz Oppenheimer:L'Etat, son origines, son évolution et son avenir - Partie III : L'Etat maritime|Partie III : L'Etat maritime]]|[[Franz Oppenheimer]]  —  [[Franz Oppenheimer:L'Etat, ses origines, son évolution et son avenir|L'Etat, ses origines, son évolution et son avenir]]|[[]]}}
{{Navigateur|[[Franz Oppenheimer:L'Etat, son origines, son évolution et son avenir - Partie III : L'Etat maritime|Partie III : L'Etat maritime]]|[[Franz Oppenheimer]]  —  [[Franz Oppenheimer:L'Etat, ses origines, son évolution et son avenir|L'Etat, ses origines, son évolution et son avenir]]|[[Franz Oppenheimer:L'Etat, son origines, son évolution et son avenir - Partie V : L'évolution de l'Etat constitutionnel|Partie V : L'évolution de l'Etat constitutionnel]]}}
{{en travaux|Copeau|19 juin 2012}}
{{Titre|[[Franz Oppenheimer:L'Etat, ses origines, son évolution et son avenir|L'Etat, ses origines, son évolution et son avenir]]|[[Franz Oppenheimer]]|Partie IV : L'évolution de l'Etat féodal}}
{{Titre|[[Franz Oppenheimer:L'Etat, ses origines, son évolution et son avenir|L'Etat, ses origines, son évolution et son avenir]]|[[Franz Oppenheimer]]|Partie IV : L'évolution de l'Etat féodal}}
{{infobox Etat}}
{{infobox Etat}}
Ligne 117 : Ligne 116 :


C'est la solidarité d'intérêts entre le seigneur et ses sujets que nous rencontrons ici pour la seconde fois dans cette étude. Nous l'avons trouvée pour la première fois faiblement ébauchée durant la seconde période de la fondation de l'État. Cette solidarité porte le demi-prince à traiter ses serfs avec autant de bénévolence qu'il déploie de sévérité envers les hommes francs de son territoire ; les premiers combattront pour lui et paieraient la taille d'autant plus docilement, les seconds, malmenés et opprimés, céderont d'autant plus aisément à sa tyrannie, surtout comme par suite du déclin du pouvoir central leur indépendance souveraine n'est plus que l'ombre d'un mot. Ici et là – le fait s'est produit en Allemagne vers la fin du Xe siècle entièrement consciemment{{ref|40}} – le seigneur exerce une autorité particulièrement bénigne et cherche à attirer à lui les sujets des potentats voisins, autant pour augmenter sa propre puissance militaire et contribuable que pour diminuer celle de ses rivaux. La plèbe obtient ainsi, de fait et de droit, des avantages de plus en plus nombreux, un meilleur droit de propriété, parfois même l'autonomie, le droit de juridiction dans les affaires de la commune. Elle s'élève à mesure que les hommes francs s'abaissent jusqu'à ce que tous deux se rencontrent à mi-chemin et se fondent en une couche sociale à peu près homogène légalement et économiquement. A demi serfs, à demi sujets, ils constituent une formation caractéristique de l'Etat Féodal, lequel ne distingue pas encore nettement entre le droit commun et le droit privé ; c'est là une conséquence immédiate de son évolution historique qui érigea la domination politique dans le but de soutenir des droits économiques privés.
C'est la solidarité d'intérêts entre le seigneur et ses sujets que nous rencontrons ici pour la seconde fois dans cette étude. Nous l'avons trouvée pour la première fois faiblement ébauchée durant la seconde période de la fondation de l'État. Cette solidarité porte le demi-prince à traiter ses serfs avec autant de bénévolence qu'il déploie de sévérité envers les hommes francs de son territoire ; les premiers combattront pour lui et paieraient la taille d'autant plus docilement, les seconds, malmenés et opprimés, céderont d'autant plus aisément à sa tyrannie, surtout comme par suite du déclin du pouvoir central leur indépendance souveraine n'est plus que l'ombre d'un mot. Ici et là – le fait s'est produit en Allemagne vers la fin du Xe siècle entièrement consciemment{{ref|40}} – le seigneur exerce une autorité particulièrement bénigne et cherche à attirer à lui les sujets des potentats voisins, autant pour augmenter sa propre puissance militaire et contribuable que pour diminuer celle de ses rivaux. La plèbe obtient ainsi, de fait et de droit, des avantages de plus en plus nombreux, un meilleur droit de propriété, parfois même l'autonomie, le droit de juridiction dans les affaires de la commune. Elle s'élève à mesure que les hommes francs s'abaissent jusqu'à ce que tous deux se rencontrent à mi-chemin et se fondent en une couche sociale à peu près homogène légalement et économiquement. A demi serfs, à demi sujets, ils constituent une formation caractéristique de l'Etat Féodal, lequel ne distingue pas encore nettement entre le droit commun et le droit privé ; c'est là une conséquence immédiate de son évolution historique qui érigea la domination politique dans le but de soutenir des droits économiques privés.
==La fusion ethnique==
La fusion légale et sociale des hommes libres abaissés et de la plèbe élevée a naturellement comme conséquence la pénétration ethnique. Si d'abord le « ''commercium et connubium''{{ref|41}} » furent sévèrement déniés aux asservis, les obstacles ne purent se maintenir longtemps : au village ce n'est plus le sang bleu, mais la richesse, qui décide de la classe sociale. Souvent sans doute le descendant « pur sang » des guerriers pasteurs doit remplir chez le descendant également « pur sang » des serfs les humbles fonctions de valet de ferme. Le groupe social des sujets est composé maintenant d'une partie de l'ancien groupe ethnique des dominateurs et d'une partie de l'ancien groupe des asservis.
D'une partie seulement de ces derniers ! Le reste a fusionné avec l'autre partie de l'ancien groupe des dominateurs pour former une nouvelle classe sociale homogène. Une partie de la plèbe s'est élevée non seulement jusqu'au niveau auquel s'est abaissée la masse des hommes francs mais encore bien au delà de ce point, et a conquis l'admission complète dans le groupe dominateur aussi augmenté en importance qu'il a diminué en nombre.
Cela aussi est un fait universellement constaté et qui résulte partout inéluctablement des conditions mêmes de l'organisation féodale. Le « ''primus inter pares'' » qui occupe la position souveraine, soit comme représentant du pouvoir central, soit comme potentat local, a besoin pour gouverner d'instruments plus dociles que ne le sont ses pairs. Ceux-ci représentent une classe qu'il doit abaisser s'il veut s'élever lui-même et cela il le veut, il doit le vouloir, la poursuite du pouvoir étant ici pure manifestation de l'instinct de conservation. Sur ce chemin les membres de la famille et les nobles arrogants ne peuvent être que des obstacles. Aussi dans toutes les cours, chez le plus puissant potentat comme chez le seigneur de domaines presque entièrement d'ordre privé, nous trouvons en qualité de fonctionnaires à côté des membres du groupe dominateur des hommes de descendance obscure. Ceux-ci, sous les dehors de serviteurs du roi, sont souvent de véritables « éphores{{ref|42}} » co-possesseurs du pouvoir souverain comme représentants de leur groupe. Ainsi les Indouna à la cour du roi des Bantou. Il n'est pas surprenant que le prince plutôt que d'écouter des conseillers gênants et exigeants se confie de préférence à des hommes qui sont entièrement ses créatures, dont le sort est inextricablement lié au sien, et qui devraient fatalement le suivre dans sa chute.
lci aussi il est presque superflu de citer les faits historiques à l'appui. Chacun sait qu'aux cours des royaumes féodaux de l'Europe Occidentale, l'on trouvait à côté des parents du roi et de quelques grands vassaux, des éléments appartenant au groupe inférieur, hommes d'Eglise ou habiles soldats, occupant les plus hautes situations. Il y avait parmi les « ''antrustions''{{ref|43}} » de Charlemagne des représentants de toutes les races et de tous les peuples de son empire. Cette élévation des fils intrépides de peuples subjugués se retrouve aussi dans la légende de Théodoric le Grand. Je cite encore quelques exemples moins connus :
Dans la terre des Pharaons, dès l'Ancien Empire, à côté de fonctionnaires impériaux recrutés parmi l'aristocratie féodale issue des pasteurs-conquérants, princes des nomes représentants de la couronne et investis d'un pouvoir quasi-souverain, il existait un fonctionnarisme de cour qui occupait les différentes charges gouvernementales. Ce fonctionnarisme se recrutait parmi la domesticité des cours princières – prisonniers de guerre, fugitifs, etc{{ref|44}}. La légende de Joseph nous présente comme un fait familier à cette époque cette élévation d'un esclave au rang de ministre tout puissant et aujourd'hui encore une telle carrière ne présente rien d'absolument fantastique dans les cours orientales, en Perse, en Turquie, au Maroc, etc. A une époque beaucoup plus récente, durant la période de transition entre l'Etat féodal développé et l'organisation parlementaire, l'histoire du vieux Derfflinger{{ref|45}} nous fournit un exemple auprès duquel on pourrait placer encore la carrière de maint vaillant soldat de fortune.
Citons encore quelques exemples pris chez les peuples « sans histoire ». Ratzel rapporte du royaume des Kanem-Bornou{{ref|46}} : « Les hommes libres n'ont pas perdu l'arrogance de leur origine vis-à-vis des esclaves du sheick, mais les souverains se confient plus volontiers à leurs esclaves qu'à leurs parents ou qu'aux membres libres de la tribu. Non seulement les charges de cour mais la défense du territoire même a été de tous temps confiée de préférence aux esclaves. Les frères du prince, de même que les plus ambitieux, les plus énergiques de ses fils, sont regardés avec méfiance : pendant que les charges les plus importantes de la cour sont remplies par les esclaves, les postes éloignés du siège du gouvernement sont réservés princes. Les revenus des charges et des provinces défraient les salaires{{ref|47}}. »
Chez les Fellata « la société se divise en princes, chefs, hommes francs et esclaves. Les esclaves du roi, qui sont soldats et fonctionnaires et peuvent prétendre aux plus hautes situations, jouent un rôle important dans l'Etat{{ref|48}} ».
Cette noblesse de cour peut en certaines circonstances être admise dans la classe des « leudes impériaux{{ref|49}} », ce qui lui ouvre la voie décrite plus haut menant à la souveraineté locale. Elle représente alors dans l'Etat Féodal Développé la haute aristocratie et conserve généralement son rang même après avoir été médiatisée à la suite de l'absorption par un voisin plus puissant. La noblesse franque a sûrement contenu de tels éléments provenant du groupe inférieur originaire{{ref|50}}. Et comme l'aristocratie européenne est issue en grande partie de cette souche, directement ou indirectement, nous trouvons la fusion ethnique réalisée de nos jours dans la couche sociale la plus élevée comme dans le groupe inférieur des sujets. Il en fut de même en Egypte : « Lors du déclin de l'autorité royale, pendant la période de décadence, les hauts fonctionnaires emploient leur pouvoir dans un but intéressé afin de rendre leurs charges héréditaires et créer ainsi une noblesse fonctionnaire ne se détachant pas ethniquement du reste de la population{{ref|51}}. »
Et finalement le même processus gagne, de par les mêmes causes, la classe moyenne actuelle, la couche inférieure du groupe dominateur, les subordonnés et officiers des grands vassaux. Une certaine différence sociale subsiste quelque temps entre les vassaux libres auxquels le seigneur a baillé des fiefs – parents, fils cadets de familles nobles, compagnons appauvris, quelques fils de paysans libres, réfugiés et spadassins de descendance non-serve – et les officiers de la suite, d'origine plébéienne occupant des positions quasi subalternes. Mais le servage s'élève en même temps que la liberté décline en tant que valeur sociale, et ici aussi le prince se confie de préférence à ses créatures plutôt qu'à ses pairs. Tôt ou tard la fusion complète s'effectue. En Allemagne la noblesse de cour serve se rangeait en 1083 entre « ''servi et litones''{{ref|52}} », cent ans après elle est déjà parmi les « ''liberi et nobiles''{{ref|53}}{{ref|54}} ». Au cours du XIIIe siècle elle se confond entièrement avec les grands vassaux d'origine libre et s'identifie entièrement à la noblesse de naissance dont elle est devenue l'égale économiquement. Toutes deux ont des arrière-fiefs, des bénéfices impliquant en retour l'aide militaire ; et entre temps les bénéfices des sujets, des « ministeriaux » sont aussi devenus héréditaires comme le sont ceux des vassaux libres et comme le furent toujours les biens familiaux des petits seigneurs territoriaux que l'étreinte de la suzeraineté suprême n'a pas encore écrasés.
Le processus se poursuit de façon identique dans tous les Etats Féodaux de l'Europe occidentale et nous trouvons le pendant de ces conditions à l'extrême-orient du continent eurasien, au Japon. Les daïmio{{ref|55}} sont la haute noblesse, les leudes ; les samouraï{{ref|56}}, la chevalerie, la noblesse d’épée.
==L'Etat Féodal Développé==
L'Etat Féodal est parvenu maintenant à son parfait développement. Il forme politiquement et socialement une parfaite hiérarchie dont les nombreuses couches sont reliées les unes aux autres par l'obligation prestative envers la couche immédiatement supérieure et l'obligation de protection envers la couche immédiatement inférieure. La base sur laquelle repose l'édifice, le peuple des travailleurs, est encore composé en majeure partie de paysans : l'excédent de leur labeur, la rente foncière, la totalité de la plus-value produite par le moyen économique pourvoit à la subsistance des classes supérieures. En ce qui concerne la plupart des terrains, ceux qui ne sont pas la propriété directe et franche du seigneur ou du pouvoir central, la rente passe d'abord dans les mains des petits vassaux. Ceux-ci doivent en échange remplir les obligations militaires conformément à leurs conventions et effectuer aussi en certains cas des prestations économiques. Le vassal plus important est tenu aux mêmes obligations envers le grand vassal et celui-ci, officiellement du moins, envers le détenteur du pouvoir central. Et ce dernier, empereur, roi, sultan, schah ou pharaon, est considéré à son tour comme le vassal du dieu ancestral. Ainsi se dresse jusqu'au roi du ciel une hiérarchie artificiellement échelonnée qui étreint si complètement toute la vie de l'Etat que, selon l'usage et le droit, aucune parcelle de terre, aucun être humain ne peut s’y dérober : et le travail du laboureur supporte à lui seul tout l'édifice. Tous les droits créés à l'origine pour les hommes francs sont tombés en désuétude ou ont été transformés radicalement quant à leur nature par la victoire seigneuriale : quiconque n'a pas sa place dans le système féodal est véritablement hors la loi, sans protection et sans droit, c'est-à-dire sans le pouvoir qui seul constitue le droit.
Et ainsi cet axiome qui semble au premier abord émané de l'arrogance aristocratique : « ''nulle terre sans seigneur'' » n'a été en réalité que la codification d'une nouvelle condition du droit en vigueur et n'a signifié tout au plus que la disparition de quelques vestiges vieillis et importuns de l'ancien Etat Féodal Primitif entièrement disparu.
Que de déductions les partisans de la théorie raciale considérée comme passe-partout historico-philosophique n'ont-ils pas tirées du prétendu fait que seuls les Germains, en vertu d'aptitudes politiques supérieures, ont été capables de mener à bonnes fins le splendide édifice de l'Etat Féodal Développé ! Cet argument a perdu beaucoup de poids depuis que l'on a dû reconnaître que la race mongole, au Japon, a accompli exactement le même miracle. Seul le nègre peut-être n'y fût pas parvenu, même si l'immixtion de civilisations plus puissantes ne l'avait pas arrêté dans son développement – bien que Ouganda par exemple ne diffère pas très sensiblement du royaume de Charlemagne ou de Boleslaw le Rouge. Il n'y manque que les « valeurs de la tradition » de la civilisation européenne, et ces valeurs ne constituent pas un mérite inhérent à la race indo-germanique, mais furent un pur don qu'elle reçut en dot de la destinée.
Mais laissons là le nègre et ses possibilités. Il y a mille ans le Sémite, que l'on prétend si entièrement dénué de capacités politiques,  échafauda un système féodal en tous points semblable au nôtre, du moins si nous admettons que les fondateurs de l'empire égyptien aient été des Sémites. Ne croit-on pas lire une chronique du temps des Hohenstauffen en parcourant le passage suivant de Thurnwald{{ref|57}} : « Quiconque entrait dans la suite d'un grand se plaçait par là sous sa protection comme sous celle d'un chef de famille. Il y a là (...) des rapports de fidélité rappelant l'institution du vasselage. Cette relation réciproque de protection en échange de fidélité est devenue la base de l'entière organisation sociale en Egypte. Elle règle les relations du seigneur avec ses serviteurs comme celle du Pharaon avec ses fonctionnaires. Sur cette forme repose le groupement des individus sous des maîtres protecteurs communs, une hiérarchie s'étageant jusqu'au sommet de la pyramide sociale, jusqu'au roi qui lui-même est considéré comme le représentant de ses pères, comme le vassal des dieux sur la terre (...) L'homme qui vit en dehors de ces rouages sociaux, l'homme sans maitre (protecteur) est sans moyens de défense et par conséquent sans droit. »
Nous n'avons pas eu besoin jusqu'ici d'avoir recours à l'hypothèse d'aptitudes spéciales inhérentes à une race et nous ne le ferons pas davantage à l'avenir. C'est là en effet, selon l'expression de Spencer, méthode de philosophie historique la plus absurde qu'il soit possible d'imaginer.
Le multiple échelonnement des rangs en une unique pyramide de dépendances réciproques est le premier trait caractéristique de l'Etal Féodal Développé : le second est la fusion en une unique nationalité des groupes ethniques distincts à l’origine.
La conscience de la différence première des ''races'' est entièrement disparue ; rien ne demeure que la différence des ''classes''. Désormais  n'avons plus affaire à des groupes ethniques mais à des classes sociales. L'opposition ''sociale'' domine seule la vie de l'Etat. El la conscience de groupe ethnique se transforme par suite en conscience de classe. Son caractère n'en est du reste modifié en rien. La nouvelle classe dirigeante a le même orgueil de race légitimiste qui distinguait l'ancien groupe des maîtres ; la noblesse d'épée oublie fort vite qu'elle tire son origine du groupe vaincu. Et à l'autre extrémité l'homme libre déclassé comme le noble déchu se réclament du « droit naturel » aussi fermement que le faisaient jadis les asservis.
L'Etat Féodal Développé est resté en principe ce qu'il était dès la deuxième période de la formation primitive de l'Etat. Sa forme est la domination, sa substance l'exploitation politique du moyen économique, exploitation limitée par un droit universel qui impose aux bénéficiaires du moyen politique le devoir de protection et assure aux exploités le droit à la subsistance, au maintien de leur capacité productive. Rien n'est changé dans la nature de la domination : elle n'est que plus diversement graduée ; et il en est de même de l'exploitation ou de ce que la théorie économique désigne par le terme « distribution ».
Tout comme auparavant la politique intérieure de l'Etat se meut dans l'orbite que lui prescrit le parallélogramme des forces, force centrifuge de la lutte de groupe devenue maintenant lutte de classe, et force centripète de l'intérêt commun. Tout comme auparavant sa politique extérieure est déterminée par l'impulsion qui pousse sa classe dirigeante vers la conquête de nouvelles terres et de nouveaux sujets, tendance à l'extension qui n'est encore toujours qu'instinct de conservation.
Avec sa différenciation beaucoup plus parfaite, son intégration beaucoup plus complète, l'Etat Féodal Développé n'est néanmoins pas autre chose que l'Etat Primitif parvenu à maturité.


== Notes ==  
== Notes ==  
Ligne 160 : Ligne 202 :
# {{note|39}}Inama-Sternegg, 1 ch. I, p. 373-386.
# {{note|39}}Inama-Sternegg, 1 ch. I, p. 373-386.
# {{note|40}}Cf. Franz Oppenheimer, ''Grossgrunrfeigentum'', etc., p. 272.
# {{note|40}}Cf. Franz Oppenheimer, ''Grossgrunrfeigentum'', etc., p. 272.
# {{note|41}}
# {{note|41}}En général et à moins de traités particuliers, le droit d'acquérir des immeubles ou des hypothèques étaient refusés aux étrangers, ainsi que le droit de mariage. Le ''commercium'' est le commerce « social », le ''connubium'' est la possiblilté pour une homme de faire d’une femme son épouse légale. Avec des esclaves il n'y a aucun connubium.
# {{note|42}}
# {{note|42}}Les éphores (du grec ancien ἔφοροι / éphoroi, littéralement « surveillants », de ὁράω / oráô, « surveiller ») sont un directoire de cinq magistrats annuels à Sparte, dont ils forment le véritable gouvernement. Créé à une date indéterminée (il existe déjà au vie siècle av. J.-C.), l'éphorat est supprimé en 227 av. J.-C. par Cléomène III, puis rétabli par Antigone III Doson, roi de Macédoine, avant d'être définitivement aboli par l'empereur Hadrien au iie siècle.
# {{note|43}}
# {{note|43}}Chez les Francs et les Mérovingiens, l'antrustion était un homme libre qui avait juré fidélité à la personne du roi et l'accompagnait notamment dans ses campagnes guerrières.
# {{note|44}}
# {{note|44}}Thurnwald, 1 ch., p. 703.
# {{note|45}}
# {{note|45}}Georg von Derfflinger (20 mars 1606 – 14 février 1695) était un feld maréchal de l'armée de Brandebourg-Prusse pendant et après la Guerre de Trente Ans (1618-1648).
# {{note|46}}
# {{note|46}}Le royaume du Kanem est fondé vers le viiie siècle par la dynastie Teda, population noire chamelière originellement établie au Nord du tchad. Sa capitale fut la ville de Njimi.
# {{note|47}}
# {{note|47}}Ratzel, 1, ch. II, p. 503.
# {{note|48}}
# {{note|48}}Id. 1, ch. II, p. 518
# {{note|49}}
# {{note|49}}Les leudes étaient des membres de la haute aristocratie durant le haut Moyen Âge. Ils étaient liés au roi par un serment (le ''leudesamium'') et des dons.
# {{note|50}}
# {{note|50}}Meitzen, I, ch. I, p. 379 : Lors de la proclamation de la « '''lex salica'' » l'ancienne noblesse héréditaire était déjà tombée au rang des hommes francs ou avait disparu. Mais il y avait déjà triple « ''Wchrgeld'' » pour les fonctionnaires (600 ''solidi'', et quand il était « ''puer regis'' » 00).
# {{note|51}}
# {{note|51}}Thurnwald, 1, ch., p. 712.
# {{note|52}}
# {{note|52}}« Serviteurs et sacrifiés »
# {{note|53}}
# {{note|53}}« Libres et nobles »
# {{note|54}}
# {{note|54}}Inama-Sternegg, 1, ch. II, p. 61.
# {{note|55}}
# {{note|55}}Du japonais 大名 daimyō (« seigneur » littéralement « grand nom ») ; titre de noblesse japonais durant la période féodale.
# {{note|56}}Du japonais 侍, samurai. Dans le Japon féodal, soldat de situation noble qui respecte le bushido.
# {{note|57}}Thurnwald, 1, ch., p . 703.
</small>
</small>
</div>
</div>
{{Navigateur|[[Franz Oppenheimer:L'Etat, son origines, son évolution et son avenir - Partie III : L'Etat maritime|Partie III : L'Etat maritime]]|[[Franz Oppenheimer]]&nbsp;&nbsp;—&nbsp;&nbsp;[[Franz Oppenheimer:L'Etat, ses origines, son évolution et son avenir|L'Etat, ses origines, son évolution et son avenir]]|[[]]}}
{{Navigateur|[[Franz Oppenheimer:L'Etat, son origines, son évolution et son avenir - Partie III : L'Etat maritime|Partie III : L'Etat maritime]]|[[Franz Oppenheimer]]&nbsp;&nbsp;—&nbsp;&nbsp;[[Franz Oppenheimer:L'Etat, ses origines, son évolution et son avenir|L'Etat, ses origines, son évolution et son avenir]]|[[Franz Oppenheimer:L'Etat, son origines, son évolution et son avenir - Partie V : L'évolution de l'Etat constitutionnel|Partie V : L'évolution de l'Etat constitutionnel]]}}
1 854

modifications

Menu de navigation