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Une force unique gouverne tout ce qui existe. Une force unique a développé la vie, de la cellule primitive, de l'amibe flottant sur le chaud océan des périodes primordiales jusqu'au vertébré, jusqu'à l'homme. Cette force, c'est l'instinct de conservation avec ses deux subdivisions : la « faim » et « l'amour ». A ce point la « philosophie », le besoin causal du bipède pensant, intervient dans ce jeu des forces pour soutenir, avec la faim et l'amour, l’édifice du monde humain. La philosophie, la « Représentation » de Schopenhauer n'est d'ailleurs qu'une création de l'instinct de conservation, qu'il nomme « Volonté » : c'est un organe de direction dans l'existence, une arme dans la « lutte pour la vie ». Nous aurons pourtant à reconnaître dans le besoin causal une force sociale indépendante, un facteur non négligeable dans la marche de l'évolution sociologique. Ce besoin se manifeste tout d'abord, et se manifeste même avec une violence inouïe aux âges primitifs de la société, dans les manifestations parfois si étranges de la superstition. Tirant d'imparfaites observations de conséquences entièrement logiques, la créature humaine peuple les eaux et l'atmosphère, la terre, le feu, les animaux et les plantes mêmes, bref l'univers entier de bons et de mauvais esprits. Ce n'est que beaucoup plus tard, dans ce lumineux temps moderne auquel peu de peuples parviennent, qu'apparaît la plus jeune fille du besoin causal, la science, le produit logique de l'observation raisonnée des phénomènes naturels, la science à laquelle incombe dès lors une lourde tâche : détruire la superstition aux racines profondes, liée à l'âme humaine par d'innombrables fils.


Mais bien qu'il soit indéniable que la superstition, surtout dans les périodes « extatiques{{ref|1}} », ait pu agir puissamment sur le cours des événements, bien qu'elle puisse encore en temps ordinaire être un facteur important dans l'organisation de la vie sociale, la force principale de révolution n'en est pas moins toujours l'instinct économique, la nécessité de l'existence, cette nécessité qui contraint l'homme à conquérir pour lui et les siens la nourriture, le logement et le vêtement. Un examen sociologique – et nous entendons par là socio-psychologique – de l'évolution historique ne peut donc procéder que d'une seule manière : il doit suivre dans leur développement progressif les méthodes de la satisfaction économique des besoins, en inscrivant à la place qui leur revient les influences de l'instinct causal.


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# {{note|1}}Achelis, ''Die Ekstase in ihrer kulturellen Bedeutung'', t. I des ''Kulturprobleme der Gegenwart'', Berlin, 1902. L’extase est une hallucination ou une folie, qui peut être individuelle mais aussi – et surtout – collective. Dans ce dernier cas, la charge émotive de l’extase est bien plus importante et durable. Erwin Rhode trouve les fondements de la tragédie grecque dans l’extase orgiastique, et Marcel Mauss y trouve l’origine mystique des religions (cf. ''Œuvres'', II, p. 391-5)
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Version du 16 juin 2012 à 15:28

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Franz Oppenheimer:L'Etat, son origines, son évolution et son avenir - Partie I : L'origine de l'Etat


Anonyme


Introduction
l’Etat, Ses origines, son évolution et son avenir
Der Staat
B577.jpg
Auteur : Franz Oppenheimer
Genre
sociologie
Année de parution
1913
Dans l'archipel malais comme dans le grand laboratoire sociologique africain, dans tous les pays du globe où l'évolution des races a dépassé la période de sauvagerie primitive, l'Etat est né de la subjugation d'un groupe humain par un autre groupe et sa raison d'être est, et a toujours été, l'exploitation économique des asservis.
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Une force unique gouverne tout ce qui existe. Une force unique a développé la vie, de la cellule primitive, de l'amibe flottant sur le chaud océan des périodes primordiales jusqu'au vertébré, jusqu'à l'homme. Cette force, c'est l'instinct de conservation avec ses deux subdivisions : la « faim » et « l'amour ». A ce point la « philosophie », le besoin causal du bipède pensant, intervient dans ce jeu des forces pour soutenir, avec la faim et l'amour, l’édifice du monde humain. La philosophie, la « Représentation » de Schopenhauer n'est d'ailleurs qu'une création de l'instinct de conservation, qu'il nomme « Volonté » : c'est un organe de direction dans l'existence, une arme dans la « lutte pour la vie ». Nous aurons pourtant à reconnaître dans le besoin causal une force sociale indépendante, un facteur non négligeable dans la marche de l'évolution sociologique. Ce besoin se manifeste tout d'abord, et se manifeste même avec une violence inouïe aux âges primitifs de la société, dans les manifestations parfois si étranges de la superstition. Tirant d'imparfaites observations de conséquences entièrement logiques, la créature humaine peuple les eaux et l'atmosphère, la terre, le feu, les animaux et les plantes mêmes, bref l'univers entier de bons et de mauvais esprits. Ce n'est que beaucoup plus tard, dans ce lumineux temps moderne auquel peu de peuples parviennent, qu'apparaît la plus jeune fille du besoin causal, la science, le produit logique de l'observation raisonnée des phénomènes naturels, la science à laquelle incombe dès lors une lourde tâche : détruire la superstition aux racines profondes, liée à l'âme humaine par d'innombrables fils.

Mais bien qu'il soit indéniable que la superstition, surtout dans les périodes « extatiques[1] », ait pu agir puissamment sur le cours des événements, bien qu'elle puisse encore en temps ordinaire être un facteur important dans l'organisation de la vie sociale, la force principale de révolution n'en est pas moins toujours l'instinct économique, la nécessité de l'existence, cette nécessité qui contraint l'homme à conquérir pour lui et les siens la nourriture, le logement et le vêtement. Un examen sociologique – et nous entendons par là socio-psychologique – de l'évolution historique ne peut donc procéder que d'une seule manière : il doit suivre dans leur développement progressif les méthodes de la satisfaction économique des besoins, en inscrivant à la place qui leur revient les influences de l'instinct causal.

Notes

  1. ^ Achelis, Die Ekstase in ihrer kulturellen Bedeutung, t. I des Kulturprobleme der Gegenwart, Berlin, 1902. L’extase est une hallucination ou une folie, qui peut être individuelle mais aussi – et surtout – collective. Dans ce dernier cas, la charge émotive de l’extase est bien plus importante et durable. Erwin Rhode trouve les fondements de la tragédie grecque dans l’extase orgiastique, et Marcel Mauss y trouve l’origine mystique des religions (cf. Œuvres, II, p. 391-5)

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