Différences entre les versions de « Henry Hazlitt:L'Économie politique en une leçon - Chapitre XXIV – L'attaque contre l'épargne »

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Voyons maintenant, sans plus considérer le point de vue de Benjamin, ce que deviennent les 25 000 dollars qu'il ne dépense pas et qu'il ne donne pas. Il ne les laisse pas s'accumuler dans son portefeuille, dans ses tiroirs ou dans son coffre. Mais, ou bien il les dépose dans une banque de commerce ou bien il les place. Qu'il les dépose dans une banque de commerce ou d'épargne, la banque les prête à court terme à une entreprise pour ses besoins courants, ou bien s'en sert pour acheter des valeurs. En d'autres termes, Benjamin a placé son argent directement ou indirectement. Mais quand on place de l'argent, cet argent est utilisé pour acheter des marchandises de base (immeubles, bureaux, usines, bateaux, camions ou machines). L'un quelconque de ces achats introduit de l'argent dans la circulation et donne autant de travail que si on avait dépensé pareille somme en consommations directes.
Voyons maintenant, sans plus considérer le point de vue de Benjamin, ce que deviennent les 25 000 dollars qu'il ne dépense pas et qu'il ne donne pas. Il ne les laisse pas s'accumuler dans son portefeuille, dans ses tiroirs ou dans son coffre. Mais, ou bien il les dépose dans une banque de commerce ou bien il les place. Qu'il les dépose dans une banque de commerce ou d'épargne, la banque les prête à court terme à une entreprise pour ses besoins courants, ou bien s'en sert pour acheter des valeurs. En d'autres termes, Benjamin a placé son argent directement ou indirectement. Mais quand on place de l'argent, cet argent est utilisé pour acheter des marchandises de base (immeubles, bureaux, usines, bateaux, camions ou machines). L'un quelconque de ces achats introduit de l'argent dans la circulation et donne autant de travail que si on avait dépensé pareille somme en consommations directes.


L'épargne donc, dans notre monde moderne n'est qu'une autre forme de la dépense. La seule différence réside en ce que l'argent est transféré à quelqu'un d'autre qui l'utilise pour créer de nouveaux moyens de production.
''L'épargne donc, dans notre monde moderne n'est qu'une autre forme de la dépense''. La seule différence réside en ce que l'argent est transféré à quelqu'un d'autre qui l'utilise pour créer de nouveaux moyens de production.


En ce qui concerne la création d'emplois, il apparaît que les dépenses faites par Benjamin et son épargne donnent autant de travail à la société et mettent autant d'argent en circulation que le fait Alvin par ses seules dépenses, sans épargne. La seule différence est que la façon de dépenser d'Alvin est plus visible aux yeux de tous, tandis qu'il faut consacrer plus d'attention et réfléchir un peu pour admettre que chaque dollar économisé par Benjamin donne autant de travail que chaque dollar lancé à la ronde par Alvin.
En ce qui concerne la création d'emplois, il apparaît que les dépenses faites par Benjamin et son épargne donnent autant de travail à la société et mettent autant d'argent en circulation que le fait Alvin par ses seules dépenses, sans épargne. La seule différence est que la façon de dépenser d'Alvin est plus visible aux yeux de tous, tandis qu'il faut consacrer plus d'attention et réfléchir un peu pour admettre que chaque dollar économisé par Benjamin donne autant de travail que chaque dollar lancé à la ronde par Alvin.
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Mais cet exemple des deux frères ne peut suffire à dissiper toutes les erreurs de jugement qui se sont répandues pendant toutes ces années récentes au sujet de l'épargne. Il est nécessaire de leur consacrer un peu plus d'attention. Beaucoup d'entre elles proviennent de confusions si élémentaires que cela en est incroyable, surtout lorsqu'on les rencontre chez des écrivains économistes de grande réputation. On se sert du mot épargne par exemple dans deux sens différents : parfois pour signifier la thésaurisation de l'argent, parfois pour dire placement d'argent, et sans préciser dans quel sens on l'emploie, gardant la confusion entre eux.
Mais cet exemple des deux frères ne peut suffire à dissiper toutes les erreurs de jugement qui se sont répandues pendant toutes ces années récentes au sujet de l'épargne. Il est nécessaire de leur consacrer un peu plus d'attention. Beaucoup d'entre elles proviennent de confusions si élémentaires que cela en est incroyable, surtout lorsqu'on les rencontre chez des écrivains économistes de grande réputation. On se sert du mot épargne par exemple dans deux sens différents : parfois pour signifier la thésaurisation de l'argent, parfois pour dire placement d'argent, et sans préciser dans quel sens on l'emploie, gardant la confusion entre eux.


Accumuler de l'argent, billet sur billet, sans raison et sans cause justifiée, et ce sur une large échelle, est nuisible dans presque tous les cas. Mais cette sorte de thésaurisation est extrêmement rare. Quelque chose qui y ressemble, mais doit en être distingué soigneusement, est ce qui se produit après une dépression dans les affaires. On réduit alors et la dépense et le placement. Les clients n'achètent plus. S'ils s'abstiennent ainsi, c'est pour une bonne part qu'ils craignent de perdre leur travail et qu'ils désirent conserver leur argent le plus possible, et s'ils le font, ce n'est pas tant par désir de consommer moins que par prudence : ils veulent faire durer leur pouvoir d'achat sur une longue période au cas où ils perdraient leur emploi.
Accumuler de l'argent, billet sur billet, sans raison et sans cause justifiée, et ce sur une large échelle, est nuisible dans presque tous les cas. Mais cette sorte de thésaurisation est extrêmement rare. Quelque chose qui y ressemble, mais doit en être distingué soigneusement, est ce qui se produit ''après'' une dépression dans les affaires. On réduit alors et la dépense et le placement. Les clients n'achètent plus. S'ils s'abstiennent ainsi, c'est pour une bonne part qu'ils craignent de perdre leur travail et qu'ils désirent conserver leur argent le plus possible, et s'ils le font, ce n'est pas tant par désir de consommer moins que par prudence : ils veulent faire durer leur pouvoir d'achat sur une longue période au cas où ils perdraient leur emploi.


Une autre raison incite les consommateurs à ne pas acheter. Les prix de toutes choses ont baissé et ils escomptent une autre baisse. En remettant leurs achats à un peu plus tard, ils espèrent obtenir davantage pour la même somme. Ils ne veulent pas transformer leur argent en marchandises dont les cours baissent mais préfèrent le garder, puisqu'ils supposent que sa valeur (relative) va augmenter.
Une autre raison incite les consommateurs à ne pas acheter. Les prix de toutes choses ont baissé et ils escomptent une autre baisse. En remettant leurs achats à un peu plus tard, ils espèrent obtenir davantage pour la même somme. Ils ne veulent pas transformer leur argent en marchandises dont les cours baissent mais préfèrent le garder, puisqu'ils supposent que sa valeur (relative) va augmenter.
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C'est jouer sur les mots que de baptiser « épargne » cette abstention momentanée devant l'achat. Cette abstention ne repose pas du tout sur les mêmes raisons que celles sur lesquelles se fonde l'épargne. Et c'est une erreur plus grande encore d'affirmer que cette prétendue « épargne » est la cause des dépressions économiques. Elle en est, au contraire, la conséquence.
C'est jouer sur les mots que de baptiser « épargne » cette abstention momentanée devant l'achat. Cette abstention ne repose pas du tout sur les mêmes raisons que celles sur lesquelles se fonde l'épargne. Et c'est une erreur plus grande encore d'affirmer que cette prétendue « épargne » est la cause des dépressions économiques. Elle en est, au contraire, la conséquence.


Il est vrai que ce refus d'acheter peut accentuer et prolonger une crise déjà commencée. Mais ce n'est pas elle qui l'a fait naître. Quand parfois l'État se met à intervenir capricieusement dans les affaires et que l'on ne voit pas très bien où il veut en venir, un malaise se produit. On ne place plus ses bénéfices. Les particuliers comme les entrepreneurs laissent leurs soldes créditeurs s'accumuler dans leur compte en banque. Ils gardent des réserves plus amples contre l'imprévu. Cette retenue du capital peut paraître la cause d'une dépression subséquente des affaires. Il n'en est rien. La cause véritable est l'incertitude qu'on éprouve quant aux intentions du gouvernement. Le gonflement des liquidités des entrepreneurs comme des particuliers n'est guère que l'un des chaînons de toute la chaîne de conséquences qu'entraîne ce malaise économique. Rendre l'épargne excessive responsable de la dépression des affaires, serait comme si on attribuait une baisse sur le prix des pommes non à une récolte abondante, mais au refus des consommateurs de les payer plus cher.
Il est vrai que ce refus d'acheter peut accentuer et prolonger une crise déjà commencée. Mais ce n'est pas elle qui l'a fait naître. Quand parfois l'État se met à intervenir capricieusement dans les affaires et que l'on ne voit pas très bien où il veut en venir, un malaise se produit. On ne place plus ses bénéfices. Les particuliers comme les entrepreneurs laissent leurs soldes créditeurs s'accumuler dans leur compte en banque. Ils gardent des réserves plus amples contre l'imprévu. Cette retenue du capital peut paraître la cause d'une dépression subséquente des affaires. Il n'en est rien. La cause véritable est l'incertitude qu'on éprouve quant aux intentions du gouvernement. Le gonflement des liquidités des entrepreneurs comme des particuliers n'est guère que l'un des chaînons de toute la chaîne de conséquences qu'entraîne ce malaise économique. Rendre l'''épargne excessive'' responsable de la dépression des affaires, serait comme si on attribuait une baisse sur le prix des pommes non à une récolte abondante, mais au refus des consommateurs de les payer plus cher.


Mais dès que l'on se met à tourner en raillerie une coutume ou une institution, n'importe quel argument, même absurde, paraît bon. On nous dit que les industries de biens de consommation sont constituées en vue d'une certaine demande, et que si les gens s'abstiennent d'acheter, ils vont décevoir cette expectative et provoquer une crise. Cette assertion repose sur l'erreur que nous avons déjà vue, et qui consiste à oublier que l'argent économisé sur les biens de consommation est dépensé en biens de capitalisation, et que « économiser » ne veut pas forcément dire qu'un seul dollar soit retiré de l'ensemble des dépenses. Le seul élément de vérité dans cette thèse, c'est que tout changement qui se produit avec soudaineté risque de ne pouvoir se régler. Ce serait une même perturbation si les consommateurs s'abstenaient soudain d'acheter une marchandise en se portant brusquement sur une autre. Et ce serait tout aussi néfaste pour l'ensemble de l'économie si les épargnants orientaient brusquement leurs demandes de biens de capitalisation vers les biens de consommation.
Mais dès que l'on se met à tourner en raillerie une coutume ou une institution, n'importe quel argument, même absurde, paraît bon. On nous dit que les industries de biens de consommation sont constituées en vue d'une certaine demande, et que si les gens s'abstiennent d'acheter, ils vont décevoir cette expectative et provoquer une crise. Cette assertion repose sur l'erreur que nous avons déjà vue, et qui consiste à oublier que l'argent économisé sur les biens de consommation est dépensé en biens de capitalisation, et que « économiser » ne veut pas forcément dire qu'un seul dollar soit retiré de l'ensemble des dépenses. Le seul élément de vérité dans cette thèse, c'est que tout changement qui se produit avec soudaineté risque de ne pouvoir se régler. Ce serait une même perturbation si les consommateurs s'abstenaient soudain d'acheter une marchandise en se portant brusquement sur une autre. Et ce serait tout aussi néfaste pour l'ensemble de l'économie si les épargnants orientaient brusquement leurs demandes de biens de capitalisation vers les biens de consommation.
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Remarquons tout d'abord, en étudiant ce tableau, que le total de la production s'accroît chaque année, et cela grâce à l'épargne, et que sans elle il ne grandirait pas. (On peut très bien supposer que les améliorations et les nouvelles inventions sur les machines ou autres capitaux de production pour une valeur égale à celle des anciens accroîtrait la productivité nationale ; mais cet accroissement ne serait que très modéré, et cet argument en tout cas suppose l'existence préalable d'un capital suffisant pour avoir rendu possible la création de l'équipement). L'épargne a servi, année après année, à multiplier les machines, ou améliorer la valeur de celles qui tournaient déjà, ce qui a multiplié le rendement des biens de la nation tout entière. Le gâteau donc est chaque année de plus en plus gros. (Par quels étranges raisonnements est-on amené à considérer cela comme néfaste). Il est vrai qu'on s'abstient de le manger tout entier chaque année. Mais ce n'est pas une contrainte absurde ou restrictive, car chaque année on consomme un gâteau de plus en plus gros, si bien que, après onze ans écoulés, suivant l'exemple de notre tableau, le gâteau des consommateurs seuls est égal aux deux gâteaux réunis des producteurs et des consommateurs de la première année. Et de plus, le capital industriel et la capacité de production sont eux-mêmes de 25 % plus grands que la première année.
Remarquons tout d'abord, en étudiant ce tableau, que le total de la production s'accroît chaque année, et cela grâce à l'''épargne'', et que sans elle il ne grandirait pas. (On peut très bien supposer que les améliorations et les nouvelles inventions sur les machines ou autres capitaux de production pour une valeur égale à celle des anciens accroîtrait la productivité nationale ; mais cet accroissement ne serait que très modéré, et cet argument en tout cas suppose l'existence ''préalable'' d'un capital suffisant pour avoir rendu possible la création de l'équipement). L'épargne a servi, année après année, à multiplier les machines, ou améliorer la valeur de celles qui tournaient déjà, ce qui a multiplié le rendement des biens de la nation tout entière. Le gâteau donc est chaque année de plus en plus gros. (Par quels étranges raisonnements est-on amené à considérer cela comme néfaste). Il est vrai qu'on s'abstient de le manger tout entier chaque année. Mais ce n'est pas une contrainte absurde ou restrictive, car chaque année on consomme un gâteau de plus en plus gros, si bien que, après onze ans écoulés, suivant l'exemple de notre tableau, le gâteau des consommateurs seuls est égal aux deux gâteaux réunis des producteurs et des consommateurs de la première année. Et de plus, le capital industriel et la capacité de production sont eux-mêmes de 25 % plus grands que la première année.


Faisons plusieurs autres remarques. Le fait que 20 % du revenu national est retenu chaque année pour l'épargne ne gêne en aucune manière les industries consacrées aux biens de consommation. Si elles ne vendent que les 80 unités qu'elles produisent la première année (et qu'il n'y ait pas de hausse des prix causée par une demande non satisfaite), elles ne seront pas assez sottes pour établir leurs plans de production comme si elles devaient vendre 100 unités la deuxième année. Les industries de biens de consommation, en d'autres termes, sont déjà réglées sur l'hypothèse que le taux d'épargne va se maintenir comme avant. Seule une épargne accrue et inattendue bouleverserait leurs projets et leur laisserait des produits invendus.
Faisons plusieurs autres remarques. Le fait que 20 % du revenu national est retenu chaque année pour l'épargne ne gêne en aucune manière les industries consacrées aux biens de consommation. Si elles ne vendent que les 80 unités qu'elles produisent la première année (et qu'il n'y ait pas de hausse des prix causée par une demande non satisfaite), elles ne seront pas assez sottes pour établir leurs plans de production comme si elles devaient vendre 100 unités la deuxième année. Les industries de biens de consommation, en d'autres termes, sont déjà réglées sur l'hypothèse que le taux d'épargne va se maintenir comme avant. Seule une épargne ''accrue'' et ''inattendue'' bouleverserait leurs projets et leur laisserait des produits invendus.


Le même bouleversement, nous l'avons déjà remarqué, atteindrait les industries des biens de capitalisation si l'on s'abstenait soudain et en masse de placer des capitaux. Si l'argent réservé antérieurement à ces placements était tout d'un coup utilisé à l'achat de biens de consommation, cela ne multiplierait pas les emplois, mais causerait une hausse des prix des biens de consommation et une baisse sur les biens de capitalisation. Le premier résultat que ce changement aurait dans l'économie générale serait un déplacement forcé de la main-d'œuvre et une constraction momentanée de l'emploi, par suite de l'effet produit sur les industries des biens de production. Et sa conséquence plus lointaine serait une chute de la production au-dessous du niveau qu'elle aurait atteint sans cela.
Le même bouleversement, nous l'avons déjà remarqué, atteindrait les industries des biens de capitalisation si l'on s'abstenait soudain et en masse de placer des capitaux. Si l'argent réservé antérieurement à ces placements était tout d'un coup utilisé à l'achat de biens de consommation, cela ne multiplierait pas les emplois, mais causerait une hausse des prix des biens de consommation et une baisse sur les biens de capitalisation. Le premier résultat que ce changement aurait dans l'économie générale serait un déplacement forcé de la main-d'œuvre et une constraction momentanée de l'emploi, par suite de l'effet produit sur les industries des biens de production. Et sa conséquence plus lointaine serait une chute de la production au-dessous du niveau qu'elle aurait atteint sans cela.
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On peut évidemment maintenir l'argent à un taux artificiellement bas par des injections continuelles de crédit ou de monnaie pour suppléer à l'épargne réelle. Cela peut donner l'illusion qu'il y a plus de capitaux, de la même manière que l'on croira avoir plus de lait si l'on y ajoute de l'eau. Mais c'est une politique d'inflation continue qui accumule de nombreux dangers, et une crise éclatera pour peu que la tendance inflationniste se retourne ou simplement s'arrête, ou même si elle continue, mais à cadence ralentie.
On peut évidemment maintenir l'argent à un taux artificiellement bas par des injections continuelles de crédit ou de monnaie pour suppléer à l'épargne réelle. Cela peut donner l'illusion qu'il y a plus de capitaux, de la même manière que l'on croira avoir plus de lait si l'on y ajoute de l'eau. Mais c'est une politique d'inflation continue qui accumule de nombreux dangers, et une crise éclatera pour peu que la tendance inflationniste se retourne ou simplement s'arrête, ou même si elle continue, mais à cadence ralentie.


[Il reste à dire qu'alors que si de nouvelles injections de devises ou de crédits bancaires peuvent dans un premier temps, et temporairement, réduire les taux d'intérêt, la continuation de cette pratique conduit en fait à faire monter les taux d'intérêt. Il en est ainsi parce que de nouvelles injections de monnaie tendent à diminuer le pouvoir d'achat de la monnaie. Les prêteurs finissent par comprendre que la monnaie qu'ils prêtent aujourd'hui vaudra moins dans un an, disons, quand on la leur remboursera. Par conséquent, ils ajoutent au taux d'intérêt normal une prime destinée à compenser cette perte attendue du pouvoir d'achat de leur monnaie. Cette prime peut être élevée, selon l'ampleur de l'inflation attendue. Ainsi, le taux d'intérêt annuel de bons du Trésor britannique est monté à 14 % en 1976 ; les bons émis par le gouvernement italien rapportaient 16 % en 1977 ; et le taux d'escompte de la banque centrale du Chili grimpa à 75 % en 1974 (Édition de 1979, traduit par Hervé de Quengo).]
Il reste à dire qu'alors que si de nouvelles injections de devises ou de crédits bancaires peuvent dans un premier temps, et temporairement, réduire les taux d'intérêt, la continuation de cette pratique conduit en fait à ''faire monter'' les taux d'intérêt. Il en est ainsi parce que de nouvelles injections de monnaie tendent à diminuer le pouvoir d'achat de la monnaie. Les prêteurs finissent par comprendre que la monnaie qu'ils prêtent aujourd'hui vaudra moins dans un an, disons, quand on la leur remboursera. Par conséquent, ils ajoutent au taux d'intérêt normal une prime destinée à compenser cette perte attendue du pouvoir d'achat de leur monnaie. Cette prime peut être élevée, selon l'ampleur de l'inflation attendue. Ainsi, le taux d'intérêt annuel de bons du Trésor britannique est monté à 14 % en 1976 ; les bons émis par le gouvernement italien rapportaient 16 % en 1977 ; et le taux d'escompte de la banque centrale du Chili grimpa à 75 % en 1974.


Si bien que, en bref, une politique de monnaie bon marché peut apporter dans les affaires des fluctuations plus violentes que celles qu'elle se propose de calmer ou d'empêcher. Si l'on ne se mêle pas de vouloir influer sur le taux de l'argent par une politique d'inflation, les épargnes accrues créent leur propre demande par le moyen naturel de la baisse des taux d'intérêt. L'offre plus grande d'épargne cherchant à se placer oblige les épargnants à accepter des taux plus bas. Mais ces taux mêmes permettent à un plus grand nombre d'entreprises d'emprunter, parce que le profit escompté par elles, grâce aux nouvelles installations et aux machines neuves qu'elles achèteront avec ces avances, l'emportera vraisemblablement sur la somme qu'elles ont à payer pour l'emprunt.
Si bien que, en bref, une politique de monnaie bon marché peut apporter dans les affaires des fluctuations plus violentes que celles qu'elle se propose de calmer ou d'empêcher. Si l'on ne se mêle pas de vouloir influer sur le taux de l'argent par une politique d'inflation, les épargnes accrues créent leur propre demande par le moyen naturel de la baisse des taux d'intérêt. L'offre plus grande d'épargne cherchant à se placer oblige les épargnants à accepter des taux plus bas. Mais ces taux mêmes permettent à un plus grand nombre d'entreprises d'emprunter, parce que le profit escompté par elles, grâce aux nouvelles installations et aux machines neuves qu'elles achèteront avec ces avances, l'emportera vraisemblablement sur la somme qu'elles ont à payer pour l'emprunt.
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