Différences entre les versions de « Les systèmes socialistes et l'évolution économique - Deuxième partie : Les faits. L’évolution économique - Livre III : Le développement des formes d’organisation économique à l’époque contemporaine »

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son existence est assurée par ailleurs, et il est à croire qu'il ne périra
son existence est assurée par ailleurs, et il est à croire qu'il ne périra
jamais complètement.
jamais complètement.
===Section 3. Le petit commerce.===
Le commerce de détail ne présente pas, pour le petit exploitant,
les mêmes obstacles que l'industrie; le petit détaillant ne se trouve
pas gêné, comme l'artisan, par les difficultés de la vente en gros, et
ne rencontre pas non plus la concurrence du machinisme. Aussi les
petites entreprises sont-elles moins éprouvées dans le commerce de
détail que dans l'industrie par le mouvement contemporain de la concentration
capitaliste. Certes, ce mouvement se fait sentir aussi dans le
commerce; les grandes entreprises de vente au détail jouissent évidemment
de nombreux avantages, sur lesquels nous avons insisté plus
haut. On ne saurait nier le tort causé au petit commerce par les
grands magasins, les bazars et les sociétés coopératives; bien des
boutiques ont disparu, bien d'autres encore sont menacées par la
concurrence des grandes maisons de détail et des coopératives.
Cependant, l'extension des grands magasins ne s'opère pas toujours
au détriment du petit et du moyen commerce. Les magasins de faible
importance ont toujours leur raison d'être pour les objets de luxe et
les marchandises sortant des modèles ordinaires. Même pour les
articles courants, les petits magasins ont l'avantage d'être à la portée
immédiate de la clientèle, dans tous les quartiers d'une grande ville,
dans les petites villes et les bourgades; le grand magasin, malgré le
développement de ses succursales et de ses services d'expéditions, ne
saurait avoir le don d'ubiquité, principalement dans le commerce des denrees et des objets qui se debitent journellement par petites quantites, mercerie, papeterie, clouterie, etc.
Aussi le petit commerce est-il surtout vivace et extensif dans la categorie des objets de consommation journaliere; sans revenir sur les bouchers et les boulangers, qui sont a la fois artisans et commercants, on voit aujourd'hui foisonner les epiciers, droguistes, pharmaciens, cremiers, debitants de tabacs, marchands de combustibles, negociants en vins, etc. Restaurateurs et hoteliers se mul;tiplient a mesure que se repandent les habitudes de deplacement, et les debitants de boissons pullulent d'une facon inquietante.
Sur l'accroissement rapide de ces diverses professions commerciales, la statistiqye allemande renferme des chiffres qui ne laissent aucubn doute; le petit commerce, principaleemnt dans l'alimentation, n'est pas en voiede disparaitre. Dans l'ensemble, les exlpoitations commerciales employant moins de 6 personnes, tout en diminuant legerment d'importance relativement aux deux categories superierues entre 1882 et 1895, ont progresse d'une facxon tres notable en chiffres absolus, tant au point de vue des exploitations ( augmentation de 229215, ou de 34 p.100) qu'a celui du personnel (augmentation de 495472 personnes, ou de 49 p.100). En France, les petits etablissements de commerce occupant de 1 a 4 salaries forment les 9/10 du total, et comprennet la moitie du personnel salarie du commerce. En outre, nous savons que le nombre des patentes s'eleve d'une facon continue, et cet acrroissement, qui est de 210 000, ou 16 p.100 depuis 1871 dans la categorie de la peite industrie et du commerce, peut etre attribue principalement a ce dernier element.
de tabacs liés par des contrats, boulangers crédités par les minotiers,
bouchers placés sous la dépendance des marchands de bestiaux, tous
ne sont au fond que des préposés à la vente pour le compte d'autrui.
Néanmoins, ceux-là même ne sont pas de simples salariés; ce sont
des agents intéressés, vendant pour leur compte en même temps que
pour le compte de l'entreprise qui les alimente; ce sont, si l'on veut,
des sous-entrepreneurs, mais placés généralement dans une situation
bien préférable à celle des intermédiaires, des tâcherons chefs d'atelier
de l'industrie à domicile.
Est-il besoin d'observer, d'ailleurs, que l'indépendance économique
n'est pas essentielle au bien-être? Ce n'est pas la condition de salarié
qui fait le prolétaire, c'est la faiblesse de la rémunération et la précarité
de l'existence. L'ébéniste de la trôle qui travaille sans engagement
et pour son propre compte, le vannier qui colporte ses produits,
les travailleurs ambulants qui exercent les petits métiers de la rue ne
sont malgré leur situation indépendante, que des prolétaires; et il
en est parfois de même pour le professeur, le médecin, l'agent d'affaires
insuffisamment occupés et rémunérés. En revanche, le mécanieien
de précision et l'ouvrier ciseleur bien payés, le fonctionnaire
public et l'employé de commerce qui reçoivent des appointements
réguliers, sont de véritables salariés sans être des prolétaires.
C'est ainsi qu'il se forme, non seulement dans les carrières libérales
et les administrations publiques, mais dans l'industrie, le
commerce, les transports, la banque et les assurances, une classe
moyenne de plus en plus nombreuse composée de salaries directeurs,
ingénieurs, chimistes, contremaîtres, ouvriers d'élite à poste
fixe, employés de tout grade bien rétribués ou intéressés aux affaires;
agents en service actif, représentants de commerce, agents d'assurances,
qui se multiplient partout où la concentration n'est pas telle
qu'elle supprime toute concurrence. Le petit commerce indépendant
peut se restreindre sans que la classe moyenne soit atteinte
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