Différences entre les versions de « Les systèmes socialistes et l'évolution économique - Première partie : Les théories. Les systèmes de société socialiste - Livre II : Des formes socialistes qui conservent la valeur régie par l’offre et la demande »

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étudié les systèmes qui présentent une combinaison semblable sur une
étudié les systèmes qui présentent une combinaison semblable sur une
échelle plus large.
échelle plus large.
''* § II. Systèmes de MM. Gronlund et Sulzer.''
Le collectivisme de M. Gronlund implique non seulement la gestion
par l'État de tout le service de la production et des échanges, mais
aussi l'usage d'une monnaie en bons de travail, représentant soi-disant
l'unité de travail simple moyen. Les salaires et les prix,
payables en bons de travail, doivent être fixés, en principe, d'après
la quantité de travail fournie par le travailleur ou contenue dans le produit.
Mais le principe de la taxation de la valeur d'après le travail,
une fois proclamé, est aussitôt remplacé par le principe contraire de l'offre
et la demande. En effet, dit l'auteur, la valeur en bons pourra
être abaissée pour les produits qui se trouveront en excès sur la
demande, et élevée, au contraire, pour ceux qui seront en quantité
insuffisante, de telle sorte que la société entière profitera de la rente
de rareté. Quant aux salaires, ils seront fixés suivant les prix par
les groupes de producteurs eux-mêmes, qui établiront des tarifs gradués pour les différents genres de travaux. Au lieu que, dans le
pur collectivisme, le coût du travail, calculé d'après le temps, détermine
la taxe du produit, c'est ici le prix du produit, tel qu'il s'établit
sur le marché, qui doit former la base du salaire, après déduction
de la rente de rareté et des autres prélèvements sociaux.
M. George Sulzer, président du tribunal de cassation du canton
de Zurich, a présenté une organisation collectiviste analogue, quoique
plus tempérée encore et plus éloignée du type classique. Dans le
système de M. Sulzer, la socialisation ne serait pas intégrale, et la
production, par conséquent, ne serait pas dirigée tout entière par
l'autorité publique. L'État, laissant aux particuliers les petits métiers,
la petite culture et l'exploitation des inventions nouvelles, se chargerait
de toutes les autres entreprises, après avoir exproprié les possesseurs
moyennant indemnité. Les valeurs seraient calculées et
payées en bons, et ces bons auraient le caractère d'un papier-monnaie
inconvertible, sans relation avec des espèces métalliques. L'État,
centralisant tous les échanges dans ses magasins, fixerait les salaires
et les prix en se conformant aux variations de l'offre et la demande;
suivant que les approvisionnements d'une marchandise seraient
inférieurs ou supérieurs à la demande, l'autorité élèverait ou abaisserait
les prix, et ferait varier en même temps les salaires de
manière à attirer ou repousser les travailleurs suivant les besoins
de la production. Les prix du marché dépasseraient, comme aujourd'hui,
le coût de production en salaires, et contiendraient un excédent,
une plus-value correspondant aux revenus capitalistes actuels.
Sur cet excédent, l'État servirait un intérêt aux particuliers qui lui
auraient prêté des capitaux – car M. Sulzer n'interdit pas la possession
des capitaux individuels et n'exclut pas tout revenu capitaliste;
l'État prélèverait encore les dépenses publiques d'éducation
et de culture, et les frais d'entretien des incapables. Ces déductions
opérées, le reste serait distribué aux travailleurs en proportion de
leurs salaires, à titre de bonification et de participation aux bénéfices
collectifs
Notre attention doit se porter sur la monnaie introduite dans ce
système, sur les bons inconvertibles destinés à remplir les fonctions
de la monnaie métallique. M. Sulzer pense que l'État socialiste serait
parfaitement capable d'adopter comme étalon ce papier-monnaie, et
de le maintenir en circulation, à la condition de ne pas commettre
de fautes, c'est-à-dire, je suppose, à la condition de ne pas faire
d'émissions excessives. En effet, dit-il, la circulation de ce papier
serait particulièrement large et sûre dans un État qui, payant tous
les travaux, vendant toutes les marchandises et centralisant tout le
commerce avec l'étranger, ne donnerait ou n'accepterait en paiement,
dans les relations intérieures, que son papier-monnaie à l'exclusion
de la monnaie métallique.
Les certificats de valeur ou bons de circulation de MM. Sulzer,
Gronlund et Georges Renard semblent avoir la même nature que les
bons de travail du collectivisme ordinaire. Néanmoins, les conditions
de leur circulation se trouveraient transformées par le fait que
la valeur se déterminerait d'une façon toute différente; aussi peut-on
se demander si cette monnaie serait encore possible dans ces conditions.
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