Ludwig von Mises:Politique économique - Avant-propos

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Ludwig von Mises:Politique économique - Avant-propos


Anonyme
Margit Von Mises


Avant-propos

Vers la fin de 1958, lorsque mon mari fut invité par le Dr Alberto Benegas-Lynch à venir en Argentine faire une série de conférences, l'on me demanda de l'accompagner. Le livre que voici contient, transcrit, ce que mon mari a dit aux centaines d'étudiants argentins venus à ces leçons.

Nous arrivions en Argentine quelques mois après que Peron eût été contraint de quitter le pays. Il avait gouverné de façon ruineuse, et complètement détruit les assises économiques de l'Argentine. Son successeur, Eduardo Lonardi, ne valait pas beaucoup mieux. La nation était prête à accueillir des idées nouvelles, et mon mari était, tout autant, disposé à les apporter.

Ses exposés furent faits en anglais, dans l'énorme salle des conférences de l'Université de Buenos Aires. Dans deux pièces voisines ses paroles étaient instantanément traduites en espagnol pour les étudiants, munis d'écouteurs. Ludwig von Mises parla sans aucune réticence du capitalisme, du socialisme, de l'interventionnisme, du communisme, du fascisme, de la politique économique et des dangers de la dictature. Ces jeunes gens, qui écoutaient mon mari, ne connaissaient pas grand-chose en fait de liberté du marché ou de liberté individuelle. Comme je l'ai écrit à propos de cet épisode dans Mes années avec Ludwig von Mises, « Si quelqu'un à cette époque avait eu l'audace d'attaquer le communisme et le fascisme comme le fit mon mari, la police serait arrivée et l'aurait immédiatement arrêté, et la réunion aurait été dispersée ».

L'audience réagit comme si une fenêtre avait été ouverte et que de l'air frais eût pu circuler librement à travers les pièces. Il parlait sans la moindre note. Comme toujours, sa pensée se guidait sur quelques mots jetés sur une simple feuille de papier. Il savait exactement ce qu'il avait l'intention de dire, et par l'emploi de termes relativement simples il parvenait à communiquer ses idées à un public auquel son oeuvre n'était pas familière, de façon telle que l'on pouvait comprendre sans ambiguïté ce qu'il énonçait.

Les leçons étaient enregistrées sur bandes magnétiques, et par la suite elles furent transcrites par une secrétaire parlant l'espagnol ; c'est ce manuscrit dactylographié que j'ai retrouvé parmi les papiers posthumes de mon mari. En lisant cette transcription, il me revint en mémoire avec une grande netteté l'enthousiasme singulier avec lequel ces Argentins avaient accueilli ce que leur exposait mon mari. Et il me sembla, n'étant pas moi-même économiste, que ces leçons prononcées devant une audience profane en Amérique du Sud, étaient beaucoup plus faciles à comprendre que beaucoup des écrits plus théoriques de Ludwig von Mises. J'eus le sentiment qu'elles contenaient tant de choses précieuses, tant d'idées importantes pour aujourd'hui et pour l'avenir, qu'il fallait les rendre accessibles au public.

Comme mon mari n'avait jamais révisé la transcription de ces exposés en vue d'une publication en forme de livre, il me restait à le faire. J'ai apporté le plus grand soin à garder intact le sens de chaque phrase, à ne rien modifier du contenu et à conserver toutes les expressions que mon mari employait fréquemment et qui sont si familières à ses lecteurs. Ma seule contribution fut d'assembler les phrases et de supprimer quelques-uns des mots sans importance que chacun emploie dans la conversation ordinaire. Si mon essai pour faire de ces exposés un livre peut avoir réussi, cela n'est dû qu'au fait qu'à chaque phrase dactylographiée j'entendais la voix de mon mari, je l'entendais parler. Il était là vivant, pour moi, vivant par la clarté avec laquelle il démontrait la nocivité et le danger d'un excès de gouvernement, par la netteté et la lucidité avec lesquelles il décrivait les différences entre la dictature et l'interventionnisme, par sa façon spirituelle d'évoquer d'importantes personnalités historiques, par le si petit nombre de notations qui lui suffisait pour faire revivre des temps enfuis.

Je ne voudrais pas laisser passer cette occasion de remercier mon bon ami George Koether, pour m'avoir prêté son aide dans cette tâche. Son expérience littéraire et sa profonde compréhension des théories de mon mari ont puissamment contribué à la réalisation de ce livre.

J'espère que ces exposés seront lus non seulement par des érudits mais aussi par les admirateurs de mon mari qui sont nombreux parmi les non-économistes. Et mon espoir le plus cher est que ce livre soit mis à la disposition d'audience plus jeunes, en particulier des adolescents dans les classes terminales et celles préparant à l'enseignement supérieur.

Margit Von Mises

New York

Juin 1979