Lysander Spooner:Les Vices ne sont pas des crimes - XIV

De Librairal
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Lysander Spooner:Les Vices ne sont pas des crimes - XIV


Anonyme


XIV

Un dernier point concernant la liberté individuelle : chaque homme doit nécessairement juger et déterminer pour lui-même ce qui conduit à son propre bien-être, lui est nécessaire, et lui est nuisible, parce que s'il oublie d'accomplir cette tâche par lui-même, personne d'autre ne l'accomplira à sa place. Et personne d'autre n'essaiera même de l'accomplir pour lui, à quelques très rares exceptions près. Les papes, et les prètres, et les rois prendront sur eux de l'accomplir à sa place, dans certains cas, si on leur en donne l'autorisation. Mais ils ne l'accompliront, en général, que dans la mesure où ils pourront continuer à se livrer à leurs propres vices et crimes. Ils ne l'accompliront, en général, que dans la mesure om autrui en devriendra leur dupe et leur esclave. Les parents, avec de meilleurs motifs, sans aucun doute, que les autres, n'essayent que trop souvent de faire la même chose. Mais dans la mesure où ils utilisent la coercition, ou empêchent un enfant de faire toute activité qui n'est pas réellement et sérieusement dangereuse pour lui, ils lui font du mal, plutôt que du bien. La nature dicte que pour acquérir la connaissance, et pour intégrer cette connaissance dans son propre être, chaque individu doit l'acquérir pour lui-même. Personne, pas même ses parents, ne peut lui raconter la nature du feu, telle qu'il la connaît vraiment. Il doit lui-même l'expérimenter, et être brûlé par le feu, avant de pouvoir le connaître.

La Nature sait, mille fois mieux que n'importe quel parent, ce à quoi elle destine chaque individu, les connaissances dont il a besoin, et comment il doit les obtenir. Elle sait que les procédés qu'elle utilise pour communiquer ces connaissances sont non seulement les meilleurs, mais également les seuls efficaces.

Les tentatives des parents qui essaient de rendre leurs enfants vertueux ne constituent généralement rien de plus que des tentatives de les maintenir dans l'ignorance du vice. Rien de plus que des tentatives d'enseigner à leurs enfants à connaître et préférer la vérité, en les maintenant dans l'ignorance du mensonge. Rien de plus que des tentatives de leur faire désirer et apprécier la bonne santé, en les maintenant dans l'ignorance de la maladie, et de tout ce qui peut causer la maladie. Rien de plus que des tentatives pour que leurs enfants adorent la lumière, en les maintenant dans l'ignorance de l'obscurité. Bref, tout cela ne constitue rien de plus que des tentatives de rendre leurs enfants heureux, en les maintenant dans l'ignorance de tout ce qui les rend malheureux.

Dans la mesure où des parents peuvent véritablement aider leurs enfants dans cette quête du bonheur, simplement en leur donnant les résultats (ceux des parents) de leurs propres raisonnements et expériences, tout va très bien, et c'est un devoir naturel et approprié. Mais pratiquer la coercition dans des domaines où les enfants sont raisonnablement compétents à juger par eux-mêmes n'est rien d'autre qu'une tentative de les maintenir dans l'ignorance. Et ceci constitue tout autant une tyrannie, et tout autant une violation du droit des enfants d'acquérir la connaissance pour eux-mêmes, et la connaissance qu'ils désirent, que la même coercition pratiquée sur des personnes plus âgées. Une telle coercition, exercée sur des enfants, est une dénégation de leur droit de développer les pouvoirs dont la Nature les a dotés, et d'être ce que la Nature les destine à être. C'est une dénégation de leur droit à disposer d'eux-mêmes, et à utiliser leurs propres facultés. C'est une dénégation de leur droit à acquérir la plus précieuse des connaissances, à savoir, la connaissance que la Nature, ce formidable professeur, est prête à partager avec eux.

Une telle coercition ne rend pas les enfants sages ou vertueux, elle les rend ignorants, et par conséquent, faibles et vicieux ; et cela perpétue à travers eux, de génération en génération, les vices, et les crimes des parents. Ceci est prouvé par chaque page de l'histoire du monde.

Les individus qui professent l'opinion contraire sont ceux à qui des théologies fausses et vicieuses, ou des idées personnelles généralement vicieuses, ont enseigné que la race humaine s'adonne naturellement au mal, plutôt qu'au bien ; au mensonge, plutôt qu'à la verité ; que ce n'est pas naturel pour les humains de regarder vers la lumière ; qu'ils aiment l'obscurité, plutôt que la clarté ; et qu'ils trouvent leur bonheur seulement dans les choses qui tendent vers leur malheur.

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