Différences entre les versions de « Max Stirner: § 3. Le Libéralisme humanitaire »

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n'est, comme le désintéressement religieux, qu'une spéculation sur le Ciel ?
n'est, comme le désintéressement religieux, qu'une spéculation sur le Ciel ?


Les besoins de l’individu te laissent froid, et tu serais capable de t'écrier abstraitement
Les besoins de l’individu te laissent froid, et tu serais capable de t'écrier abstraitement; « Fiat libertas, pereat mundus » Tu ne te soucies pas du lendemain, et tu ne
; « Fiat libertas, pereat mundus » Tu ne te soucies pas du lendemain, et tu ne
prends surtout pas sérieusement à coeur les appétits individuels, ton bien-être à toi et
prends surtout pas sérieusement à coeur les appétits individuels, ton bien-être à toi et
aux autres ; tout cela t'importe peu, parce que tu es un — rêveur.
aux autres ; tout cela t'importe peu, parce que tu es un — rêveur.
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Libéralisme ; son bon principe est l'Homme et la liberté humaine, et son mauvais
Libéralisme ; son bon principe est l'Homme et la liberté humaine, et son mauvais
principe est l'Égoïste et tout ce qui est privé : là est son dieu, ici son diable.
principe est l'Égoïste et tout ce qui est privé : là est son dieu, ici son diable.
La personne particulière ou privée ayant perdu toute valeur dans l' « État » (plus
La personne particulière ou privée ayant perdu toute valeur dans l' « État » (plus
de privilèges), et la propriété particulière ou privée ayant été dépouillée de sa légitimité
de privilèges), et la propriété particulière ou privée ayant été dépouillée de sa légitimité
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serons enfin fixés, et que nous saurons au juste ce que nous devons tenir pour privé et,
serons enfin fixés, et que nous saurons au juste ce que nous devons tenir pour privé et,
« pénétrés de sa vanité et de son néant » — laisser debout juste comme devant.
« pénétrés de sa vanité et de son néant » — laisser debout juste comme devant.
Ni l'État ni la Société ne satisfont le libéral humanitaire ; aussi les nie-t-il tous
Ni l'État ni la Société ne satisfont le libéral humanitaire ; aussi les nie-t-il tous
deux, quitte à les conserver tous deux. En réalité, la Société humanitaire est à la fois
deux, quitte à les conserver tous deux. En réalité, la Société humanitaire est à la fois
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remettre aux particuliers du soin des intérêts privés, et, devenant Société humaine,
remettre aux particuliers du soin des intérêts privés, et, devenant Société humaine,
s'inquiéter uniquement des intérêts humains généraux.
s'inquiéter uniquement des intérêts humains généraux.
Max Stirner (1845), L’unique et sa propriété 121
 
Lorsque les Politiques s'efforçaient de supprimer la volonté personnelle, (l'arbitraire
Lorsque les Politiques s'efforçaient de supprimer la volonté personnelle, (l'arbitraire
et le bon plaisir), ils ne s'apercevaient pas que la propriété lui offrait un sûr
et le bon plaisir), ils ne s'apercevaient pas que la propriété lui offrait un sûr
asile.
asile.
Lorsque les Socialistes à leur tour abolissent la propriété, ils négligent de remarquer
Lorsque les Socialistes à leur tour abolissent la propriété, ils négligent de remarquer
que cette propriété se perpétue sous forme d'individualité. N'y a-t-il donc point
que cette propriété se perpétue sous forme d'individualité. N'y a-t-il donc point
d'autre propriété que l'argent et les biens au soleil ? Chacune de mes pensées, chacune
d'autre propriété que l'argent et les biens au soleil ? Chacune de mes pensées, chacune
de mes opinions * ne m'est-elle pas également propre, n'est-elle pas mienne ?
de mes opinions <ref>Jeu de mots intraduisible sur les mots Menung (opinion) et Mein (mien). (Note du Traducteur.)</ref> ne m'est-elle pas également propre, n'est-elle pas mienne ?
 
Pas d'autre alternative donc pour la pensée que de disparaître ou de devenir impersonnelle.
Pas d'autre alternative donc pour la pensée que de disparaître ou de devenir impersonnelle.
Il n'appartient pas à la personne d'avoir des opinions à elle, tout ce qu'elle
Il n'appartient pas à la personne d'avoir des opinions à elle, tout ce qu'elle
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l'« Homme » à son tour doit totaliser les pensées individuelles et en faire de la pensée
l'« Homme » à son tour doit totaliser les pensées individuelles et en faire de la pensée
humaine, purement et universellement humaine.
humaine, purement et universellement humaine.
Si on permet aux opinions individuelles de subsister, j'aurai mon dieu (Dieu ne
Si on permet aux opinions individuelles de subsister, j'aurai mon dieu (Dieu ne
saurait être que « mon dieu », c'est mon opinion ou ma « croyance »), et si j'ai mon
saurait être que « mon dieu », c'est mon opinion ou ma « croyance »), et si j'ai mon
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l'Homme seul étant raisonnable (toi et moi pouvons être très déraisonnables), une foi
l'Homme seul étant raisonnable (toi et moi pouvons être très déraisonnables), une foi
raisonnable.
raisonnable.
Pour réduire à l'impuissance la volonté et la propriété privées, il faut avant tout
Pour réduire à l'impuissance la volonté et la propriété privées, il faut avant tout
dompter l'individualisme ou l’égoïsme. Après cette victoire de principe, étape suprême
dompter l'individualisme ou l’égoïsme. Après cette victoire de principe, étape suprême
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chacun qu'en tant qu'individu et non en tant qu'homme ; autrement dit, tout ce qui
chacun qu'en tant qu'individu et non en tant qu'homme ; autrement dit, tout ce qui
n'est pas humanité pure est « égoïsme ».
n'est pas humanité pure est « égoïsme ».
Le bien-être est encore le but suprême des Socialistes, comme le libre concours,
Le bien-être est encore le but suprême des Socialistes, comme le libre concours,
l'émulation, est celui des Libéraux politiques. Maintenant aussi on est libre de bien
l'émulation, est celui des Libéraux politiques. Maintenant aussi on est libre de bien
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humaines, doivent être détruites, et le nom d' « Homme » doit s'élever rayonnant audessus
humaines, doivent être détruites, et le nom d' « Homme » doit s'élever rayonnant audessus
de tous les noms.
de tous les noms.
Ainsi l'époque moderne (époque des Modernes) finit par revenir à son point de
Ainsi l'époque moderne (époque des Modernes) finit par revenir à son point de
départ et fait de nouveau de la « liberté spirituelle » son principe et sa fin.
départ et fait de nouveau de la « liberté spirituelle » son principe et sa fin.
* Jeu de mots intraduisible sur les mots Menung (opinion) et Mein (mien). (Note du Traducteur.)
 
Max Stirner (1845), L’unique et sa propriété 122
Le Libéral humanitaire, s'adressant particulièrement au Socialiste, lui dit : En te
Le Libéral humanitaire, s'adressant particulièrement au Socialiste, lui dit : En te
faisant de l'activité un devoir, la Société affranchit, il est vrai, cette activité de l'influence
faisant de l'activité un devoir, la Société affranchit, il est vrai, cette activité de l'influence
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bien-être, la prospérité de toi et de tous : ce que tu fais pour ta société de gueux n'est
bien-être, la prospérité de toi et de tous : ce que tu fais pour ta société de gueux n'est
rien pour la « Société humaine ».
rien pour la « Société humaine ».
Le travail à lui seul ne suffit pas pour faire de toi un homme, car le travail est
Le travail à lui seul ne suffit pas pour faire de toi un homme, car le travail est
quelque chose de formel, et la matière en est à la merci des circonstances ; la question
quelque chose de formel, et la matière en est à la merci des circonstances ; la question
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compte que s'il se sait homme, et qui l'instruira de sa dignité d'homme ? La
compte que s'il se sait homme, et qui l'instruira de sa dignité d'homme ? La
Conscience.
Conscience.
Certes, c'est déjà beaucoup d'avoir cessé de s'attacher comme une brute à produire
Certes, c'est déjà beaucoup d'avoir cessé de s'attacher comme une brute à produire
un fragment d'une oeuvre que tu ne verras point, mais tu ne fais encore qu'embrasser
un fragment d'une oeuvre que tu ne verras point, mais tu ne fais encore qu'embrasser
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que pour être quitte de son travail, il ne veut affranchir le travail que pour s'affranchir
que pour être quitte de son travail, il ne veut affranchir le travail que pour s'affranchir
du travail.
du travail.
Bref, son travail ne le satisfait point parce qu'il en est simplement chargé par la
Bref, son travail ne le satisfait point parce qu'il en est simplement chargé par la
Société ; ce n'est qu'un pensum, un devoir, une tâche ; et réciproquement sa Société
Société ; ce n'est qu'un pensum, un devoir, une tâche ; et réciproquement sa Société
ne le satisfait point parce qu'elle ne lui fournit que du travail. Le travail devrait le
ne le satisfait point parce qu'elle ne lui fournit que du travail. Le travail devrait le
satisfaire en tant qu'homme, tandis qu'il ne satisfait que la Société ; la Société devrait
satisfaire en tant qu'homme, tandis qu'il ne satisfait que la Société ; la Société devrait
Max Stirner (1845), L’unique et sa propriété 123
l'employer comme homme, tandis qu'elle ne l'emploie que comme — un travailleur
l'employer comme homme, tandis qu'elle ne l'emploie que comme — un travailleur
gueux, ou un gueux qui travaille.
gueux, ou un gueux qui travaille.
Travail et Société ne lui sont profitables qu'en tant qu'il a les besoins d'un
Travail et Société ne lui sont profitables qu'en tant qu'il a les besoins d'un
« égoïste » et non d'un « homme ».
« égoïste » et non d'un « homme ».
Telle est la position que prend la Critique en face du problème ouvrier. Elle en
Telle est la position que prend la Critique en face du problème ouvrier. Elle en
appelle à l' « Esprit », elle conduit le combat de l' « Esprit contre la masse 1 » et
appelle à l' « Esprit », elle conduit le combat de l' « Esprit contre la masse <ref>Lit. Ztg., V, 24.</ref> » et
déclare que le travail communiste est une corvée sans la moindre trace d'esprit. La
déclare que le travail communiste est une corvée sans la moindre trace d'esprit. La
masse qui craint le travail se rend le travail facile. Dans la littérature dont nous sommes
masse qui craint le travail se rend le travail facile. Dans la littérature dont nous sommes
aujourd'hui inondés, cette horreur du travail a pour conséquence cette superficialité
aujourd'hui inondés, cette horreur du travail a pour conséquence cette superficialité
bien connue qui refuse de se donner « la peine de chercher 2 ».
bien connue qui refuse de se donner « la peine de chercher <ref>Ibid.</ref> ».
 
Aussi le Libéralisme humanitaire dit-il : Vous voulez le travail, c'est parfait ; nous
Aussi le Libéralisme humanitaire dit-il : Vous voulez le travail, c'est parfait ; nous
le voulons aussi, mais nous le voulons intégral. Nous n'y cherchons pas un moyen
le voulons aussi, mais nous le voulons intégral. Nous n'y cherchons pas un moyen
d'avoir des loisirs, mais nous prétendons trouver en lui pleine satisfaction, nous
d'avoir des loisirs, mais nous prétendons trouver en lui pleine satisfaction, nous
voulons le travail parce que travailler, c'est nous développer, nous réaliser.
voulons le travail parce que travailler, c'est nous développer, nous réaliser.
Mais il faut pour cela que ce qu'on appelle travail soit digne de ce nom. Le seul
Mais il faut pour cela que ce qu'on appelle travail soit digne de ce nom. Le seul
travail qui honore l'homme est le travail humain et conscient, qui n'a pas un but
travail qui honore l'homme est le travail humain et conscient, qui n'a pas un but
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librement mais toujours contraint par la nécessité, ne s'affranchit pas de l'esclavage du
librement mais toujours contraint par la nécessité, ne s'affranchit pas de l'esclavage du
travail : il reste un travailleur esclave.
travail : il reste un travailleur esclave.
Le travailleur tel que le conçoit l'Humanitaire n'a rien d'un « égoïste », car il ne
Le travailleur tel que le conçoit l'Humanitaire n'a rien d'un « égoïste », car il ne
produit pas pour des individus, ni pour lui-même ni pour d'autres ; son labeur ne vise
produit pas pour des individus, ni pour lui-même ni pour d'autres ; son labeur ne vise
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hommes, et les vérités qu'il découvre, c'est pour tous et pour toujours qu'il les met en
hommes, et les vérités qu'il découvre, c'est pour tous et pour toujours qu'il les met en
lumière ; bref — il vit et travaille pour l'humanité.
lumière ; bref — il vit et travaille pour l'humanité.
Je réponds à cela :
Je réponds à cela :
En premier lieu, celui qui découvre une vérité importante sait qu'elle peut être
En premier lieu, celui qui découvre une vérité importante sait qu'elle peut être
utile aux autres hommes, et comme la cacher jalousement ne lui procurerait aucune
utile aux autres hommes, et comme la cacher jalousement ne lui procurerait aucune
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problème l'attirait, et que l'obscurité et l'erreur ne lui auraient pas laissé de repos s'il
problème l'attirait, et que l'obscurité et l'erreur ne lui auraient pas laissé de repos s'il
n'avait de son mieux débrouillé le chaos et déchiffré l'énigme.
n'avait de son mieux débrouillé le chaos et déchiffré l'énigme.
1 Lit. Ztg., V, 24.
 
2 Ibid.
Max Stirner (1845), L’unique et sa propriété 124
Il travaille donc pour lui-même, pour satisfaire son désir. Que son oeuvre se trouve
Il travaille donc pour lui-même, pour satisfaire son désir. Que son oeuvre se trouve
être utile aux autres et même à la postérité, cela n'enlève point à son travail son
être utile aux autres et même à la postérité, cela n'enlève point à son travail son
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