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Quel sera le remède ? Et pourra-t-on revenir à l'ancien régime économique ? Walter Lippmann ne le croit pas, encore qu'il admire profondément l'oeuvre du capitalisme libéral. C'est, dit-il, par le capitalisme libéral que la planète a été organisée ; c'est lui qui a donné à l'homme moyen un mode de vie plus agréable que celui du seigneur de jadis ; c'est lui enfin qui a permis la formation d'Etats libres, c'est-à-dire d'Etats où des individus inégaux entre eux sont pourtant soumis aux mêmes lois. Pourtant on ne peut dire qu'il ait entièrement réussi et le succès intellectuel des doctrines collectivistes prouve le relatif échec du système qu'elles ont discrédité.  
Quel sera le remède ? Et pourra-t-on revenir à l'ancien régime économique ? Walter Lippmann ne le croit pas, encore qu'il admire profondément l'oeuvre du capitalisme libéral. C'est, dit-il, par le capitalisme libéral que la planète a été organisée ; c'est lui qui a donné à l'homme moyen un mode de vie plus agréable que celui du seigneur de jadis ; c'est lui enfin qui a permis la formation d'Etats libres, c'est-à-dire d'Etats où des individus inégaux entre eux sont pourtant soumis aux mêmes lois. Pourtant on ne peut dire qu'il ait entièrement réussi et le succès intellectuel des doctrines collectivistes prouve le relatif échec du système qu'elles ont discrédité.  
D'où est venu cet échec ? Selon Lippmann, de ce que le capitalisme avait cessé d'être libéral. Le libéralisme économique était fondé sur les compensations statistiques qui s'établissent entre des millions de désirs, d'ambitions et de calculs. Les grandes sociétés anonymes ont rendu ce mécanisme inefficace. Le législateur aurait dû, non pas toucher lui-même au mécanisme économique, mais en assurer le libre jeu par des lois sur les sociétés en pyramides, sur les réserves, sur la protection des épargnants. Il a négligé de le faire. Les monopoles ont permis la formation de fortunes démesurées qui ont peu à peu transformé des gouvernements aristocratiques en des gouvernements qui se disaient démocratiques et qui sont en fait ploutocratiques. La doctrine du « laisser faire » a retardé longtemps toute législation protectrice du travail et des loisirs. L'homme a été traité par l'industrie comme une chose, au lieu de l'être comme une personne. Une réaction était inévitable. Elle est venue et elle a été terrible.
Mais pourquoi rendre la doctrine libérale responsable des erreurs du législateur ? Une faute de calcul ne change rien à la valeur des mathématiques. On peut concevoir, et Walter Lippmann croit que là est l'avenir de l'humanité, un libéralisme constructif qui assurerait à l'Etat un rôle non de direction, mais de contrôle. « Le libéralisme constructeur, qui est le libéralisme véritable, écrit Louis Rougier<ref>''Les Mystiques économiques''. </ref>, ne permet par qu'on utilise la liberté pour tuer la liberté... La libéralisme manchestérien (celui du « laissez faire, laissez passer ») se pourrait comparer à un régime routier qui laisserait les automobiles circuler sans code de la route. Les encombrements, les embarras de circulation, les accidents, seraient innombrables... L'Etat socialiste est semblable à un régime de circulation où une autorité centrale fixerait impérativement à chacun quand il doit sortir sa voiture, où il doit se rendre et par quel chemin... L'Etat véritablement libéral est celui où les automobilistes sont libres d'aller où bon leur semble, mais en respectant le code de la route... »
Avec le livre de Walter Lippmann, avec celui de Louis Rougier sur ''les Mystiques économiques'', avec celui du professeur viennois Ludwig von Mises sur ''Le Socialisme'', nous assistons, en ces trois pays différents, à une renaissance intellectuelle du libéralisme. Cette renaissance est loin encore d'avoir atteint les masses, mais lorsque François de Chateaubriand écrivait ''le Génie du Christianisme'', le Concordat de Bonaparte ne pouvait être bien loin. Quand une restauration est faite dans les esprits, il ne s'écoule jamais très longtemps avant qu'elle apparaisse dans les faits.
André Maurois
== Notes et références ==
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[[catégorie:philosophie]]
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