Différences entre les versions de « Ludwig von Mises:La Mentalité anti-capitaliste - Les objections non économiques au capitalisme »

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Il est peut-être vrai qu'il y a parmi les mendiants bouddhistes, vivant de l'aumône dans la saleté et la misère, certains individus se sentant parfaitement heureux et n'enviant aucun nabab. Toutefois, c'est un fait que pour l'immense majorité de la population une telle vie apparaîtrait insupportable. Pour ceux-ci, l'élan les poussant à améliorer continuellement les conditions matérielles de l'existence est inscrit en eux. Qui prétendrait donner un mendiant asiatique comme exemple à l'Américain moyen ? Une des plus grandes réussites du capitalisme est la baisse de la mortalité infantile. Qui niera que ce phénomène a au moins éliminé l'une des causes du chagrin de nombreuses personnes ?
Il est peut-être vrai qu'il y a parmi les mendiants bouddhistes, vivant de l'aumône dans la saleté et la misère, certains individus se sentant parfaitement heureux et n'enviant aucun nabab. Toutefois, c'est un fait que pour l'immense majorité de la population une telle vie apparaîtrait insupportable. Pour ceux-ci, l'élan les poussant à améliorer continuellement les conditions matérielles de l'existence est inscrit en eux. Qui prétendrait donner un mendiant asiatique comme exemple à l'Américain moyen ? Une des plus grandes réussites du capitalisme est la baisse de la mortalité infantile. Qui niera que ce phénomène a au moins éliminé l'une des causes du chagrin de nombreuses personnes ?


Le second reproche qui est fait au capitalisme — à savoir que les innovations techniques et thérapeutiques ne bénéficient pas à tout le monde — n'est pas moins absurde. Les modifications des conditions humaines proviennent des premiers pas effectués par les hommes les plus intelligents et les plus énergiques. Ces derniers prennent la tête et le reste de l'humanité les suit petit à petit. L'innovation est d'abord un luxe de seulement quelques-uns, jusqu'à ce qu'elle arrive peu à peu à la portée du grand nombre. On ne peut pas raisonnablement reprocher à l'utilisation de chaussures ou de fourchettes le fait qu'elles ne se soient répandues que lentement et qu'aujourd'hui encore des millions vivent sans elles. Les dames et gentilshommes délicats qui furent les premiers à utiliser du savon annonçaient la production de savon à grande échelle pour l'homme ordinaire. Si ceux qui ont aujourd'hui les moyens d'acheter un poste de télévision s'abstenaient de le faire parce que certaines personnes ne peuvent se le permettre, ils n'assureraient pas la promotion mais empêcheraient la popularisation de cette invention 1.
Le second reproche qui est fait au capitalisme — à savoir que les innovations techniques et thérapeutiques ne bénéficient pas à tout le monde — n'est pas moins absurde. Les modifications des conditions humaines proviennent des premiers pas effectués par les hommes les plus intelligents et les plus énergiques. Ces derniers prennent la tête et le reste de l'humanité les suit petit à petit. L'innovation est d'abord un luxe de seulement quelques-uns, jusqu'à ce qu'elle arrive peu à peu à la portée du grand nombre. On ne peut pas raisonnablement reprocher à l'utilisation de chaussures ou de fourchettes le fait qu'elles ne se soient répandues que lentement et qu'aujourd'hui encore des millions vivent sans elles. Les dames et gentilshommes délicats qui furent les premiers à utiliser du savon annonçaient la production de savon à grande échelle pour l'homme ordinaire. Si ceux qui ont aujourd'hui les moyens d'acheter un poste de télévision s'abstenaient de le faire parce que certaines personnes ne peuvent se le permettre, ils n'assureraient pas la promotion mais empêcheraient la popularisation de cette invention <ref>Voir [[Ludwig von Mises:La Mentalité anti-capitaliste - La philosophie sociale de l'homme ordinaire|Chap. II]] à propos de la tendance inévitable du capitalisme à raccourcir l'intervalle qui sépare l'apparition d'une nouvelle amélioration du moment où elle se généralise.</ref>.


== Le matérialisme ==
== Le matérialisme ==
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Chaque élément de cette doctrine est faux. La nature n'est pas généreuse mais avare. Elle a limité la quantité de tous les biens indispensables à la préservation de la vie humaine. Elle a peuplé le monde d'animaux et de plantes qui possèdent en eux un aiguillon les poussant à détruire la vie et le bien-être humains. Elle déploie des pouvoirs et des éléments dont l'effet est dommageable à la vie humaine et aux tentatives des hommes pour la préserver. La survie et le bien-être de l'homme sont la conséquence du talent avec lequel il a utilisé le principal instrument que la nature lui a donné : la raison. Les hommes, en coopérant dans le système de la division du travail, ont créé toute la richesse que les rêveurs considèrent comme un don gratuit de la nature. En ce qui concerne la « répartition », la « distribution », de cette richesse, c'est un non-sens que de se référer à un prétendu principe de justice divine ou naturelle. Ce qui compte, ce n'est pas l'allocation des parts d'un fonds offert à l'homme par la nature. Le problème est plutôt de promouvoir les institutions sociales permettant aux individus de continuer et d'augmenter la production de toutes les choses dont ils ont besoin.
Chaque élément de cette doctrine est faux. La nature n'est pas généreuse mais avare. Elle a limité la quantité de tous les biens indispensables à la préservation de la vie humaine. Elle a peuplé le monde d'animaux et de plantes qui possèdent en eux un aiguillon les poussant à détruire la vie et le bien-être humains. Elle déploie des pouvoirs et des éléments dont l'effet est dommageable à la vie humaine et aux tentatives des hommes pour la préserver. La survie et le bien-être de l'homme sont la conséquence du talent avec lequel il a utilisé le principal instrument que la nature lui a donné : la raison. Les hommes, en coopérant dans le système de la division du travail, ont créé toute la richesse que les rêveurs considèrent comme un don gratuit de la nature. En ce qui concerne la « répartition », la « distribution », de cette richesse, c'est un non-sens que de se référer à un prétendu principe de justice divine ou naturelle. Ce qui compte, ce n'est pas l'allocation des parts d'un fonds offert à l'homme par la nature. Le problème est plutôt de promouvoir les institutions sociales permettant aux individus de continuer et d'augmenter la production de toutes les choses dont ils ont besoin.


Le Conseil Œcuméniques des Églises, organisation qui rassemble diverses églises protestantes, a déclaré en 1948 : « La justice exige que les habitants d'Asie et d'Afrique, par exemple, tirent les bénéfices de la plus grande production obtenue grâce à l'emploi des machines. » 2 Cela n'a de sens que si l'on suppose que le Seigneur a offert à l'humanité une quantité bien déterminée de machines et que l'on s'attend à ce que ces dispositifs soient distribués de manière égale entre les diverses nations. Et les pays capitalistes auraient été assez mauvais pour s'emparer d'une quantité de ce stock bien plus grande que celle que leur aurait attribué la « justice ». Ils auraient ainsi privé les habitants de l'Asie et de l'Afrique de la juste part qui leur revenait. Quelle honte !
Le Conseil Œcuméniques des Églises, organisation qui rassemble diverses églises protestantes, a déclaré en 1948 : « La justice exige que les habitants d'Asie et d'Afrique, par exemple, tirent les bénéfices de la plus grande production obtenue grâce à l'emploi des machines. » <ref>Cf. ''The Church and the Disorder of Society'', New York, 1948, p. 198.</ref> Cela n'a de sens que si l'on suppose que le Seigneur a offert à l'humanité une quantité bien déterminée de machines et que l'on s'attend à ce que ces dispositifs soient distribués de manière égale entre les diverses nations. Et les pays capitalistes auraient été assez mauvais pour s'emparer d'une quantité de ce stock bien plus grande que celle que leur aurait attribué la « justice ». Ils auraient ainsi privé les habitants de l'Asie et de l'Afrique de la juste part qui leur revenait. Quelle honte !


La vérité est que l'accumulation de capital et son investissement en machines, source de la richesse comparativement plus grande des populations occidentales, sont dus exclusivement au capitalisme de laissez-faire que le même document produits par les églises dénature avec passion et rejette sur des bases morales. Ce n'est pas la faute des capitalistes si les Asiatiques et les Africains n'ont pas adopté les politiques et les idéologies qui auraient permis l'évolution d'un capitalisme autochtone. Ce n'est pas non plus la faute des capitalistes si les politiques de ces nations ont contrarié les tentatives des investisseurs étrangers de leur apporter « les bénéfices de la plus grande production obtenue grâce à l'emploi des machines. » Personne ne conteste que ce qui plonge dans le dénuement des centaines de millions de gens en Asie et en Afrique est qu'ils s'accrochent à des méthodes de production primitives et passent à côté des bénéfices que l'emploi de meilleurs outils et de projets techniques modernes leur aurait conféré. Or il n'y a qu'une manière de soulager la misère — à savoir adopter complètement le capitalisme de laissez-faire. Ce dont ils ont besoin, c'est de l'entreprise privée et de l'accumulation de nouveaux capitaux, de capitalistes et d'entrepreneurs. C'est un non-sens que d'accuser le capitalisme et les nations capitalistes occidentales de la triste situation que les peuples arriérés ont entraînée eux-mêmes. Le remède indiqué n'est pas la « justice » mais le remplacement de politiques malsaines par des politiques saines, c'est-à-dire de laissez-faire.
La vérité est que l'accumulation de capital et son investissement en machines, source de la richesse comparativement plus grande des populations occidentales, sont dus exclusivement au capitalisme de laissez-faire que le même document produits par les églises dénature avec passion et rejette sur des bases morales. Ce n'est pas la faute des capitalistes si les Asiatiques et les Africains n'ont pas adopté les politiques et les idéologies qui auraient permis l'évolution d'un capitalisme autochtone. Ce n'est pas non plus la faute des capitalistes si les politiques de ces nations ont contrarié les tentatives des investisseurs étrangers de leur apporter « les bénéfices de la plus grande production obtenue grâce à l'emploi des machines. » Personne ne conteste que ce qui plonge dans le dénuement des centaines de millions de gens en Asie et en Afrique est qu'ils s'accrochent à des méthodes de production primitives et passent à côté des bénéfices que l'emploi de meilleurs outils et de projets techniques modernes leur aurait conféré. Or il n'y a qu'une manière de soulager la misère — à savoir adopter complètement le capitalisme de laissez-faire. Ce dont ils ont besoin, c'est de l'entreprise privée et de l'accumulation de nouveaux capitaux, de capitalistes et d'entrepreneurs. C'est un non-sens que d'accuser le capitalisme et les nations capitalistes occidentales de la triste situation que les peuples arriérés ont entraînée eux-mêmes. Le remède indiqué n'est pas la « justice » mais le remplacement de politiques malsaines par des politiques saines, c'est-à-dire de laissez-faire.
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L'accumulation de nouveaux capitaux, le maintien du capital déjà accumulé et l'utilisation du capital afin d'augmenter la productivité de l'effort humain sont les fruits d'une action humaine réfléchie. Ils sont le résultat d'une part du comportement économe de gens qui épargnent et s'abstiennent de consommer leur épargne, à savoir les capitalistes (qui touchent l'intérêt) ; et d'autre part de ceux qui réussissent à utiliser le capital disponible pour satisfaire au mieux les besoins des consommateurs, à savoir les entrepreneurs (qui touchent un profit).
L'accumulation de nouveaux capitaux, le maintien du capital déjà accumulé et l'utilisation du capital afin d'augmenter la productivité de l'effort humain sont les fruits d'une action humaine réfléchie. Ils sont le résultat d'une part du comportement économe de gens qui épargnent et s'abstiennent de consommer leur épargne, à savoir les capitalistes (qui touchent l'intérêt) ; et d'autre part de ceux qui réussissent à utiliser le capital disponible pour satisfaire au mieux les besoins des consommateurs, à savoir les entrepreneurs (qui touchent un profit).


Ni le capital (ou les biens du capital), ni le comportement des capitalistes et des entrepreneurs dans leurs rapports avec le capital, ne pourraient améliorer le niveau de vie du reste de la population, si celui-ci, constitué de gens qui ne sont ni capitalistes ni entrepreneurs, ne réagissait pas d'une certaine façon. Si les salariés se comportaient comme le décrit la fallacieuse « loi d'airain des salaires » et n'utilisaient leurs revenus que pour se nourrir et procréer davantage d'enfants, l'accroissement du capital accumulé suivrait l'accroissement de la population. Tous les bénéfices découlant de l'accumulation de capitaux supplémentaires seraient absorbés par la multiplication de la population. Cependant, les hommes ne répondent pas à l'amélioration de leurs conditions de vie matérielles comme le font les rongeurs et les microbes. Ils connaissent aussi des satisfactions autres que manger et proliférer. Par conséquent, dans les pays de civilisation capitaliste, l'accroissement du capital accumulé va plus vite que l'accroissement de la population. Dans la mesure où cela se produit, la productivité marginale du travail est accrue par rapport à la productivité marginale des facteurs matériels de production. Il en ressort une tendance à la hausse des salaires. La proportion du montant total de la production qui va aux salariés est augmentée par rapport à celle qui va comme intérêt aux capitalistes et comme rente aux propriétaires de sol 3.
Ni le capital (ou les biens du capital), ni le comportement des capitalistes et des entrepreneurs dans leurs rapports avec le capital, ne pourraient améliorer le niveau de vie du reste de la population, si celui-ci, constitué de gens qui ne sont ni capitalistes ni entrepreneurs, ne réagissait pas d'une certaine façon. Si les salariés se comportaient comme le décrit la fallacieuse « loi d'airain des salaires » et n'utilisaient leurs revenus que pour se nourrir et procréer davantage d'enfants, l'accroissement du capital accumulé suivrait l'accroissement de la population. Tous les bénéfices découlant de l'accumulation de capitaux supplémentaires seraient absorbés par la multiplication de la population. Cependant, les hommes ne répondent pas à l'amélioration de leurs conditions de vie matérielles comme le font les rongeurs et les microbes. Ils connaissent aussi des satisfactions autres que manger et proliférer. Par conséquent, dans les pays de civilisation capitaliste, l'accroissement du capital accumulé va plus vite que l'accroissement de la population. Dans la mesure où cela se produit, la productivité marginale du travail est accrue par rapport à la productivité marginale des facteurs matériels de production. Il en ressort une tendance à la hausse des salaires. La proportion du montant total de la production qui va aux salariés est augmentée par rapport à celle qui va comme intérêt aux capitalistes et comme rente aux propriétaires de sol <ref>Les profits n'en sont pas affectés. Ils constituent la rémunération découlant de l'ajustement de l'emploi des facteurs matériels de production et de la main-d'œuvre aux changements se produisant dans l'offre et dans la demande. Ils ne dépendent que de l'ampleur du mauvais ajustement préalable et de l'ampleur dans laquelle il a été éliminé. Ils sont transitoires et disparaissent une fois que le mauvais ajustement a été complètement éliminé. Mais comme des changements de l'offre et de la demande se produisent toujours et encore, de nouvelles sources de profit émergent elles aussi sans cesse.</ref>.


Parler de la productivité du travail n'a de sens que si l'on se réfère à la productivité marginale du travail, c'est-à-dire à la baisse de production nette causée par la suppression d'un travailleur. Elle se réfère alors à une quantité économique bien définie, à une quantité déterminée de biens ou à son équivalent monétaire. Le concept de productivité générale du travail, tel qu'il est utilisé dans le discours populaire à propos d'un prétendu droit naturel des travailleurs à obtenir la totalité de l'accroissement de la productivité, est vide de sens et indéfinissable. Il se base sur l'illusion qu'il serait possible de déterminer les parts revenant à chacun des divers facteurs complémentaires de production ayant physiquement contribué à fabriquer le produit. Si l'on coupe une feuille de papier avec des ciseaux, il est impossible d'attribuer une partie du résultat aux ciseaux (ou à chacune des deux lames) et une autre à celui qui les tenait. Pour fabriquer une voiture, il faut diverses machines et divers outils, différentes matières premières, le travail de divers travailleurs manuels et, avant tout, le plan d'un concepteur. Mais personne ne peut décider quel pourcentage de la voiture une fois terminée doit être physiquement attribué à chaque facteur dont la coopération fut nécessaire à la production de l'automobile.
Parler de la productivité du travail n'a de sens que si l'on se réfère à la productivité marginale du travail, c'est-à-dire à la baisse de production nette causée par la suppression d'un travailleur. Elle se réfère alors à une quantité économique bien définie, à une quantité déterminée de biens ou à son équivalent monétaire. Le concept de productivité générale du travail, tel qu'il est utilisé dans le discours populaire à propos d'un prétendu droit naturel des travailleurs à obtenir la totalité de l'accroissement de la productivité, est vide de sens et indéfinissable. Il se base sur l'illusion qu'il serait possible de déterminer les parts revenant à chacun des divers facteurs complémentaires de production ayant physiquement contribué à fabriquer le produit. Si l'on coupe une feuille de papier avec des ciseaux, il est impossible d'attribuer une partie du résultat aux ciseaux (ou à chacune des deux lames) et une autre à celui qui les tenait. Pour fabriquer une voiture, il faut diverses machines et divers outils, différentes matières premières, le travail de divers travailleurs manuels et, avant tout, le plan d'un concepteur. Mais personne ne peut décider quel pourcentage de la voiture une fois terminée doit être physiquement attribué à chaque facteur dont la coopération fut nécessaire à la production de l'automobile.
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Il y a également toujours eu dans les pays de la civilisation occidentale des avocats de la tyrannie — de la loi de l'arbitraire absolu d'un autocrate ou d'une aristocratie d'un côté, de la sujétion de tous les autres de l'autre. Mais à l'époque des Lumières, ces voix devinrent de plus en plus rares. La cause de la liberté prévalut. Dans la première partie du XIXe siècle, l'avancée victorieuse du principe de liberté semblait être irrésistible. Les philosophes et les historiens les plus éminents avaient la conviction que l'évolution historique tendait à l'établissement d'institutions garantissant la liberté et qu'aucune intrigue et aucune machination de la part des champions de la servilité ne pourraient empêcher cette tendance vers le libéralisme.
Il y a également toujours eu dans les pays de la civilisation occidentale des avocats de la tyrannie — de la loi de l'arbitraire absolu d'un autocrate ou d'une aristocratie d'un côté, de la sujétion de tous les autres de l'autre. Mais à l'époque des Lumières, ces voix devinrent de plus en plus rares. La cause de la liberté prévalut. Dans la première partie du XIXe siècle, l'avancée victorieuse du principe de liberté semblait être irrésistible. Les philosophes et les historiens les plus éminents avaient la conviction que l'évolution historique tendait à l'établissement d'institutions garantissant la liberté et qu'aucune intrigue et aucune machination de la part des champions de la servilité ne pourraient empêcher cette tendance vers le libéralisme.


En traitant de la philosophie sociale libérale, il existe une disposition à ne pas voir le pouvoir d'un facteur important qui œuvra en faveur de l'idée de liberté, à savoir le rôle éminent joué par la littérature de la Grèce antique dans l'éducation de l'élite. Parmi les auteurs grecs, il y avait aussi des champions de l'omnipotence du gouvernement, comme Platon. Mais la teneur principale de l'idéologie grecque était la poursuite de la liberté. D'après les critères des institutions modernes, les cités grecques doivent être considérées comme des oligarchies. La liberté que les hommes d'État, philosophes et historiens grecs ont glorifiée comme étant le bien le plus précieux de l'homme, était un privilège réservé à une minorité. En la déniant aux métèques et aux esclaves, ils défendaient en fait la loi despotique d'une caste héréditaire d'oligarques. Ce serait pourtant une sérieuse erreur de considérer leurs hymnes à la liberté comme des mensonges. Ils n'étaient pas moins sincères dans leurs louanges et dans leur recherche de la liberté que ne l'étaient, deux mille ans plus tard, les propriétaires d'esclaves qui signèrent la Déclaration d'Indépendance américaine. Ce fut la littérature politique des Grecs antiques qui donna naissance aux idées des Monarchomaques, à la philosophie des Whigs, aux doctrines d'Althusius, de Grotius et de John Locke, à l'idéologie des pères des constitutions modernes et des déclarations des droits. Ce furent les études classiques, caractéristique essentielle de l'éducation libérale, qui maintint vivant l'esprit de liberté dans l'Angleterre des Stuarts, dans la France des Bourbons et dans l'Italie soumise au despotisme d'une constellation de princes. Un homme comme Bismarck, qui était avec Metternich le principal ennemi de la liberté parmi les hommes d'État du XIXe siècle, témoigne du fait que, même dans la Prusse de Frédéric-Guillaume III, le Gymnasium, éducation basée sur la littérature grecque et romaine, fut un bastion du républicanisme 4. Les tentatives passionnées visant à éliminer les études classiques du cursus de l'éducation libérale et à détruire ainsi en réalité sa véritable nature constituèrent l'une des manifestations principales du renouveau de l'idéologie servile.
En traitant de la philosophie sociale libérale, il existe une disposition à ne pas voir le pouvoir d'un facteur important qui œuvra en faveur de l'idée de liberté, à savoir le rôle éminent joué par la littérature de la Grèce antique dans l'éducation de l'élite. Parmi les auteurs grecs, il y avait aussi des champions de l'omnipotence du gouvernement, comme Platon. Mais la teneur principale de l'idéologie grecque était la poursuite de la liberté. D'après les critères des institutions modernes, les cités grecques doivent être considérées comme des oligarchies. La liberté que les hommes d'État, philosophes et historiens grecs ont glorifiée comme étant le bien le plus précieux de l'homme, était un privilège réservé à une minorité. En la déniant aux métèques et aux esclaves, ils défendaient en fait la loi despotique d'une caste héréditaire d'oligarques. Ce serait pourtant une sérieuse erreur de considérer leurs hymnes à la liberté comme des mensonges. Ils n'étaient pas moins sincères dans leurs louanges et dans leur recherche de la liberté que ne l'étaient, deux mille ans plus tard, les propriétaires d'esclaves qui signèrent la Déclaration d'Indépendance américaine. Ce fut la littérature politique des Grecs antiques qui donna naissance aux idées des Monarchomaques, à la philosophie des Whigs, aux doctrines d'Althusius, de Grotius et de John Locke, à l'idéologie des pères des constitutions modernes et des déclarations des droits. Ce furent les études classiques, caractéristique essentielle de l'éducation libérale, qui maintint vivant l'esprit de liberté dans l'Angleterre des Stuarts, dans la France des Bourbons et dans l'Italie soumise au despotisme d'une constellation de princes. Un homme comme Bismarck, qui était avec Metternich le principal ennemi de la liberté parmi les hommes d'État du XIXe siècle, témoigne du fait que, même dans la Prusse de Frédéric-Guillaume III, le Gymnasium, éducation basée sur la littérature grecque et romaine, fut un bastion du républicanisme <ref>Cf. Bismarck, ''Gedanken und Erinnerungen'', New York, 1898, vol. I, p. 1.</ref>. Les tentatives passionnées visant à éliminer les études classiques du cursus de l'éducation libérale et à détruire ainsi en réalité sa véritable nature constituèrent l'une des manifestations principales du renouveau de l'idéologie servile.


C'est un fait qu'il y a une centaine d'années seules quelques personnes anticipaient la force irrésistible que les idées antilibérales étaient destinées à acquérir en très peu de temps. L'idéal de la liberté semblait être si fermement enraciné que tout le monde pensait qu'aucun mouvement réactionnaire ne pourrait jamais réussir à l'éradiquer. Il est vrai que c'eût été une aventure sans espoir que d'attaquer ouvertement la liberté et de défendre sincèrement un retour à la sujétion et à l'esclavage. Mais l'antilibéralisme s'empara des esprits en se camouflant comme super-libéralisme, comme la réalisation et le couronnement des idées mêmes de la liberté. Il arriva déguisé en socialisme, communisme, planisme.
C'est un fait qu'il y a une centaine d'années seules quelques personnes anticipaient la force irrésistible que les idées antilibérales étaient destinées à acquérir en très peu de temps. L'idéal de la liberté semblait être si fermement enraciné que tout le monde pensait qu'aucun mouvement réactionnaire ne pourrait jamais réussir à l'éradiquer. Il est vrai que c'eût été une aventure sans espoir que d'attaquer ouvertement la liberté et de défendre sincèrement un retour à la sujétion et à l'esclavage. Mais l'antilibéralisme s'empara des esprits en se camouflant comme super-libéralisme, comme la réalisation et le couronnement des idées mêmes de la liberté. Il arriva déguisé en socialisme, communisme, planisme.


Aucun homme intelligent ne pouvait manquer de comprendre que les socialistes, les communistes et les planificateurs visaient à l'abolition la plus radicale de la liberté individuelle et à établir l'omnipotence du gouvernement. Pourtant, l'immense majorité des intellectuels socialistes étaient convaincus qu'en luttant en faveur du socialisme ils se battaient pour la liberté. Ils se disaient eux-mêmes de gauche et démocrates, et revendiquent même de nos jours pour eux l'épithète « libéral ». Nous avons déjà traité des facteurs psychologiques qui affaiblirent le jugement de ces intellectuels et des masses qui les suivirent. Dans leur subconscient, ils comprenaient parfaitement le fait que leur échec à atteindre les vastes buts que leur ambition les poussait à poursuivre était dû à leurs propres insuffisances. Ils savaient très bien qu'ils n'étaient soit pas assez intelligents soit pas assez travailleurs. Mais ils ne voulaient pas s'avouer leur infériorité, ni l'avouer à leurs semblables, et cherchèrent un bouc émissaire. Ils se consolaient et essayaient de convaincre les autres que la cause de leur échec n'était pas leur propre infériorité mais l'injustice de l'organisation économique de la société. Avec le capitalisme, déclaraient-ils, la réalisation de ses objectifs n'est possible que pour un petit nombre. « La liberté dans une société de laissez-faire ne peut être atteinte que par ceux qui ont la richesse ou l'occasion de l'obtenir. » 5 Ainsi, concluaient-ils, l'État doit intervenir afin de réaliser la « justice sociale » — ce qu'ils veulent dire en réalité étant : afin de donner à la médiocrité frustrée « selon ses besoins ».
Aucun homme intelligent ne pouvait manquer de comprendre que les socialistes, les communistes et les planificateurs visaient à l'abolition la plus radicale de la liberté individuelle et à établir l'omnipotence du gouvernement. Pourtant, l'immense majorité des intellectuels socialistes étaient convaincus qu'en luttant en faveur du socialisme ils se battaient pour la liberté. Ils se disaient eux-mêmes de gauche et démocrates, et revendiquent même de nos jours pour eux l'épithète « libéral ». Nous avons déjà traité des facteurs psychologiques qui affaiblirent le jugement de ces intellectuels et des masses qui les suivirent. Dans leur subconscient, ils comprenaient parfaitement le fait que leur échec à atteindre les vastes buts que leur ambition les poussait à poursuivre était dû à leurs propres insuffisances. Ils savaient très bien qu'ils n'étaient soit pas assez intelligents soit pas assez travailleurs. Mais ils ne voulaient pas s'avouer leur infériorité, ni l'avouer à leurs semblables, et cherchèrent un bouc émissaire. Ils se consolaient et essayaient de convaincre les autres que la cause de leur échec n'était pas leur propre infériorité mais l'injustice de l'organisation économique de la société. Avec le capitalisme, déclaraient-ils, la réalisation de ses objectifs n'est possible que pour un petit nombre. « La liberté dans une société de laissez-faire ne peut être atteinte que par ceux qui ont la richesse ou l'occasion de l'obtenir. » <ref>Cf. H. Laski, article « Liberty » dans ''Encyclopedia of the Social Science'', IX, p. 443.</ref> Ainsi, concluaient-ils, l'État doit intervenir afin de réaliser la « justice sociale » — ce qu'ils veulent dire en réalité étant : afin de donner à la médiocrité frustrée « selon ses besoins ».


Tant que les problèmes du socialisme n'étaient qu'un sujet de débats, les gens manquant de discernement et de compréhension pouvaient être victimes de l'illusion que la liberté pourrait être préservée dans un régime socialiste. Une telle illusion ne peut plus être entretenue depuis que l'expérience soviétique a montré à tout le monde quelles sont les conditions dans une communauté socialiste.
Tant que les problèmes du socialisme n'étaient qu'un sujet de débats, les gens manquant de discernement et de compréhension pouvaient être victimes de l'illusion que la liberté pourrait être préservée dans un régime socialiste. Une telle illusion ne peut plus être entretenue depuis que l'expérience soviétique a montré à tout le monde quelles sont les conditions dans une communauté socialiste.
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Aujourd'hui, les apologistes du socialisme sont forcés de déformer les faits et de dénaturer la signification des mots quand ils veulent faire croire à la compatibilité du socialisme et de la liberté.
Aujourd'hui, les apologistes du socialisme sont forcés de déformer les faits et de dénaturer la signification des mots quand ils veulent faire croire à la compatibilité du socialisme et de la liberté.


Feu le professeur Laski — qui fut en son temps un membre éminent et le président du Parti travailliste britannique, soi-disant non communiste, voire anticommuniste — nous disait qu'il n'y avait « aucun doute qu'en Russie soviétique un communiste a un sentiment total de liberté ; et il a également sans aucun doute le sentiment aigu que la liberté lui est refusée dans l'Italie fasciste. » 6 La vérité est qu'un Russe est libre d'obéir à tous les ordres édictés par ses supérieurs. Mais dès qu'il s'écarte d'un centième de centimètre de la bonne façon de penser telle qu'elle est établie par les autorités, il est liquidé sans merci. Tous les politiciens, fonctionnaires, auteurs, musiciens et scientifiques qui furent « purgés » n'étaient — à coup sûr — pas des anticommunistes. Ils étaient, au contraire, des communistes fanatiques, des membres importants du parti, que les autorités suprêmes, en reconnaissance de leur loyauté envers les principes soviétiques, avaient promus à des postes élevés. Leur seule infraction était de n'avoir pas su adapter assez rapidement leurs pensées, politiques, livres ou compositions aux derniers changements des idées et des goûts de Staline. Il est difficile de croire que ces gens avaient « un sentiment total de liberté » si l'on n'attache pas au mot de liberté un sens qui est précisément le contraire de celui que tout le monde lui avait toujours attaché.
Feu le professeur Laski — qui fut en son temps un membre éminent et le président du Parti travailliste britannique, soi-disant non communiste, voire anticommuniste — nous disait qu'il n'y avait « aucun doute qu'en Russie soviétique un communiste a un sentiment total de liberté ; et il a également sans aucun doute le sentiment aigu que la liberté lui est refusée dans l'Italie fasciste. » <ref>Cf. Laski, ''loc. cit.'', p. 446-447.</ref> La vérité est qu'un Russe est libre d'obéir à tous les ordres édictés par ses supérieurs. Mais dès qu'il s'écarte d'un centième de centimètre de la bonne façon de penser telle qu'elle est établie par les autorités, il est liquidé sans merci. Tous les politiciens, fonctionnaires, auteurs, musiciens et scientifiques qui furent « purgés » n'étaient — à coup sûr — pas des anticommunistes. Ils étaient, au contraire, des communistes fanatiques, des membres importants du parti, que les autorités suprêmes, en reconnaissance de leur loyauté envers les principes soviétiques, avaient promus à des postes élevés. Leur seule infraction était de n'avoir pas su adapter assez rapidement leurs pensées, politiques, livres ou compositions aux derniers changements des idées et des goûts de Staline. Il est difficile de croire que ces gens avaient « un sentiment total de liberté » si l'on n'attache pas au mot de liberté un sens qui est précisément le contraire de celui que tout le monde lui avait toujours attaché.


L'Italie fasciste était certainement un pays où il n'y avait pas de liberté. Elle avait adopté le célèbre modèle soviétique du « principe du parti unique » et supprimait en conséquence toutes les idées dissidentes. Il y avait pourtant une différence manifeste entre les applications bolchevique et fasciste de ce principe. Par exemple, il y avait en Italie un ancien membre du groupe parlementaire des députés communistes, qui resta loyal jusqu'à sa mort aux principes communistes, le professeur Antonio Graziadei. Il touchait une pension du gouvernement à laquelle il avait droit comme professeur émérite, et était libre d'écrire et de publier, chez un des éditeurs italiens les plus importants, des livres marxistes orthodoxes. Son absence de liberté était certainement moins grande que celle des communistes russes qui, comme le professeur Laski avait choisi de le dire, avaient « sans doute » « un sentiment total de liberté ».
L'Italie fasciste était certainement un pays où il n'y avait pas de liberté. Elle avait adopté le célèbre modèle soviétique du « principe du parti unique » et supprimait en conséquence toutes les idées dissidentes. Il y avait pourtant une différence manifeste entre les applications bolchevique et fasciste de ce principe. Par exemple, il y avait en Italie un ancien membre du groupe parlementaire des députés communistes, qui resta loyal jusqu'à sa mort aux principes communistes, le professeur Antonio Graziadei. Il touchait une pension du gouvernement à laquelle il avait droit comme professeur émérite, et était libre d'écrire et de publier, chez un des éditeurs italiens les plus importants, des livres marxistes orthodoxes. Son absence de liberté était certainement moins grande que celle des communistes russes qui, comme le professeur Laski avait choisi de le dire, avaient « sans doute » « un sentiment total de liberté ».


Le professeur Laski prenait plaisir à répéter le truisme selon lequel la liberté signifie toujours en pratique la liberté au sein de la loi. Il ajoutait que la loi vise toujours à « assurer la sécurité d'un mode de vie jugé satisfaisant par ceux qui dominent la machine de l'État. » 7 C'est une description correcte des lois d'un pays libre si elle signifie que la loi vise à protéger la société contre les conspirations voulant enflammer la guerre civile et renverser le gouvernement par la violence. Mais le professeur Laski commet une grosse erreur quand il ajoute que dans une société capitaliste « un effort de la part du pauvre pour modifier de manière radicale les droits de propriété du riche met immédiatement en danger tout l'édifice des libertés. » 8
Le professeur Laski prenait plaisir à répéter le truisme selon lequel la liberté signifie toujours en pratique la liberté au sein de la loi. Il ajoutait que la loi vise toujours à « assurer la sécurité d'un mode de vie jugé satisfaisant par ceux qui dominent la machine de l'État. » <ref>Cf. Laski, ''loc. cit.'', p. 446.</ref> C'est une description correcte des lois d'un pays libre si elle signifie que la loi vise à protéger la société contre les conspirations voulant enflammer la guerre civile et renverser le gouvernement par la violence. Mais le professeur Laski commet une grosse erreur quand il ajoute que dans une société capitaliste « un effort de la part du pauvre pour modifier de manière radicale les droits de propriété du riche met immédiatement en danger tout l'édifice des libertés. » <ref>Cf. Laski, ''loc. cit.'', p. 446.</ref>


Prenons le cas de la grande idole du professeur Laski et de tous ses amis, Karl Marx. Quand en 1848 et 1849 ce dernier prit une part active à l'organisation et à la conduite de la révolution, d'abord en Prusse puis plus tard aussi dans d'autres États allemands, il fut — étant un étranger sur le plan légal — expulsé et déménagea, avec sa femme, ses enfants et sa bonne, d'abord à Paris puis à Londres 9. Par la suite, quand la paix revint et que les instigateurs de la révolution avortée furent amnistiés, il fut libre de retourner dans toutes les régions allemandes et fit souvent usage de cette possibilité. Il n'était plus un exilé et choisit de son propre chef de demeurer à Londres 10. Personne ne le brutalisa lorsqu'il fonda, en 1864, l'Association internationale des travailleurs, organisme dont l'unique but avoué était de préparer la grande révolution mondiale. Il ne fut pas arrêté quand, au nom de son association, il visita plusieurs pays du continent. Il était libre d'écrire et de publier des livres et des articles qui, pour utiliser les mots du professeur Laski, étaient certainement un effort pour « modifier de manière radicale les droits de propriété du riche. » Et il mourut tranquillement dans sa maison londonienne, 41 Maitland Park Road, le 14 mars 1883.
Prenons le cas de la grande idole du professeur Laski et de tous ses amis, Karl Marx. Quand en 1848 et 1849 ce dernier prit une part active à l'organisation et à la conduite de la révolution, d'abord en Prusse puis plus tard aussi dans d'autres États allemands, il fut — étant un étranger sur le plan légal — expulsé et déménagea, avec sa femme, ses enfants et sa bonne, d'abord à Paris puis à Londres <ref>Sur les activités de Marx dans les années 1848 et 1849, voir Karl Marx, ''Chronik seines Lebens in Einzeldaten'', publié par l'Institut Marx-Engels-Lénine de Moscou, 1934, pp. 43-81.</ref>. Par la suite, quand la paix revint et que les instigateurs de la révolution avortée furent amnistiés, il fut libre de retourner dans toutes les régions allemandes et fit souvent usage de cette possibilité. Il n'était plus un exilé et choisit de son propre chef de demeurer à Londres <ref>En 1845, Marx renonça ''volontairement'' à sa nationalité prussienne. Quand plus tard, dans le début des années 1860, il envisagea de faire une carrière politique en Prusse, le gouvernement refusa de lui rendre sa citoyenneté. Une carrière politique se ferma ainsi devant lui. Peut-être que ce fait lui fit décider de rester à Londres.</ref>. Personne ne le brutalisa lorsqu'il fonda, en 1864, l'Association internationale des travailleurs, organisme dont l'unique but avoué était de préparer la grande révolution mondiale. Il ne fut pas arrêté quand, au nom de son association, il visita plusieurs pays du continent. Il était libre d'écrire et de publier des livres et des articles qui, pour utiliser les mots du professeur Laski, étaient certainement un effort pour « modifier de manière radicale les droits de propriété du riche. » Et il mourut tranquillement dans sa maison londonienne, 41 Maitland Park Road, le 14 mars 1883.


Ou prenons le cas du Parti travailliste britannique. Son effort pour « modifier de manière radicale les droits de propriété du riche » ne fut pas, comme le professeur Laski le savait parfaitement, empêché par la moindre action incompatible avec le principe de liberté.
Ou prenons le cas du Parti travailliste britannique. Son effort pour « modifier de manière radicale les droits de propriété du riche » ne fut pas, comme le professeur Laski le savait parfaitement, empêché par la moindre action incompatible avec le principe de liberté.
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