Différences entre les versions de « L’Unique et sa propriété - Préface du traducteur »

Aller à la navigation Aller à la recherche
aucun résumé de modification
 
(6 versions intermédiaires par le même utilisateur non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{titre|L’unique et sa propriété|[[Max Stirner]]<br><small>(1845)</small>|Préface du traducteur}}
{{titre|L’Unique et sa propriété|[[Max Stirner]]<br><small>(1845)</small>|Préface du traducteur}}




Ligne 67 : Ligne 67 :
croisé son héros dans la vie — nous osons à peine dire de ceux qui l'avaient connu —
croisé son héros dans la vie — nous osons à peine dire de ceux qui l'avaient connu —
n'ont malheureusement point réussi à faire sortir Stirner de « l'ombre de son esprit ».
n'ont malheureusement point réussi à faire sortir Stirner de « l'ombre de son esprit ».
L'ouvrage, fruit de ses patientes recherches <ref>J. H. MACKAY, Max Stirner, sein Leben und sein Werk (Berlin, Schuster et Loeffler, 1898).</ref>], nous donne une description exacte
L'ouvrage, fruit de ses patientes recherches <ref>J. H. MACKAY, Max Stirner, sein Leben und sein Werk (Berlin, Schuster et Loeffler, 1898).</ref>, nous donne une description exacte
jusqu'à la minutie du milieu dans lequel dut évoluer l'auteur de L'Unique, ses tableaux
jusqu'à la minutie du milieu dans lequel dut évoluer l'auteur de L'Unique, ses tableaux
abondants et sympathiques font revivre les hommes qu'il dut fréquenter, les êtres et
abondants et sympathiques font revivre les hommes qu'il dut fréquenter, les êtres et
Ligne 80 : Ligne 80 :
Allemagne, nourrie des doctrines de Hegel mais que ne satisfaisait plus la scolastique
Allemagne, nourrie des doctrines de Hegel mais que ne satisfaisait plus la scolastique
pétrifiée du maître, s'était jetée dans la mêlée philosophique et sociale qui devait
pétrifiée du maître, s'était jetée dans la mêlée philosophique et sociale qui devait
aboutir aux orages de 1848-1849 et se pressait sous les drapeaux du radicalisme et du
aboutir aux orages de 1848-1849 et se pressait sous les drapeaux du radicalisme et du
socialisme, ou combattait autour de Bruno Bauer, de Feuerbach et des Nachhegelianer,
socialisme, ou combattait autour de Bruno Bauer, de Feuerbach et des Nachhegelianer,
Ligne 149 : Ligne 148 :
L'UNIQUE ET SA PROPRIÉTÉ
L'UNIQUE ET SA PROPRIÉTÉ
1845
1845


« De ceux que nous jugeons grands comme de ceux que nous aimons, avait dit
« De ceux que nous jugeons grands comme de ceux que nous aimons, avait dit
Ligne 156 : Ligne 156 :
Mais il a probablement tout dit, et personne n'achèvera de soulever le voile que
Mais il a probablement tout dit, et personne n'achèvera de soulever le voile que
cinquante ans d'oubli ont épaissi sur la vie et la personnalité de l'auteur de L'Unique.
cinquante ans d'oubli ont épaissi sur la vie et la personnalité de l'auteur de L'Unique.
C'est vers son oeuvre que nous devons nous tourner, et lui demander comment il
C'est vers son oeuvre que nous devons nous tourner, et lui demander comment il
se fait que, si vite oubliée lorsqu'elle parut, elle se relève aujourd'hui si vivante et si
se fait que, si vite oubliée lorsqu'elle parut, elle se relève aujourd'hui si vivante et si
actuelle.
actuelle.
Les oeuvres originales de Stirner (nous laissons de côté les traductions de Say et
Les oeuvres originales de Stirner (nous laissons de côté les traductions de Say et
de Smith et son Histoire de la réaction) sont peu nombreuses. Outre L'Unique et sa
de Smith et son Histoire de la réaction) sont peu nombreuses. Outre L'Unique et sa
Ligne 176 : Ligne 178 :
célèbres : les Esquisses koenigsbergiennes de Rosenkranz (1842) et Les Mystères de
célèbres : les Esquisses koenigsbergiennes de Rosenkranz (1842) et Les Mystères de
Paris d'E. Sue (1844).
Paris d'E. Sue (1844).
Il serait à désirer que ces études préliminaires fussent mises à la porte du lecteur
Il serait à désirer que ces études préliminaires fussent mises à la porte du lecteur
français; elles sont une introduction naturelle à la lecture du chef-d'oeuvre de Stirner,
français; elles sont une introduction naturelle à la lecture du chef-d'oeuvre de Stirner,
comme ses réponses aux objections, qui achèvent de préciser sa pensée, en sont le
comme ses réponses aux objections, qui achèvent de préciser sa pensée, en sont le
complément précieux.
complément précieux.
Nous leur demanderons de nous aider à comprendre ce que Stirner a voulu, ce
Nous leur demanderons de nous aider à comprendre ce que Stirner a voulu, ce
qu'il a fait et ce qu'il est aujourd'hui pour nous. Que signifiait L'Unique et sa Propriété
qu'il a fait et ce qu'il est aujourd'hui pour nous. Que signifiait L'Unique et sa Propriété
lorsqu'il parut, et quelle est sa signification actuelle ?
lorsqu'il parut, et quelle est sa signification actuelle ?
Et d'abord — car appeler ce livre unique n'est qu'un jeu de mots très vain —
Et d'abord — car appeler ce livre unique n'est qu'un jeu de mots très vain —
quelles sont ses racines dans la pensée allemande contemporaine? Tout l'effort de la
quelles sont ses racines dans la pensée allemande contemporaine? Tout l'effort de la
Ligne 192 : Ligne 197 :
religieux et les travaux d'exégèse chrétienne préludèrent à l'élude de la morale du
religieux et les travaux d'exégèse chrétienne préludèrent à l'élude de la morale du
Christianisme.
Christianisme.
Strauss avait ouvert la voie par sa Vie de Jésus en s'attaquant au caractère révélé
Strauss avait ouvert la voie par sa Vie de Jésus en s'attaquant au caractère révélé
des Évangiles; Bruno Bauer, dans sa Critique des Évangiles, se donna pour tâche de
des Évangiles; Bruno Bauer, dans sa Critique des Évangiles, se donna pour tâche de
détruire le fond de religiosité et de mysticisme que la mythique de Strauss laissait
détruire le fond de religiosité et de mysticisme que la mythique de Strauss laissait
subsister dans la légende chrétienne, et s'attaqua à l'esprit théologique en général.
subsister dans la légende chrétienne, et s'attaqua à l'esprit théologique en général.
C'est à Bruno Bauer que succède logiquement Feuerbach, dont l'Essence du
C'est à Bruno Bauer que succède logiquement Feuerbach, dont l'Essence du
Christianisme eut un retentissement considérable. Comme Feuerbach le dit lui-même,
Christianisme eut un retentissement considérable. Comme Feuerbach le dit lui-même,
Ligne 213 : Ligne 220 :
dont il avait été arbitrairement dépouillé au profit d'un être imaginaire. Homo homini
dont il avait été arbitrairement dépouillé au profit d'un être imaginaire. Homo homini
deus est la conclusion de la philosophie de Feuerbach <ref>Essence du Christianisme, trad. fr., pp. 5, 310, 323, 376.</ref>
deus est la conclusion de la philosophie de Feuerbach <ref>Essence du Christianisme, trad. fr., pp. 5, 310, 323, 376.</ref>


On sait l'enthousiasme que souleva chez la jeunesse allemande en rébellion contre
On sait l'enthousiasme que souleva chez la jeunesse allemande en rébellion contre
Ligne 220 : Ligne 225 :
— « Tu es qui restitues mihi haereditatem meam! » lui disaient volontiers les jeunes
— « Tu es qui restitues mihi haereditatem meam! » lui disaient volontiers les jeunes
hégéliens chez lesquels cette religion de l'Humanité trouvait de fervents adeptes.
hégéliens chez lesquels cette religion de l'Humanité trouvait de fervents adeptes.
Quoique formellement opposé à Feuerbach et à Bruno Bauer, contre lesquels est
Quoique formellement opposé à Feuerbach et à Bruno Bauer, contre lesquels est
dirigée presque toute la partie polémique de L'Unique, Stirner est en réalité leur
dirigée presque toute la partie polémique de L'Unique, Stirner est en réalité leur
continuateur immédiat.
continuateur immédiat.
Stirner est essentiellement antichrétien. Son individualisme même est une conséquence
Stirner est essentiellement antichrétien. Son individualisme même est une conséquence
de ce premier caractère. Tout son livre est une critique des bases religieuses,
de ce premier caractère. Tout son livre est une critique des bases religieuses,
Ligne 229 : Ligne 236 :
ne s'arrête que lorsqu'il a dressé sur les ruines du monde religieux et
ne s'arrête que lorsqu'il a dressé sur les ruines du monde religieux et
« hiérarchique » l'individu autonome, sans autre règle que son égoïsme.
« hiérarchique » l'individu autonome, sans autre règle que son égoïsme.
D'après Feuerbach, les attributs de l'homme jugés à à tort ou à raison les plus
 
D'après Feuerbach, les attributs de l'homme jugés à tort ou à raison les plus
élevés lui avaient été arrachés pour en doter un être imaginaire « supérieur » ou « suprême
élevés lui avaient été arrachés pour en doter un être imaginaire « supérieur » ou « suprême
». nommé Dieu. Mais qu'est-ce que l'Homme de Feuerbach, reprend Stirner,
» nommé Dieu. Mais qu'est-ce que l'Homme de Feuerbach, reprend Stirner,
sinon un nouvel être imaginaire formé en séparant de l'individu certains de ses
sinon un nouvel être imaginaire formé en séparant de l'individu certains de ses
attributs, et qu'est-ce que l'Homme, sinon un nouvel « être suprême »? L'Homme n'a
attributs, et qu'est-ce que l'Homme, sinon un nouvel « être suprême »? L'Homme n'a
Ligne 240 : Ligne 248 :
vous humiliez ma volonté aux pieds d'une sainteté quelconque, vous me proposez
vous humiliez ma volonté aux pieds d'une sainteté quelconque, vous me proposez
comme un devoir, une vocation, un idéal sacrés cet esprit, cette raison et cette vérité
comme un devoir, une vocation, un idéal sacrés cet esprit, cette raison et cette vérité
qui ne sont en réalité que mes instruments. « L'au-delà extérieur est balayé, mais l'audelà
qui ne sont en réalité que mes instruments. « L'au-delà extérieur est balayé, mais l'au-delà
intérieur reste et nous appelle à de nouveaux combats. » La prétendue « immanence
intérieur reste et nous appelle à de nouveaux combats. » La prétendue « immanence
» n'est qu'une forme déguisée de l'ancienne « transcendance ». Le libéralisme
» n'est qu'une forme déguisée de l'ancienne « transcendance ». Le libéralisme
Ligne 249 : Ligne 257 :
formes de la domination de l'esprit, de la Hiérarchie. « Les plus récentes révoltes
formes de la domination de l'esprit, de la Hiérarchie. « Les plus récentes révoltes
contre Dieu ne sont que des insurrections théologiques. »
contre Dieu ne sont que des insurrections théologiques. »
En face de ce rationalisme chrétien, dont il a exposé la genèse et l'épanouissement
En face de ce rationalisme chrétien, dont il a exposé la genèse et l'épanouissement
dans la première partie de son livre, Stirner, dans la seconde, dresse l'individu, le moi
dans la première partie de son livre, Stirner, dans la seconde, dresse l'individu, le moi
corporel et unique de qui tout ce dont on avait fait l'apanage de Dieu et de l'Homme
corporel et unique de qui tout ce dont on avait fait l'apanage de Dieu et de l'Homme
redevient la propriété.
redevient la propriété.
Le Dieu, avait dit Feuerbach, n'est autre chose que l'Homme. — Mais l'Homme
Le Dieu, avait dit Feuerbach, n'est autre chose que l'Homme. — Mais l'Homme
lui-même, répond Stirner, est un fantôme qui n'a de réalité qu'en Moi et par Moi;
lui-même, répond Stirner, est un fantôme qui n'a de réalité qu'en Moi et par Moi;
l'humain n'est qu'un des éléments constitutifs de mon individualité et est le mien, de
l'humain n'est qu'un des éléments constitutifs de mon individualité et est le mien, de
même que l'Esprit est mon esprit et que la chair est ma chair. Je suis le centre du
même que l'Esprit est mon esprit et que la chair est ma chair. Je suis le centre du
monde, et le monde (monde des choses, des hommes et des idées) n'est que ma
monde, et le monde (monde des choses, des hommes et des idées) n'est que ma
propriété, dont mon égoïsme souverain use selon, son bon plaisir et selon ses forces.
propriété, dont mon égoïsme souverain use selon, son bon plaisir et selon ses forces.
Ma propriété est ce qui est en mon pouvoir; mon droit, s'il n'est pas une permission
Ma propriété est ce qui est en mon pouvoir; mon droit, s'il n'est pas une permission
que m'accorde un être extérieur et « supérieur » à moi, n'a d'autre limite que ma
que m'accorde un être extérieur et « supérieur » à moi, n'a d'autre limite que ma
Ligne 266 : Ligne 276 :
emploie et ils m'emploient, nous sommes l'un pour l'autre un instrument ou un
emploie et ils m'emploient, nous sommes l'un pour l'autre un instrument ou un
ennemi.
ennemi.
Ainsi se clôt par une négation radicale la lutte de la gauche hégélienne contre
Ainsi se clôt par une négation radicale la lutte de la gauche hégélienne contre
l'esprit théologique; et, du même coup, sont convaincus de devoir tourner sans fin
l'esprit théologique; et, du même coup, sont convaincus de devoir tourner sans fin
Ligne 271 : Ligne 282 :
la justice : tous en appelant à une autorité extérieure à la volonté égoïste de l'individu
la justice : tous en appelant à une autorité extérieure à la volonté égoïste de l'individu
en appellent en dernière analyse à la volonté d'un « dieu » : « Nos athées sont de
en appellent en dernière analyse à la volonté d'un « dieu » : « Nos athées sont de
pieuses gens 1. »
pieuses gens <ref>Remarquons en passant (que Stirner, qui ne connut — et assez superficiellement — que les
premiers travaux de Proudhon, répond par avance à la pensée fondamentale de sa Justice dans la
Révolution et dans l'Église et repousse toute opposition entre la justice purement humaine de la
Révolution et la radicale incapacité de justice de l'Église. La dignité humaine, source de justice de
Proudhon, vaut la dignité, source de moralité de Mill; à moins d'être un retour à la révélation, elles
sont l'une et l'autre également incapables de justifier toute idée de sanction et d'obligation; la
justice de l'une comme la morale de l'autre sont religieuses ou ne sont ni morale ni justice. Comme
le dit excellemment Guyau, la morale des utilitaires (et la justice de Proudhon est dans le même
cas) n'a jamais pu expliquer que le faire moral (la possibilité d'être amené à poser des actes
conformes à la moralité), et non le vouloir moral (la moralité); la physique des moeurs ne peut
devenir une morale que si elle en appelle inconsciemment à une « table des valeurs » religieuse. Il
n'est d'autre réfutation de la morale théologique que la suppression de la théologie —et de la
morale.</ref> ».
 
Si Feuerbach s'était rallié théoriquement à la « morale de l'égoïsme », ce n'avait
Si Feuerbach s'était rallié théoriquement à la « morale de l'égoïsme », ce n'avait
été de sa part qu'une inadvertance, résultant de sa polémique antireligieuse, car sa
été de sa part qu'une inadvertance, résultant de sa polémique antireligieuse, car sa
Ligne 287 : Ligne 311 :
socialistes, humanitaires, tous ces amants de la liberté n'ont jamais compris le mot «
socialistes, humanitaires, tous ces amants de la liberté n'ont jamais compris le mot «
ni dieu ni maître » : « Possesseurs d'esclaves aux rires méprisants, ils sont eux-mêmes
ni dieu ni maître » : « Possesseurs d'esclaves aux rires méprisants, ils sont eux-mêmes
— des esclaves 2. »
— des esclaves <ref>Das unwahre Prinzip unserer Eiziehung, Kl. Schriften, édit. Mackay, p. 24.</ref>».
1 Remarquons en passant (que Stirner, qui ne connut — et assez superficiellement — que les
 
premiers travaux de Proudhon, répond par avance à la pensée fondamentale de sa Justice dans la
 
Révolution et dans l'Église et repousse toute opposition entre la justice purement humaine de la
Révolution et la radicale incapacité de justice de l'Église. La dignité humaine, source de justice de
Proudhon, vaut la dignité, source de moralité de Mill; à moins d'être un retour à la révélation, elles
sont l'une et l'autre également incapables de justifier toute idée de sanction et d'obligation; la
justice de l'une comme la morale de l'autre sont religieuses ou ne sont ni morale ni justice. Comme
le dit excellemment Guyau, la morale des utilitaires (et la justice de Proudhon est dans le même
cas) n'a jamais pu expliquer que le faire moral (la possibilité d'être amené à poser des actes
conformes à la moralité), et non le vouloir moral (la moralité); la physique des moeurs ne peut
devenir une morale que si elle en appelle inconsciemment à une « table des valeurs » religieuse. Il
n'est d'autre réfutation de la morale théologique que la suppression de la théologie —et de la
morale.
2 Das unwahre Prinzip unserer Eiziehung, Kl. Schriften, édit. Mackay, p. 24.
Max Stirner (1845), L’unique et sa propriété 13
*
**
Il est superflu de nous étendre longuement sur les détails de la pensée de Stirner;
Il est superflu de nous étendre longuement sur les détails de la pensée de Stirner;
une simple lecture de son livre les fera connaître mieux qu'aucune analyse. Mais toute
une simple lecture de son livre les fera connaître mieux qu'aucune analyse. Mais toute
Ligne 317 : Ligne 326 :
il faut aujourd'hui, pour juger les conclusions de son livre, faire subir une
il faut aujourd'hui, pour juger les conclusions de son livre, faire subir une
espèce de remise au point à son principe, l'individu.
espèce de remise au point à son principe, l'individu.
Il importerait donc de dégager la véritable signification de l'Unique et de son
Il importerait donc de dégager la véritable signification de l'Unique et de son
égoïsme, et de nous demander ce qu'est à proprement parler, c'est-à-dire dans le
égoïsme, et de nous demander ce qu'est à proprement parler, c'est-à-dire dans le
Ligne 327 : Ligne 337 :
mensonges et de nouvelles illusions? Que faut-il entendre, en un mot, par le « nihilisme
mensonges et de nouvelles illusions? Que faut-il entendre, en un mot, par le « nihilisme
» de Stirner?
» de Stirner?
Et d'abord, qu'est-ce que l'Unique? La polémique qui suivit l'apparition de l'oeuvre
Et d'abord, qu'est-ce que l'Unique? La polémique qui suivit l'apparition de l'oeuvre
de Stirner est précieuse, en ce qu'elle achève de fixer le sens exact qu'y attachait son
de Stirner est précieuse, en ce qu'elle achève de fixer le sens exact qu'y attachait son
auteur.
auteur.
L'Unique est-il une conception nouvelle du Moi, le principe nouveau d'une
L'Unique est-il une conception nouvelle du Moi, le principe nouveau d'une
doctrine nouvelle (un complément, par exemple, de la philosophie de Fichte 1 )? C'est
doctrine nouvelle (un complément, par exemple, de la philosophie de Fichte <ref>1 Stirner avait nettement répudié toute parenté entre son moi corporel et passager et le Moi absolu
ainsi que le comprirent les critiques. Feuerbach, Szeliga et Hess en 1845, Kuno
Fischer en 1847, attaquèrent Stirner en se plaçant à ce point de vue, et parlèrent à
l'envi d'un « moi principe », d'un « égoïsme absolu », d'une « dogmatique de l'égoïsme
», d'un, « égoïsme en système », etc., tous virent dans l'individu une idée, un
principe ou un idéal qui s'opposait à l'Homme.
1 Stirner avait nettement répudié toute parenté entre son moi corporel et passager et le Moi absolu
de Fichte, ce qui n'empêche pas Ed. von Hartmann de voir « dans son absolutisation du Moi la
de Fichte, ce qui n'empêche pas Ed. von Hartmann de voir « dans son absolutisation du Moi la
véritable conséquence pratique du monisme subjectif de Fichte ». C'est une des plus lourdes
véritable conséquence pratique du monisme subjectif de Fichte ». C'est une des plus lourdes
Ligne 344 : Ligne 350 :
retrouve pas le nom et dont tous ceux qui s'occupent de Stirner répètent la phrase sur « ce livre
retrouve pas le nom et dont tous ceux qui s'occupent de Stirner répètent la phrase sur « ce livre
qu'on quitte monarque ». Voyez aussi, à titre de curiosité, un discours de H. von Bülow où Stirner
qu'on quitte monarque ». Voyez aussi, à titre de curiosité, un discours de H. von Bülow où Stirner
est comparé à Bismarck.
est comparé à Bismarck.</ref>)? C'est ainsi que le comprirent les critiques. Feuerbach, Szeliga et Hess en 1845, Kuno
Max Stirner (1845), L’unique et sa propriété 14
Fischer en 1847, attaquèrent Stirner en se plaçant à ce point de vue, et parlèrent à
l'envi d'un « moi principe », d'un « égoïsme absolu », d'une « dogmatique de l'égoïsme
», d'un, « égoïsme en système », etc., tous virent dans l'individu une idée, un
principe ou un idéal qui s'opposait à l'Homme.
 
Stirner leur répond : Le moi que tu penses n'est qu'un agrégat de prédicats, aussi
Stirner leur répond : Le moi que tu penses n'est qu'un agrégat de prédicats, aussi
peux-tu le concevoir, c'est-à-dire le définir et le distinguer d'autres concepts voisins.
peux-tu le concevoir, c'est-à-dire le définir et le distinguer d'autres concepts voisins.
Ligne 361 : Ligne 371 :
ou une vocation; c'est, comme l'unique, une — phrase, « mais c'est la dernière des
ou une vocation; c'est, comme l'unique, une — phrase, « mais c'est la dernière des
phrases possible, et destinée à mettre fin au règne des phrases ».
phrases possible, et destinée à mettre fin au règne des phrases ».
L'Unique est donc pour Stirner le moi gedankenlos, qui n'offre aucune prise à la
L'Unique est donc pour Stirner le moi gedankenlos, qui n'offre aucune prise à la
pensée et s'épanouit en deçà ou au-delà de la pensée logique; c'est le néant logique
pensée et s'épanouit en deçà ou au-delà de la pensée logique; c'est le néant logique
Ligne 368 : Ligne 379 :
par la suite : « Ô mon frère, derrière tes sentiments et tes pensées se cache un maître
par la suite : « Ô mon frère, derrière tes sentiments et tes pensées se cache un maître
puissant, un sage inconnu; il se nomme toi-même (Selbst). il habite ton corps, il est
puissant, un sage inconnu; il se nomme toi-même (Selbst). il habite ton corps, il est
ton corps 1. »
ton corps <ref>Friedrich NIETZSCHE : Also sprach Zarathustra, p. 47. Nous laissons de côté tout parallèle entre
Nietzsche et Stirner; il y a de telles affinités entre L'Unique et sa Propriété et la partie critique de
l'oeuvre du chantre de Zarathustra qu'il est difficile de se convaincre, quoique le fait soit à peu près
prouvé, que ce dernier ne connut point Stirner. Sa destruction de la « table des valeurs »
actuellement admises est d'un Stirner qui, au lieu de Hegel aurait eu Schopenhauer pour éducateur.
Remarquons en passant que ce que Lange appelle volonté, « volonté à laquelle, dit-il (Hist. du
Mat., tr. fr., II, p. 98), Stirner donne une valeur telle qu'elle nous apparaît comme la force
fondamentale de l'être humain », semble correspondre exactement à la Wille zur Macht de
Nietzsche.</ref>»
 
Telle est la source vive que Stirner a fait jaillir de la « dure roche » de l'individualité,
Telle est la source vive que Stirner a fait jaillir de la « dure roche » de l'individualité,
et tel est, je pense, le fond positif et fécond de sa pensée. Mais ce fond, le
et tel est, je pense, le fond positif et fécond de sa pensée. Mais ce fond, le
Ligne 378 : Ligne 398 :
prochaine, son oeil n'a pas aperçu la terre à travers les brumes de l'aube; un autre y
prochaine, son oeil n'a pas aperçu la terre à travers les brumes de l'aube; un autre y
posera son pied de rêveur dionysien, mais c'est à nous, Anarchistes, à aborder au port.
posera son pied de rêveur dionysien, mais c'est à nous, Anarchistes, à aborder au port.
C'est ainsi, semble-t-il, qu'il faut comprendre le « nihilisme » de Stirner : à la conception
C'est ainsi, semble-t-il, qu'il faut comprendre le « nihilisme » de Stirner : à la conception
chrétienne du monde, à la philosophie « qui inscrit sur son bouclier la négation
chrétienne du monde, à la philosophie « qui inscrit sur son bouclier la négation
de la vie », à cette « pratique du nihilisme 2 », il répond en inscrivant sur le sien
de la vie », à cette « pratique du nihilisme<ref>Friedrich NIETZSCHE : Der Antichrist, VII.</ref>», il répond en inscrivant sur le sien la négation de l'esprit et aboutit à un nihilisme purement théorique.
la négation de l'esprit et aboutit à un nihilisme purement théorique.
 
1 Friedrich NIETZSCHE : Also sprach Zarathustra, p. 47. Nous laissons de côté tout parallèle entre
Nietzsche et Stirner; il y a de telles affinités entre L'Unique et sa Propriété et la partie critique de
l'oeuvre du chantre de Zarathustra qu'il est difficile de se convaincre, quoique le fait soit à peu près
prouvé, que ce dernier ne connut point Stirner. Sa destruction de la « table des valeurs »
actuellement admises est d'un Stirner qui, au lieu de Hegel aurait eu Schopenhauer pour éducateur.
Remarquons en passant que ce que Lange appelle volonté, « volonté à laquelle, dit-il (Hist. du
Mat., tr. fr., II, p. 98), Stirner donne une valeur telle qu'elle nous apparaît comme la force
fondamentale de l'être humain », semble correspondre exactement à la Wille zur Macht de
Nietzsche.
2 Friedrich NIETZSCHE : Der Antichrist, VII.
Max Stirner (1845), L’unique et sa propriété 15
Mais « est-ce à dire, demande-t-il, que par son égoïsme Stirner prétende nier toute
Mais « est-ce à dire, demande-t-il, que par son égoïsme Stirner prétende nier toute
généralité et faire table rase, par une simple dénégation, de toutes les propriétés organiques
généralité et faire table rase, par une simple dénégation, de toutes les propriétés organiques
Ligne 404 : Ligne 414 :
des choses et des personnes. C'est ce que Stirner exprime négativement dans sa
des choses et des personnes. C'est ce que Stirner exprime négativement dans sa
critique acérée et irréfutable, lorsqu'il analyse les illusions de l'idéalisme et démasque
critique acérée et irréfutable, lorsqu'il analyse les illusions de l'idéalisme et démasque
les mensonges du dévouement et de l'abnégation 1... »
les mensonges du dévouement et de l'abnégation <ref>Die philosophischen Reactionaere, Kl. Schriften, édit. Mackay, p. 182, 183.</ref>»
 
Je souligne ces mots expression négative, et je demande : Quelle serait donc la
Je souligne ces mots expression négative, et je demande : Quelle serait donc la
traduction positive de son oeuvre? Quel « par conséquent » peut-on logiquement en
traduction positive de son oeuvre? Quel « par conséquent » peut-on logiquement en
déduire, et de quelle suite positive est-elle susceptible?
déduire, et de quelle suite positive est-elle susceptible?
Telle est la question que s'est posée entre outres Lange, qui regrette que Stirner
Telle est la question que s'est posée entre outres Lange, qui regrette que Stirner
n'ait pas complété son livre par une seconde partie et suppose que « pour sortir de
n'ait pas complété son livre par une seconde partie et suppose que « pour sortir de
mon moi limité, je puis, à mon tour, créer une espèce quelconque d'idéalisme comme
mon moi limité, je puis, à mon tour, créer une espèce quelconque d'idéalisme comme
l'expression de ma volonté et de mon idée ». M. Lichtenberger, de son côté, dans une
l'expression de ma volonté et de mon idée ». M. Lichtenberger, de son côté, dans une
courte notice consacrée à Stirner 2 se demande quelle forme sociale pourrait résulter
courte notice consacrée à Stirner <ref>Nouvelle Revue, 15 juillet 1894.</ref> se demande quelle forme sociale pourrait résulter
de la mise en pratique de ses idées.
de la mise en pratique de ses idées.
Ce sont là, je crois — et j'aborde ici le point le plus délicat de cette étude — des
Ce sont là, je crois — et j'aborde ici le point le plus délicat de cette étude — des
questions que l'on ne peut pas se poser; je pense que du livre de Stirner aucun
questions que l'on ne peut pas se poser; je pense que du livre de Stirner aucun
Ligne 420 : Ligne 433 :
comme Samson, il s'est enseveli lui-même sous les ruines du monde religieux
comme Samson, il s'est enseveli lui-même sous les ruines du monde religieux
renversé. Pourquoi? C'est ce qu'il me reste à montrer.
renversé. Pourquoi? C'est ce qu'il me reste à montrer.
« Amis, dit-il quelque part 3 notre temps n'est pas malade, mais il est vieux et sa
 
« Amis, dit-il quelque part <ref>Die Mysterien von Paris-, KI. Schriften, édit. Mackay, p. 101.</ref> notre temps n'est pas malade, mais il est vieux et sa
dernière heure a sonné; ne le tourmentez donc point de vos remèdes, mais soulagez
dernière heure a sonné; ne le tourmentez donc point de vos remèdes, mais soulagez
son agonie en l'abrégeant et laissez-le — mourir. » Cette société lasse qui meurt de
son agonie en l'abrégeant et laissez-le — mourir. » Cette société lasse qui meurt de
Ligne 428 : Ligne 442 :
matériaux épars dont il ne connut que l'ordonnance, et à rebâtir avec les décombres la
matériaux épars dont il ne connut que l'ordonnance, et à rebâtir avec les décombres la
maison des hommes.
maison des hommes.
Cette impuissance, un dernier exemple va nous la faire toucher du doigt et nous en
Cette impuissance, un dernier exemple va nous la faire toucher du doigt et nous en
livrer le secret. Dans un chapitre auquel il attachait la plus grande importance, Stirner
livrer le secret. Dans un chapitre auquel il attachait la plus grande importance, Stirner
Ligne 436 : Ligne 451 :
croyant, le souci de légalité du bourgeois et la tendresse de l'amant ne sont que des
croyant, le souci de légalité du bourgeois et la tendresse de l'amant ne sont que des
procédés, à vrai dire souvent méconnus, par lesquels l'un exploite son dieu, l'autre
procédés, à vrai dire souvent méconnus, par lesquels l'un exploite son dieu, l'autre
1 Die philosophischen Reactionaere, Kl. Schriften, édit. Mackay, p. 182, 183.
2 Nouvelle Revue, 15 juillet 1894.
3 Die Mysterien von Paris-, KI. Schriften, édit. Mackay, p. 101.
Max Stirner (1845), L’unique et sa propriété 16
l'État ou sa maîtresse; de sorte que la société actuelle réalise en somme l'état de lutte
l'État ou sa maîtresse; de sorte que la société actuelle réalise en somme l'état de lutte
de tous contre tous auquel son analyse le conduit. Elle ne diffère de l'association des
de tous contre tous auquel son analyse le conduit. Elle ne diffère de l'association des
Ligne 449 : Ligne 460 :
combattre à leurs côtés sous les traits augustes de la Morale, de la Justice ou de
combattre à leurs côtés sous les traits augustes de la Morale, de la Justice ou de
l'Amour. L'égoïsme de Stirner est, pour tout dire en un mot, un égoïsme — rationnel.
l'Amour. L'égoïsme de Stirner est, pour tout dire en un mot, un égoïsme — rationnel.
Le destructeur du rationalisme est lui-même, par la forme logique de son esprit,
Le destructeur du rationalisme est lui-même, par la forme logique de son esprit,
un rationaliste, et l'adversaire passionné du libéralisme reste un libéral. Stirner rationaliste
un rationaliste, et l'adversaire passionné du libéralisme reste un libéral. Stirner rationaliste
Ligne 457 : Ligne 469 :
pouvant signifier pour lui que désordre, si l'État, régulateur de la concurrence, vient à
pouvant signifier pour lui que désordre, si l'État, régulateur de la concurrence, vient à
disparaître, à celle-ci ne peut succéder que la guerre de tous contre tous.
disparaître, à celle-ci ne peut succéder que la guerre de tous contre tous.
Cette conception toute formelle de l'individu nous explique le caractère purement
Cette conception toute formelle de l'individu nous explique le caractère purement
négatif de ce qu'on pourrait appeler la « doctrine » de Stirner, c'est-à-dire de la partie
négatif de ce qu'on pourrait appeler la « doctrine » de Stirner, c'est-à-dire de la partie
Ligne 464 : Ligne 477 :
Mais ce serait, je crois, mutiler la pensée de son auteur et méconnaître l'importance
Mais ce serait, je crois, mutiler la pensée de son auteur et méconnaître l'importance
de L'Unique et sa Propriété de n'y voir que l'oeuvre du logicien nihiliste.
de L'Unique et sa Propriété de n'y voir que l'oeuvre du logicien nihiliste.
« Stirner, dit-il lui-même 1, ne présente son livre que comme l'expression souvent
« Stirner, dit-il lui-même <ref>Die philosophischen Reactionaere, Kl. Schriften, édit. Mackay, p. 183.</ref>, ne présente son livre que comme l'expression souvent
maladroite et incomplète de ce qu'il voulut; ce livre est l'oeuvre laborieuse des
maladroite et incomplète de ce qu'il voulut; ce livre est l'oeuvre laborieuse des
meilleures années de sa vie et il convient cependant que ce n'est qu'un à-peu-près.
meilleures années de sa vie et il convient cependant que ce n'est qu'un à-peu-près.
Ligne 470 : Ligne 483 :
dévots de l'État, de l'Église, etc., ont faussée, et qui est devenue susceptible de
dévots de l'État, de l'Église, etc., ont faussée, et qui est devenue susceptible de
confusions d'idées sans fin. »
confusions d'idées sans fin. »
D'autres ont mis en lumière l'importance formidable qu'ont prise dans l'État les
D'autres ont mis en lumière l'importance formidable qu'ont prise dans l'État les
facteurs régulateurs sociaux aux dépens des facteurs actifs et producteurs. En
facteurs régulateurs sociaux aux dépens des facteurs actifs et producteurs. En
Ligne 479 : Ligne 493 :
stérilisant. Loin de pouvoir être un ressort pour l'activité individuelle, l'État ne peut
stérilisant. Loin de pouvoir être un ressort pour l'activité individuelle, l'État ne peut
que comprimer, paralyser et annihiler les efforts de l'individu.
que comprimer, paralyser et annihiler les efforts de l'individu.
Stirner, de son coté, met en lumière l'étouffement des forces vives de l'individu
Stirner, de son coté, met en lumière l'étouffement des forces vives de l'individu
par la végétation parasite et stérile des facteurs régulateurs moraux. Il dénonce dans la
par la végétation parasite et stérile des facteurs régulateurs moraux. Il dénonce dans la
Ligne 484 : Ligne 499 :
une police morale, ayant même origine et même but que la police de l'État : prohiber,
une police morale, ayant même origine et même but que la police de l'État : prohiber,
refréner et immobiliser. Les veto de la conscience s'ajoutent aux veto de la loi; grâce à
refréner et immobiliser. Les veto de la conscience s'ajoutent aux veto de la loi; grâce à
1 Die philosophischen Reactionaere, Kl. Schriften, édit. Mackay, p. 183.
Max Stirner (1845), L’unique et sa propriété 17
elle, la force d'autrui est sanctifiée et s'appelle le droit, la crainte devient respect et
elle, la force d'autrui est sanctifiée et s'appelle le droit, la crainte devient respect et
vénération, et le chien apprend à lécher le fouet de son maître.
vénération, et le chien apprend à lécher le fouet de son maître.
Les premiers disaient : que l'individu puisse se réaliser librement sans qu'aucune
Les premiers disaient : que l'individu puisse se réaliser librement sans qu'aucune
contrainte extérieure s'oppose à la mise en oeuvre de ses facultés : l'activité libre seule
contrainte extérieure s'oppose à la mise en oeuvre de ses facultés : l'activité libre seule
Ligne 493 : Ligne 507 :
qu'en lui seul sa règle, sans qu'aucune contrainte intérieure s'oppose à l'épanouissement
qu'en lui seul sa règle, sans qu'aucune contrainte intérieure s'oppose à l'épanouissement
de sa personnalité : seule l'individuelle volonté est créatrice.
de sa personnalité : seule l'individuelle volonté est créatrice.
Mais l'individualisme ainsi compris n'a encore que la valeur négative d'une révolte
Mais l'individualisme ainsi compris n'a encore que la valeur négative d'une révolte
et n'est que la réponse de ma force à une force ennemie. L'individu n'est que le
et n'est que la réponse de ma force à une force ennemie. L'individu n'est que le
bélier logique à l'aide duquel on renverse les bastilles de l'autorité : il n'a aucune
bélier logique à l'aide duquel on renverse les bastilles de l'autorité : il n'a aucune
réalité et n'est qu'un dernier fantôme rationnel, le fantôme de l'Unique.
réalité et n'est qu'un dernier fantôme rationnel, le fantôme de l'Unique.
Cet Unique où Stirner aborda sans reconnaître le sol nouveau sur lequel il posait
Cet Unique où Stirner aborda sans reconnaître le sol nouveau sur lequel il posait
le pied, croyant toucher le dernier terme de la critique et l'écueil où doit sombrer toute
le pied, croyant toucher le dernier terme de la critique et l'écueil où doit sombrer toute
Ligne 506 : Ligne 522 :
chrétiens, une solidarité nouvelle, et par-delà les mensonges de l'autorité et du droit,
chrétiens, une solidarité nouvelle, et par-delà les mensonges de l'autorité et du droit,
un ordre nouveau.
un ordre nouveau.
C'est sur cette terre féconde, que Stirner met à nu, que le grand négateur tend pardessus
 
C'est sur cette terre féconde, que Stirner met à nu, que le grand négateur tend par-dessus
cinquante ans la main aux anarchistes d'aujourd'hui.
cinquante ans la main aux anarchistes d'aujourd'hui.
R.-L. Reclaire.
R.-L. Reclaire.
Décembre 1899.
Décembre 1899.
Ligne 513 : Ligne 531 :
== Notes et références ==  
== Notes et références ==  
<references /> <!-- aide : http://fr.wikipedia.org/wiki/Aide:Notes et références -->
<references /> <!-- aide : http://fr.wikipedia.org/wiki/Aide:Notes et références -->
{{Navigateur||[[Max Stirner]]&nbsp;&nbsp;—&nbsp;&nbsp;[[Max Stirner:L'Unique et sa propriété|L’Unique et sa propriété]]|[[Max Stirner: Je n’ai basé ma cause sur rien|Je n’ai basé ma cause sur rien]]}}
862

modifications

Menu de navigation