Différences entre les versions de « Ludwig von Mises:La Mentalité anti-capitaliste - La littérature dans un régime capitaliste »

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Le déroulement typique des événements d'un roman policier est le suivant : Un homme que tout le monde considère comme respectable et incapable de la moindre mauvaise action a commis un crime abominable. Personne ne le soupçonne. Mais le fin limier ne peut pas être trompé. Il sait tout sur de tels hypocrites moralisateurs. Il assemble toutes les preuves pour confondre le coupable. Grâce à lui le bien finit par triompher.
Le déroulement typique des événements d'un roman policier est le suivant : Un homme que tout le monde considère comme respectable et incapable de la moindre mauvaise action a commis un crime abominable. Personne ne le soupçonne. Mais le fin limier ne peut pas être trompé. Il sait tout sur de tels hypocrites moralisateurs. Il assemble toutes les preuves pour confondre le coupable. Grâce à lui le bien finit par triompher.


Démasquer l'escroc qui se fait passer pour un citoyen respectable était, avec une tendance latente à l'opposition aux bourgeois, un sujet également souvent traité à un niveau littéraire plus élevé, par exemple par Ibsen dans Les Piliers de la société. Le roman policier rabaisse l'intrigue et y fait entrer le personnage facile du détective satisfait de lui qui prend plaisir à humilier un homme que tout le monde considère comme un citoyen irréprochable. La motivation du détective est une haine subconsciente du « bourgeois » qui a réussi. Ses homologues sont les inspecteurs des forces de police du gouvernement <ref>L'expression américaine « detective story », employée par Mises, fait évidemment une référence plus directe à des histoires de détectives privés que la traduction (habituelle) en français de ce genre littéraire par « roman policier ». NdT.</ref>. Ils sont trop bornés et trop préoccupés pour résoudre l'énigme. On sous-entend même parfois qu'ils sont sans le savoir favorables au coupable parce que sa position sociale les impressionne fortement. Le détective surmonte les obstacles que leur paresse met sur sa route. Son triomphe est une défaite des autorités de l'État bourgeois qui ont choisi de tels officiers de police.
Démasquer l'escroc qui se fait passer pour un citoyen respectable était, avec une tendance latente à l'opposition aux bourgeois, un sujet également souvent traité à un niveau littéraire plus élevé, par exemple par Ibsen dans Les ''Piliers de la société''. Le roman policier rabaisse l'intrigue et y fait entrer le personnage facile du détective satisfait de lui qui prend plaisir à humilier un homme que tout le monde considère comme un citoyen irréprochable. La motivation du détective est une haine subconsciente du « bourgeois » qui a réussi. Ses homologues sont les inspecteurs des forces de police du gouvernement <ref>L'expression américaine « detective story », employée par Mises, fait évidemment une référence plus directe à des histoires de détectives privés que la traduction (habituelle) en français de ce genre littéraire par « roman policier ». NdT.</ref>. Ils sont trop bornés et trop préoccupés pour résoudre l'énigme. On sous-entend même parfois qu'ils sont sans le savoir favorables au coupable parce que sa position sociale les impressionne fortement. Le détective surmonte les obstacles que leur paresse met sur sa route. Son triomphe est une défaite des autorités de l'État bourgeois qui ont choisi de tels officiers de police.


Voilà pourquoi le roman policier est populaire auprès des gens souffrant d'une ambition frustrée. (Il y a également, bien entendu, d'autres lecteurs de romans policiers <ref>Mises s'est-il souvenu d'Ayn Rand, qui avait acquis la réputation de ne lire que ce genre d'ouvrage ?... (En fait, elle avait fini par lire de moins en moins, ne trouvant pas ce qu'elle cherchait, alors qu'elle aimait les romans de Spillane et Fleming. Voir ''The Romantic Manifesto'' pour ses analyses sur la littérature.). C'est fort peu vraisembable, notamment en raison de la date de publication du présent ouvrage (1956). Mais le rapprochement est amusant. On pourra voir [[Ludwig von Mises:La Mentalité anti-capitaliste - Les objections non économiques au capitalisme|plus loin]] que Mises ne partageait vraisemblablement pas non plus totalement les goûts architecturaux de la romancière (qu'elle a exprimés dans ''The Foutainhead'', [traduit en français sous le titre ''La Source vive'' pour le roman et ''Le Rebelle'' pour le film de King Vidor qui en a été tiré]).
Voilà pourquoi le roman policier est populaire auprès des gens souffrant d'une ambition frustrée. (Il y a également, bien entendu, d'autres lecteurs de romans policiers <ref>Mises s'est-il souvenu d'Ayn Rand, qui avait acquis la réputation de ne lire que ce genre d'ouvrage ?... (En fait, elle avait fini par lire de moins en moins, ne trouvant pas ce qu'elle cherchait, alors qu'elle aimait les romans de Spillane et Fleming. Voir ''The Romantic Manifesto'' pour ses analyses sur la littérature.). C'est fort peu vraisembable, notamment en raison de la date de publication du présent ouvrage (1956). Mais le rapprochement est amusant. On pourra voir [[Ludwig von Mises:La Mentalité anti-capitaliste - Les objections non économiques au capitalisme|plus loin]] que Mises ne partageait vraisemblablement pas non plus totalement les goûts architecturaux de la romancière (qu'elle a exprimés dans ''The Foutainhead'', [traduit en français sous le titre ''La Source vive'' pour le roman et ''Le Rebelle'' pour le film de King Vidor qui en a été tiré]).
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== La liberté de la presse ==
== La liberté de la presse ==


La liberté de la presse est l'une des caractéristiques fondamentales d'une nation de citoyens libres. Elle constitue l'un des points essentiels du programme politique du libéralisme classique. Personne n'a jamais réussi à avancer la moindre objection défendable contre ces deux classiques : Areopagitica (1644) de John Milton et On liberty ([De la Liberté], 1859) de John Stuart Mill. L'absence de censure est le sang de la littérature.
La liberté de la presse est l'une des caractéristiques fondamentales d'une nation de citoyens libres. Elle constitue l'un des points essentiels du programme politique du libéralisme classique. Personne n'a jamais réussi à avancer la moindre objection défendable contre ces deux classiques : Areopagitica (1644) de John Milton et ''On liberty'' ([''De la Liberté''], 1859) de John Stuart Mill. L'absence de censure est le sang de la littérature.


Une presse libre ne peut exister que s'il y a contrôle privé des moyens de production. Dans une communauté socialiste, où tous les moyens de publication et toutes les imprimeries sont possédés et dirigés par le gouvernement, il ne peut être question d'une presse libre. Seul le gouvernement détermine qui doit avoir le temps et l'occasion d'écrire, ainsi que ce qui doit être imprimé et publié. Comparée à la situation prévalant en Russie soviétique, même la Russie tsariste ressemblait, rétrospectivement, à un pays jouissant de la liberté de la presse. Quand les nazis ont perpétré leurs célèbres autodafés, ils se conformaient strictement aux plans de l'un des grands auteurs socialistes : Cabet <ref>Cf. Cabet, ''Voyage en Icarie'', Paris, 1848, p. 127.</ref>.
Une presse libre ne peut exister que s'il y a contrôle privé des moyens de production. Dans une communauté socialiste, où tous les moyens de publication et toutes les imprimeries sont possédés et dirigés par le gouvernement, il ne peut être question d'une presse libre. Seul le gouvernement détermine qui doit avoir le temps et l'occasion d'écrire, ainsi que ce qui doit être imprimé et publié. Comparée à la situation prévalant en Russie soviétique, même la Russie tsariste ressemblait, rétrospectivement, à un pays jouissant de la liberté de la presse. Quand les nazis ont perpétré leurs célèbres ''autodafés'', ils se conformaient strictement aux plans de l'un des grands auteurs socialistes : Cabet <ref>Cf. Cabet, ''Voyage en Icarie'', Paris, 1848, p. 127.</ref>.


Comme toutes les nations se dirigent vers le socialisme, la liberté des auteurs disparaît peu à peu. Il devient jour après jour plus difficile de publier un livre ou un article dont le contenu déplait au gouvernement ou aux puissants groupes de pression. Les hérétiques ne sont pas encore « liquidés » comme en Russie, et leurs livres ne sont pas non plus brûlés par ordre de l'Inquisition. Il n'y a pas non plus de retour à l'ancien système de censure. Les soi-disant progressistes ont des armes bien plus efficaces à leur disposition. Leur principal outil d'oppression est de boycotter les auteurs, les directeurs d'édition, les éditeurs, les imprimeurs, les publicitaires et les lecteurs.
Comme toutes les nations se dirigent vers le socialisme, la liberté des auteurs disparaît peu à peu. Il devient jour après jour plus difficile de publier un livre ou un article dont le contenu déplait au gouvernement ou aux puissants groupes de pression. Les hérétiques ne sont pas encore « liquidés » comme en Russie, et leurs livres ne sont pas non plus brûlés par ordre de l'Inquisition. Il n'y a pas non plus de retour à l'ancien système de censure. Les soi-disant progressistes ont des armes bien plus efficaces à leur disposition. Leur principal outil d'oppression est de boycotter les auteurs, les directeurs d'édition, les éditeurs, les imprimeurs, les publicitaires et les lecteurs.


Tout le monde est libre de s'abstenir de lire les livres, les revues et les journaux qu'il n'aime pas et de recommander aux autres de les éviter. Mais c'est une autre histoire lorsque certaines personnes menacent d'autres individus de sérieuses représailles au cas où ils n'arrêteraient pas d'aider certaines publications et leurs éditeurs. Dans de nombreux pays les éditeurs de journaux et de magazines craignent la perspective d'un boycottage de la part des syndicats. Ils évitent les discussions franches sur la question et se soumettent tacitement aux diktats des leaders syndicaux 4.
Tout le monde est libre de s'abstenir de lire les livres, les revues et les journaux qu'il n'aime pas et de recommander aux autres de les éviter. Mais c'est une autre histoire lorsque certaines personnes menacent d'autres individus de sérieuses représailles au cas où ils n'arrêteraient pas d'aider certaines publications et leurs éditeurs. Dans de nombreux pays les éditeurs de journaux et de magazines craignent la perspective d'un boycottage de la part des syndicats. Ils évitent les discussions franches sur la question et se soumettent tacitement aux diktats des leaders syndicaux <ref>Sur le système de boycottage mis en place par l'Église catholique, cf. P. Blanshard, ''American Freedom and Catholic Power'', Boston, 1949, pp. 194-198.</ref>.


Les dirigeants syndicaux sont bien plus susceptibles que ne l'étaient les majestés royales ou impériales des époques passées. Ils ne supportent pas la plaisanterie. Leur susceptibilité a brisé la satire, la comédie et la comédie musicale au théâtre et a condamné les films de cinéma à la stérilité.
Les dirigeants syndicaux sont bien plus susceptibles que ne l'étaient les majestés royales ou impériales des époques passées. Ils ne supportent pas la plaisanterie. Leur susceptibilité a brisé la satire, la comédie et la comédie musicale au théâtre et a condamné les films de cinéma à la stérilité.


Dans l'''ancien régime''<ref>En français dans le texte. NdT.</ref>, les théâtres étaient libres de mettre en scène les moqueries de Beaumarchais vis-à-vis de l'aristocratie et l'opéra immortel composé par Mozart. En France, sous le Second Empire, La Grande Duchesse de Gerolstein, d'Offenbach et Halévy, parodiait l'absolutisme, le militarisme et la vie de cours. Napoléon III lui-même et certains autres monarques européens s'amusèrent de cette pièce qui les tournait en ridicule. A l'époque victorienne, le censeur du théâtre britannique, Lord Chamberlain, n'empêcha pas la représentation des comédies musicales de Gilbert et Sullivan, qui se moquaient de toutes les vénérables institutions du système de gouvernement britannique. Des Lords remplissaient les loges pendant que sur scène le Comte de Montararat chantait : « La Chambre des Pairs n'avait aucune prétention à l'élévation intellectuelle. »
Dans l'''ancien régime''<ref>En français dans le texte. NdT.</ref>, les théâtres étaient libres de mettre en scène les moqueries de Beaumarchais vis-à-vis de l'aristocratie et l'opéra immortel composé par Mozart. En France, sous le Second Empire, ''La Grande Duchesse de Gerolstein'', d'Offenbach et Halévy, parodiait l'absolutisme, le militarisme et la vie de cours. Napoléon III lui-même et certains autres monarques européens s'amusèrent de cette pièce qui les tournait en ridicule. A l'époque victorienne, le censeur du théâtre britannique, Lord Chamberlain, n'empêcha pas la représentation des comédies musicales de Gilbert et Sullivan, qui se moquaient de toutes les vénérables institutions du système de gouvernement britannique. Des Lords remplissaient les loges pendant que sur scène le Comte de Montararat chantait : « La Chambre des Pairs n'avait aucune prétention à l'élévation intellectuelle. »


De nos jours il est hors de question de parodier sur scène les pouvoirs en place. On ne tolère aucune réflexion désobligeante sur les syndicats, les coopératives, les entreprises dirigées par le gouvernement, les déficits budgétaires et autres caractéristiques de l'État-providence. Les dirigeants syndicaux et les bureaucrates sont sacro-saints. Restent à la comédie les sujets qui ont rendu abominables les opérettes et la comédie hollywoodienne.
De nos jours il est hors de question de parodier sur scène les pouvoirs en place. On ne tolère aucune réflexion désobligeante sur les syndicats, les coopératives, les entreprises dirigées par le gouvernement, les déficits budgétaires et autres caractéristiques de l'État-providence. Les dirigeants syndicaux et les bureaucrates sont sacro-saints. Restent à la comédie les sujets qui ont rendu abominables les opérettes et la comédie hollywoodienne.
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Le dogme fondamental de ce chœur décrète que la pauvreté est la conséquence d'institutions sociales inéquitables. Le péché originel qui a privé l'humanité de la vie merveilleuse du Jardin d'Eden fut l'établissement de la propriété privée et de l'entreprise privée. Le capitalisme ne sert que les intérêts égoïstes de farouches exploiteurs. Il condamne les masses d'hommes droits à l'appauvrissement progressif et à la déchéance. Ce qu'il faut pour rendre tous ces gens prospères, c'est dompter les cupides exploiteurs grâce au grand dieu nommé État. La motivation du « service » doit remplacer la motivation du « profit ». Heureusement, disent-ils, aucune intrigue et aucune brutalité de la part des abominables « royalistes économiques » ne peut remettre en question le mouvement de réforme. L'avènement d'un âge de planification centralisée est inévitable. Il y aura alors abondance pour tous. Ceux qui souhaitent accélérer cette grande transformation se désignent eux-mêmes comme progressistes précisément parce qu'ils prétendent œuvrer pour la réalisation de ce qui est à la fois désirable et en accord avec les lois inexorables de l'évolution historique. Ils dénoncent comme réactionnaires tous ceux qui se sont engagés dans l'effort vain d'arrêter ce qu'ils appellent le progrès.
Le dogme fondamental de ce chœur décrète que la pauvreté est la conséquence d'institutions sociales inéquitables. Le péché originel qui a privé l'humanité de la vie merveilleuse du Jardin d'Eden fut l'établissement de la propriété privée et de l'entreprise privée. Le capitalisme ne sert que les intérêts égoïstes de farouches exploiteurs. Il condamne les masses d'hommes droits à l'appauvrissement progressif et à la déchéance. Ce qu'il faut pour rendre tous ces gens prospères, c'est dompter les cupides exploiteurs grâce au grand dieu nommé État. La motivation du « service » doit remplacer la motivation du « profit ». Heureusement, disent-ils, aucune intrigue et aucune brutalité de la part des abominables « royalistes économiques » ne peut remettre en question le mouvement de réforme. L'avènement d'un âge de planification centralisée est inévitable. Il y aura alors abondance pour tous. Ceux qui souhaitent accélérer cette grande transformation se désignent eux-mêmes comme progressistes précisément parce qu'ils prétendent œuvrer pour la réalisation de ce qui est à la fois désirable et en accord avec les lois inexorables de l'évolution historique. Ils dénoncent comme réactionnaires tous ceux qui se sont engagés dans l'effort vain d'arrêter ce qu'ils appellent le progrès.


Du point de vue de ces dogmes, les progressistes préconisent certaines politiques qui, à les entendre, pourraient soulager immédiatement le sort des masses qui souffrent. Ils recommandent, par exemple, l'expansion du crédit et l'accroissement de la quantité de monnaie en circulation, des taux de salaire minimums à décréter et à faire appliquer soit par le gouvernement soit par la pression et la violence des syndicats, le contrôle du prix des biens et des loyers, ainsi que d'autres mesures interventionnistes. Les économistes ont cependant démontré que de tels remèdes de charlatan n'arrivaient pas à engendrer les résultats que leurs avocats cherchent à atteindre. Leur conséquence est une situation qui, du point de vue de ceux-là même qui les préconisent et qui y ont recours, est pire encore que l'état précédent qu'ils devaient modifier. L'expansion du crédit conduit au retour périodique des crises économiques et des périodes de dépression. L'inflation fait grimper le prix de tous les biens et services. Les tentatives visant à faire appliquer des taux de salaire supérieurs à ceux qui seraient déterminés par un marché libre produisent un chômage de masse prolongé année après année. Le plafonnement des prix conduit à une diminution de l'offre des biens concernés. Les économistes ont prouvé ces théorèmes d'une manière irréfutable. Aucun pseudo-économiste « progressiste » n'a d'ailleurs jamais essayé de les réfuter.
Du point de vue de ces dogmes, les progressistes préconisent certaines politiques qui, à les entendre, pourraient soulager immédiatement le sort des masses qui souffrent. Ils recommandent, par exemple, l'expansion du crédit et l'accroissement de la quantité de monnaie en circulation, des taux de salaire minimums à décréter et à faire appliquer soit par le gouvernement soit par la pression et la violence des syndicats, le contrôle du prix des biens et des loyers, ainsi que d'autres mesures interventionnistes. Les économistes ont cependant démontré que de tels remèdes de charlatan n'arrivaient pas à engendrer les résultats que leurs avocats cherchent à atteindre. Leur conséquence est une situation qui, ''du point de vue de ceux-là même qui les préconisent et qui y ont recours'', est pire encore que l'état précédent qu'ils devaient modifier. L'expansion du crédit conduit au retour périodique des crises économiques et des périodes de dépression. L'inflation fait grimper le prix de tous les biens et services. Les tentatives visant à faire appliquer des taux de salaire supérieurs à ceux qui seraient déterminés par un marché libre produisent un chômage de masse prolongé année après année. Le plafonnement des prix conduit à une diminution de l'offre des biens concernés. Les économistes ont prouvé ces théorèmes d'une manière irréfutable. Aucun pseudo-économiste « progressiste » n'a d'ailleurs jamais essayé de les réfuter.


L'accusation essentielle portée par les progressistes contre le capitalisme est que la récurrence des crises et des dépressions, ainsi que le chômage de masse, sont des caractéristiques qui lui sont inhérentes. La démonstration que ces phénomènes sont, au contraire, le résultat des tentatives interventionnistes de contrôler le capitalisme et d'améliorer la situation de l'homme ordinaire donne à l'idéologie progressiste le coup de grâce. Comme les progressistes ne sont pas en mesure d'avancer la moindre objection défendable contre les enseignements des économistes, ils essaient de les cacher au peuple et plus particulièrement aux intellectuels et aux étudiants des universités. Toute référence à l'une de ces hérésies est formellement interdite. Leurs auteurs sont traités de tous les noms et on dissuade les étudiants de lire leur « fatras idiot ».
L'accusation essentielle portée par les progressistes contre le capitalisme est que la récurrence des crises et des dépressions, ainsi que le chômage de masse, sont des caractéristiques qui lui sont inhérentes. La démonstration que ces phénomènes sont, au contraire, le résultat des tentatives interventionnistes de contrôler le capitalisme et d'améliorer la situation de l'homme ordinaire donne à l'idéologie progressiste le coup de grâce. Comme les progressistes ne sont pas en mesure d'avancer la moindre objection défendable contre les enseignements des économistes, ils essaient de les cacher au peuple et plus particulièrement aux intellectuels et aux étudiants des universités. Toute référence à l'une de ces hérésies est formellement interdite. Leurs auteurs sont traités de tous les noms et on dissuade les étudiants de lire leur « fatras idiot ».
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Il n'est pas nécessaire de recommencer à nouveau une analyse détaillée de tous les sophismes et de toutes les contradictions qu'implique cette façon de penser. Il est suffisant de distinguer trois erreurs fondamentales.
Il n'est pas nécessaire de recommencer à nouveau une analyse détaillée de tous les sophismes et de toutes les contradictions qu'implique cette façon de penser. Il est suffisant de distinguer trois erreurs fondamentales.


Premièrement : Le grand conflit idéologique de notre époque n'est pas une lutte pour la répartition du « revenu national ». Ce n'est pas une dispute entre deux classes dont chacune désire s'approprier la plus grande part d'une somme disponible et devant être distribuée. C'est un désaccord concernant le choix le plus adéquat du système d'organisation économique de la société. La question est : lequel de ces deux systèmes, capitalisme ou socialisme, garantit-il une productivité plus grande des efforts humains en vue d'améliorer le niveau de vie des gens ? La question est aussi : le socialisme peut-il être considéré comme une solution alternative au capitalisme et une quelconque conduite rationnelle des activités de production, c'est-à-dire une conduite basée sur le calcul économique, peut-elle être effectuée dans un régime socialiste ? Le fanatisme et le dogmatisme des socialistes se manifestent dans le fait qu'ils refusent obstinément d'examiner ces questions. Avec eux, la conclusion est déjà réglée d'avance : le capitalisme est le pire de tous les maux et le socialisme est l'incarnation de tout ce qui est bien. Toute tentative d'analyser les problèmes économiques d'une communauté socialiste est considérée comme un crime de lèse-majesté. Comme la situation actuellement en vigueur dans les pays occidentaux ne permet pas encore de liquider, selon la méthode russe, de tels contrevenants, ils les insultent et les calomnient, jettent la suspicion sur leurs motivations et les boycottent 5.
Premièrement : Le grand conflit idéologique de notre époque n'est pas une lutte pour la répartition du « revenu national ». Ce n'est pas une dispute entre deux classes dont chacune désire s'approprier la plus grande part d'une somme disponible et devant être distribuée. C'est un désaccord concernant le choix le plus adéquat du système d'organisation économique de la société. La question est : lequel de ces deux systèmes, capitalisme ou socialisme, garantit-il une productivité plus grande des efforts humains en vue d'améliorer le niveau de vie des gens ? La question est aussi : le socialisme peut-il être considéré comme une solution alternative au capitalisme et une quelconque conduite rationnelle des activités de production, c'est-à-dire une conduite basée sur le calcul économique, peut-elle être effectuée dans un régime socialiste ? Le fanatisme et le dogmatisme des socialistes se manifestent dans le fait qu'ils refusent obstinément d'examiner ces questions. Avec eux, la conclusion est déjà réglée d'avance : le capitalisme est le pire de tous les maux et le socialisme est l'incarnation de tout ce qui est bien. Toute tentative d'analyser les problèmes économiques d'une communauté socialiste est considérée comme un crime de lèse-majesté. Comme la situation actuellement en vigueur dans les pays occidentaux ne permet pas encore de liquider, selon la méthode russe, de tels contrevenants, ils les insultent et les calomnient, jettent la suspicion sur leurs motivations et les boycottent <ref>Les deux dernières phrases ne se réfèrent pas aux trois ou quatre auteurs socialistes de notre époque qui — très tardivement en réalité en d'une manière très insatisfaisante — ont commencé à examiner les problèmes économiques du socialisme. Mais elles sont littéralement vraies pour tous les autres socialistes, depuis les origines des idées socialistes jusqu'à nos jours.</ref>.


Deuxièmement : Il n'y a pas de différence économique entre le socialisme et le communisme. Les deux termes se rapportent au même système d'organisation de la société, c'est-à-dire au contrôle public de tous les moyens de production, par opposition au contrôle privé des moyens de production, à savoir le capitalisme. Les deux termes, socialisme et communisme, sont synonymes. Le document que tous les socialistes marxistes considèrent comme le fondement inébranlable de leurs principes est intitulé Manifeste communiste. Inversement, le nom officiel de l'empire russe est Union des républiques socialistes soviétiques (U.R.S.S.) 6.
Deuxièmement : Il n'y a pas de différence économique entre le socialisme et le communisme. Les deux termes se rapportent au même système d'organisation de la société, c'est-à-dire au contrôle public de tous les moyens de production, par opposition au contrôle privé des moyens de production, à savoir le capitalisme. Les deux termes, socialisme et communisme, sont synonymes. Le document que tous les socialistes marxistes considèrent comme le fondement inébranlable de leurs principes est intitulé ''Manifeste communiste''. Inversement, le nom officiel de l'empire russe est Union des républiques socialistes soviétiques (U.R.S.S.) <ref>Sur les tentatives de Staline de faire une distinction entre socialisme et communisme, cf. Mises, ''Planned Chaos'', Irvington-on-Hudson, 1947, pp. 44-46. (Trad. fr. : ''Le Chaos du planisme'').</ref>.


L'antagonisme entre les partis socialistes et communistes actuels ne concerne pas le but ultime de leurs politiques. Il concerne principalement la volonté des dictateurs russes d'assujettir autant de pays que possible, et en premier lieu les États-Unis. Il concerne, de plus, la question de savoir si la réalisation du contrôle public des moyens de production doit être obtenue par des méthodes constitutionnelles ou par un renversement violent du gouvernement en place.
L'antagonisme entre les partis socialistes et communistes actuels ne concerne pas le but ultime de leurs politiques. Il concerne principalement la volonté des dictateurs russes d'assujettir autant de pays que possible, et en premier lieu les États-Unis. Il concerne, de plus, la question de savoir si la réalisation du contrôle public des moyens de production doit être obtenue par des méthodes constitutionnelles ou par un renversement violent du gouvernement en place.
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Troisièmement : Capitalisme et socialisme sont deux modèles distincts d'organisation sociale. Le contrôle privé des moyens de production et leur contrôle public sont des notions contradictoires et pas seulement contraires. Il ne peut pas exister d'économie mixte, de système qui se tiendrait à mi-chemin entre le capitalisme et le socialisme. Ceux qui défendent ce que l'on prend à tort pour une solution médiane ne recommandent pas un compromis entre socialisme et capitalisme, mais un troisième modèle qui possède ses caractéristiques propres et qui doit être jugé selon ses propres mérites. Ce troisième système, que les économistes appellent interventionnisme, ne combinent pas, comme le proclament ses partisans, certains traits du capitalisme avec certaines caractéristiques du socialisme. C'est une chose totalement différente de chacun des deux. Les économistes qui déclarent que l'interventionnisme n'atteint pas les objectifs que ses tenants veulent obtenir, mais empire les choses — non pas du propre point de vue de l'économiste, mais de celui-là même des avocats de l'interventionnisme — ne sont pas des individus intransigeants et extrémistes. Ils ne font que décrire les conséquences inévitables de l'interventionnisme.
Troisièmement : Capitalisme et socialisme sont deux modèles distincts d'organisation sociale. Le contrôle privé des moyens de production et leur contrôle public sont des notions contradictoires et pas seulement contraires. Il ne peut pas exister d'économie mixte, de système qui se tiendrait à mi-chemin entre le capitalisme et le socialisme. Ceux qui défendent ce que l'on prend à tort pour une solution médiane ne recommandent pas un compromis entre socialisme et capitalisme, mais un troisième modèle qui possède ses caractéristiques propres et qui doit être jugé selon ses propres mérites. Ce troisième système, que les économistes appellent interventionnisme, ne combinent pas, comme le proclament ses partisans, certains traits du capitalisme avec certaines caractéristiques du socialisme. C'est une chose totalement différente de chacun des deux. Les économistes qui déclarent que l'interventionnisme n'atteint pas les objectifs que ses tenants veulent obtenir, mais empire les choses — non pas du propre point de vue de l'économiste, mais de celui-là même des avocats de l'interventionnisme — ne sont pas des individus intransigeants et extrémistes. Ils ne font que décrire les conséquences inévitables de l'interventionnisme.


Quand Marx et Engels, dans le Manifeste communiste, défendaient des mesures interventionnistes données, ils ne voulaient pas recommander un compromis entre le socialisme et le capitalisme. Ils considéraient ces mesures — qui, incidemment, sont les mêmes que celles qui forment l'essence des politiques de New Deal et de Fair Deal — comme les premiers pas sur la voie vers l'instauration du communisme intégral. Ils décrivaient eux-mêmes ces mesures comme « économiquement insuffisantes et insoutenables » et les réclamaient que parce que ces mesures « au cours du mouvement, se dépassent elles-mêmes et sont indispensables comme moyen de bouleverser le mode de production tout entier ».
Quand Marx et Engels, dans le ''Manifeste communiste'', défendaient des mesures interventionnistes données, ils ne voulaient pas recommander un compromis entre le socialisme et le capitalisme. Ils considéraient ces mesures — qui, incidemment, sont les mêmes que celles qui forment l'essence des politiques de ''New Deal'' et de ''Fair Deal'' — comme les premiers pas sur la voie vers l'instauration du communisme intégral. Ils décrivaient eux-mêmes ces mesures comme « économiquement insuffisantes et insoutenables » et les réclamaient que parce que ces mesures « au cours du mouvement, se dépassent elles-mêmes et sont indispensables comme moyen de bouleverser le mode de production tout entier ».


La philosophie sociale et économique des progressistes est donc un plaidoyer en faveur du socialisme et du communisme.
La philosophie sociale et économique des progressistes est donc un plaidoyer en faveur du socialisme et du communisme.
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La prédilection de ces auteurs pour traiter de la misère et de la détresse se transforme en une scandaleuse distorsion de la vérité quand ils laissent entendre qu'ils dépeignent une situation typique et représentative du capitalisme. L'information fournie par les données statistiques concernant la production et la vente de tous les articles de la production à grande échelle montre clairement que le salarié type ne vit pas dans les tréfonds de la misère.
La prédilection de ces auteurs pour traiter de la misère et de la détresse se transforme en une scandaleuse distorsion de la vérité quand ils laissent entendre qu'ils dépeignent une situation typique et représentative du capitalisme. L'information fournie par les données statistiques concernant la production et la vente de tous les articles de la production à grande échelle montre clairement que le salarié type ne vit pas dans les tréfonds de la misère.


Le représentant le plus éminent de l'école de la littérature « sociale » est Émile Zola. Il a établi le modèle qu'une foule d'imitateurs moins doués a adopté. A son avis l'art devait être intimement lié à la science. Il devait se fonder sur la recherche et illustrer les trouvailles de la science. Or le principal résultat des sciences sociales, selon Zola, était le dogme expliquant que le capitalisme serait le pire de tous les maux et que l'avènement du socialisme serait à la fois inévitable et hautement désirable. Ses romans étaient « en fait un ensemble d'homélies socialistes » 7. Mais Zola, avec ses préjugés et son zèle prosocialiste, fut vite surpassé par la littérature « prolétarienne » de ses adeptes.
Le représentant le plus éminent de l'école de la littérature « sociale » est Émile Zola. Il a établi le modèle qu'une foule d'imitateurs moins doués a adopté. A son avis l'art devait être intimement lié à la science. Il devait se fonder sur la recherche et illustrer les trouvailles de la science. Or le principal résultat des sciences sociales, selon Zola, était le dogme expliquant que le capitalisme serait le pire de tous les maux et que l'avènement du socialisme serait à la fois inévitable et hautement désirable. Ses romans étaient « en fait un ensemble d'homélies socialistes » <ref>Cf. P. Martino dans ''Encyclopedia of the Social Science'', Vol. XV, p. 537.</ref>. Mais Zola, avec ses préjugés et son zèle prosocialiste, fut vite surpassé par la littérature « prolétarienne » de ses adeptes.


Les critiques littéraires « prolétariens » prétendent que ces auteurs « prolétariens » ne font que traiter des faits bruts de l'expérience du prolétariat 8. Toutefois, ces auteurs ne font pas que rapporter des faits. Ils les interprètent du point de vue des enseignements de Marx, de Veblen et des Webb. Cette interprétation est le fond de leurs écrits, le point saillant qui les caractérise comme propagande prosocialiste. Ces écrivains considèrent les dogmes sur lesquels reposent leur explication des événements comme étant évidents et irréfutables, et sont pleinement convaincus que leurs lecteurs partagent leur confiance. Il leur semble ainsi souvent superflu de mentionner explicitement les doctrines. Ils ne s'y réfèrent parfois que par insinuation. Mais ceci ne change pas le fait que tout ce qu'ils font passer dans leurs livres dépend de la validité des principes socialistes et des constructions pseudo-économiques. Leur fiction est une illustration des leçons des doctrinaires anti-capitalistes et s'effondre avec elles.
Les critiques littéraires « prolétariens » prétendent que ces auteurs « prolétariens » ne font que traiter des faits bruts de l'expérience du prolétariat <ref>Cf. J. Freeman, ''Introduction to Proletarian Literature in the United States, an Anthology'', New York, 1935, pp. 9-28.</ref>. Toutefois, ces auteurs ne font pas que rapporter des faits. Ils les interprètent du point de vue des enseignements de Marx, de Veblen et des Webb. Cette interprétation est le fond de leurs écrits, le point saillant qui les caractérise comme propagande prosocialiste. Ces écrivains considèrent les dogmes sur lesquels reposent leur explication des événements comme étant évidents et irréfutables, et sont pleinement convaincus que leurs lecteurs partagent leur confiance. Il leur semble ainsi souvent superflu de mentionner explicitement les doctrines. Ils ne s'y réfèrent parfois que par insinuation. Mais ceci ne change pas le fait que tout ce qu'ils font passer dans leurs livres dépend de la validité des principes socialistes et des constructions pseudo-économiques. Leur fiction est une illustration des leçons des doctrinaires anti-capitalistes et s'effondre avec elles.


La deuxième catégorie des auteurs de fiction « prolétarienne » sont ceux qui sont nés dans le milieu de prolétaires qu'ils décrivent dans leurs livres. Ces hommes sont sortis de cet environnement de travailleurs manuels et ont rejoint les rangs des professions libérales. Ils ne sont pas, contrairement aux auteurs prolétariens issus d'un milieu « bourgeois », dans la nécessité d'apprendre quelque chose sur la vie des salariés. Ils peuvent utiliser leur propre expérience.
La deuxième catégorie des auteurs de fiction « prolétarienne » sont ceux qui sont nés dans le milieu de prolétaires qu'ils décrivent dans leurs livres. Ces hommes sont sortis de cet environnement de travailleurs manuels et ont rejoint les rangs des professions libérales. Ils ne sont pas, contrairement aux auteurs prolétariens issus d'un milieu « bourgeois », dans la nécessité d'apprendre quelque chose sur la vie des salariés. Ils peuvent utiliser leur propre expérience.
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Si de tels auteurs se laissent aller à écrire ce qui est en réalité une prose prosocialiste, ils ne sont pas sincères. Leurs romans et leurs pièces ne sont pas véridiques et sont donc bonnes à jeter à la poubelle. Ils sont bien en deçà du niveau des livres de leurs collègues d'origine « bourgeoise », qui au moins croient ce qu'ils écrivent.
Si de tels auteurs se laissent aller à écrire ce qui est en réalité une prose prosocialiste, ils ne sont pas sincères. Leurs romans et leurs pièces ne sont pas véridiques et sont donc bonnes à jeter à la poubelle. Ils sont bien en deçà du niveau des livres de leurs collègues d'origine « bourgeoise », qui au moins croient ce qu'ils écrivent.


Les auteurs socialistes ne se contentent pas de dépeindre la situation des victimes du capitalisme. Ils s'occupent aussi de la vie et des actions de ses bénéficiaires : les hommes d'affaires. Ils sont résolus à révéler aux lecteurs comment naissent les profits. Comme ils ne sont pas eux-mêmes — Dieu merci — familiers d'un sujet aussi sale, ils cherchent d'abord des informations dans les livres des historiens compétents. Voici ce que ces experts leur racontent sur les « gangsters de la finance » et les « requins de l'industrie » et sur la façon dont ils acquièrent leurs richesses : « Il commença sa carrière comme conducteur de bestiaux, ce qui veut dire qu'il achetait le bétail des fermiers et le menait au marché pour l'y vendre. Le bétail était vendu aux bouchers d'après son poids. Juste avant de se rendre au marché, il gavait les bêtes de sel et leur donnait à boire de grandes quantités d'eau. Un gallon d'eau pesait environ huit livres. Mettez trois ou quatre gallons d'eau dans une vache, et vous avez quelque chose en plus quand il s'agit de la vendre. » 9 Dans la même veine, des douzaines et des douzaines de romans et de pièces de théâtre racontent les transactions du vilain de leur intrigue : l'homme d'affaires. Les magnats de l'industrie deviennent riches en vendant de l'acier fendu et de la nourriture avariée, des chaussures avec des semelles en carton et des articles de coton présentés comme de la soie. Ils soudoient les sénateurs et les gouverneurs, les juges et la police. Ils trompent leurs clients et leurs employés. C'est une histoire très simple.
Les auteurs socialistes ne se contentent pas de dépeindre la situation des victimes du capitalisme. Ils s'occupent aussi de la vie et des actions de ses bénéficiaires : les hommes d'affaires. Ils sont résolus à révéler aux lecteurs comment naissent les profits. Comme ils ne sont pas eux-mêmes — Dieu merci — familiers d'un sujet aussi sale, ils cherchent d'abord des informations dans les livres des historiens compétents. Voici ce que ces experts leur racontent sur les « gangsters de la finance » et les « requins de l'industrie » et sur la façon dont ils acquièrent leurs richesses : « Il commença sa carrière comme conducteur de bestiaux, ce qui veut dire qu'il achetait le bétail des fermiers et le menait au marché pour l'y vendre. Le bétail était vendu aux bouchers d'après son poids. Juste avant de se rendre au marché, il gavait les bêtes de sel et leur donnait à boire de grandes quantités d'eau. Un gallon d'eau pesait environ huit livres. Mettez trois ou quatre gallons d'eau dans une vache, et vous avez quelque chose en plus quand il s'agit de la vendre. » <ref>Cf. Woodward (''A New American History'', New York, 1938, p. 608) qui raconte la biographie d'un homme d'affaires qui subventionnait un séminaire de théologie.</ref> Dans la même veine, des douzaines et des douzaines de romans et de pièces de théâtre racontent les transactions du vilain de leur intrigue : l'homme d'affaires. Les magnats de l'industrie deviennent riches en vendant de l'acier fendu et de la nourriture avariée, des chaussures avec des semelles en carton et des articles de coton présentés comme de la soie. Ils soudoient les sénateurs et les gouverneurs, les juges et la police. Ils trompent leurs clients et leurs employés. C'est une histoire très simple.


Il n'est jamais venu à l'esprit de ces auteurs que leur narration présente implicitement tous les autres Américains comme de parfaits idiots que tout vaurien peut facilement duper. L'astuce mentionnée plus haut sur les vaches gonflées est la méthode d'arnaque la plus primitive et la plus ancienne. Il est difficile de croire qu'il reste quelque part dans le monde des acheteurs de bétail assez stupides pour s'y laisser prendre. Supposer qu'il y a aux États-Unis des bouchers qui pourraient se laisser tromper de cette façon, c'est trop attendre de la simplicité du lecteur. Il en va de même pour toutes les fables similaires.
Il n'est jamais venu à l'esprit de ces auteurs que leur narration présente implicitement tous les autres Américains comme de parfaits idiots que tout vaurien peut facilement duper. L'astuce mentionnée plus haut sur les vaches gonflées est la méthode d'arnaque la plus primitive et la plus ancienne. Il est difficile de croire qu'il reste quelque part dans le monde des acheteurs de bétail assez stupides pour s'y laisser prendre. Supposer qu'il y a aux États-Unis des bouchers qui pourraient se laisser tromper de cette façon, c'est trop attendre de la simplicité du lecteur. Il en va de même pour toutes les fables similaires.


Dans sa vie privée l'homme d'affaires, tel que le dépeint l'auteur « progressiste », est un barbare, un joueur et un ivrogne. Il passe ses jours aux courses, ses soirées dans les boîtes de nuit et ses nuits avec ses maîtresses. Comme Marx et Engels l'ont souligné dans le Manifeste communiste, ces « bourgeois, non contents d'avoir à leur disposition les femmes et les filles des prolétaires, sans parler de la prostitution officielle, trouvent un plaisir singulier à se cocufier mutuellement. » Voilà le reflet du monde des affaires américain tel que le renvoie une grande partie de la littérature américaine 10.
Dans sa vie privée l'homme d'affaires, tel que le dépeint l'auteur « progressiste », est un barbare, un joueur et un ivrogne. Il passe ses jours aux courses, ses soirées dans les boîtes de nuit et ses nuits avec ses maîtresses. Comme Marx et Engels l'ont souligné dans le ''Manifeste communiste'', ces « bourgeois, non contents d'avoir à leur disposition les femmes et les filles des prolétaires, sans parler de la prostitution officielle, trouvent un plaisir singulier à se cocufier mutuellement. » Voilà le reflet du monde des affaires américain tel que le renvoie une grande partie de la littérature américaine <ref>Cf. la brillante analyse de John Chamberlain, « The Businessman in Fiction » (''Fortune'', novembre 1948, pp. 134-148.</ref>.
 


==NOTES==
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