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{{titre|L’Unique et sa propriété|[[Max Stirner]]<br><small>(1845)</small>|§ 1. Le Libéralisme politique}} | {{titre|L’Unique et sa propriété|[[Max Stirner]]<br><small>(1845)</small>|§ 1. Le Libéralisme politique}} | ||
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Au XVIIIe siècle, lorsqu'on eut vidé jusqu'à la lie la coupe du pouvoir dit absolu, | Au XVIIIe siècle, lorsqu'on eut vidé jusqu'à la lie la coupe du pouvoir dit absolu, | ||
on s'aperçut trop nettement que le breuvage qu'elle offrait aux hommes ne pouvait | on s'aperçut trop nettement que le breuvage qu'elle offrait aux hommes ne pouvait | ||
être de leur goût, pour ne pas sentir le désir de boire à un autre verre. | être de leur goût, pour ne pas sentir le désir de boire à un autre verre. | ||
Étant des « Hommes », nos pères voulurent être considérés comme des hommes. | Étant des « Hommes », nos pères voulurent être considérés comme des hommes. | ||
Quiconque voit en nous autre chose, nous le regardons comme étranger à l'humanité, | Quiconque voit en nous autre chose, nous le regardons comme étranger à l'humanité, | ||
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en nous des hommes et nous garantit contre le danger d'être traités autrement que | en nous des hommes et nous garantit contre le danger d'être traités autrement que | ||
des hommes, nous l'honorons comme notre soutien et notre protecteur. | des hommes, nous l'honorons comme notre soutien et notre protecteur. | ||
Unissons-nous donc, et soutenons-nous mutuellement ; notre association nous | Unissons-nous donc, et soutenons-nous mutuellement ; notre association nous | ||
assure la protection dont nous avons besoin, et nous, les associés, formons une communauté | assure la protection dont nous avons besoin, et nous, les associés, formons une communauté | ||
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d' « hommes » est le signe de ralliement. Le produit de notre association est l'État ; | d' « hommes » est le signe de ralliement. Le produit de notre association est l'État ; | ||
nous, ses membres, nous formons la Nation. | nous, ses membres, nous formons la Nation. | ||
En tant que réunis dans la Nation ou l'État, nous ne sommes que des hommes. | En tant que réunis dans la Nation ou l'État, nous ne sommes que des hommes. | ||
Qu'en outre, en tant qu'individus, nous fassions nos propres affaires et poursuivions | Qu'en outre, en tant qu'individus, nous fassions nos propres affaires et poursuivions | ||
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« affaires privées », et nous distinguons soigneusement l'État de la « société civile », | « affaires privées », et nous distinguons soigneusement l'État de la « société civile », | ||
domaine de l' « égoïsme ». | domaine de l' « égoïsme ». | ||
Le véritable Homme, c'est la Nation ; l'individu, lui, est toujours un égoïste. | Le véritable Homme, c'est la Nation ; l'individu, lui, est toujours un égoïste. | ||
Dépouillez donc cette individualité qui vous isole, cet individualisme qui ne souffle | Dépouillez donc cette individualité qui vous isole, cet individualisme qui ne souffle | ||
qu'inégalité égoïste et discorde, et consacrez-vous entièrement au véritable | qu'inégalité égoïste et discorde, et consacrez-vous entièrement au véritable | ||
Homme, à la Nation, à l'État. Alors seulement vous acquerrez votre pleine valeur | Homme, à la Nation, à l'État. Alors seulement vous acquerrez votre pleine valeur | ||
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le véritable Homme, vous fera place à la table commune et vous confèrera les « droits | le véritable Homme, vous fera place à la table commune et vous confèrera les « droits | ||
de l'Homme », les droits que l'Homme seul donne et que seul l'Homme reçoit. | de l'Homme », les droits que l'Homme seul donne et que seul l'Homme reçoit. | ||
Tel est le principe civique. | Tel est le principe civique. | ||
Le civisme, c'est l'idée que l'État est tout, qu'il est l'Homme par excellence et que | Le civisme, c'est l'idée que l'État est tout, qu'il est l'Homme par excellence et que | ||
la valeur de l'individu comme homme dérive de sa qualité de citoyen. À ce point de | la valeur de l'individu comme homme dérive de sa qualité de citoyen. À ce point de | ||
vue, le mérite suprême est d'être bon citoyen ; il n'est rien de supérieur, à moins que le | vue, le mérite suprême est d'être bon citoyen ; il n'est rien de supérieur, à moins que le | ||
vieil idéal — bon chrétien. | vieil idéal — bon chrétien. | ||
La bourgeoisie se développa au cours de la lutte contre les castes privilégiées, par | La bourgeoisie se développa au cours de la lutte contre les castes privilégiées, par | ||
lesquelles elle était, sous le nom de « tiers état », cavalièrement traitée et confondue | lesquelles elle était, sous le nom de « tiers état », cavalièrement traitée et confondue | ||
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devint un culte nouveau. L'ère de la politique s'ouvrait. Servir l'État ou la Nation fut | devint un culte nouveau. L'ère de la politique s'ouvrait. Servir l'État ou la Nation fut | ||
l'idéal suprême, l'intérêt public l'intérêt suprême, et | l'idéal suprême, l'intérêt public l'intérêt suprême, et | ||
jouer un rôle dans l'État (ce qui n'impliquait nullement que l'on fût fonctionnaire) | jouer un rôle dans l'État (ce qui n'impliquait nullement que l'on fût fonctionnaire) | ||
le suprême honneur. | le suprême honneur. | ||
Par là, les intérêts privés, personnels, furent perdus de vue, et leur sacrifice sur | Par là, les intérêts privés, personnels, furent perdus de vue, et leur sacrifice sur | ||
l'autel de l'état devint un schibboleth. Il faut pour toute chose s'en remettre à l'État et | l'autel de l'état devint un schibboleth. Il faut pour toute chose s'en remettre à l'État et | ||
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l'individu ; ce n'est pas moi qui vis, c'est lui qui vit en moi. D'où nécessité de bannir | l'individu ; ce n'est pas moi qui vis, c'est lui qui vit en moi. D'où nécessité de bannir | ||
l'égoïsme d'autrefois et de devenir le désintéressement et l'impersonnalité mêmes. | l'égoïsme d'autrefois et de devenir le désintéressement et l'impersonnalité mêmes. | ||
Devant l'État-Dieu, tout égoïsme disparaissait, tous se trouvaient égaux, tous | Devant l'État-Dieu, tout égoïsme disparaissait, tous se trouvaient égaux, tous | ||
étaient, sans que rien ne permît de les distinguer les uns des autres, des Hommes et | étaient, sans que rien ne permît de les distinguer les uns des autres, des Hommes et | ||
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s'aperçurent que les véritables propriétaires étaient eux, et que c'était leur argent | s'aperçurent que les véritables propriétaires étaient eux, et que c'était leur argent | ||
qu'on exigeait d'eux. | qu'on exigeait d'eux. | ||
Ceux qui n'avaient été jusque-là que des sujets se réveillèrent propriétaires ; c'est | Ceux qui n'avaient été jusque-là que des sujets se réveillèrent propriétaires ; c'est | ||
ce que Bailly exprime en peu de mots : « Vous ne pouvez sans mon consentement | ce que Bailly exprime en peu de mots : « Vous ne pouvez sans mon consentement | ||
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ma position morale et sociale ! Tout cela est ma propriété, au même titre que le | ma position morale et sociale ! Tout cela est ma propriété, au même titre que le | ||
champ que je cultive : c'est mon droit, c'est mon intérêt de faire moi-même les lois... » | champ que je cultive : c'est mon droit, c'est mon intérêt de faire moi-même les lois... » | ||
Les paroles de Bailly semblent vouloir dire que chacun | Les paroles de Bailly semblent vouloir dire que chacun | ||
est un propriétaire ; mais en réalité, au lieu du gouvernement, au lieu des princes, | est un propriétaire ; mais en réalité, au lieu du gouvernement, au lieu des princes, | ||
le possesseur et maître fut — la Nation. À partir de ce moment, l'idéal est « la liberté | le possesseur et maître fut — la Nation. À partir de ce moment, l'idéal est « la liberté | ||
du peuple, un peuple libre », etc. | du peuple, un peuple libre », etc. | ||
Dès le 8 juillet 1789, les explications de l'évêque d'Autun et de Barère dissipèrent | Dès le 8 juillet 1789, les explications de l'évêque d'Autun et de Barère dissipèrent | ||
cette illusion que chacun, chaque volonté individuelle a son importance dans la | cette illusion que chacun, chaque volonté individuelle a son importance dans la | ||
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doit être cherchée la source de tout droit ». Le 16 juillet, le même Mirabeau s'écrie : | doit être cherchée la source de tout droit ». Le 16 juillet, le même Mirabeau s'écrie : | ||
« Le peuple n'est-il pas la source de toute puissance »! Digne peuple ! Source de tout | « Le peuple n'est-il pas la source de toute puissance »! Digne peuple ! Source de tout | ||
droit et de toute puissance ! Soit dit en passant, on entrevoit ici le contenu du « droit » | droit et de toute puissance ! Soit dit en passant, on entrevoit ici le contenu du « droit »: c'est la force, « La raison du plus fort... » | ||
: c'est la force, « La raison du plus fort... » | |||
La bourgeoisie est l'héritière des classes privilégiées. En fait, les droits des barons, | La bourgeoisie est l'héritière des classes privilégiées. En fait, les droits des barons, | ||
qui leur furent enlevés comme « usurpés », ne firent que retourner à la bourgeoisie, | qui leur furent enlevés comme « usurpés », ne firent que retourner à la bourgeoisie, | ||
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étaient privilégiées, dotées de privilèges et de droits seigneuriaux), et lorsqu'elle prit | étaient privilégiées, dotées de privilèges et de droits seigneuriaux), et lorsqu'elle prit | ||
fin se leva l'aube du Droit, des droits de l'État, des droits de la Nation. | fin se leva l'aube du Droit, des droits de l'État, des droits de la Nation. | ||
Le despotisme n'avait été dans la main des rois qu'une règle complaisante et lâche, | Le despotisme n'avait été dans la main des rois qu'une règle complaisante et lâche, | ||
au prix de ce qu'en fit la « Nation souveraine ». Cette monarchie nouvelle se révéla | au prix de ce qu'en fit la « Nation souveraine ». Cette monarchie nouvelle se révéla | ||
cent fois plus sévère, plus rigoureuse et plus conséquente que l'ancienne ; devant elle, | cent fois plus sévère, plus rigoureuse et plus conséquente que l'ancienne ; devant elle, | ||
plus de droits, | plus de droits, | ||
plus de privilèges ; combien, en comparaison, paraît tempérée la royauté absolue | plus de privilèges ; combien, en comparaison, paraît tempérée la royauté absolue | ||
de l'Ancien Régime ! La Révolution, en réalité, substitua à la monarchie tempérée la | de l'Ancien Régime ! La Révolution, en réalité, substitua à la monarchie tempérée la | ||
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appelé jusqu'alors royauté absolue, mais qui avait consenti à être si peu absolue | appelé jusqu'alors royauté absolue, mais qui avait consenti à être si peu absolue | ||
qu'elle se laissait rogner et limiter par mille autorités subalternes. | qu'elle se laissait rogner et limiter par mille autorités subalternes. | ||
La bourgeoisie a accompli le rêve de tant de siècles ; elle a découvert un maître | La bourgeoisie a accompli le rêve de tant de siècles ; elle a découvert un maître | ||
absolu auprès duquel d'autres maîtres ne peuvent plus se dresser comme autant de | absolu auprès duquel d'autres maîtres ne peuvent plus se dresser comme autant de | ||
restrictions. Elle a produit le maître qui seul accorde des « titres légitimes » et sans le | restrictions. Elle a produit le maître qui seul accorde des « titres légitimes » et sans le | ||
consentement duquel rien n'est légitime. « Nous savons que les idoles ne sont rien | consentement duquel rien n'est légitime. « Nous savons que les idoles ne sont rien | ||
dans le monde, et qu'il n'y a d'autre dieu que le seul Dieu | dans le monde, et qu'il n'y a d'autre dieu que le seul Dieu <ref>1ère épître aux Corinthiens, VIII, 4.</ref>» | ||
On ne peut plus attaquer le Droit, comme on attaquait un droit, en soutenant qu'il | On ne peut plus attaquer le Droit, comme on attaquait un droit, en soutenant qu'il | ||
est « injuste ». Tout ce qu'on peut désormais dire c'est qu'il est un non-sens, une | est « injuste ». Tout ce qu'on peut désormais dire c'est qu'il est un non-sens, une | ||
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on nie du même coup la possibilité de le violer, et on fait table rase de tout concept de | on nie du même coup la possibilité de le violer, et on fait table rase de tout concept de | ||
Justice (et par conséquent d'Injustice). | Justice (et par conséquent d'Injustice). | ||
Nous jouissons tous de l'« égalité des droits politiques ». Que signifie cela ? | Nous jouissons tous de l'« égalité des droits politiques ». Que signifie cela ? | ||
Simplement ceci, que l'État ne tolère nulle acception de personne, que je ne suis à ses | Simplement ceci, que l'État ne tolère nulle acception de personne, que je ne suis à ses | ||
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Peu lui importe que je sois gentilhomme et fils de noble, peu lui importe que je sois | Peu lui importe que je sois gentilhomme et fils de noble, peu lui importe que je sois | ||
l'héritier d'un homme en place dont la charge (comme au Moyen Âge les comtés, etc., | l'héritier d'un homme en place dont la charge (comme au Moyen Âge les comtés, etc., | ||
et, plus | et, plus tard, sous la royauté absolue, certaines fonctions sociales) me revient à titre | ||
tard, sous la royauté absolue, certaines fonctions sociales) me revient à titre | |||
héréditaire. Aujourd'hui, l'État a une multitude de droits à conférer, tels, par exemple, | héréditaire. Aujourd'hui, l'État a une multitude de droits à conférer, tels, par exemple, | ||
le droit de commander un bataillon, une compagnie, le droit d'enseigner dans une | le droit de commander un bataillon, une compagnie, le droit d'enseigner dans une | ||
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les confréries (corps) : corporations, noblesse, clergé, bourgeoisie, villes, communes, | les confréries (corps) : corporations, noblesse, clergé, bourgeoisie, villes, communes, | ||
etc. Partout, l'individu devait avant tout se considérer comme membre de la petite | etc. Partout, l'individu devait avant tout se considérer comme membre de la petite | ||
société à laquelle il appartenait, et se plier sans réserve à son esprit, l'esprit du corps | société à laquelle il appartenait, et se plier sans réserve à son esprit, l'esprit du corps <ref> En français dans le texte. (Note du Traducteur.)</ref>, comme devant une autorité sans limites. Ainsi le noble devait regarder sa famille, l'honneur de sa | ||
une autorité sans limites. Ainsi le noble devait regarder sa famille, l'honneur de sa | |||
race comme plus que lui-même. Ce n'est que par l'intermédiaire de sa corporation, de | race comme plus que lui-même. Ce n'est que par l'intermédiaire de sa corporation, de | ||
son « état », que l'individu se rattachait à la corporation supérieure, à l'État, comme | son « état », que l'individu se rattachait à la corporation supérieure, à l'État, comme | ||
dans le catholicisme l'individu ne communique avec Dieu que par l'organe du prêtre. | dans le catholicisme l'individu ne communique avec Dieu que par l'organe du prêtre. | ||
C'est à cet état de choses que le tiers état mit fin, lorsqu'il prit sur lui de nier son | C'est à cet état de choses que le tiers état mit fin, lorsqu'il prit sur lui de nier son | ||
existence en tant qu'état séparé ; il résolut de ne plus être un état auprès d'autres états, | existence en tant qu'état séparé ; il résolut de ne plus être un état auprès d'autres états, | ||
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individus, qu'un seul et unique maître, l'État, décernant à tous ceux qui le servaient le | individus, qu'un seul et unique maître, l'État, décernant à tous ceux qui le servaient le | ||
même titre de « citoyens ». | même titre de « citoyens ». | ||
La Bourgeoisie est la noblesse du mérite : « Au mérite sa couronne » est sa | La Bourgeoisie est la noblesse du mérite : « Au mérite sa couronne » est sa | ||
devise. | devise. | ||
Elle lutta contre la noblesse « pourrie », car pour elle, laborieuse, ennoblie par le | Elle lutta contre la noblesse « pourrie », car pour elle, laborieuse, ennoblie par le | ||
labeur et le mérite, ce n'est pas « l'homme bien né » qui est libre, ni d'ailleurs moi qui | labeur et le mérite, ce n'est pas « l'homme bien né » qui est libre, ni d'ailleurs moi qui | ||
suis libre ; est libre « celui qui le mérite », le serviteur intègre (de son Roi, de l'État, | suis libre ; est libre « celui qui le mérite », le serviteur intègre (de son Roi, de l'État, | ||
ou du Peuple | ou du Peuple | ||
dans nos États constitutionnels). C'est par les services rendus que l'on acquiert la | dans nos États constitutionnels). C'est par les services rendus que l'on acquiert la | ||
liberté, autrement dit le mérite — et ses profits, fût-ce d'ailleurs en servant Mammon. | liberté, autrement dit le mérite — et ses profits, fût-ce d'ailleurs en servant Mammon. | ||
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chasse aux emplois, qu'on cherche à faire fortune dans le commerce, et qu'on s'efforce | chasse aux emplois, qu'on cherche à faire fortune dans le commerce, et qu'on s'efforce | ||
de se rendre de n'importe quelle façon utile à soi et aux autres. | de se rendre de n'importe quelle façon utile à soi et aux autres. | ||
Si c'est le mérite de l'homme qui fait sa liberté (et que manque-t-il à la liberté que | Si c'est le mérite de l'homme qui fait sa liberté (et que manque-t-il à la liberté que | ||
réclame le coeur du bon bourgeois ou du fonctionnaire fidèle ?), servir, c'est être libre. | réclame le coeur du bon bourgeois ou du fonctionnaire fidèle ?), servir, c'est être libre. | ||
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» que les loyaux serviteurs, et, avant tous, ceux qui, serviteurs de l'État, | » que les loyaux serviteurs, et, avant tous, ceux qui, serviteurs de l'État, | ||
s'appellent bons citoyens et bons bourgeois. | s'appellent bons citoyens et bons bourgeois. | ||
Sois ce que tu pourras, un Crésus ou un gueux — l'État bourgeois te laisse le | Sois ce que tu pourras, un Crésus ou un gueux — l'État bourgeois te laisse le | ||
choix —, mais aie de « bonnes opinions »! Ceci, l'État l'exige de toi, et il regarde | choix —, mais aie de « bonnes opinions »! Ceci, l'État l'exige de toi, et il regarde | ||
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Dans ce but, il te protégera contre les « suggestions mauvaises »; il tiendra en bride | Dans ce but, il te protégera contre les « suggestions mauvaises »; il tiendra en bride | ||
les « mal pensants », il étouffera leurs discours subversifs | les « mal pensants », il étouffera leurs discours subversifs | ||
sous les sanctions de la censure et des lois sur la presse ou derrière les murs d'un | sous les sanctions de la censure et des lois sur la presse ou derrière les murs d'un | ||
cachot ; d'autre part, il choisira comme censeurs des gens « d'opinions sûres », et il te | cachot ; d'autre part, il choisira comme censeurs des gens « d'opinions sûres », et il te | ||
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intentionnés ». Lorsqu'il t'aura rendu sourd aux mauvaises suggestions, il te rouvrira | intentionnés ». Lorsqu'il t'aura rendu sourd aux mauvaises suggestions, il te rouvrira | ||
les oreilles toutes grandes aux bonnes. | les oreilles toutes grandes aux bonnes. | ||
Avec l'ère de la bourgeoisie s'ouvre celle du Libéralisme. On veut instaurer partout | Avec l'ère de la bourgeoisie s'ouvre celle du Libéralisme. On veut instaurer partout | ||
le « raisonnable », l’ « opportun ». La définition suivante du Libéralisme, d'ailleurs | le « raisonnable », l’ « opportun ». La définition suivante du Libéralisme, d'ailleurs | ||
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développement et la réalisation du moi : leur tutelle vaut celle des maîtres les plus | développement et la réalisation du moi : leur tutelle vaut celle des maîtres les plus | ||
absolus. | absolus. | ||
« Liberté politique ! » Que faut-il entendre par là ? Serait-ce l'indépendance de | « Liberté politique ! » Que faut-il entendre par là ? Serait-ce l'indépendance de | ||
l'individu vis-à-vis de l'État et de ses lois ? Nullement ; c'est au contraire l'assujettissement | l'individu vis-à-vis de l'État et de ses lois ? Nullement ; c'est au contraire l'assujettissement | ||
de l'individu à l'État et aux lois de l'État. __ Pourquoi donc « liberté »? Parce que | de l'individu à l'État et aux lois de l'État. __ Pourquoi donc « liberté »? Parce que | ||
nul intermédiaire ne s'interpose plus entre moi et l'État, mais que je suis directement | nul intermédiaire ne s'interpose plus entre moi et l'État, mais que je suis directement | ||
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qualité de « chef d'État ». La liberté politique, maxime fondamentale du Libéralisme, | qualité de « chef d'État ». La liberté politique, maxime fondamentale du Libéralisme, | ||
n'est qu'une seconde phase du — Protestantisme, et la « liberté religieuse » lui fait | n'est qu'une seconde phase du — Protestantisme, et la « liberté religieuse » lui fait | ||
exactement pendant. En effet | exactement pendant. En effet <ref>Louis BLANC dit, en parlant de la Restauration (Histoire de dix ans, I, p. 138) : « Le | ||
protestantisme devint le fond des idées et des moeurs. </ref>», qu'implique cette dernière ? Affranchissement de | |||
toute religion ? Évidemment non, mais uniquement affranchissement de toute | toute religion ? Évidemment non, mais uniquement affranchissement de toute | ||
personne interposée entre le ciel et vous. Suppression de l'intermédiaire du prêtre, | personne interposée entre le ciel et vous. Suppression de l'intermédiaire du prêtre, | ||
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irréligion elle signifie intimité de la foi, commerce immédiat et coeur à coeur avec | irréligion elle signifie intimité de la foi, commerce immédiat et coeur à coeur avec | ||
Dieu. | Dieu. | ||
Pour l’ « affranchi religieux », la Religion est une affaire de coeur, c'est son, | Pour l’ « affranchi religieux », la Religion est une affaire de coeur, c'est son, | ||
affaire, et il s'y consacre avec une « sainte ferveur ». Il en est de même de l' « affranchi | affaire, et il s'y consacre avec une « sainte ferveur ». Il en est de même de l' « affranchi | ||
politique » : il prend l'État à coeur, l'État est son affaire de coeur, la première de | politique » : il prend l'État à coeur, l'État est son affaire de coeur, la première de | ||
toutes ses affaires, celle qui entre toutes lui est propre. | toutes ses affaires, celle qui entre toutes lui est propre. | ||
Liberté politique et liberté religieuse sous-entendent l'une que l'État, la [mot en | Liberté politique et liberté religieuse sous-entendent l'une que l'État, la [mot en | ||
grec dans le texte] est libre, et l'autre que la Religion est libre, de même que liberté de | grec dans le texte] est libre, et l'autre que la Religion est libre, de même que liberté de | ||
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vis-à-vis de l'État, de la Religion ou de la conscience serait un contresens | vis-à-vis de l'État, de la Religion ou de la conscience serait un contresens | ||
absolu. Il ne s'agit point ici de ma liberté, mais de la liberté d'une | absolu. Il ne s'agit point ici de ma liberté, mais de la liberté d'une | ||
force qui me gouverne et m'opprime ; ce sont mes tyrans État, Religion ou | force qui me gouverne et m'opprime ; ce sont mes tyrans État, Religion ou | ||
conscience qui sont libres, et leur liberté fait mon esclavage. Il va de soi qu'ils mettent | conscience qui sont libres, et leur liberté fait mon esclavage. Il va de soi qu'ils mettent | ||
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le but de l'État, le meurtre comme moyen devient légitime et porte le nom sacré | le but de l'État, le meurtre comme moyen devient légitime et porte le nom sacré | ||
d'« exécution », etc. La sainteté de l'État déteint sur tout ce qui lui est utile. | d'« exécution », etc. La sainteté de l'État déteint sur tout ce qui lui est utile. | ||
La « liberté individuelle », sur laquelle le Libéralisme issu de 89 veille avec un | La « liberté individuelle », sur laquelle le Libéralisme issu de 89 veille avec un | ||
soin jaloux, n'implique nullement la parfaite et totale autonomie de l'individu (autonomie | soin jaloux, n'implique nullement la parfaite et totale autonomie de l'individu (autonomie | ||
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purement spirituelle, attendu que le Chrétien n'est le sujet que de l'Esprit (« Dieu est | purement spirituelle, attendu que le Chrétien n'est le sujet que de l'Esprit (« Dieu est | ||
Esprit »). Cette pure puissance spirituelle, c'est le prince constitutionnel qui seul la | Esprit »). Cette pure puissance spirituelle, c'est le prince constitutionnel qui seul la | ||
représente ; la perte de toute signification personnelle l'a si bien spiritualisé qu'on | représente ; la perte de toute signification personnelle l'a si bien spiritualisé qu'on | ||
peut avec raison ne plus voir en lui qu'un « esprit », l'ombre fantomatique et | peut avec raison ne plus voir en lui qu'un « esprit », l'ombre fantomatique et | ||
Ligne 308 : | Ligne 308 : | ||
y voyons-nous régner la liberté individuelle, l'indépendance vis-à-vis de tout | y voyons-nous régner la liberté individuelle, l'indépendance vis-à-vis de tout | ||
commandement émanant d'un individu et vis-à-vis de quiconque pourrait donner un | commandement émanant d'un individu et vis-à-vis de quiconque pourrait donner un | ||
ordre en disant « tel est notre plaisir | ordre en disant « tel est notre plaisir <ref>En français dans le texte. (Note du Traducteur.) </ref>». La monarchie constitutionnelle est la | ||
réalisation parfaite de la vie sociale chrétienne, d'une vie spiritualisée. | réalisation parfaite de la vie sociale chrétienne, d'une vie spiritualisée. | ||
La bourgeoisie est par toute sa conduite foncièrement libérale. Tout empiétement | La bourgeoisie est par toute sa conduite foncièrement libérale. Tout empiétement | ||
sur le domaine d'autrui lui est odieux. Dès que le bourgeois soupçonne qu'il dépend | sur le domaine d'autrui lui est odieux. Dès que le bourgeois soupçonne qu'il dépend | ||
du caprice, du bon plaisir, de la volonté de quelqu'un que n'autorise pas une « puissance | du caprice, du bon plaisir, de la volonté de quelqu'un que n'autorise pas une « puissance | ||
supérieure », il brandit son libéralisme et crie à l' « arbitraire ». Aussi défend-il | supérieure », il brandit son libéralisme et crie à l' « arbitraire ». Aussi défend-il | ||
énergiquement sa liberté contre ce qu'on appelle décret ou ordonnance | énergiquement sa liberté contre ce qu'on appelle décret ou ordonnance <ref>Ibid.</ref>: « Je n'ai | ||
d'ordres à recevoir de personne ! » Une ordonnance implique que mon devoir peut | d'ordres à recevoir de personne ! » Une ordonnance implique que mon devoir peut | ||
m'être tracé par la volonté d'un autre homme, et nous savons que la loi s'oppose à | m'être tracé par la volonté d'un autre homme, et nous savons que la loi s'oppose à | ||
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disposer de ce qui est mien, et tracer à son gré la limite entre ce qui m'est permis et ce | disposer de ce qui est mien, et tracer à son gré la limite entre ce qui m'est permis et ce | ||
qui m'est défendu. | qui m'est défendu. | ||
La liberté de la presse est une des conquêtes du Libéralisme ; mais s'il combat la | La liberté de la presse est une des conquêtes du Libéralisme ; mais s'il combat la | ||
censure comme un instrument au service du bon plaisir gouvernemental, il n'éprouve | censure comme un instrument au service du bon plaisir gouvernemental, il n'éprouve | ||
cependant aucun scrupule à exercer à son tour la tyrannie à l'aide de « lois sur la | cependant aucun scrupule à exercer à son tour la tyrannie à l'aide de « lois sur la | ||
presse »; d'où | presse »; d'où | ||
il appert que si les Libéraux tiennent à la liberté de la presse, c'est pour eux : leurs | il appert que si les Libéraux tiennent à la liberté de la presse, c'est pour eux : leurs | ||
écrits, ne sortant pas de la légalité, ne risquent pas de tomber sous le coup de la loi. | écrits, ne sortant pas de la légalité, ne risquent pas de tomber sous le coup de la loi. | ||
Ce qui est libéral, c'est-à-dire légal, peut seul être imprimé ; pour le reste, gare aux | Ce qui est libéral, c'est-à-dire légal, peut seul être imprimé ; pour le reste, gare aux | ||
« délits de presse »! | « délits de presse »! | ||
Eh ! oui, la liberté de la presse est assurée, la liberté personnelle est garantie, cela | Eh ! oui, la liberté de la presse est assurée, la liberté personnelle est garantie, cela | ||
saute aux yeux, mais ce qu'on ne voit pas, c'est que la conséquence de toutes ces | saute aux yeux, mais ce qu'on ne voit pas, c'est que la conséquence de toutes ces | ||
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! « Nous n'avons plus d'ordres à recevoir de personne ! » — et nous n’en | ! « Nous n'avons plus d'ordres à recevoir de personne ! » — et nous n’en | ||
sommes que plus étroitement asservis à la Loi. Nous sommes les forçats du Droit. | sommes que plus étroitement asservis à la Loi. Nous sommes les forçats du Droit. | ||
Il n'y a plus dans l'État que des « gens libres », qu'oppriment mille contraintes | Il n'y a plus dans l'État que des « gens libres », qu'oppriment mille contraintes | ||
(respects, convictions, etc.). Mais qu'importe ? Celui qui les écrase s'appelle l'État, la | (respects, convictions, etc.). Mais qu'importe ? Celui qui les écrase s'appelle l'État, la | ||
Loi, et jamais un « tel » ou « un tel ». | Loi, et jamais un « tel » ou « un tel ». | ||
D'où vient l'hostilité acharnée de la bourgeoisie contre tout commandement personnel, | D'où vient l'hostilité acharnée de la bourgeoisie contre tout commandement personnel, | ||
c'est-à-dire n'émanant point des « faits », de la « raison », etc.? C'est qu'elle ne | c'est-à-dire n'émanant point des « faits », de la « raison », etc.? C'est qu'elle ne | ||
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l'intérêt de l'Esprit, c'est le raisonnable, le vertueux, le légal, etc. : c'est là « la bonne | l'intérêt de l'Esprit, c'est le raisonnable, le vertueux, le légal, etc. : c'est là « la bonne | ||
cause ». La bourgeoisie veut un maître impersonnel. | cause ». La bourgeoisie veut un maître impersonnel. | ||
Voici d'ailleurs le principe : l'intérêt des faits doit seul gouverner l'homme, notamment | Voici d'ailleurs le principe : l'intérêt des faits doit seul gouverner l'homme, notamment | ||
l'intérêt de la moralité, de la légalité, etc. Aussi nul ne peut-il être lésé dans ses | l'intérêt de la moralité, de la légalité, etc. Aussi nul ne peut-il être lésé dans ses | ||
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non par une personne (le riche, par exemple, opprime le pauvre par l'argent, qui est un | non par une personne (le riche, par exemple, opprime le pauvre par l'argent, qui est un | ||
« fait »). | « fait »). | ||
Il n'y a donc plus qu'un seul maître, l'autorité de l'État ; nul n'est personnellement | Il n'y a donc plus qu'un seul maître, l'autorité de l'État ; nul n'est personnellement | ||
le maître d'autrui, Dès sa naissance, l'enfant appartient à l'État ; ses parents | le maître d'autrui, Dès sa naissance, l'enfant appartient à l'État ; ses parents | ||
ne sont que les représentants de ce dernier, et c'est lui, par exemple, qui ne tolère | ne sont que les représentants de ce dernier, et c'est lui, par exemple, qui ne tolère | ||
pas l'infanticide, qui vaque aux soins du baptême, etc. | pas l'infanticide, qui vaque aux soins du baptême, etc. | ||
Aux yeux paternels de l'État, tous ses enfants sont égaux (égalité civique ou politique) | Aux yeux paternels de l'État, tous ses enfants sont égaux (égalité civique ou politique) | ||
et libres d'aviser aux moyens de remporter sur les autres : ils n'ont qu'à | et libres d'aviser aux moyens de remporter sur les autres : ils n'ont qu'à | ||
concourir. | concourir. | ||
La libre concurrence n'est rien d'autre que le droit que possède chacun de prendre | La libre concurrence n'est rien d'autre que le droit que possède chacun de prendre | ||
position contre les autres, de se faire valoir, de lutter. Le parti de la féodalité s'est | position contre les autres, de se faire valoir, de lutter. Le parti de la féodalité s'est | ||
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bourgeoisie voulait la concurrence libre, l'aristocratie cherchait à restaurer le système | bourgeoisie voulait la concurrence libre, l'aristocratie cherchait à restaurer le système | ||
corporatif et le monopole. | corporatif et le monopole. | ||
Aujourd'hui, la concurrence est victorieuse, comme elle devait l'être, dans sa lutte | Aujourd'hui, la concurrence est victorieuse, comme elle devait l'être, dans sa lutte | ||
contre le système corporatif (voir la suite plus loin). | contre le système corporatif (voir la suite plus loin). | ||
La Révolution a abouti à une Réaction, et cela montre es qu'était en réalité la | La Révolution a abouti à une Réaction, et cela montre es qu'était en réalité la | ||
Révolution. Toute aspiration aboutit en effet à une réaction lorsqu'elle fait un retour | Révolution. Toute aspiration aboutit en effet à une réaction lorsqu'elle fait un retour | ||
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toute réaction, parce que la réflexion pose des bornes, et dégage du « déchaînement » | toute réaction, parce que la réflexion pose des bornes, et dégage du « déchaînement » | ||
et du « dérèglement » primitifs le but précis qu'on a poursuivi, c'est-à-dire le principe. | et du « dérèglement » primitifs le but précis qu'on a poursuivi, c'est-à-dire le principe. | ||
Les mauvais sujets, les étudiants tapageurs et mécréants qui bravent toutes les | Les mauvais sujets, les étudiants tapageurs et mécréants qui bravent toutes les | ||
convenances ne sont à proprement parler que des « philistins » : comme ces derniers, | convenances ne sont à proprement parler que des « philistins » : comme ces derniers, | ||
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devenus « philistins », ils s'y soumettront un jour et s'y conformeront positivement. | devenus « philistins », ils s'y soumettront un jour et s'y conformeront positivement. | ||
Tous leurs actes, toutes leurs pensées, aux uns comme aux autres, visent | Tous leurs actes, toutes leurs pensées, aux uns comme aux autres, visent | ||
à la « considération », mais le philistin est réactionnaire comparé au garnement. | à la « considération », mais le philistin est réactionnaire comparé au garnement. | ||
L'un est un mauvais sujet rassis, venu à résipiscence, l'autre est un philistin en herbe. | L'un est un mauvais sujet rassis, venu à résipiscence, l'autre est un philistin en herbe. | ||
L'expérience journalière démontre la vérité de cette remarque : les cheveux des pires | L'expérience journalière démontre la vérité de cette remarque : les cheveux des pires | ||
mauvais sujets grisonnent sur des crânes de philistins. | mauvais sujets grisonnent sur des crânes de philistins. | ||
Ce qu'on appelle en Allemagne la Réaction apparaît également comme le prolongement | Ce qu'on appelle en Allemagne la Réaction apparaît également comme le prolongement | ||
réfléchi de l'accès d'enthousiasme provoqué par la guerre pour la liberté. | réfléchi de l'accès d'enthousiasme provoqué par la guerre pour la liberté. | ||
La Révolution n'était pas dirigée contre l'ordre en général, mais contre l'ordre | La Révolution n'était pas dirigée contre l'ordre en général, mais contre l'ordre | ||
établi, contre un état de choses déterminé. Elle renversa un certain gouvernement et | établi, contre un état de choses déterminé. Elle renversa un certain gouvernement et | ||
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est mis à la place de l'ancien, on ne démolit que pour reconstruire, et toute révolution | est mis à la place de l'ancien, on ne démolit que pour reconstruire, et toute révolution | ||
est une — restauration. C'est toujours la différence entre le jeune et le vieux philistin. | est une — restauration. C'est toujours la différence entre le jeune et le vieux philistin. | ||
La Révolution a commencé en petite-bourgeoise par l'élévation du tiers état, de la | La Révolution a commencé en petite-bourgeoise par l'élévation du tiers état, de la | ||
classe moyenne, et elle monte en graine sans être sortie de son arrière-boutique. | classe moyenne, et elle monte en graine sans être sortie de son arrière-boutique. | ||
Celui qui est libre, ce n'est pas l'homme en tant qu'individu, — et lui seul l'homme | Celui qui est libre, ce n'est pas l'homme en tant qu'individu, — et lui seul l'homme | ||
— mais c'est le bourgeois, le « citoyen » | — mais c'est le bourgeois, le « citoyen » <ref>En français dans le texte. (Note du Traducteur.)</ref>, l'homme politique, lequel n'est pas un | ||
homme, mais un exemplaire de l'espèce bourgeoise, un citoyen libre. | homme, mais un exemplaire de l'espèce bourgeoise, un citoyen libre. | ||
Dans la Révolution, ce ne fut pas l'individu qui agit | Dans la Révolution, ce ne fut pas l'individu qui agit | ||
et dont l'action eut une valeur historique, mais un Peuple : la Nation souveraine | et dont l'action eut une valeur historique, mais un Peuple : la Nation souveraine | ||
voulut tout faire. C'est une entité artificielle, imaginaire, une Idée (la Nation n'est rien | voulut tout faire. C'est une entité artificielle, imaginaire, une Idée (la Nation n'est rien | ||
de plus) qui s'y révèle agissante ; les individus n'y sont que les instruments au service | de plus) qui s'y révèle agissante ; les individus n'y sont que les instruments au service | ||
de cette idée et ne sortent pas du rôle de « citoyens ». | de cette idée et ne sortent pas du rôle de « citoyens ». | ||
La Bourgeoisie tient sa puissance, et en même temps ses limites, de la « constitution | La Bourgeoisie tient sa puissance, et en même temps ses limites, de la « constitution | ||
de l'État », d'une charte, d'un prince « légitime » ou « légitimé » qui se dirige et | de l'État », d'une charte, d'un prince « légitime » ou « légitimé » qui se dirige et | ||
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bien bêtes de ne pas faire valoir leurs droits à l'existence, et de se croire à la merci de | bien bêtes de ne pas faire valoir leurs droits à l'existence, et de se croire à la merci de | ||
leur père. | leur père. | ||
Celui qui est convoqué n'a plus à se demander : « Que voulait-on de moi, en m'appelant | Celui qui est convoqué n'a plus à se demander : « Que voulait-on de moi, en m'appelant | ||
?» — mais bien : « Que veux-je, maintenant que je suis présent à l'appel ? » Ni | ?» — mais bien : « Que veux-je, maintenant que je suis présent à l'appel ? » Ni | ||
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légalité). La conséquence de ceci serait — si toutefois on pouvait attendre d'un | légalité). La conséquence de ceci serait — si toutefois on pouvait attendre d'un | ||
Parlement rien | Parlement rien | ||
de pareil — de nous donner des Chambres parfaitement égoïstes, dont le cordon | de pareil — de nous donner des Chambres parfaitement égoïstes, dont le cordon | ||
ombilical moral serait coupé, et qui ne garderaient plus aucun ménagement. Mais les | ombilical moral serait coupé, et qui ne garderaient plus aucun ménagement. Mais les | ||
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comment s'étonner d'y voir toujours étaler tant de demi-égoïsme, d'égoïsme inavoué | comment s'étonner d'y voir toujours étaler tant de demi-égoïsme, d'égoïsme inavoué | ||
et hypocrite ? | et hypocrite ? | ||
Les membres des Parlements ne peuvent franchir les limites que leur tracent la | Les membres des Parlements ne peuvent franchir les limites que leur tracent la | ||
charte, la volonté royale, etc. ; dépasser ces limites, ou tenter de les dépasser, serait | charte, la volonté royale, etc. ; dépasser ces limites, ou tenter de les dépasser, serait | ||
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qui m'entravent ? Qui pourrait souscrire à une doctrine d'un aussi audacieux nihilisme | qui m'entravent ? Qui pourrait souscrire à une doctrine d'un aussi audacieux nihilisme | ||
? Pas moi, en tout cas : je suis un citoyen légal ! | ? Pas moi, en tout cas : je suis un citoyen légal ! | ||
La Bourgeoisie se reconnaît à ce qu'elle pratique une morale étroitement liée à son | La Bourgeoisie se reconnaît à ce qu'elle pratique une morale étroitement liée à son | ||
essence. Ce qu'elle exige avant tout, c'est qu'on ait une occupation sérieuse, une | essence. Ce qu'elle exige avant tout, c'est qu'on ait une occupation sérieuse, une | ||
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clan des « individus » dangereux, au dangereux prolétariat : ce sont des « particuliers | clan des « individus » dangereux, au dangereux prolétariat : ce sont des « particuliers | ||
» qui n'offrent aucune « garantie ». et n'ont »rien à perdre » et rien à risquer. | » qui n'offrent aucune « garantie ». et n'ont »rien à perdre » et rien à risquer. | ||
La famille ou le mariage, par exemple, lient l'homme, et ce lien le case dans la société | La famille ou le mariage, par exemple, lient l'homme, et ce lien le case dans la société | ||
et lui sert de garant ; — mais qui répond de la courtisane ? Le joueur risque tout | et lui sert de garant ; — mais qui répond de la courtisane ? Le joueur risque tout | ||
son avoir sur une carte, il ruine lui et les autres : — pas de garantie ! | son avoir sur une carte, il ruine lui et les autres : — pas de garantie ! | ||
On pourrait réunir sous le nom de « Vagabonds » tous ceux que le bourgeois tient | On pourrait réunir sous le nom de « Vagabonds » tous ceux que le bourgeois tient | ||
pour suspects, hostiles et dangereux. | pour suspects, hostiles et dangereux. | ||
Tout vagabondage déplaît d'ailleurs au bourgeois, et il existe aussi des vagabonds | Tout vagabondage déplaît d'ailleurs au bourgeois, et il existe aussi des vagabonds | ||
de l'esprit, qui, étouffant sous le toit qui abritait leurs pères, s'en vont chercher au loin | de l'esprit, qui, étouffant sous le toit qui abritait leurs pères, s'en vont chercher au loin | ||
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laissent soupçonner leur manque de domicile moral, on les appelle des « brouillons », | laissent soupçonner leur manque de domicile moral, on les appelle des « brouillons », | ||
des « têtes chaudes » et des « exaltés ». | des « têtes chaudes » et des « exaltés ». | ||
Tel est le sens étendu qu'il faut attacher à ces mots de Prolétariat et de Paupérisme, | Tel est le sens étendu qu'il faut attacher à ces mots de Prolétariat et de Paupérisme, | ||
Combien on se tromperait, si l'on croyait la Bourgeoisie capable de désirer | Combien on se tromperait, si l'on croyait la Bourgeoisie capable de désirer | ||
l'extinction de la misère (du paupérisme) et de consacrer à ce but tous ses efforts ! | l'extinction de la misère (du paupérisme) et de consacrer à ce but tous ses efforts ! | ||
Rien au contraire ne réconforte le bon bourgeois comme cette conviction incomparablement | Rien au contraire ne réconforte le bon bourgeois comme cette conviction incomparablement | ||
consolante qu' « un sage décret de la Providence a réparti une bonne fois et | consolante qu' « un sage décret de la Providence a réparti une bonne fois et | ||
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dans les plus sombres oubliettes ! « Il veut attiser les mécontentements et renverser | dans les plus sombres oubliettes ! « Il veut attiser les mécontentements et renverser | ||
l'ordre établi ! » Tuez ! Tuez ! | l'ordre établi ! » Tuez ! Tuez ! | ||
Mais justement ces trouble-fête font à peu près le raisonnement suivant : « Les | Mais justement ces trouble-fête font à peu près le raisonnement suivant : « Les | ||
bons bourgeois » s'inquiètent peu de qui les protège eux et leurs principes ; roi absolu, | bons bourgeois » s'inquiètent peu de qui les protège eux et leurs principes ; roi absolu, | ||
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un peu de travail et un peu de naissance, en deux mots, un capital qui produit des | un peu de travail et un peu de naissance, en deux mots, un capital qui produit des | ||
intérêts. | intérêts. | ||
Le capital est ici le fonds, la mise, l'héritage (naissance) ; l'intérêt est la peine | Le capital est ici le fonds, la mise, l'héritage (naissance) ; l'intérêt est la peine | ||
prise pour faire valoir (travail) : le capital travaille. Mais pas d'excès, pas d'ultra, pas | prise pour faire valoir (travail) : le capital travaille. Mais pas d'excès, pas d'ultra, pas | ||
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il faut du travail, mais que ce travail soit peu ou point personnel, que ce soit le travail | il faut du travail, mais que ce travail soit peu ou point personnel, que ce soit le travail | ||
du capital — et des travailleurs asservis. | du capital — et des travailleurs asservis. | ||
Lorsqu'une époque est plongée dans une erreur, toujours les uns bénéficient de | Lorsqu'une époque est plongée dans une erreur, toujours les uns bénéficient de | ||
cette erreur, tandis que les autres en pâtissent. Au Moyen Âge, l'erreur universellement | cette erreur, tandis que les autres en pâtissent. Au Moyen Âge, l'erreur universellement | ||
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pour les laïques. « Le malheur, dit-on, rend sage »; aussi les laïques assagis | pour les laïques. « Le malheur, dit-on, rend sage »; aussi les laïques assagis | ||
finirent-ils par ne plus admettre cette « vérité » du Moyen Âge. | finirent-ils par ne plus admettre cette « vérité » du Moyen Âge. | ||
Il en est exactement de même pour la Bourgeoisie et le Prolétariat. Bourgeois et | Il en est exactement de même pour la Bourgeoisie et le Prolétariat. Bourgeois et | ||
ouvriers croient à la « réalité » de l'argent ; ceux qui n'en ont pas sont aussi pénétrés | ouvriers croient à la « réalité » de l'argent ; ceux qui n'en ont pas sont aussi pénétrés | ||
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ses « serviteurs » et leur distribue avec une sage économie quelques sommes (traitements, | ses « serviteurs » et leur distribue avec une sage économie quelques sommes (traitements, | ||
appointements) pour gouverner en son nom ; il en fait ses régisseurs. | appointements) pour gouverner en son nom ; il en fait ses régisseurs. | ||
Je reçois tout de l'État. Puis-je avoir quelque chose sans la permission de l'État ? | Je reçois tout de l'État. Puis-je avoir quelque chose sans la permission de l'État ? | ||
Non, tout ce que je pourrais avoir ainsi, il me l'enlève dès qu'il s'aperçoit que les | Non, tout ce que je pourrais avoir ainsi, il me l'enlève dès qu'il s'aperçoit que les | ||
« titres de propriété » me font défaut. Tout ce que je possède, je le dois à sa clémence. | « titres de propriété » me font défaut. Tout ce que je possède, je le dois à sa clémence. | ||
C'est uniquement là-dessus, sur les titres, que repose la bourgeoisie ; le Bourgeois | C'est uniquement là-dessus, sur les titres, que repose la bourgeoisie ; le Bourgeois | ||
n'est ce qu'il est que grâce à la bienveillante protection de l'État. Il aurait tout à perdre | n'est ce qu'il est que grâce à la bienveillante protection de l'État. Il aurait tout à perdre | ||
si la puissance de l'État venait à s'effondrer. | si la puissance de l'État venait à s'effondrer. | ||
Mais quelle est la situation de celui qui n'a rien à perdre dans cette banqueroute | Mais quelle est la situation de celui qui n'a rien à perdre dans cette banqueroute | ||
sociale, du Prolétaire ? Comme tout ce qu'il a et ce qu'il pourrait perdre se chiffre par | sociale, du Prolétaire ? Comme tout ce qu'il a et ce qu'il pourrait perdre se chiffre par | ||
zéro, il n'a pour ce zéro nul besoin de la protection de l'État. Il ne pourrait au contraire | zéro, il n'a pour ce zéro nul besoin de la protection de l'État. Il ne pourrait au contraire | ||
qu'y gagner si cette protection venait à manquer aux protégés. | qu'y gagner si cette protection venait à manquer aux protégés. | ||
Aussi celui qui ne possède pas considère-t-il l'État comme une puissance tutélaire | Aussi celui qui ne possède pas considère-t-il l'État comme une puissance tutélaire | ||
de ceux qui possèdent ; cet ange gardien des capitalistes est — un vampire qui lui | de ceux qui possèdent ; cet ange gardien des capitalistes est — un vampire qui lui | ||
suce le sang. | suce le sang. | ||
L'État est un État bourgeois, c'est le status de la Bourgeoisie. Il accorde sa protection | L'État est un État bourgeois, c'est le status de la Bourgeoisie. Il accorde sa protection | ||
à l'homme non en raison de son travail, mais en raison de sa docilité (loyalisme), | à l'homme non en raison de son travail, mais en raison de sa docilité (loyalisme), | ||
suivant qu'il use des droits que l'État lui accorde en se conformant à la volonté, | suivant qu'il use des droits que l'État lui accorde en se conformant à la volonté, | ||
autrement dit aux lois de l'État. | autrement dit aux lois de l'État. | ||
Le régime bourgeois livre les travailleurs aux possesseurs, c'est-à-dire à ceux qui | Le régime bourgeois livre les travailleurs aux possesseurs, c'est-à-dire à ceux qui | ||
détiennent quelque bien de l'État (et toute fortune est un bien de l'État, appartient à | détiennent quelque bien de l'État (et toute fortune est un bien de l'État, appartient à | ||
l'État et n'est donnée qu'en fief à l'individu), et particulièrement à ceux entre les mains | l'État et n'est donnée qu'en fief à l'individu), et particulièrement à ceux entre les mains | ||
desquels est l'argent, aux capitalistes. | desquels est l'argent, aux capitalistes. | ||
L'ouvrier ne peut tirer de son travail un prix en rapport avec la valeur qu'a le | L'ouvrier ne peut tirer de son travail un prix en rapport avec la valeur qu'a le | ||
produit de ce travail pour celui qui le consomme. « Le travail est mal payé ! » Le plus | produit de ce travail pour celui qui le consomme. « Le travail est mal payé ! » Le plus | ||
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paient sans faire la grimace de gros impôts, afin de pouvoir payer d'autant plus misérablement | paient sans faire la grimace de gros impôts, afin de pouvoir payer d'autant plus misérablement | ||
les ouvriers à leur service. | les ouvriers à leur service. | ||
Mais les ouvriers ne sont, en tant qu'ouvriers, pas protégés par l'État ; en tant que | Mais les ouvriers ne sont, en tant qu'ouvriers, pas protégés par l'État ; en tant que | ||
sujets de l'état, ils ont simplement la cojouissance de la « police », qui leur assure ce | sujets de l'état, ils ont simplement la cojouissance de la « police », qui leur assure ce | ||
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». Leur principe, le travail, n'est pas estimé à sa valeur, mais exploité ; il est le | ». Leur principe, le travail, n'est pas estimé à sa valeur, mais exploité ; il est le | ||
butin de guerre des riches, de l'ennemi. | butin de guerre des riches, de l'ennemi. | ||
Les ouvriers disposent d'une puissance formidable ; qu'ils parviennent à s'en | Les ouvriers disposent d'une puissance formidable ; qu'ils parviennent à s'en | ||
rendre bien compte et se décident à en user, rien ne pourra leur résister : il suffirait | rendre bien compte et se décident à en user, rien ne pourra leur résister : il suffirait | ||
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qu'ils s'apercevraient être à eux comme ils viennent d'eux. Tel est d'ailleurs le sens | qu'ils s'apercevraient être à eux comme ils viennent d'eux. Tel est d'ailleurs le sens | ||
des meutes ouvrières que nous voyons éclater un peu partout. | des meutes ouvrières que nous voyons éclater un peu partout. | ||
L'État est fondé sur — l'esclavage du travail. Que le travail soit libre, et l'État | L'État est fondé sur — l'esclavage du travail. Que le travail soit libre, et l'État | ||
s'écroule. | s'écroule. | ||
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== Notes et références == | == Notes et références == |
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