Différences entre les versions de « Collectif:Aux sources du modèle libéral français - La difficile émergence d'une économie libérale »

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Enfin, le septième point que je dois rappeler, peut-être au moyen d'une citation (celle que vous nous avez lue tout à l'heure, Monsieur Meyer, concerne le rôle des fonctionnaires) de Tocqueville et elle souligne la morgue et la suffisance de ces fonctionnaires de l'Ancien Régime. Si vous voyez un parallèle avec ce qui existe aujourd'hui, ce sera sûrement une pure coïncidence. " Ce qui caractérise déjà l'administration en France, c'est la haine violente que lui inspire tous ceux, nobles ou bourgeois, qui viennent s'occuper des affaires publiques en dehors d'elle (de l'Administration) ; le moindre corps indépendant qui semble vouloir se former sans son concours lui fait peur. La plus petite association libre, quel qu'en soit l'objet l'importune. Elle ne laisse subsister que celles qu'elle a laissé se composer arbitrairement, et qu'elle préside. Les grandes compagnies industrielles elles-mêmes lui agréent peu. En un mot, elle n'entend point que les citoyens s'ingèrent d'une manière quelconque dans l'examen de leurs propres affaires et préfère la stérilité à la concurrence ".
Enfin, le septième point que je dois rappeler, peut-être au moyen d'une citation (celle que vous nous avez lue tout à l'heure, Monsieur Meyer, concerne le rôle des fonctionnaires) de Tocqueville et elle souligne la morgue et la suffisance de ces fonctionnaires de l'Ancien Régime. Si vous voyez un parallèle avec ce qui existe aujourd'hui, ce sera sûrement une pure coïncidence. " Ce qui caractérise déjà l'administration en France, c'est la haine violente que lui inspire tous ceux, nobles ou bourgeois, qui viennent s'occuper des affaires publiques en dehors d'elle (de l'Administration) ; le moindre corps indépendant qui semble vouloir se former sans son concours lui fait peur. La plus petite association libre, quel qu'en soit l'objet l'importune. Elle ne laisse subsister que celles qu'elle a laissé se composer arbitrairement, et qu'elle préside. Les grandes compagnies industrielles elles-mêmes lui agréent peu. En un mot, elle n'entend point que les citoyens s'ingèrent d'une manière quelconque dans l'examen de leurs propres affaires et préfère la stérilité à la concurrence ".


Voilà comment Tocqueville décrit les bureaux à la fin de l'Ancien Régime. Voilà les quelques parallèles rapides que j'avais l'intention d'esquisser ; il y en a d'autres bien possibles, et deux me sont venus à l'esprit pendant que je vous parlais. Laissez-moi les évoquer pour terminer.
J'ai été frappé de voir que lors de la seule grande tentative de libéralisation de l'Ancien Régime, celle de Turgot, on a accuse ce grand ministre d'être un doctrinal alors, même s'il n'a pas été un physiocrate pur jus, il a tout de même été un doctrinal aux yeux de ses concitoyens. On le lui a beaucoup reproché et à sa suite, lorsque Necker est arrivé au Pouvoir, et avec lui le pragmatisme est entré au gouvernement ; on a salué en Necker un pragmatique, un homme qui justement n'était pas doctrinal. Donc, je crois qu'il y a matière à réflexion pour décider â quel point il est préférable d'avoir des pragmatiques, ou au contraire des doctrinaux, à condition bien entendu que leur doctrine soit correcte.
Et enfin, le dernier point concerne la popularité de toutes ces mesures qui paraissent aujourd'hui absurdes et antiéconomique. Je parlais tout à l'heure de la taxation, si j'empiète un peu sur la période révolutionnaire, on pourrait parler du Maximum, de la réglementation des prix. Ces mesures, comme celles concernant le commerce des blés, étaient très très populaires. Et aujourd'hui encore je suis frappé de voir à quel point tout ce qui est contrôle, contrôle des prix, lorsque les conditions s'y prêtent, contrôles des loyers, à tous moments, sont des mesures populaires, et qu'on a beau expliquer, on a beau écrire, elles restent des mesures populaires. Je trouve que c'est assez inquiétant pour l'avancement des idées libérales.
Ces quelques parallèles ne sont que des évocations historiques, et j'espère que les problèmes actuels qui ressemblent à ceux de la fin de l'Ancien Régime seront quand même résolus différemment et surtout moins violemment.


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