Différences entre les versions de « Franz Oppenheimer:L'Etat, ses origines, son évolution et son avenir - Introduction »

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Les colonies européennes dont les lois ne permettent plus de suppléer par l'importation d'esclaves à l'absence d'une population indigène sédentaire semblent au premier abord constituer une exception à cette règle. L'une de ces colonies, les États-Unis d'Amérique, est devenue une des plus importantes formations politiques de l'histoire mondiale. La contradiction apparente est expliquée là par le fait que la masse humaine « taillable et corvéable à merci » s'importe d'elle-même, émigrant en masse hors des Etats primitifs comme hors de ces Etats, arrivés à un plus haut degré de civilisation et possédant déjà la liberté de domicile mais dans lesquels l'extorsion a atteint un point insoutenable. Nous avons ici, s'il nous est permis d'employer cette figure, une contamination à distance de la « maladie d'Etat ", une contamination causée par des foyers d'infection éloignés. Dans les colonies où l'immigration est peu importante, soit en raison du grand éloignement rendant le voyage trop coûteux, soit par suite de mesures prohibitives, les conditions sociales se rapprochent déjà de ce but final de l'évolution de l'Etat  qu'il est possible dès maintenant de reconnaitre comme inévitable, mais pour lequel il nous manque encore le terme scientifique. Une fois de plus dans la dialectique de l'évolution une transformation quantitative est devenue transformation qualitative : l'ancienne forme s'est remplie d'un nouveau contenu. Nous y avons encore un « Etat », c'est-à-dire une stricte organisation de la vie sociale collective assurée par un pouvoir coercitif mais ce n'est plus « l'Etat » au vieux sens du mot, ce n'est plus l'instrument de la domination politique, de l'exploitation économique d'un groupe social par un autre groupe, ce n'est plus l’Etat de classes mais un Etat qui semble être véritablement le résultat d'un Contrat social. Les colonies australiennes se rapprochent beaucoup de ces conditions, si nous en exceptons la province féodale de Queensland avec son exploitation de Canaques à demi esclaves, et l'idéal est presque entièrement atteint en Nouvelle-Zélande.
Les colonies européennes dont les lois ne permettent plus de suppléer par l'importation d'esclaves à l'absence d'une population indigène sédentaire semblent au premier abord constituer une exception à cette règle. L'une de ces colonies, les États-Unis d'Amérique, est devenue une des plus importantes formations politiques de l'histoire mondiale. La contradiction apparente est expliquée là par le fait que la masse humaine « taillable et corvéable à merci » s'importe d'elle-même, émigrant en masse hors des Etats primitifs comme hors de ces Etats, arrivés à un plus haut degré de civilisation et possédant déjà la liberté de domicile mais dans lesquels l'extorsion a atteint un point insoutenable. Nous avons ici, s'il nous est permis d'employer cette figure, une contamination à distance de la « maladie d'Etat ", une contamination causée par des foyers d'infection éloignés. Dans les colonies où l'immigration est peu importante, soit en raison du grand éloignement rendant le voyage trop coûteux, soit par suite de mesures prohibitives, les conditions sociales se rapprochent déjà de ce but final de l'évolution de l'Etat  qu'il est possible dès maintenant de reconnaitre comme inévitable, mais pour lequel il nous manque encore le terme scientifique. Une fois de plus dans la dialectique de l'évolution une transformation quantitative est devenue transformation qualitative : l'ancienne forme s'est remplie d'un nouveau contenu. Nous y avons encore un « Etat », c'est-à-dire une stricte organisation de la vie sociale collective assurée par un pouvoir coercitif mais ce n'est plus « l'Etat » au vieux sens du mot, ce n'est plus l'instrument de la domination politique, de l'exploitation économique d'un groupe social par un autre groupe, ce n'est plus l’Etat de classes mais un Etat qui semble être véritablement le résultat d'un Contrat social. Les colonies australiennes se rapprochent beaucoup de ces conditions, si nous en exceptons la province féodale de Queensland avec son exploitation de Canaques à demi esclaves, et l'idéal est presque entièrement atteint en Nouvelle-Zélande.


Tant que l'on n'aura pas atteint un communis consensus quant à l'origine et la nature de l’Etat historique, ou, ce qui revient au même, de l’Etat au sens sociologique, c'est en vain que l’on tentera d'imposer un nouveau terme pour désigner ces formes supérieures de l'organisation sociale. En dépit de toutes les protestations le nom d’Etat leur reste et leur restera sans doute toujours. Afin d'avoir une emprise sur la nouvelle conception nous désignerons ici cette forme par le terme « Fédération libre ».
Tant que l'on n'aura pas atteint un ''communis consensus'' quant à l'origine et la nature de l’Etat historique, ou, ce qui revient au même, de l’Etat au sens sociologique, c'est en vain que l’on tentera d'imposer un nouveau terme pour désigner ces formes supérieures de l'organisation sociale. En dépit de toutes les protestations le nom d’Etat leur reste et leur restera sans doute toujours. Afin d'avoir une emprise sur la nouvelle conception nous désignerons ici cette forme par le terme « Fédération libre ».
L'examen rapide des Etats historiques passés et présents devrait être complété ici, si la place nous le permettait, par une étude des faits que nous procure l'ethnologie sur les Etats non compris dans l'horizon de notre histoire si faussement qualifiée d'universelle. Qu'il nous suffise d'affirmer ici que nulle part notre règle ne souffre d'exception. Dans l'archipel malais comme dans le grand laboratoire sociologique africain, dans tous les pays du globe où l'évolution des races a dépassé la période de sauvagerie primitive, l'Etat est né de la subjugation d'un groupe humain par un autre groupe et sa raison d'être est, et a toujours été, l'exploitation économique des asservis.
L'examen rapide des Etats historiques passés et présents devrait être complété ici, si la place nous le permettait, par une étude des faits que nous procure l'ethnologie sur les Etats non compris dans l'horizon de notre histoire si faussement qualifiée d'universelle. Qu'il nous suffise d'affirmer ici que nulle part notre règle ne souffre d'exception. Dans l'archipel malais comme dans le grand laboratoire sociologique africain, dans tous les pays du globe où l'évolution des races a dépassé la période de sauvagerie primitive, l'Etat est né de la subjugation d'un groupe humain par un autre groupe et sa raison d'être est, et a toujours été, l'exploitation économique des asservis.


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