Différences entre les versions de « Benjamin Constant:Commentaire sur l'ouvrage de Filangieri - Deuxième partie »

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Aujourd'hui que les signes d'échange sont la richesse des individus, ceux qui vivent des travaux manuels doivent préférer l'industrie aux travaux champêtres, puisqu'une plus grande aisance en est le fruit. D'ailleurs, il y une sorte d'égalité, ou plutôt une sorte d'homogénéité, entre le riche industriel et le simple manoeuvre qui n'existe pas entre le propriétaire et les mercenaires qu'il emploie : de là resulte une différence qui tourne encore au profit du premier.
Aujourd'hui que les signes d'échange sont la richesse des individus, ceux qui vivent des travaux manuels doivent préférer l'industrie aux travaux champêtres, puisqu'une plus grande aisance en est le fruit. D'ailleurs, il y une sorte d'égalité, ou plutôt une sorte d'homogénéité, entre le riche industriel et le simple manoeuvre qui n'existe pas entre le propriétaire et les mercenaires qu'il emploie : de là resulte une différence qui tourne encore au profit du premier.
L'ouvrier voit dans la fortune de son chef le résultat du travail et de l'industrie ; il espère par le même chemin arriver au même but : aussi, il est prêt à défendre une position sociale qui peut être la sienne un jour. Mais le mercenaire, condamné pour toujours à des travaux qui enrichissent un autre homme, sans pouvoir jamais changer sa position, apercçoit bien davantage la barrière qui les sépare du propriétaire. Est-il probable qu'il fasse de grands efforts pour la défendre ? Le riche propriétaire n'est-il pas beaucoup plus exposé que le riche industriel ?
L'armée de l'industrie s'accroît chaque jour ; quelques-unes des fortunes qu'elle crée egalent celles des plus grands propriétaires. Des classes intermédiaires plus ou moins opulentes, toutes dans l'aisance, viennent prendre place entre les riches et les simples ouvriers ; une chaîne se prolonge sans interruption depuis le plus pauvre journalier jusqu'au manufacturier millionnaire, et ses chaînons inégaux se lient par l'intérêt du jour, le souvenir de la veille, l'espoir du lendemain ; corps puissant, l'industrie étend sur tout ses vastes ramifications ; corps homogène, toutes ses parties se soutiennent et s'entraident, parce que toutes, dans des classes différentes, ont quelque chose à défendre, et que la fortune du plus modeste marchand ne serait pas hors de danger, si l'on ebranlait celle de l'opulent banquier, acquise par les mêmes moyens. Ainsi l'intérêt de la masse, seul garant de celui du riche, vient de lui-même chez les industriels l'étayer et le garantir.
Comment donc, dans un siècle où l'industrie a conquis une telle influence, la propriété foncière pourrait-elle conserver la sienne concentrée en peu de mains ?
Toute l'influence de cette propriété, aussi longtemps que ses détenteurs seront en petit nombre, se bornera nécessairement à balancer celle de la haute industrie, avec cette différence néanmoins, toute en faveur de cette dernière, que la nombreuse clientèle appelée à la protéger n'existera point pour sa rivale.




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