Différences entre les versions de « Walter Lippmann:La Cité libre - Chapitre 3 - le gouvernement de la postérité »

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Du fond des ténèbres, l'humanité éprouvait un besoin angoissé de lumière. Débordée par les événements, elle cherchait désespérément un guide. Dans ce désordre, à mesure que leurs esprits s'affolaient, les hommes devenaient plus crédules et plus anxieusement dociles. Seuls les hommes de science paraissaient savoir ce qu'ils faisaient. Seuls les gouvernements semblaient posséder le pouvoir d'agir.  
Du fond des ténèbres, l'humanité éprouvait un besoin angoissé de lumière. Débordée par les événements, elle cherchait désespérément un guide. Dans ce désordre, à mesure que leurs esprits s'affolaient, les hommes devenaient plus crédules et plus anxieusement dociles. Seuls les hommes de science paraissaient savoir ce qu'ils faisaient. Seuls les gouvernements semblaient posséder le pouvoir d'agir.  


Les conditions ne pouvaient être meilleures pour la transmission du mythe. La science était devenue la seule entreprise qui parût offrir des perspectives de succès. La société était disloquée, désorganisée.  
Les conditions ne pouvaient être meilleures pour la transmission du mythe. La science était devenue la seule entreprise qui parût offrir des perspectives de succès. La société était disloquée, désorganisée. Le besoin d'autorité se faisait douloureusement sentir, mais l'autorité de la coutume, de la tradition et de la religion s'était perdue. Dans cette extrémité, les hommes s'empressèrent de confier aux gouvernements, qui pouvaient au moins agir énergiquement, le soin de modeler leurs destinées. La science avait le savoir. Le gouvernement avait le pouvoir. Leur union créerait l'indispensable providence, et assurerait une direction à l'avenir de la société humaine. Les peuples avaient besoin de rois qui seraient en même temps philosophes. Et les hommes qui voulaient être rois se faisaient passer pour des philosophes. Tout ce qui manquait au monde réel fut projeté sur l'Etat imaginaire que les hommes désiraient si désespérement.
 
==Les agents de la destinée==
Mais tout gouvernement ne peut être composé que d'hommes mortels. Il y a donc nécessairement des limites à la mesure dans laquelle on peut imposer un plan et une direction à un ordre social. Il importe peu que les gouvernants aient reçu leur autorité en héritage ou qu'ils la tiennent du suffrage populaire ; qu'ils aient été nommés au pouvoir ou qu'ils l'aient conquis par la force ; peu importe leur origine, et la source que l'on attribue à leur inspiration, et la gloire à laquelle ils aspirent. Ce sont des hommes, et c'est pourquoi leur pouvoir est limité. Et ses limites sont très en déçà de l'omniscience et de l'omnipotence. Il s'ensuit que même si le souverain croit tenir son pouvoir de Dieu, il est loin de posséder la sagesse et la puissance divines. Il tient son autorité du peuple, mais il ne possède pas le potentiel de toute l'espèce humaine.


== Notes et références ==  
== Notes et références ==  
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