Différences entre les versions de « Walter Lippmann:La Cité libre - Chapitre 9 - la grande révolution et la montée de la "grande association" »

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On se rapproche de la vérité en considérant que pendant la grande guerre, plus d’êtres humains ont été mutilés et tués par la maladie et la famine que par les armes, et ces mutilations et cette tuerie ont continué pendant des années après l’armistice. De plus, les biens détruits pendant les opérations militaires n’ont représenté qu’une faible part du total des richesses détruites. L’Allemagne et l’Angleterre, par exemple, n’ont pas été envahies ; cependant, ces deux pays ont vu leur capacité de production considérablement réduite par la dislocation des marchés et des sources d’approvisionnement auxquels leurs économies avaient été adaptées. La ruine causée par une guerre moderne est beaucoup plus profonde et plus étendue que celle que manifestent les listes de pertes et la dévastation de la zone de feu. Le dommage irréparable ne commence que lorsque la nation entière est mobilisée et que la guerre vient s’attaquer à la population civile sous forme de blocus et de bombardements aériens. Le dommage durable est causé par la rupture et la dislocation qu’inflige la guerre au système économique auquel appartiennent tous les belligérants.
On se rapproche de la vérité en considérant que pendant la grande guerre, plus d’êtres humains ont été mutilés et tués par la maladie et la famine que par les armes, et ces mutilations et cette tuerie ont continué pendant des années après l’armistice. De plus, les biens détruits pendant les opérations militaires n’ont représenté qu’une faible part du total des richesses détruites. L’Allemagne et l’Angleterre, par exemple, n’ont pas été envahies ; cependant, ces deux pays ont vu leur capacité de production considérablement réduite par la dislocation des marchés et des sources d’approvisionnement auxquels leurs économies avaient été adaptées. La ruine causée par une guerre moderne est beaucoup plus profonde et plus étendue que celle que manifestent les listes de pertes et la dévastation de la zone de feu. Le dommage irréparable ne commence que lorsque la nation entière est mobilisée et que la guerre vient s’attaquer à la population civile sous forme de blocus et de bombardements aériens. Le dommage durable est causé par la rupture et la dislocation qu’inflige la guerre au système économique auquel appartiennent tous les belligérants.
Car toutes les guerres sont aujourd'hui des guerres civiles. Ce ne sont pas des batailles contre un ennemi étranger, mais des luttes intestines à l’intérieur d’une collectivité unique, dont tous les membres sont intimement liés et dépendent étroitement les uns des autres. La guerre moderne déchire d’immenses populations qui ont besoin les unes des autres pour maintenir leur niveau de vie, voire jusqu’à un certain point pour subsister. C’est pourquoi la guerre moderne est aussi désastreuse pour les vainqueurs que pour les vaincus. C’est pourquoi la guerre ne peut plus être employée avec succès comme instrument de politique nationale<ref>Voir ''La Grande Illusion'', par sir Norman Angell.</ref>. C’est pourquoi ceux qui prêchent et provoquent la guerre sont considérés comme des gens en rébellion contre la paix et l’ordre de la communauté internationale, et c’est pourquoi, lorsqu’ils attaquent leur victime, ils soulèvent tout autour d’eux l’hostilité de cette communauté. C’est pourquoi le pacifisme a récemment cessé d’être une aspiration fantaisiste et est devenu pour les hommes un principe d’action pratique. C’est au XIXe siècle que les nations, les collectivités locales et les individus cessent de se suffire à eux-mêmes pour vivre dans une dépendance profonde et complexe à l’égard les uns des autres. Les hommes se mettent à vivre unis dans une grande association<ref>Voir ''The Great Society'', de Graham Wallas.</ref>.
==La division du travail==


== Notes et références ==  
== Notes et références ==  
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