Différences entre les versions de « Walter Lippmann:La Cité libre - Chapitre 9 - la grande révolution et la montée de la "grande association" »

Aller à la navigation Aller à la recherche
Ligne 60 : Ligne 60 :


Les prix qu'un individu obtient sur ce marché pour ses produits déterminent son échec ou son succès, c'est-à-dire qu'ils indiquent s'il a investi avec succès ou non son capital et son travail. Le marché est donc le régulateur souverain des spécialistes dans une économie basée sur une division du travail très spécialisée. Il fait ce que la commission du plan est censée faire dans une économie planifiée. Il détermine, en offrant des prix plus élevés pour certaines marchandises, une augmentation de la production de ces marchandises. Par la hausse des prix, le marché incite un plus grand nombre d'hommes à consacrer leur capital et leur travail à la production de ces marchandises. En offrant de bas prix, le marché les avertit d'avoir à cesser de les produire, et de retirer une partie du capital et du travail qu'ils auraient sans cela investi.
Les prix qu'un individu obtient sur ce marché pour ses produits déterminent son échec ou son succès, c'est-à-dire qu'ils indiquent s'il a investi avec succès ou non son capital et son travail. Le marché est donc le régulateur souverain des spécialistes dans une économie basée sur une division du travail très spécialisée. Il fait ce que la commission du plan est censée faire dans une économie planifiée. Il détermine, en offrant des prix plus élevés pour certaines marchandises, une augmentation de la production de ces marchandises. Par la hausse des prix, le marché incite un plus grand nombre d'hommes à consacrer leur capital et leur travail à la production de ces marchandises. En offrant de bas prix, le marché les avertit d'avoir à cesser de les produire, et de retirer une partie du capital et du travail qu'ils auraient sans cela investi.
Aucun économiste n'a inventé ce moyen de déterminer ce que l'homme doit produire<ref>Voir : ''The Trends of Economic Thinking'', par F. A. von [[Hayek]] (Economica, mai 1933).</ref>. Les économistes classiques n'ont fait qu'essayer de le décrire. Mais il est clair que lorsque les hommes cessent de se suffire à eux-mêmes comme Robinson Crusoe, ils ont besoin de savoir dans quel travail ils doivent se spécialiser. S'ils ne le savaient pas, s'ils choisissaient leur spécialité au hasard ou simplement d'après leurs goûts, ils choisiraient peut-être d'être mécaniciens de locomotive, pour découvrir ensuite que personne ne veut construire de locomotives. En se spécialisant, ils doivent savoir dans quoi les autres se spécialisent afin que leurs travaux s'ajustent dans quoi les autres voudraient se spécialiser. Car tous désirent peut-être devenir mécaniciens de locomotive. Il faut qu'il existe un pouvoir qui persuade ou oblige chacun à choisir une spécialité qui s'adapte aux autres spécialités. C'est exactement ce que font les prix du marché. Ils le font approximativement, et comme la plupart des marchés ne sont pas parfaits, ils le font en causant beaucoup de frictions et de souffrances humaines. Mais ils le font avec une sorte de large et brutale efficacité. Ils récompensent largement ceux qui choisissent la bonne spécialité au bon moment, ils infligent aux autres l'échec et la ruine.
Il est certain que cette méthode de réglage de la production est d'un rendement technique supérieur à celui de la coutume et de l'héritage qui prévaut dans une petite collectivité autarcique composée de Maîtres Jacques. Elle a permis une amélioration si considérable du niveau de vie, elle a à tel point augmenté la quantité de biens matériels mise à la disposition de l'homme que les marxistes modernes n'insistent plus sur la thèse originale qui accusait le capitalisme d'entraîner l'appauvrissement croissant des classes ouvrières. Mais il est également certain que l'accroissement progressif des richesses laisse derrière lui une séquelle de misère, d'échecs et de déceptions qui a choqué la conscience humaine. Les statistiques d'amélioration ne sont pas suffisamment impressionnantes pour obscurcir les statistiques de gaspillage ou pour étouffer les cris des victimes. Certes, le marché détermine la façon dont le capital et le travail doivent être investis pour satisfaire aux demandes de la population, mais, au point de vue humain, le marché est le souverain cruel. En pratique, ceux qui se trompent sur le marché doivent parer leurs erreurs de leur ruine et de leur échec.


== Notes et références ==  
== Notes et références ==  
1 854

modifications

Menu de navigation