Différences entre les versions de « Walter Lippmann:La Cité libre - Chapitre 9 - la grande révolution et la montée de la "grande association" »

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Si les libéraux sont convaincus qu'il ne peut y avoir de meilleur régulateur du travail, des placements et de la consommation, c'est parce qu'ils se rendent compte que lorsque les hommes spécialisent leur travail, ils doivent vivre en échangeant ses produits. Pour qu'ils puissent échanger leurs produits contre une autre dont ils ont besoin, il faut qu'ils produisent une marchandise dont un autre spécialiste ait besoin ; il faut par conséquent qu'il existe un endroit où les choses qu'ils peuvent et veulent produire puissent être mises en présence de celles que les autres doivent ou veulent avoir. Cet endroit, c'est le marché. Lorsque le collectiviste abolit le marché, il ne fait en réalité que le loger dans les cerveaux de sa commission du plan. Il suppose que les membres de cette commission peuvent savoir, par la recherche et le calcul, ce que chacun peut produire, jusqu'à quel point il est disposé à le produire, s'il peut fournir un produit satisfaisant, et d'autre part, ce dont chacun a besoin et de quelle manière chacun préférera satisfaire ses besoins. Du point de vue libéral, c'est se montrer naïf que de supposer qu'un corps de fonctionnaires serait capable de s'acquitter de cette tâche pour le monde entier, en temps de paix et dans un régime d'abondance.
Si les libéraux sont convaincus qu'il ne peut y avoir de meilleur régulateur du travail, des placements et de la consommation, c'est parce qu'ils se rendent compte que lorsque les hommes spécialisent leur travail, ils doivent vivre en échangeant ses produits. Pour qu'ils puissent échanger leurs produits contre une autre dont ils ont besoin, il faut qu'ils produisent une marchandise dont un autre spécialiste ait besoin ; il faut par conséquent qu'il existe un endroit où les choses qu'ils peuvent et veulent produire puissent être mises en présence de celles que les autres doivent ou veulent avoir. Cet endroit, c'est le marché. Lorsque le collectiviste abolit le marché, il ne fait en réalité que le loger dans les cerveaux de sa commission du plan. Il suppose que les membres de cette commission peuvent savoir, par la recherche et le calcul, ce que chacun peut produire, jusqu'à quel point il est disposé à le produire, s'il peut fournir un produit satisfaisant, et d'autre part, ce dont chacun a besoin et de quelle manière chacun préférera satisfaire ses besoins. Du point de vue libéral, c'est se montrer naïf que de supposer qu'un corps de fonctionnaires serait capable de s'acquitter de cette tâche pour le monde entier, en temps de paix et dans un régime d'abondance.
Si une commission du plan annonçait que les machines seront mues désormais, non par l'électricité des dynamos, mais par des décrets du gouvernement, tout le monde trouverait cela absurde. Or prétendre régler la division du travail en abolissant le marché et en lui substituant une commission du plan est une idée du même ordre. Car si l'on a installé certaines dynamos dans certaines usines, et consacré une quantité donnée de travail et de capital à une production donnée, c'est à la suite d'un calcul basé sur les indications fournies par les marchés. C'est uniquement lorsqu'une nation consacre toutes ses énergies à une tâche déterminée, par exemple celle de mobiliser en vue de la guerre ou de satisfaire des besoins élémentaires en période de détresse aiguë, qu'il existe un moyen de diriger la production sans se guider sur un marché régulateur. Le marché fait partie intégrante du système de production au même titre que les machines, la main-d'oeuvre et les matières premières. Il est impossible de concevoir un autre moyen d'ajuster l'infinie variété des ambitions et des aptitudes à l'infinie variété des besoins et des goûts. L'Etat totalitaire ne peut que supprimer cette variété infinie d'aptitudes et de choix en rationnant des produits standardisés, et en enrégimentant une main-d'oeuvre standardisée.


== Notes et références ==  
== Notes et références ==  
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