Différences entre les versions de « Walter Lippmann:La Cité libre - Chapitre 11 - l'agenda du libéralisme »

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Nous ne discuterons pas ici des mesures propres à maintenir la neutralité de la monnaie. Nous voulons déterminer le domaine des mesures à prendre dans une économie d'échanges, notant au passage les points essentiels d'un programme du libéralisme. Qu'il suffise de dire ici que l'expérience de plus d'un siècle a démontré que l'étalon-or automatique, si jamais il a existé, ne fournit pas une monnaie suffisamment neutre pour une économie basée sur la division mondiale du travail. La réforme monétaire, et ce que l'on appelle aujourd'hui la monnaie dirigée, sont donc nécessaires.
Nous ne discuterons pas ici des mesures propres à maintenir la neutralité de la monnaie. Nous voulons déterminer le domaine des mesures à prendre dans une économie d'échanges, notant au passage les points essentiels d'un programme du libéralisme. Qu'il suffise de dire ici que l'expérience de plus d'un siècle a démontré que l'étalon-or automatique, si jamais il a existé, ne fournit pas une monnaie suffisamment neutre pour une économie basée sur la division mondiale du travail. La réforme monétaire, et ce que l'on appelle aujourd'hui la monnaie dirigée, sont donc nécessaires.
Nous voyons maintenant que les marchés réels sur lesquels l'économie est réglée sont loin d'être les marchés idéaux supposés par l'économie classique. Tous les acheteurs et les vendeurs de marchandises et de services ne sont pas également au courant de l'état réel du marché, et ne sont pas également capables de traiter librement et en pleine connaissance de cause<ref>J. A. Hobson, ''The Industrial System'', chap. IX : « Le mécanisme des marchés ». </ref>. Ceux qui peuvent attendre ont un gros avantage sur ceux qui sont obligés de vendre immédiatement. Ainsi le fermier qui a une récolte périssable est moins favorisé que celui dont la récolte peut être emmagasinée et se conserver. Le propriétaire du sol peut en général attendre plus longtemps que son locataire. Mais celui qui est le moins capable de marchander est celui qui n'a que son travail à vendre. S'il ne travaille pas aujourd'hui, le produit de cette journée de travail est perdu pour toujours. Plus le vendeur peut attendre, plus il a de temps et d'occasions d'étudier le marché pour obtenir le prix maximum. Il y a donc des différences énormes entre les rendements des divers marchés. Dans certains d'entre eux, le prix exprime presque exactement l'équilibre entre l'offre et la demande. Dans d'autres, le prix représente à peine plus que ce que l'ignorance et l'impuissance des uns peut arracher à l'habileté renseignée des autres.
L'inégalité du pouvoir de négociation atteint surtout les paysans qui traitent avec des intermédiaires, les ouvriers non qualifiés qui traitent avec de gros employeurs, les pauvres dans leurs achats, et les investissements des petits épargnants. Ils ne peuvent pas attendre. Ils ne savent rien. Ils concluent leurs transactions sur des marchés très imparfaits. A très juste titre ils se défient des marchés et se souviennent des nombreux cas dans lesquels on les a trompés, exploités et ruinés. Ces marchés maudits sont une tentation permanente offerte à la fraude, à l'escroquerie, à l'usure, à la malfaçon, à la tromperie sur la marchandise, au charlatanisme et à toutes les combinaisons malhonnêtes de la pègre du capitalisme.


== Notes et références ==  
== Notes et références ==  
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