Différences entre les versions de « Charles Gave:Quand un rocher change le cours d’un fleuve »

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::"Le Pape ? Combien de divisions ?" 
::Joseph Staline


Churchill disait : "Si vous devez faire un discours, levez-vous pour que l’on vous voit, parlez fort pour que l’on vous entende, et soyez bref pour que l’on vous réinvite".


On pourrait, à l'évidence, poursuivre et creuser plus encore l'analyse des relations entre la parole de Jésus et la théorie ou la pratique économique. Mais cela ne changerait pas fondamentalement notre propos. 
Au fond, dans les Evangiles, il y a deux bonnes nouvelles.
• La première, à laquelle on peut ne pas croire, et sur laquelle je n'ai  rien à dire : le Christ est ressuscité.
• La seconde : chacun d’entre nous est totalement et irrémédiablement unique.
Cette extraordinaire intuition du Christ a été confirmée au delà de ce qui était nécessaire par toute la science moderne (Découverte de l’ADN).
Si je suis unique, mon destin n’appartient qu’à moi, et nul n’a le droit de m’imposer des contraintes insupportables, surtout si celles-ci sont en contradiction avec la Loi mosaïque.
Il ne peut donc y avoir de solutions collectives aux problèmes de ce monde.
Chacun d’entre nous doit essayer de s’améliorer tout au long de sa vie, sans forcer les autres à faire ce qui nous semble, à nous, le bien. Mon père disait souvent en souriant: "c’est très facile d’élever des enfants, il suffit de leur donner l’exemple ".
Le rôle des élites, des éducateurs est de donner l’exemple, de conduire ceux dont ils ont assumé la charge, par l’exemple.
Or nos élites, aujourd’hui, sont tout à fait déterminées à suivre la vieille règle émise par les jésuites et appliquée par toutes les dictatures : "Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais".
Et ceci crée un immense problème. Les élites qui ne croient plus en leurs idées, ne peuvent pas entraîner leur peuple, lequel ne croit pas davantage aux idées qu'elles lancent. C'est le blocage.
Chaque société humaine est continuellement confrontée à des défis. Le rôle des élites est de répondre à ces défis. Quand l’élite elle-même constitue le problème, alors la révolution politique devient inévitable…
Or nos sociétés vont devoir répondre dans les années qui viennent à des défis immenses : écroulement démographique, effondrement des systèmes sociaux, immigration, choc des civilisations, émergence économique et politique de l’Asie…
Mais il faut se convaincre d’une chose : aucun d’entre eux ne pourra être résolu si nous gardons les mêmes élites, puisque leur explication du monde est fausse et que leur idéologie leur interdit de les traiter.
Que faire ? Il va falloir extirper du corps de l’Etat cette cléricature arrogante et souvent corrompue, si possible en faisant l’économie d’une révolution consécutive à un écroulement économique…
L'analyse des enchaînements qui ont amené à la libération de nos concitoyens européens de l’Est, si lâchement abandonnés en 1948, apporte quelques idées sur la façon dont nous pouvons espérer libérer notre Etat.
La défaite de l’Etat communiste a été avant toute chose une défaite morale.
Ceux qui se sont appuyés sur nos antiques racines morales l’ont emporté. Nous aussi, nous devrons nous appuyer sur nos anciennes racines morales, sur nos racines judéo-chrétiennes.
Il y a, je crois devoir le dire avec force, une mauvaise compréhension de ce qu’est la morale dans notre civilisation. Dès que l'on parle de morale, l’image des dix Commandements surgit : " fais pas ci, fais pas ça "… Comme chantait Jacques Dutronc.
Mais, les dix Commandements, c’est la morale juive.
Il y a, en effet, une morale juive et une  pratique chrétienne, qui englobe la morale juive mais y rajoute quelque chose d’essentiel : la  liberté individuelle.
Etre chrétien, c'est exercer sa liberté individuelle, son libre-arbitre. Il n’y a pas d'autre règle. N'oublions jamais le premier des Commandements qui s'énonce ainsi : "Tu n’auras pas d’autre Dieu que Moi, car je suis un Dieu jaloux".
Et l'on sait que refuser d’idolâtrer César Auguste, le petit Père des peuples, ou le Grand Timonier, ou Pol Pot, refuser d’obéir à un ordre indigne ou déshonorant peut devenir un acte de grand courage et vous conduire à la mort<ref>Mon père commandait des harkis en Algérie. Il reçut l’ordre de les désarmer aprèsl'Indépendance. Les désarmer, c’était les condamner à être égorgés. Il refusa, et leur donna l’ordre de rejoindre les ports les armes à la main, pour passer en France, ce qu’ils firent sous le commandement de leurs officiers. Résultat, arrêts de rigueur et fin de sa carrière. Tous ceux qui acceptèrent furent nommes généraux. 140000 harkis périrent sous la torture.</ref>.
::"Heureux serez vous si vous êtes emprisonné ou tué à cause de moi… "
Soljenitsyne, dans le Chêne et le Veau, a expliqué d'une manière superbe comment on peut lutter contre le Léviathan communiste. A un marxiste de base qui lui faisait remarquer que son combat était inutile, puisque l’Histoire, telle un immense fleuve fait de milliards de gouttes d’eau, est collective et non individuelle, il répliqua que de temps en temps, un rocher tombe dans le lit d’un grand fleuve, et force ce dernier à changer de cours.
Et c’est ce qui s’est produit.
Le grand fleuve était l’avancée irrésistible du socialisme scientifique, et dans sa version soviétique, le rocher, ce fut Soljenitsyne. Le grand fleuve est allé se perdre dans les sables d’où j'espère, il ne ressortira jamais. Le communisme fut mortellement atteint par la publication de l’Archipel du Goulag.
Peu de temps après, et à la stupéfaction générale un Polonais – le cardinal Karol Wojtyla<ref>Soljenitsyne, à l’annonce de l’élection du Pape polonais, eut  cette phrase prophétique : "L’élection de ce Pape est un don de Dieu".</ref>–    fut élu Pape. Un deuxième rocher tombait dans le fleuve. Et quel rocher !
Puis en Pologne, la création d’un syndicat chrétien, Solidarnosc, fit voler en éclat la prétention du Parti communiste à représenter quelque travailleur que ce soit. Avec Lech Walesa un troisième rocher tombait dans le fleuve. Le communisme apparaissait tout à coup à peu près aussi ridicule dans ses prétentions à représenter les syndiqués que risible dans sa prétention à défendre les droits de l’homme.
Le communisme a souffert d'une défaite morale irrémédiable des mains de ces trois hommes, et il ne s’en est jamais remis.
Or, chacun de ces trois géants, revendiquait haut et fort ses racines chrétiennes. Ce n'est pas la Ligue des Droits de l'Homme qui a fait s'effondrer l'Union soviétique ; c'est la parole du Christ, prononcée par trois hommes. On peut ajouter que Ronald Reagan, autre fossoyeur du communisme, était lui aussi un chrétien dans son approche politique.
On est condamné à ne rien comprendre de ce qui s’est passé dans les années 80 si l’on essaye de cacher ce constat ; la victoire sur le communisme fut avant tout une victoire de la parole chrétienne sur la réalité totalitaire.
Pour que s'effondre le monstre soviétique, il a suffi que passe ce message : le socialisme historique est moralement indéfendable.
Ce message, les Français de bonne volonté doivent le reprendre sans se lasser. Loin d’être une hérésie un peu aimable et généreuse, dérivée du christianisme, le socialisme est une monstruosité sanglante, un de ces contre-feux que le prince du mensonge s’entend si bien à mettre en place pour tromper les braves gens.
La réalité est toute simple : On ne peut être chrétien et socialiste à la fois.
Prétendre le contraire, c’est choisir les pharisiens contre Jésus…
La solution nous a été indiquée par Soljenitsyne, le Pape, et Walesa. Et cette solution dépend de la prise de conscience par les chrétiens en général et les catholiques en particulier d’une réalité qui crève les yeux :
• Chaque fois qu'il a pu aller jusqu'au bout de sa logique, le socialisme démocratique (!) ou non a été sanglant et assassin. Surtout contre les hommes de Dieu. la formule « solution finale », peu de gens le savent, n’a pas fait sa première et hideuse apparition en Allemagne sous les Nazis, mais sous Lénine, en Russie. Lénine, Trotski échangèrent de nombreuses circulaires sur la nécessaire et rapide liquidation de tous les prêtres, moines, religieux et religieuses orthodoxes. Ils étaient plus de 350 000 en 1917. En 1940, il en restait 2 000, tous les autres ayant été assassinés. Cette liquidation planifiée, voulue, portait le nom de « solution finale ». Le démon, quand il s’agit de liquider le peuple de Dieu (les juifs) ou les hommes de Dieu (les religieux) manque singulièrement d’imagination dans le choix de son vocabulaire. Au demeurant, l'idéologie nazie ne se définissait-elle pas comme nationale-socialiste ? Ces assassinats, par des socialistes, n’ont pas été limités à la simple Russie. Citons au hasard, l’Espagne Républicaine ( bien avant le déclenchement de la guerre civile),  la Chine Maoïste, l’Ethiopie, l’Indochine communiste, partout, toujours le socialisme s’attache d’abord à  liquider les Chrétiens<ref>Et bien entendu, ils ont essaye de liquider le Pape</ref>  , au sens physique du terme. D'après les statistiques du Vatican, les régimes dits "socialistes" ont, au XX ème siècle, martyrisé davantage de chrétiens que ne l'ont fait tous les autres régimes, tous siècles confondus, depuis la mort de Jésus.  Devant le chrétien, qui se revendique comme tel, le socialiste est comme le possédé du démon devant Jésus. Dernier exemple : la réélection de Bush par un électorat qui se veut et s'affirme chrétien. Or, pour l'intelligentsia française que son électorat fut chrétien, aura suffi à déconsidérer sa victoire… En fait, le socialiste conséquent avec lui-même sait fort bien que son principal ennemi a été et sera le Christ, qui toujours montrera le loup sous le déguisement de mouton. Au pouvoir, les socialistes français ne se sont-ils pas empressés d'attaquer le statut des écoles catholiques<ref>Pour ceux qui ont la mémoire longue, on se souvient que la première mesure prise par les socialistes en arrivant au pouvoir en France fut d’essayer de tuer les écoles chrétiennes.  Fort heureusement, des manifestations de masse les firent reculer piteusement.</ref> ? 
• Comme le montre son histoire le socialisme est stérile : partout où il est passé, les arts, les idées, le débat, la vie en un mot, ont trépassé. Que l’on me montre simplement un monument socialiste qui ne soit pas hideux et je serais prêt à changer d’avis. Le socialisme engendre la laideur, la pauvreté et donc le désespoir et la neurasthénie.
• Toute l’histoire du XXème siècle a prouvé que le socialisme est dangereux pour la liberté politique et la démocratie. Il est inutile d'insister…
Cette dérive, si souvent criminelle du socialisme, a fait l'objet de nombreuses analyses et interprétations. Pour ma part, je voudrais évoquer – ce qui nous ramènera aux Evangiles – une vieille notion de la science politique, mise en lumière par Karl Popper ou Milton Friedman. La liberté comme attribut peut s’exercer dans trois domaines fort distincts : liberté civique, liberté économique, liberté politique.
• La liberté civique c’est de pouvoir faire élever ses enfants dans les écoles de son choix, créer des associations de quartier, un syndicat, voyager librement…
• La liberté économique, c’est de pouvoir créer son entreprise, embaucher, débaucher, fixer ses prix, acheter, vendre, commercer…
• La liberté politique, enfin c’est de pouvoir créer un parti politique, se présenter, voter sans crainte de représailles, manifester dans la rue…
Il n’existe aucune raison logique pour dire que la liberté politique est d’une nature supérieure aux deux autres. C’est pourtant ce dont les socialistes sont profondément convaincus : quand ils ont la majorité politique, ils se croient autorisés à intervenir dans les deux autres domaines.
Or tout l’effort conceptuel des philosophes de l’époque des Lumières, tant français qu’écossais, fut de démontrer que le pouvoir politique n'avait pas à intervenir dans les deux autres domaines, sauf à créer les conditions d’un désastre. A contrario, les penseurs socialistes n'ont eu de cesse, depuis deux cents ans, de remettre en cause cette profonde vérité, avec les résultats que l’on a vus.
Le socialiste se croit investi d’une mission : intervenir dans nos libertés civiques ou économiques, comme s'est permise autrefois l’église catholique.
Tout l’effort du libéralisme a été de protéger les libertés civiques et économiques contre l’empiétement constant du pouvoir politique.
Le socialisme a renversé cette tendance, en arguant d'une prétention morale : puisque que moi, socialiste je suis bon et généreux par nature, l’Etat sera bon et généreux...
Si la France aujourd'hui, gouvernée depuis quarante ans par des sociaux-démocrates ou des socialistes, est tirée vers le bas, n'est-ce pas parce que les chrétiens en général et les catholiques en particulier ont cru aux calembredaines que leur débitait l'intelligentsia de gauche ?
Or il faut que les chrétiens français se ressaisissent : l’ennemi, ce n’est pas l’argent, qui n’est qu’un instrument, ce n’est pas le pouvoir qui, lorsqu’il est exercé convenablement ennoblit l’homme à qui il a été confié. L’ennemi, le seul, c’est ce socialisme rampant, cet étatisme qui cassent notre liberté individuelle et qui engendrent, ce que certains appellent, la "démocratie molle". Avec toujours sous-jacente la lutte des classes, quand bien même ce concept n'est plus revendiqué. 
Il faut que chaque chrétien reprenne pour lui-même l’analyse de Jean-Paul II, Soljenitsyne, Lech Walesa. Le postulat évangélique de base, c'est la liberté individuelle.
Lorsqu'une majorité de catholiques français sera convaincue de cette vérité, alors notre monde politique et culturel changera. La France revivra peut être un de ces rebonds spectaculaires qui ont caractérisé son histoire.  De chacun d’entre nous, chrétien attaché à la parole des Evangiles, dépend l’avenir de notre pays.
Il faut retourner à nos racines. Comme j'ai essayé de le montrer dans ce livre, nos racines, ce sont les Evangiles. Il faut les lire, il faut les méditer, il faut faire comprendre à ceux qui prendront notre suite que c'est là qu'est la source unique et centrale de notre liberté.
D'où ce petit livre, fragile bouteille jetée à la mer.


== Notes et références ==  
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