Bureaucrates, interwiki, Administrateurs
1 854
modifications
Ligne 14 : | Ligne 14 : | ||
Les partisans qui luttent pour la maîtrise du monde moderne ont beau porter des chemises de couleur différente, leurs armes viennent du même arsenal, leurs doctrines sont des variations d'un même thème, et ils vont au combat en chantant, sur un même air, des paroles qui se ressemblent beaucoup. Leur arme, c'est la contrainte imposée à la vie et au travail humain. Leur doctrine, c'est que l'on ne peut vaincre le désordre et la misère qu'en organisant et qu'en ordonnant chaque jour davantage. Leur promesse, c'est que l'Etat donnera le bonheur aux hommes. | Les partisans qui luttent pour la maîtrise du monde moderne ont beau porter des chemises de couleur différente, leurs armes viennent du même arsenal, leurs doctrines sont des variations d'un même thème, et ils vont au combat en chantant, sur un même air, des paroles qui se ressemblent beaucoup. Leur arme, c'est la contrainte imposée à la vie et au travail humain. Leur doctrine, c'est que l'on ne peut vaincre le désordre et la misère qu'en organisant et qu'en ordonnant chaque jour davantage. Leur promesse, c'est que l'Etat donnera le bonheur aux hommes. | ||
Dans le monde entier, au nom du progrès, des hommes qui se font appeler communistes, socialistes, fascistes, nationalistes, progressistes, et même libéraux sont tous d'accord pour penser que le gouvernement, armé de la force publique, doit, en imposant aux hommes une manière de vivre, diriger le cours de la civilisation et déterminer l'aspect de l'avenir. Ils croient tous en ce que M. Stuart Chase définit très exactement par « la planification et le contrôle par l'autorité supérieure de l'activité humaine »<ref>''The Economy of Abundance'', p. 310. </ref>. Ce dogme est à la base de toutes les autres doctrines en vigueur. | Dans le monde entier, au nom du progrès, des hommes qui se font appeler communistes, socialistes, fascistes, nationalistes, progressistes, et même libéraux sont tous d'accord pour penser que le gouvernement, armé de la force publique, doit, en imposant aux hommes une manière de vivre, diriger le cours de la civilisation et déterminer l'aspect de l'avenir. Ils croient tous en ce que M. Stuart Chase définit très exactement par « la planification et le contrôle par l'autorité supérieure de l'activité humaine »<ref>''The Economy of Abundance'', p. 310. </ref>. Ce dogme est à la base de toutes les autres doctrines en vigueur. C'est dans ce moule que sont coulées les pensées et les actions de notre époque. Personne n'envisage sérieusement, personne ne croit même possible d'aborder sous un autre angle les grands problèmes de l'humanité. Les masses récemment affranchies et les penseurs qui leur fournissent leurs idées sont presque entièrement possédés par ce dogme. Ça et là, une poignée d'hommes, quelques groupes sans influence, des penseurs isolés et dédaignés, continuent seuls à le défier. Les principes du collectivisme autoritaire sont devenus des articles de foi, des affirmations évidentes, des axiomes incontestés non seulement pour tous les régimes révolutionnaires, mais encore pour presque tous les mouvements qui se prétendent partisans des lumières, de l'humanité et du progrès. | ||
L'emprise de ce dogme sur les esprits de nos contemporains et si universelle que quiconque ne propose pas d'exalter le pouvoir des agents de l'autorité, d'étendre et de multiplier leurs interventions dans la vie humaine, n'a aucune chance d'être considéré comme un homme d'Etat ni comme un théoricien sérieux. Quand on n'est pas collectiviste et partisan de l'autorité, on est vieux jeu, on est réactionnaire, ou, dans le meilleur des cas, on est un aimable fantaisiste qui essaie désespérément de nager contre le courant. Et le courant est fort. Le despotisme n'est certes pas une nouveauté, mais il est probable que jamais depuis vingt-cinq siècles aucun gouvernement occidental n'a prétendu exercer sur les vies humaines une autorité comparable à celle à laquelle aspirent ouvertement les Etats totalitaires. Il y a évidemment eu des despotismes plus cruels que ceux de la Russie, de l'Italie et de l'Allemagne. Mais il n'y en a pas eu de plus complets. Dans ces grands centres de civilisation, des centaines de millions d'hommes sont obligés de considérer les agents de l'autorité comme leurs maîtres, et de penser qu'on ne peut vivre, travailler, et trouver le salut que par ordre supérieur. | |||
== Notes et références == | == Notes et références == | ||
<references /> <!-- aide : http://fr.wikipedia.org/wiki/Aide:Notes et références --> | <references /> <!-- aide : http://fr.wikipedia.org/wiki/Aide:Notes et références --> | ||
</div> | </div> | ||
{{Navigateur|[[Walter Lippmann:La Cité libre - introduction|La Cité libre - introduction]]|[[Walter Lippmann]] — [[Walter Lippmann:La Cité libre|La Cité libre]]|[[Walter Lippmann:La Cité libre - Chapitre 2 - les Dieux de la machine|La Cité libre - Les Dieux de la machine]]}} | {{Navigateur|[[Walter Lippmann:La Cité libre - introduction|La Cité libre - introduction]]|[[Walter Lippmann]] — [[Walter Lippmann:La Cité libre|La Cité libre]]|[[Walter Lippmann:La Cité libre - Chapitre 2 - les Dieux de la machine|La Cité libre - Les Dieux de la machine]]}} |