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à l'Allemagne et à l'Autriche; mais le mouvement y est | à l'Allemagne et à l'Autriche; mais le mouvement y est | ||
encore récent. | encore récent. | ||
§ 2. La coopération dans la petite industrie et le petit commerce. | |||
''Sociétés d'achat, de vente, d'emmagasinage, d'ateliers.'' | |||
Si la coopération présente de si grands avantages pour les petits exploitants | |||
en agriculture, il semble qu'elle ne leur serait pas moins utile | |||
dans l'industrie et le commerce; les artisans et détaillants, beaucoup | |||
plus menacés que les petits cultivateurs par la concurrence des | |||
grandes entreprises, devraient même, semble-t-il, montrer plus d'empressement | |||
encore à s'associer pour l'achat, l'emmagasinage, la | |||
rente et autres opérations qui peuvent se faire en commun sans | |||
porter atteinte à l'autonomie des entreprises. Il n'en est rien cependant, | |||
et l'action collective, si générale à notre époque, si féconde en | |||
résultats bienfaisants dans le monde agricole, ne paraît nullement | |||
appréciée dans la petite bourgeoisie. Ignorée dans la plupart des | |||
pays, la coopération entre artisans ou commerçants ne fait aucun | |||
progrès là où elle a été tentée; tout au plus peut-on constater quelques | |||
succès dans le domaine du crédit coopératif. | |||
L'étroitesse de l'horizon habituel, l'esprit individualiste, l'inertie, | |||
la méfiance réciproque, sont sans doute les causes de cette faiblesse. | |||
Certes, la mentalité ordinaire du paysan ne semble pas plus favorable | |||
à l'association que celle de l'artisan ou du boutiquier; mais | |||
les intérêts des cultivateurs d'une même région ne sont pas antagonistes | |||
comme ceux des petits industriels ou des petits commerçants | |||
d'une même ville, la concurrence ne les oppose pas les uns aux | |||
autres de la même manière. Il faut ajouter qu'en agriculture, les | |||
intérêts sont solidaires non seulement entre petits exploitants, mais | |||
même entre petits et grands, de sorte que bien souvent ce sont les | |||
grands propriétaires et agriculteurs qui ont pris l'initiative des | |||
syndicats et qui les ont soutenus. Les artisans et débitants ne pouvaient | |||
trouver le même appui chez les grands industriels ou négociants, | |||
leurs concurrents directs et leurs adversaires naturels. Loin | |||
de là, ce sont les fabricants et fournisseurs qui combattent avec le | |||
plus d'acharnement les sociétés d'artisans, et qui les écrasent avant | |||
même leur naissance en menaçant les adhérents de leur supprimer | |||
tout crédit. | |||
Aussi les petits exploitants de l'industrie et du commerce ne sont-ils | |||
guère sortis de leur isolement. L'Allemagne, l'Autriche-Hongrie, | |||
la Belgique sont à peu près les seuls pays où l'on ait essayé d'introduire | |||
la coopération sous d'autres formes que les banques populaires, | |||
pour fortifier la position de la petite industrie et du petit commerce. | |||
Parmi ces coopératives, les unes ont pour objet l'achat collectif des | |||
matières premières et instruments de travail, ou des marchandises | |||
de commerce; il s'agit, en effet, d'affranchir l'artisan ou le détaillant | |||
de l'étroite dépendance des grands industriels et des négociants en | |||
gros; mais ces sociétés ne sont possibles que si les associés ont | |||
besoin de marchandises uniformes. D'autres ont pour but la création | |||
et l'entretien d'un atelier collectif, où les sociétaires trouvent le | |||
local, certains instruments d'un usage commun, parfois même la | |||
force motrice, sans être cependant associés pour la production et la | |||
vente comme dans une coopérative de production. D'autres, enfin, | |||
établissent un magasin social pour l'exposition et la vente des | |||
produits de leurs membres. Ces diverses associations peuvent rendre | |||
de réels services aux détaillants, aux artisans indépendants, et | |||
même aux travailleurs de l'industrie à domicile plus ou moins subordonnés | |||
aux fabricants et négociants. | |||
Ainsi, dans certaines villes d'Allemagne, d'Autriche-Hongrie et de | |||
Belgique, des boulangers se sont associés pour leurs achats de bois | |||
et de farine, des cordonniers pour le cuir, des tailleurs pour les | |||
étoffes, des menuisiers et ébénistes pour l'achat du bois et l'établissement | |||
d'un atelier. Des ébénistes, des horlogers ont fondé des | |||
magasins de vente où ils exposent leurs produits, qui sont vendus | |||
pour le compte de chacun; des bouchers sont associés pour la vente | |||
des sous-produits. On cite encore des ateliers collectifs chez les | |||
tailleurs à Zurich, Genève et Lausanne, chez les ouvriers en pipes et | |||
deens bpohuiltaonntshropàesVienpnoeu,r dceesrtasionceisétéscatdé'agcohriaets edte dteravvaeinllteeursfondàéedsompia-r | |||
cile, cloutiers d'Hermeskeil près Coblentz, fabricants d'ustensiles en | |||
bois de la Forêt Noire, brodeurs du Salzkammergut. Mais ces sociétés | |||
3ne00sotonutt naiunopmlubs,reuestesm, algnrié imlepsortaapnpteusis; qeun'elAlelslemoangtne,renoconnteréns,comeplltees | |||
n'ont fait aucun progrès depuis l'origine (1865). En Hongrie, les | |||
coopératives d'artisans rendent des services incontestables, mais il | |||
leur faut les subventions de l'État. Quant à la coopération de production, | |||
elle a totalement échoué parmi les travailleurs de l'industrie | |||
à domicile, qui paraissent incapables de s'entendre pour répartir les | |||
commandes et exécuter le travail dans des conditions uniformes | |||
Co~ora~'oM de métiers. Bien que les corporations de métiers | |||
ne soient pas des sociétés coopératives, et qu'elles présentent plutôt | |||
le caractère d'associations professionnelles, j'en dirai quelques mots | |||
ici même, pour grouper les diverses institutions qui tendent au relèvement | |||
des métiers. | |||
En Autriche, en Allemagne, en Belgique et en Suisse, des efforts | |||
ont été faits par la petite bourgeoisie commerçante et industrielle, et, | |||
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S44. LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE | |||
à côté d'elle, par les partis conservateurs, pour obtenir des pouvoirs | |||
publics des mesures propres à soutenir la situation ébranlée des | |||
classes moyennes c'est la MMe~NH~poh'ttA. Des ligues se sont formées, | |||
des congrès se sont réunis pour défendre cette politique et | |||
discuter les questions qui intéressent le petit commerce et la petite | |||
industrie concurrence des grands magasins et des coopératives, | |||
concurrence par le colportage, la vente à l'encan des marchandises | |||
neuves et les liquidations fictives, extension du crédit populaire, | |||
régime légal des faillites, etc. En général, les ligues du petit commerce, | |||
qui existent dans tous les pays, réclament surtout des lois | |||
fiscales rigoureuses et des mesures restrictives à l'égard des grands | |||
magasins et des coopératives; leur influence sur la législation a été | |||
particulièrement sensible en Allemagne. En outre, le parti des | |||
métiers a inscrit dans son programme deux points principaux la | |||
corporation obligatoire, et la preuve de capacité à l'entrée du métier. | |||
Il a triomphé, au moins partiellement, en Allemagne et surtout en | |||
Autriche. | |||
En Autriche, la corporation obligatoire fonctionne depuis 1883; | |||
dans les circonscriptions où elle est formée, elle comprend tout le | |||
personnel d'un ou plusieurs corps de métiers; mais ce sont les | |||
maîtres qui l'administrent; les ouvriers, simples adhérents, ne participent | |||
à la gestion que d'une façon très limitée, par l'intermédiaire | |||
de quelques délégués. Les fonctions de la corporation consistent à | |||
réglementer l'apprentissage, à instituer des tribunaux d'arbitrage, | |||
des offices de placement, des caisses de secours, des institutions | |||
économiques comme les sociétés coopératives, et à organiser l'enseignement | |||
professionnel. Pour l'accès de la maîtrise, on n'exige pas | |||
d'examen de capacité; mais il faut avoir exercé le métier pendant un | |||
certain nombre d'années. Certains statuts établissent même une | |||
proportion fixe entre le nombre des apprentis et celui des compagnons. | |||
En Allemagne, il existait en 1896 de nombreuses corporations et | |||
associations libres de métiers. Dans les congrès tenus par ces associations, | |||
on réclamait la corporation obligatoire. La loi de 1897, tout | |||
en laissant subsister les corporations libres, a donné aux autorités | |||
administratives la faculté d'instituer des corporations obligatoires | |||
sur la demande de la majorité des intéressés, à la condition qu'elles | |||
soient composées de métiers semblables ou connexes, et qu'elles comprennent | |||
un nombre de membres suffisant. En outre, la loi introduit | |||
la preuve de capacité sur examen, mais sans en faire une condition | |||
d'accès du métier; le titre de maître est purement honorifique. Les | |||
LA COOPÉRATION 248 | |||
attributions sont les mêmes qu'en Autriche, à quelques légères différences | |||
près; mais, tes ouvriers ont une participation plus large à la | |||
gestion des services communs. Enfin la loi établit des groupes plus | |||
étendus, comités locaux de corporations différentes, chambres de | |||
métiers, union de corporations d'un même métier, qui doivent gérer | |||
des services centralisés~. | |||
En Allemagne, il parait que la constitution des corporations obligatoires | |||
présente de grosses difficultés, et qu'elle se heurte à la | |||
résistance ou à l'inertie des intéressés, principalement dans l'Allemagne | |||
du Sud et de l'Ouest, où l'on préfère l'association libre; | |||
en 1899, l'Union des corporations libres y comptait 70S corporations | |||
et 83 000'membres. | |||
En Autriche, d'après un rapport de M. de Philippovich, professeur | |||
à l'Université de Vienne, en 1897, le résultat est franchement négatif. | |||
Les corporations, destinées à entretenir l'esprit de corps et le sentiment | |||
de l'honneur du métier, ne rencontrent guère que l'indiuérence. | |||
Loin de comprendre tout le personnel des métiers, dans beaucoup de | |||
régions, elles ne sont même pas formées; ailleurs, elles sont minuscules | |||
la plupart se composent de métiers différents qui n'ont pas | |||
d'intérêts communs; toutes disposent de ressources très médiocres; | |||
aussi n'est-il pas étonnant qu'elles montrent peu d'activité. Il y | |||
avait, en 1894, 5 317 corporations, renfermant oS4000 maîtres, | |||
SIS 000 ouvriers et 174000 apprentis; mais, sur ce nombre, les trois | |||
cinquièmes seulement des corporations avaient organisé des assemblées | |||
d'ouvriers et des tribunaux d'arbitrage, un cinquième avaient | |||
institué des caisses de secours les écoles professionnelles et offices | |||
de placement étaient très rares, et les institutions économiques à peu | |||
près nulles. Quant à l'apprentissage, il est délaissé; les corporations | |||
négligent de protéger les apprentis contre les maîtres, qui les transforment | |||
trop souvent en manoeuvres ou en garçons de courses, | |||
L'ancien esprit d'exclusivisme se manifeste sous les mêmes formes | |||
que dans l'ancien régime conflits de compétence entre les métiers, | |||
droits élevés exigés de ceux qui veulent ouvrir un nouvel atelier, | |||
faveurs accordées aux fils de maîtres, etc. Dans ces dernières années, | |||
il est vrai, des progrès ont été accomplis, grâce aux instructeurs | |||
corporatifs, et aux encouragements donnés à l'enseignement techt. | |||
Handworterbueh der Staatswissensehaften, 2' M., v° Getce''tes'e6-e/~?<.M!:y, | |||
NaHc~'er/fet Innungen. ~ppo~ da docteur Hitze au Congrès du Verein fur | |||
SociatpoUtikà Cotogne en 1897, Schr. d. Ver. f. Soc. pol., t. LXXVI,p. 3S. – | |||
Brants, divers articles dans la Rë/b~e Sociale, i6 juillet 1837,<Gavril et iOmai | |||
1898,iC mars et i'juit)et iiMO. – La corporation obligatoire a été établie Béatement | |||
en Hongrie(1884)et en Roumanie(1902). | |||
346 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE | |||
nique et aux coopératives. Mais le placement, l'assistance, la juridiction | |||
professionnelle fonctionnent en dehors de la corporation | |||
l'institution reste inerte, incapable de soutenir le métier contre la | |||
fabrique | |||
Néanmoins, le parti de la petite industrie en Autriche ne se tient | |||
pas pour battu. Si la restauration a échoué, c'est qu'elle est incomplète | |||
il faut faire entrer la grande industrie dans la corporation, et | |||
exiger de tous la preuve de capacité; il faut interdire absolument | |||
l'industrie à domicile; après cela, les corporations pourront régler | |||
la production, organiser le marché et régir les prix. On rêve de cartels | |||
embrassant à la fois l'échoppe du savetier et la grande usine mécanique | |||
de chaussures. | |||
En somme, ni la corporation obligatoire, ni la coopération libre | |||
n'ont réussi dans la petite industrie l'éducation des intéressés n'est | |||
pas faite. Seule, l'association libre entre petits commerçants pour la | |||
défense de leurs intérêts paraît avoir été pratiquée avec succès, parce | |||
qu'elle n'implique pas coopération effective en vue de fonder et d'entretenir | |||
une institution commune. | |||
Sociétés de crédit banques populaires. Toutefois, il est une | |||
forme de la coopération qui a mieux réussi que les autrc's dans les | |||
milieux de petite bourgeoisie; c'est la coopération de crédit. L'accès | |||
du crédit à un taux modéré est d'une importance capitale pour les | |||
petits industriels et commerçants qui veulent se procurer un capital | |||
d'exploitation, ou qui font escompter leurs effets au cours de leurs | |||
opérations commerciales; le crédit à bon marché leur est nécessaire | |||
pour soutenir sans trop de désavantage la concurrence des grandes | |||
entreprises. Nul d'entre eux ne peut se passer d'un certain capital, | |||
surtout dans les villes, où la moindre exploitation suppose un | |||
magasin, des approvisionnements de matières et de marchandises, | |||
et un certain fonds de roulement. Or, bien souvent, le petit industriel | |||
ou commerçant ne peut guère fournir d'autre garantie que ses | |||
aptitudes, son travail et son honnêteté. De là le besoin de recourir | |||
à l'association, pour fournir aux bailleurs de fonds la garantie d'une | |||
responsabilité collective. Dans les sociétés coopératives de crédit, les | |||
i. Rapport de M. de Philippovichau Congrès du Verein fur Socialpolitik de | |||
Cologne en 1897, Schr. d. Ver. f. Soc. pol., t. LXXV), p. 73 et suiv., et 120. | |||
Brants, Les corps de tne~'M'~M~M<r!'c/teaprès uu!~ ans, Réforme sociale, | |||
mars 1905. V. aussi AnnexeVI, i°, Autriche. M. Pyfferoen(La petite &OM; | |||
geoisie d'âpre une e~M~e officielle à Gand, Réforme sociale, 16 fév. 1809, | |||
p. 306)signale encore des associations libres d'artisans et petits commerçantsen | |||
Suisse, fédérées dans le Gc~'er&e~ere!d'?e! Zurich; elles ont organisé l'enseignement | |||
professionnel, des expositions et salles de vente, tribunaux d'arbitrage, | |||
LA COOPERATION 2.47 | |||
associés se procurent des avances ou rf_ont escompter leurs e1SeLs à | |||
des conditions moins onéreuses que chez le prêteur sur gage, ou | |||
même que dans les banques ordinaires; par là, ils s'initient à la | |||
pratique du compte courant et des effets domiciliés en banque. | |||
Nulle part on ne voit des sociétés de crédit mutuel composées | |||
exclusivement d'artisans et de petits commerçants; leur champ | |||
d'action serait trop étroit. Ainsi en Allemagne, où le crédit populaire | |||
a pris la plus grande extension, l'Union générale des sociétés Schulze- | |||
Delitzsch, qui réunit 542000 adhérents dans ses 960 banques populaires, | |||
n'en compte que 26 p. 100 dans la petite industrie (au lieu de | |||
37 p. 100 en 1871), et 10 p. 100 dans le commerce; les autres sont | |||
agriculteurs ou appartiennent à des professions diverses. La proportion | |||
est certainement beaucoup plus faible dans le Reichsverband, | |||
dont les caisses ont un caractère presque exclusivement rural. La | |||
petite bourgeoisie ne participe donc que dans une mesure assez restreinte | |||
à l'immense développement du crédit coopératif en Allemagne. | |||
La situation est à peu près la même dans l'Italie du Nord, où les | |||
banques populaires, nombreuses et prospères, ne recrutent guère | |||
qu'un quart de leurs membres dans la petite industrie et )e petit | |||
commerce. Toutefois, la proportion est dépassée dans quelques institutions | |||
coopératives de crédit; à la Banque coopérative milanaise, | |||
les artisans et détaillants forment les quatre cinquièmes des sociétaires | |||
et détiennent les deux tiers des actions; à Bologne, la Banque | |||
populaire fait le tiers de ses opérations avec des associés de cette | |||
catégorie. Ces sociétés, établies dans les villes principales, créent des | |||
succursales dans les petites localités, et forment des unions régionales | |||
qui se fédèrent elles-mêmes; le montant annuel de leurs | |||
avances et escomptes dépasse 800 millions; dans la plupart des | |||
sociétés, la moyenne par opération reste néanmoins assez faible, | |||
attestant ainsi le caractère populaire de l'institution. | |||
En dehors de l'Allemagne, de l'Italie, peut-être aussi de l'Autriche | |||
et de la Belgique, le crédit coopératif joue un rôle insignifiant dans | |||
la petite industrie et le petit commerce. |
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