Différences entre les versions de « Walter Lippmann:La Cité libre - Chapitre 2 - les Dieux de la machine »

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La règlementation de l'économie par le gouvernement n'est pas une invention moderne. Elle a été pratiquée par les Pharaons pendant la phase éo-technique décrite par M. Mumford. Elle a été couramment appliquée sous Dioclétien, sous les empereurs de Byzance, sous Louis XIV, sous les Habsbourg et les Romanoff. Loin d'être une innovation résultant de ce que M. George Soule appelle « la croissance de la civilisation technique », elle a de toute l'antiquité été mise en pratique par les gouvernements d'une civilisation pré-technique. La politique de l'Ancien Régime n'était pas autre chose.  
La règlementation de l'économie par le gouvernement n'est pas une invention moderne. Elle a été pratiquée par les Pharaons pendant la phase éo-technique décrite par M. Mumford. Elle a été couramment appliquée sous Dioclétien, sous les empereurs de Byzance, sous Louis XIV, sous les Habsbourg et les Romanoff. Loin d'être une innovation résultant de ce que M. George Soule appelle « la croissance de la civilisation technique », elle a de toute l'antiquité été mise en pratique par les gouvernements d'une civilisation pré-technique. La politique de l'Ancien Régime n'était pas autre chose.  


Il y a une très bonne raison pour que la règlementation de l'industrie par l'autorité soit appropriée à une économie primitive, et nullement appropriée à une économie sujette à des transformations techniques incessantes et fondamentales. La direction d'une économie par l'autorité supérieure doit, de par sa nature même, présenter un caractère de généralité. Ce n'est qu'occasionnellement que l'on peut modifier les prescriptions et les interdictions. Cette méthode de direction convient par conséquent à une routine bien établie qui n'a besoin d'être modifiée qu'à de très longs intervalles. Mais, dans la révolution industrielle, où l'on invente sans cesse, les transformations techniques sont continuelles. Les meilleures machines d'hier seront démodées demain.  
Il y a une très bonne raison pour que la règlementation de l'industrie par l'autorité soit appropriée à une économie primitive, et nullement appropriée à une économie sujette à des transformations techniques incessantes et fondamentales. La direction d'une économie par l'autorité supérieure doit, de par sa nature même, présenter un caractère de généralité. Ce n'est qu'occasionnellement que l'on peut modifier les prescriptions et les interdictions. Cette méthode de direction convient par conséquent à une routine bien établie qui n'a besoin d'être modifiée qu'à de très longs intervalles. Mais, dans la révolution industrielle, où l'on invente sans cesse, les transformations techniques sont continuelles. Les meilleures machines d'hier seront démodées demain. L'autorité ne peut réglementer aussi vite que les inventeurs inventent. Si elle fonde ses décrets sur les procédés d'hier, elle doit supprimer ceux de demain, sous peine de contribuer au désordre. L'introduction de méthodes nouvelles ne peut être organisée et dirigée par la contrainte. Car personne ne peut savoir ce qu'il faut décréter avant qu'on ait fait l'essai des méthodes nouvelles. Les hommes l'ont appris au XVIIIe siècle. Ils se sont rendu compte qu'ils devaient, ou bien interdire les inventions nouvelles, comme l'a fait la monarchie française en présence du problème des calicots imprimés, ou bien renoncer à faire règlementer la production par des fonctionnaires. Ce n'est donc pas par hasard qu'un dirigisme gouvernemental minutieux a toujours caractérisé les économies relativement peu progressistes. Car on ne fait d'inventions nouvelles qu'en essayant toute sorte de procédés nouveaux pour en vérifier le fonctionnement. L'expérience ne s'arrête naturellement pas à la porte du laboratoire. Elle va plus loin. On installe une ou deux machines nouvelles dans une usine, ou bien on construit une petite usine d'expériences qui tien à la fois du laboratoire et de l'entreprise industrielle. On va encore plus loin. Pour que le nouveau système fonctionne, il faut en essayer à plusieurs reprises l'application à toute une industrie, non seulement au point de vue technique, mais encore à tous les autres points de vue : immobilisations, salaire et qualification de la main-d'œuvre, aptitude des dirigeants, etc. C'est pourquoi les lois de règlementation, par nature statiques et inertes, ne sont pas techniquement appropriées au caractère hautement dynamique de la révolution industrielle.  
== Notes et références ==  
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