Différences entre les versions de « Walter Lippmann:La Cité libre - Chapitre 3 - le gouvernement de la postérité »

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Ce n'est donc pas par hasard que les mots d'ordre politiques de l'époque récente ont été : « Protection, stabilisation, sécurité » de la production, du temps de travail, des procédés, des marchés, des salaires, des prix et de la qualité. On croit généralement que l'organisation de la stabilité était nécessaire pour lutter contre le « chaos » de la concurrence ; la vérité est qu'il est devenu nécessaire de stabiliser parce que l'organisation était devenue trop compliquée. Au fur et à mesure que les nations modernes ont adopté le protectionnisme, ont permis la création d'énormes organismes industriels, ayant des immobilisations considérables et de gros frais généraux, des salaires et des heures de travail immuablement fixés par la loi ou par contrat, des prix et des tarifs immuablement fixés par des commissions officielles ou des cartels, il ne s'est plus agi d'accroître la richesse au moyen d'inventions et d'entreprises nouvelles, ni de vaincre la concurrence. Il s'est agi de stabiliser au niveau de productivité, de variété et de technique existant.
Ce n'est donc pas par hasard que les mots d'ordre politiques de l'époque récente ont été : « Protection, stabilisation, sécurité » de la production, du temps de travail, des procédés, des marchés, des salaires, des prix et de la qualité. On croit généralement que l'organisation de la stabilité était nécessaire pour lutter contre le « chaos » de la concurrence ; la vérité est qu'il est devenu nécessaire de stabiliser parce que l'organisation était devenue trop compliquée. Au fur et à mesure que les nations modernes ont adopté le protectionnisme, ont permis la création d'énormes organismes industriels, ayant des immobilisations considérables et de gros frais généraux, des salaires et des heures de travail immuablement fixés par la loi ou par contrat, des prix et des tarifs immuablement fixés par des commissions officielles ou des cartels, il ne s'est plus agi d'accroître la richesse au moyen d'inventions et d'entreprises nouvelles, ni de vaincre la concurrence. Il s'est agi de stabiliser au niveau de productivité, de variété et de technique existant.
C'est pourquoi bien des gens se sont mis à croire que l'importation de marchandises moins chères est une menace, que le progrès technique est un désastre, que produire davantage, c'est gagner moins. Ils ont la conviction que s'ils pouvaient fermer les ports et élever autour de leur métier une muraille de Chine assez haute, faite de sociétés holdings, de fusions, de cartels de vente, d'ententes entre producteurs, de licences, de contingents, de lois ouvrières et de contrats collectifs, une muraille assez haute pour barrer le passage aux idées nouvelles, aux méthodes nouvelles, aux hommes nouveaux, à la main d'oeuvre nouvelle, ils jouiraient des bienfaits de la stabilité. Assurément, une société qui se donne une organisation complexe est obligée de continuer à s'organiser jusqu'à la rigidité, de rechercher la stabilité parce qu'elle ne peut plus avancer. Elle doit imiter le mollusque, qui, ne pouvant ni marcher, ni nager, ni voler, n'a que de faibles ambitions, et paraît jouir d'une existence raisonnablement stable et abritée.
==La vengeance du contrôle autoritaire==
Notre génération est en train d'apprendre par l'expérience ce qui arrive lorsque l'humanité rétrograde au point d'organiser ses affaires par la contrainte. Tout en se promettant plus d'abondance, les hommes sont en pratique obligés d'y renoncer. Plus on dirige, plus la variété des fins fait place à l'uniformité. C'est la vengeance de la société planifiée et du principe d'autorité.


== Notes et références ==  
== Notes et références ==  
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