Différences entre les versions de « Walter Lippmann:La Cité libre - Chapitre 5 - les régimes totalitaires »

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==Principes théoriques du communisme==
==Principes théoriques du communisme==
Les communistes prétendent également qu'ils sont en train de créer une civilisation nouvelle dans laquelle la diversité des intérêts humains disparaîtra. C'est là l'hypothèse fondamentale de la philosophie collectiviste. Nous avons vu d'autre part que dans la version fasciste du collectivisme l'objectif réel en vue duquel on organise l'uniformité en partant de la diversité est la mobilisation totale d'un peuple pour la guerre. C'est l'état-major général qui répartit les tâches à accomplir par l'économie dirigée, et c'est en vue de la formation d'un « moral » guerrier que sont orientées les activités culturelles. Examinons maintenant la version communiste, afin de déterminer s'il est possible d'organiser une société collectiviste à des fins « civiles », si l'on peut planifier une économie pour réaliser ce que Marx et Engels appelaient « une libre association d'individus », et si, en dernière analyse, le collectivisme peut être autre chose que la mobilisation d'un peuple pour la conquête ou la défense.
Les communistes prétendent également qu'ils sont en train de créer une civilisation nouvelle dans laquelle la diversité des intérêts humains disparaîtra. C'est là l'hypothèse fondamentale de la philosophie collectiviste. Nous avons vu d'autre part que dans la version fasciste du collectivisme l'objectif réel en vue duquel on organise l'uniformité en partant de la diversité est la mobilisation totale d'un peuple pour la guerre. C'est l'état-major général qui répartit les tâches à accomplir par l'économie dirigée, et c'est en vue de la formation d'un « moral » guerrier que sont orientées les activités culturelles. Examinons maintenant la version communiste, afin de déterminer s'il est possible d'organiser une société collectiviste à des fins « civiles », si l'on peut planifier une économie pour réaliser ce que Marx et Engels appelaient « une libre association d'individus », et si, en dernière analyse, le collectivisme peut être autre chose que la mobilisation d'un peuple pour la conquête ou la défense.
Les communistes et sympathisants trouveront sans doute extravagant que l'on pose une telle question, et que l'on prétende, en y répondant, pénétrer la nature intime du collectivisme. Ils croient en effet avoir trouvé le remède qui mettra fin à la misère, à la lutte des classes, à la guerre, et qui permettra l'avènement d'une ère de paix et d'abondance. En vertu de cette croyance, ils refusent d'admettre que la dictature, la terreur, la conscription de la vie et du travail qui règnent en Russie depuis dix-huit ans font partie intégrante d'un ordre collectiviste, et que leur ressemblance frappante avec la loi martiale sous un état de siège n'est nullement superficielle ni passagère. A mon avis, c'est là une illusion. Je prétends qu'à la lumière d'une analyse poussée de sa théorie, et d'une observation directe de sa pratique, tout collectivisme, qu'il soit communiste ou fasciste, se révèle comme étant militaire dans ses méthodes, ses buts et son esprit, et qu'il ne saurait être autre chose.
Si les communistes croient que la suppression de l'opposition et l'extermination de ses membres sont un phénomène purement passager dans une société communiste, c'est parce qu'ils supposent qu'une transformation radicale du régime de la propriété supprimera tous les conflits d'intérêts entre les hommes. Les communistes espèrent eux aussi, comme l'a dit Marx, « une refonte de la nature humaine ». En Russie, ils ont jusqu'à présent essayé de la réaliser en monopolisant toutes les institutions intellectuelles pour le dressage du peuple. Mais dans la stricte logique de leur théorie, il ne devrait pas être nécessaire de recourir à ce moyen. « La structure économique de la société », dit Engels, « constitue toujours la base réelle par laquelle s'explique, en dernière analyse, toue la superstructure des institutions juridiques et politiques, de même que celle des conceptions religieuses, philosophiques et autre de chaque époque historique<ref>''Anti-Dühring.</ref> ». La nature humaine doit, par conséquent, être refondue non pas par la propagande, mais au moyen de la socialisation des moyens de production.


== Notes et références ==  
== Notes et références ==  
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