Différences entre les versions de « Walter Lippmann:La Cité libre - Chapitre 5 - les régimes totalitaires »

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Si les communistes croient que la suppression de l'opposition et l'extermination de ses membres sont un phénomène purement passager dans une société communiste, c'est parce qu'ils supposent qu'une transformation radicale du régime de la propriété supprimera tous les conflits d'intérêts entre les hommes. Les communistes espèrent eux aussi, comme l'a dit Marx, « une refonte de la nature humaine ». En Russie, ils ont jusqu'à présent essayé de la réaliser en monopolisant toutes les institutions intellectuelles pour le dressage du peuple. Mais dans la stricte logique de leur théorie, il ne devrait pas être nécessaire de recourir à ce moyen. « La structure économique de la société », dit Engels, « constitue toujours la base réelle par laquelle s'explique, en dernière analyse, toue la superstructure des institutions juridiques et politiques, de même que celle des conceptions religieuses, philosophiques et autre de chaque époque historique<ref>''Anti-Dühring.</ref> ». La nature humaine doit, par conséquent, être refondue non pas par la propagande, mais au moyen de la socialisation des moyens de production.
Si les communistes croient que la suppression de l'opposition et l'extermination de ses membres sont un phénomène purement passager dans une société communiste, c'est parce qu'ils supposent qu'une transformation radicale du régime de la propriété supprimera tous les conflits d'intérêts entre les hommes. Les communistes espèrent eux aussi, comme l'a dit Marx, « une refonte de la nature humaine ». En Russie, ils ont jusqu'à présent essayé de la réaliser en monopolisant toutes les institutions intellectuelles pour le dressage du peuple. Mais dans la stricte logique de leur théorie, il ne devrait pas être nécessaire de recourir à ce moyen. « La structure économique de la société », dit Engels, « constitue toujours la base réelle par laquelle s'explique, en dernière analyse, toue la superstructure des institutions juridiques et politiques, de même que celle des conceptions religieuses, philosophiques et autre de chaque époque historique<ref>''Anti-Dühring.</ref> ». La nature humaine doit, par conséquent, être refondue non pas par la propagande, mais au moyen de la socialisation des moyens de production.
Suivant la thèse communiste, si le capital employé à la production des richesses était collectif, et s'il était géré par des fonctionnaires publics qui n'en tireraient aucun profit personnel, les antagonismes sociaux disparaîtraient. Car on suppose que ces antagonismes ont leur origine dans la propriété privée du capital productif, que toute la question est là, et que tout conflit social important est provoqué par le fait que le capital productif est aux mains de propriétaires privés. Si cette hypothèse est exacte, l'harmonie et l'unanimité sociale doivent en effet apparaître dès lors que le capital productif a été socialisé. On peut ainsi expliquer la continuation de la dictature, de la terreur et de la propagande par le fait que le processus de socialisation n'est pas encore achevé et que les capitalistes qui espèrent toujours recouvrer leur propriété ne sont pas encore morts<ref>« Le prolétariat a besoin de l'Etat, de l'organisation centralisée de la force et de la violence, afin d'écraser la résistance des exploiteurs et aussi pour guider les grandes masses de la population (paysans, couches inférieures des classes moyennes, semi-prolétariat) dans l'oeuvre de reconstruction socialiste », Lénine.</ref>.
Mais s'il est vrai, comme le proclame le Manifeste Communiste, que « l'histoire de toutes les sociétés qui ont existé jusqu'à ce jour est l'histoire de la lutte de classes », quelle raison y a-t-il de croire que l'histoire de toutes les sociétés futures ne sera pas, elle aussi, l'histoire des luttes de classes ? L'interprétation marxiste de l'histoire affirme cependant que la méthode de progrès social qui a toujours prévalu prendra fin avec l'avènement du socialisme. Par conséquent, l'évolution, telle que l'espèce humaine l'a connue, doit cesser. Qu'y aura-t-il ensuite ? Ce n'est pas facile à dire. Le catéchisme marxiste ne dit pas si le socalisme deviendra statique une fois instauré, ou s'il évoluera en vertu d'un dynamisme qui lui est propre, d'un dynamisme entièrement nouveau et non encore défini. Tout ce que disent les marxistes, c'est que le principe de l'évolution des autres sociétés a été la lutte des classes. Mais leur philosophie n'explique pas si le marxisme lui aussi évoluera, ni comment.


== Notes et références ==  
== Notes et références ==  
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