Différences entre les versions de « Walter Lippmann:La Cité libre - Chapitre 11 - l'agenda du libéralisme »

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En réalité, on n'a pas la liberté du choix entre l'ordre libéral et l'ordre collectiviste. Je veux dire que l'homme ordinaire qui désire maintenir et améliorer son niveau de vie n'a pas le choix. On n'a pas le choix parce que les hommes sont liés à la division du travail. Il leur est impossible de vivre autrement, de même qu'il était impossible à leurs ancêtres de vivre dans les villages groupés autour des marchés régionaux sans être capables dans une très large mesure de se suffire à eux-mêmes. Le choix ''apparent'' entre un ordre collectiviste et libéral n'existe que dans l'esprit, il n'existe que ''jusqu'au moment où'' le collectivisme est entièrement mis en pratique, il n'existe que dans le domaine des espoirs et des projets où les hommes discutent de ce qu'ils croient qu'ils voudraient faire. Lorsqu'ils se rendent compte de ce qu'ils peuvent faire, il n'y a plus de choix. Car il est impossible de pratiquer la division du travail et d'en récolter les fruits si ce n'est dans un ordre social qui préserve et s'efforce de perfectionner la liberté du marché. Telle est la loi inéluctable de la révolution industrielle. Les hommes peuvent y obéir, mais ils en sont châtiés par la ruine de leurs espoirs.
En réalité, on n'a pas la liberté du choix entre l'ordre libéral et l'ordre collectiviste. Je veux dire que l'homme ordinaire qui désire maintenir et améliorer son niveau de vie n'a pas le choix. On n'a pas le choix parce que les hommes sont liés à la division du travail. Il leur est impossible de vivre autrement, de même qu'il était impossible à leurs ancêtres de vivre dans les villages groupés autour des marchés régionaux sans être capables dans une très large mesure de se suffire à eux-mêmes. Le choix ''apparent'' entre un ordre collectiviste et libéral n'existe que dans l'esprit, il n'existe que ''jusqu'au moment où'' le collectivisme est entièrement mis en pratique, il n'existe que dans le domaine des espoirs et des projets où les hommes discutent de ce qu'ils croient qu'ils voudraient faire. Lorsqu'ils se rendent compte de ce qu'ils peuvent faire, il n'y a plus de choix. Car il est impossible de pratiquer la division du travail et d'en récolter les fruits si ce n'est dans un ordre social qui préserve et s'efforce de perfectionner la liberté du marché. Telle est la loi inéluctable de la révolution industrielle. Les hommes peuvent y obéir, mais ils en sont châtiés par la ruine de leurs espoirs.
C'est pourquoi l'on peut à juste titre attribuer la débâcle du libéralisme à l'erreur intellectuelle plutôt qu'à la fatalité historique. On peut être certain de la renaissance du libéralisme. A l'appui de la philosophie libérale, il y a le fait que l'homme est obligé de pratiquer la division du travail, et cette nécessité obligera les hommes à inventer un ordre social nouveau. Le mot « libéral » sera peut-être oublié, ceux qui se font appeler « libéraux » devront peut-être retomber dans un silence humilié, mais les nécessités inhérentes au mode de production n'en contraindront pas moins les hommes à redécouvrir et à restaurer les principes essentiels d'une société libérale. C'est la leçon de l'expérience russe. Nous voyons une nation qui n'a pas de tradition libérale, à qui l'on a inculqué le mépris du libéralisme, et que la simple nécessité économique oblige néanmoins à retrouver par voie d'expérience et d'erreur les rudiments du libéralisme.


== Notes et références ==  
== Notes et références ==  
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