Différences entre les versions de « Walter Lippmann:La Cité libre - Chapitre 11 - l'agenda du libéralisme »

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C'est pourquoi l'on peut à juste titre attribuer la débâcle du libéralisme à l'erreur intellectuelle plutôt qu'à la fatalité historique. On peut être certain de la renaissance du libéralisme. A l'appui de la philosophie libérale, il y a le fait que l'homme est obligé de pratiquer la division du travail, et cette nécessité obligera les hommes à inventer un ordre social nouveau. Le mot « libéral » sera peut-être oublié, ceux qui se font appeler « libéraux » devront peut-être retomber dans un silence humilié, mais les nécessités inhérentes au mode de production n'en contraindront pas moins les hommes à redécouvrir et à restaurer les principes essentiels d'une société libérale. C'est la leçon de l'expérience russe. Nous voyons une nation qui n'a pas de tradition libérale, à qui l'on a inculqué le mépris du libéralisme, et que la simple nécessité économique oblige néanmoins à retrouver par voie d'expérience et d'erreur les rudiments du libéralisme.
C'est pourquoi l'on peut à juste titre attribuer la débâcle du libéralisme à l'erreur intellectuelle plutôt qu'à la fatalité historique. On peut être certain de la renaissance du libéralisme. A l'appui de la philosophie libérale, il y a le fait que l'homme est obligé de pratiquer la division du travail, et cette nécessité obligera les hommes à inventer un ordre social nouveau. Le mot « libéral » sera peut-être oublié, ceux qui se font appeler « libéraux » devront peut-être retomber dans un silence humilié, mais les nécessités inhérentes au mode de production n'en contraindront pas moins les hommes à redécouvrir et à restaurer les principes essentiels d'une société libérale. C'est la leçon de l'expérience russe. Nous voyons une nation qui n'a pas de tradition libérale, à qui l'on a inculqué le mépris du libéralisme, et que la simple nécessité économique oblige néanmoins à retrouver par voie d'expérience et d'erreur les rudiments du libéralisme.
Nous pouvons donc attribuer l'éclipse du libéralisme à des erreurs qui ont empêché la réalisation de réformes nécessaires. Les derniers libéraux se sont laissés embourber dans le ''statu quo'' par le dogme politique du laissez faire qui leur a inspiré qu'il ne faut rien faire, et par la confusion de l'économie classique qui leur a inspiré qu'on n'a besoin de rien faire. A l'époque d'[[:wl:Adam Smith|Adam Smith]] et de [[:wl:Jeremy Bentham|Jeremy Bentham]], de 1776 à 1832 environ, la philosophie libérale avait montré la voie en s'efforçant d'adapter l'ordre social aux besoins de la nouvelle économique industrielle. Vers le milieu du XIXe siècle, le libéralisme était devenu la philosophie de ceux qui négligeaient et refusaient de poursuivre l'adaptation sociale. On peut étudier l'impasse où est tombé le libéralisme dans les derniers enseignements d'[[:wl:Herbert Spencer|Herbert Spencer]], ainsi que dans une série d'arrêts de la Cour Suprême des Etats-Unis rendus en vertu de la clause du ''due process''<ref>Le cinquième et quatorzième amendements à la Constitution des Etats-Unis stipulent, entre autres, que « nulle personne... ne sera privée de la vie, de la liberté, ou de ses biens sans (que soit observée) la due procédure (''due process'') de la loi. » L'interprétation de cette clause par les tribunaux a eu pour effet de faire déclarer l'inconstitutionnalité d'un grand nombre de lois du Congrès ou des Parlements des Etats. Elle a donné et donne encore lieu à de très graves controverses.</ref>. Mais les choses auraient pu se passer autrement. L'économie classique bien comprise n'était pas une description apologétique du ''statu quo''. Elle était une science normative qui critiquait le ''statu quo'', révélait les points sur lesquels la réforme était nécessaire et indiquait le genre de réformes désirable.
Ces points étaient pour l'économie classique les « frictions » et les « perturbations » à cause desquelles le monde réel se comportait autrement que le système théorique.
Le choix de termes aussi ternes que « friction » et « perturbation » révèle à lui seul l'insensibilité de la pensée doctrinaire. Aux yeux des victimes, les frictions et les perturbations étaient de cruelles injustices, de la misère, du malheur, et de la déception. Il était vain de dire aux victimes que dans l'ensemble, dans l'abstrait, et à la longue, tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il était stupide de leur dire qu'on ne pouvait leur donner ni réforme ni secours


== Notes et références ==  
== Notes et références ==  
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