Différences entre les versions de « Les systèmes socialistes et l'évolution économique - Deuxième partie : Les faits. L’évolution économique - Livre III : Le développement des formes d’organisation économique à l’époque contemporaine »

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transformation sociale et la lutte des classes sont ainsi ramenés dans
transformation sociale et la lutte des classes sont ainsi ramenés dans
les campagnes au même niveau que dans les villes. »
les campagnes au même niveau que dans les villes. »
==Chapitre 14. La coopération.==
Les sociétés coopératives, si variées dans leur forme, leur objet
et leur composition, présentent toutes cependant un caractère
commun qui les distingue des sociétés capitalistes : les associés ne
se contentent pas de fournir les capitaux, d'élire les administrateurs,
de voter dans les assemblées et de courir les risques de l'affaire; ils
participent aussi personnellement à la fonction entreprise par la
société, ils coopèrent à son oeuvre, lui fournissent leur concours ou
profitent eux-mêmes de ses services; en conséquence, après l'allocation
d'un intérêt fixe au capital, ils se répartissent les bénéfices au
prorata des opérations effectuées par chacun d'eux comme coopérateur.
Pour apercevoir plus nettement l'influence de la coopération dans
le régime capitaliste, il convient de distinguer les sociétés coopératives
suivant qu'elles sont ou non formées entre des entrepreneurs.
Certaines coopératives groupent les individus à un tout autre titre
que celui d'entrepreneur; leurs membres y participent en qualité de
travailleurs, de consommateurs, etc. Telles sont les sociétés de production
industrielle, de consommation et de construction. Les sociétés
d'assurances mutuelles entre non-producteurs et les sociétés de
secours mutuels, qui pratiquent aussi la coopération dans le domaine
de l'assurance et de l'assistance, peuvent elles-mêmes être rangées
dans cette catégorie de la coopération simple.
Lorsque ces sociétés prennent de vastes dimensions, elles constituent
des cas de concentration pure et simple, au même titre que les
grandes entreprises capitalistes. Non sans doute qu'elles rentrent
dans le cercle de la concentration capitaliste, puisque chez elles le
caractère capitaliste se trouve exclu par le mode de répartition des
profits, au moins tant qu'elles restent attachées aux principes rigoureux
de la coopération. Mais ces coopératives, quand elles se développent,
restreignent le champ des petites entreprises individuelles
comme peuvent le faire les grands magasins et autres exploitations
capitalistes de grande envergure; à cet égard, leur croissance agit
exactement de la même manière que la concentration capitaliste.
D'autres sociétés coopératives groupent des individus, ou même
des sociétés, en qualité d'entrepreneurs; ce sont, en quelque sorte,
des fédérations d'entreprises indépendantes qui, sans perdre leur
individualité, s'unissent pour créer une entreprise distincte, dans le
but d'accomplir en commun l'une de leurs fonctions essentielles ou
annexes.
A ce type appartiennent les sociétés ou syndicats agricoles d'achat
et de vente, les coopératives agricoles qui ont pour objet l'élaboration
des produits du sol, les sociétés d'assurances mutuelles entre producteurs,
les associations entre artisans et débitants pour l'achat des
matières premières et des outils, l'usage commun des instruments de
production, l'emmagasinage et la vente des marchandises. Les sociétés
coopératives de crédit à la production, caisses rurales et banques
populaires, présentent un caractère semblable. On peut même considérer
certains cartels, ceux qui fondent une entreprise distincte sous
forme de comptoir de vente, comme une variété capitaliste de la coopération,
et les ranger dans cette catégorie de la coopération complexe.
Ces sociétés coopératives d'agriculteurs, d'artisans ou de commerçants,
lorsqu'elles sont considérables, sont bien aussi, en elles mêmes,
des cas de concentration. Toutefois, à les considérer dans leurs éléments
constitutifs et dans leur influence sociale, on se rend compte
que leur développement agit dans un sens directement opposé à celui
de la concentration capitaliste. A part les comptoirs de vente, dans
lesquels la coopération vient renforcer l'action capitaliste, les associations
dont il s'agit, loin d'être des instruments de conquête écrasant
les petites entreprises dans une lutte inégale, sont au contraire le
moyen pour les entreprises indépendantes, même les plus petites,
de se fortifier et de défendre leur existence en se procurant, par leur
union, certains des avantages de la grande exploitation. Si donc on
trouve, dans ces associations coopératives, un mode collectif de la
production et même, dans une certaine mesure, de l'appropriation,
du moins doit-on reconnaître que le collectivisme qu'elles représentent
laisse subsister les petites entreprises individuelles, et contribue
même à les maintenir dans leur intégrité.
Le mouvement coopératif appartient tout entier à l'époque contemporaine.
Ses débuts remontent à un demi-siècle environ, mais son
essor ne date guère que des vingt dernières années. Or, au commencement
du XXème siècle, on compte approximativement, dans les pays
civilisés, 66000 sociétés coopératives de toute nature et 12 millions
de coopérateurs. Bien que les coopératives paraissent encore disséminées
au milieu des entreprises capitalistes, leur croissance rapide
atteste leur vitalité, et permet d'entrevoir l'importance qu'elles sont
appelées à prendre dans l'avenir.
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